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F R O N T I E R E S
ENTRE LE BRÉSIL E T LA GUYANE FRANÇAISE
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FRONTIÈRES ENTRE LE BRÉSIL ET LA GUYANE FRANÇAISE
SECOND MÉMOIRE
P R É S E N T E P A R L E S
ETATS UNIS DU B R É S I L
A U
GOUVERNEMENT DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE
A R B I T R E
choisi selon les stipulations
du Traité conclu à Rio-de-Janeiro, le 10 Avril 1897
ENTRE
LE BRÉSIL ET LA FRANCE
T О М Е 1 E R
BERNE
I M P R I M E R I E S T A E M P F L I & Cie
1899


A V E R T I S S E M E N T
Le Second Mémoire et les pièces annexées, que les
Etats-Unis du Brésil soumettent à l'Arbitre, en exécution
de l'Article 4 du Compromis passé avec la République
Française forment six volumes :
ТОМЕ I: Mémoire en réponse aux allégations de la
France, accompagné de quelques cartes.
TOMES II ET III : Documents accompagnés de notes
explicatives ou rectificatives.
ТОМЕ I V : Texte portugais ou espagnol des documents
dont la traduction française se trouve aux deux tomes
précédents.
ТОМЕ V : Album contenant des fac-simile de quelques
documents.
ТОМЕ V I : Atlas contenant 86 cartes, dont 14, anté­
rieures au Traité d'Utrecht, complètent, avec une autre
présentée au Tome I , la série de cartes de cette première
e r
époque réunies dans l'Atlas qui accompagne le 1 Mémoire
e r
du Brésil.
Berne, le 5 Décembre 1899.


S O M M A I R E D U T O M E IER
Page
Remarque sur la partie documentaire de ce Mémoire 1
L a mission de l'Arbitre. D'après le Compromis, il est un Juge, non
un Médiateur 2
I
L'Oyapoc ou Vincent Pinçon 15
Oyapoc était le nom principal, Vincent Pinçon, le nom accessoire,
pendant les négociations de 1697 à 1713 17
Documents de ces négociations dans lesquels sont cités les noms
Oyapoc ou Yapoco ainsi que le nom Araguary, appliqué à une
autre rivière 18
L a question du Vincent Pinçon primitif 22
I I
Le voyage de VINCENT PINÇON 25
L e Cap de St-Vincent 30
Les « topazes » trouvés par PINÇON 32
L a « côte noyée » 34
Les « montagnes » de l'Oyapoc 35
III
L a Casa de la Contratacion de Séville 44
L e Marañon 50
Cartes de Turin (1523), de Weimar (1527) et de RIBEIRO (1529) . . 53
Encore les « montagnes », d'après KOHL 55
L e Padron Real de 1536 (carte d'Alonzo DE CHAVES) 56

X
Page
L e Vincent Pinçon du Padron Real de 1536, ou Padron de C H A R L E S -
Q U I N T , à côté des «montagnes », est l'Oyapoc 6 0
L a question des latitudes aux X V I et X V I I siècles 6 2
e
e
I V
Cartographes de l'Ecole de Séville (après 1536) ou inspirés d'elle,
comme S É B A S T I E N C A B O T (1544), D I E G O G U T I E R R E Z (1550), G É R A R D
M E R C A T O R ( 1 5 6 9 ) , A B R A H A M O R T E L I U S ( 1 5 7 0 et 1 5 8 7 ) , A N D R É
T H E V E T ( 1 5 7 5 ) , P H I L I P P E A P I A N ( 1 5 7 6 ) et plusieurs autres. Su r
leurs cartes, le Vincent Pinçon est l'Oyapoc 66
Les cartographes portugais A N D R É H O M E M , D I O G O H O M E M et V A Z
D O U R A D O 73
L e Vincent Pinçon guyanais antérieur à celui du Padron de 1536 . 80
Cartes du type sévillan, montrant le Vincent Pinçon et le Rio Fresco
primitifs, et Cartes portugaises donnant le Vincent Pinçon du
Padron Real de 1536 (Tableau n° I : M A I O L L O , 1519 ; O T T O M A N O
F R E D U C C I , 1514 — 1515 ; M A I O L L O , 1527 ; Riccardiana, après 1532 ;
D I O G O H O M E M , 1558 ; A N D R É H O M E M , 1559 ; D I O G O H O M E M , 1568) 8 0
Cartes d ' O T T O M A N O F R E D U C C I (1514—1515) et de M A I O L L O (1527),
portant le Vincent Pinçon primitif 82
Le Rio Fresco guyanais était l'Approuague 84
Classification des cartographes portugais selon qu'ils figuraient le
Vincent Pinçon primitif et le second et définitif Vincent Pinçon
de la Casa de la Contratacion de Séville (Anonymes de la Riccar­
diana et de la Bibl. Nat. de Paris ; A N D R É H O M E M 1559 ; B A R T H O ­
L O M E N V E L H O , 1561 ; L A Z A R O L U I S , 1561 ; D I O G O H O M E M , 1558
et 1568 ; V A Z D O U R A D O , 1564 à 1580 ; D O M I N G O S S A N C H E S , 1618 ;
A N T O N I O S A N C H E S , 1623) 87
Cartes de V A N L A N G R E N (1596) et de W Y T F L I E T (1597) 88
L e Vincent Pinçon primitif était le Marony 89
Conclusions 91
V
Carte de S E B A S T I A N D E R U E S T A , de 1655, cosmographe de la Casa de
la Contratacion. Approuvée par cet établissement, par le Conseil

XI
Page
des Indes et par P H I L I P P E IV. Le Vincent Pinçon du Padron de
1536 est représenté sur cette carte à l'Ouest et à côté du Cap
d'Orange 92
Etude comparative de la nomenclature géographique en Guyane sur
plusieurs cartes de l'école de Séville ou inspirées d'elle (Tableau
n° II : Carte de Turin, 1523 ; D I O G O R I B E I R O , 1529 ; A L O N Z O D E
C H A V E S , 1536 ; S É B A S T I E N C A B O T , 1544 ; D I E G O G U T I E R R E Z , 1550 ;
G É R A R D M E R C A T O R , 1569 ; V A Z D O U R A D O , 1571 ; et S E B A S T I A N D E
R U E S T A , 1655) 104
Les cartes du P . S A M U E L F R I T Z (1691 et 1707) 104
Prétendues autorités qu'on oppose au Brésil 105
V I
Les Portugais et le Vincent Pinçon au X V I I siècle . . . . . . 114
e
Les manuscrits du P . P F E I L , missionnaire dans l'Araguary. Document
montrant que le Vincent Pinçon des Portugais était l'Oyapoc, ayant
son embouchure entre la Montagne d'Argent et le Cap d'Orange 114
VII
L'Oyapoc « nom générique ». Les documents présentés pour le prouver :
J E A N M O C Q U E T et J E A N G U É R A R D . Réponse 125
VIII
Cartes françaises antérieures à 1713 135
IX
La Capitainerie portugaise du Cap du Nord et l'expédition de P A E S
D O A M A R A L 139
L a mesure des distances sur les cartes du X V I siècle 143
e
X
L e nom Cap du Nord appliqué à une région et à un c a p . . . . 147
Latitude attribuée au Cap du Nord par les Portugais du XVII siècle 152
e
« Pynes bay » 153
Le prétendu bras septentrional de l'Araguary 153

XII
Page
L a prétention à l'Araguary. Les déplacements de rivières et l ' a l v e u s
derelictus. G R O T I U S et V A T T E I , . . 157
L e texte de B E R R E D O 160
X I
Un prétendu établissement français sur le Xingu au X V I I siècle 162
e
L'expédition de F E R R O L L E en 1688 et la réponse du commandant por­
tugais de l'Araguary 1 6 4
L'invasion française de 1697 164
X I I
Le traité de 1 7 0 0 165
Limites du territoire neutralisé en 1 7 0 0 1 6 5
Les négociations d'Utrecht. Un passage attribué à B R O C H A D O . . . 168
L a dépêche du 17 Février 1 7 1 3 de L O R D B O L I N G B R O K E 169
L e bassin de l'Amazone et la « ligne intérieure ». L'occupation d'un
littoral et « the Right of contiguity » 171
XIII
Evénements postérieurs au Traité d'Utrecht . 179
Inexactitudes et mauvaises traductions de certains documents envoyés
de Cayenne 179
L'opinion d'un Ministre français en 1772 179
L'opinion des Espagnols et des Anglais citée contre le Brésil 180
L a Carte portugaise de 1 7 4 9 1 8 0
Des Portugais, bien après le Traité d'Utrecht, admettent la distinc­
tion entre l'Oyapoc et le Vincent Pinçon, mais en soutenant tou­
jours que l'Oyapoc est la limite stipulée à Utrecht 1 8 2
Les traités imposés au Portugal vaincu pendant le Directoire et le
Consulat. Traités nuls 1 8 4
X I V
Les demandes du Brésil 1 8 6

PLACEMENT
D E S
CARTES, T A B L E A U X E T FAC-SIMILE HORS T E X T E
DANS L E P R É S E N T V O L U M E
Page
1° Fac-simile d'une partie de la « Carte Générale du Royaume de
France » par N I C O L A S S A N S O N , et superposition, en rouge, du tracé
des côtes et îles d'après les cartes marines de notre temps . . 64
2° Partie de la Mappemonde de 1569, de G É R A R D M E R C A T O R . . 70
3° Partie de la carte « L e Nouveau Monde », d ' A N D R É T H E V E T . 1575 70
4° Partie du Globe de Zurich 72
5° Partie de la carte « Chorographia Nobilis & Opulentae Peruanae
Provinciae, atque Brasiliae », de T H É O D O R E D E B R Y , 1592 . . . 72
6° Partie de la carte de l'Amérique du Sud, de Diogo H O M E M , 1568 74
7° Partie d'une feuille de l'Atlas de V A Z D O U R A D O , 1571 . . . . 74
8° Tableau n° 1. — Cartes du type Sévillan, montrant le Vincent
Pinçon primitif, ou Maroni, à l'Ouest des Montagnes d'Argent, et
le Rio Fresco, primitif, entre l'Amazone et la Baie de Maranhão ;
et Cartes Portugaises, donnant le Vincent Pinçon du Padron
Real de 1536, à l'Est et tout près des Montagnes d'Argent . . 80
9° Carte d ' O T T O M A N O F R E D U C C I , de 1514 ou 1515, d'après E. C A S A ­
N O V A , avec le Vincent Pinçon primitif, ou Maroni 84
10° Tableau n° 2. — Etude comparative de la nomenclature géogra­
phique en Guyane sur plusieurs cartes de l'Ecole de Séville ou
inspirées d'elle, parmi lesquelles le « Padron Real » de C H A R L E S -
QUINT (1536), et la carte marine de 1655, corrigée et approuvée

XIV
Page
par le Président et les Juges de la « Casa de la Contratacion » de
Séville, ainsi que par le Conseil des Indes, au nom de P H I L I P P E I V 104
11° Fac-simile de la partie des notes du P. P F E I L dans laquelle il
dit, en 1682, que la Rivière de Vincent Pinçon se jette dans une
baie, large de quatre lieues, entre les promontoires du Mont-
Argent et du Cap d'Orange 124
12° Territoire contesté et neutralisé en 1700, d'après le 1 Mémoire
e r
de la France 166
13° Territoire contesté et neutralisé, d'après le texte du Traité de
1700, d'après les plénipotentiaires français à Utrecht et d'après
le 1 Mémoire du Brésil 167
e r
14° Carte de l'Amérique du Sud, par M. E . D E S B U I S S O N S , 1 Géo­
er
graphe du Ministère des Affaires Etrangères de France et con­
servateur du Dépôt géographique qui fait partie de la Direction
des Archives 176
15° Carte explicative de la garantie réciproque stipulée dans les
Traités du 13 Janvier 1750 (art. 25) et du 11 Mars 1778 (art. 3)
entre le Portugal et l'Espagne 180

C O R R I G E N D A
T O M E IER
Page 6, ligne 5 : Commissaire ; lisez: Commissaires.
» 32, » 3 : Amazone et l'Orénoque; lisez : Amazone à l'Orénoque ;
» 3 8 , » 11 : Arbres plantes; lisez : Arbres plantez.
» 52, » 22 : partout ; lisez: pourtant.
» 5 6 , » 1 5 : eC ; lisez : Ce.
» 64, » 10 : L a fleuve : lisez : Le fleuve.
» 6 8 , » 17 de la note: compare; lisez: compared.
» 6 8 , » 2 2 » » » : inoccurately ; lisez : inaccurately.
» 7 1 , note 3 : charta u n i o ; lisez : charta imiversi.
» 8 5 , ligne 9 : s'inspire ; lisez : s'inspira.
» 9 3 , note 3, ligne 1 0 : Nuovo ; lisez : N U E V O .
» 94, ligne 17 : 1665 ; lisez : 1655.
» 104, » 21 : définitiv ; lisez: définitif.
Tableau n° I I , page 1 0 4 : 2 colonne, avant-dernière ligne: Carte n . . . ;
e
0
lisez: Carte n° 4.
Même tableau, 3 colonne, in fine:
E
O V I E D O , Liv.; lisez: O V I E D O , Liv. X X I .
Page 110, note: 1743; lisez: 1743 de C. D A S I L V A .
» 117, » , 4 ligne: 1553; lisez: 1550.
E
» 127, ligne 1 1 : pour le 1 8 Avril pour; lisez: le 1 8 Avril pour.
» 180, » 1 2 : 1777; lisez: 1778.
T O M E II
Page 6 0 , ligne 7 de la note: Sésil; lisez: Secil.
» 117, » 1 2 : elle; lisez: il.
» 135, avant-dernière ligne de la note : Mororoca ; lisez : Pororoca.

XVI
Page 140, ligne 3 : 1 6 7 9 : lisez: 1 6 8 7 .
» 1 4 8 , » 8 : longement ; lisez : logement.
» 148, » 1 7 : Cuyaproque; lisez: Ouyaproque.
» 1 8 1 , » 8 : renouveliez; lisez: renouvelliez.
» 2 0 3 , » 3 de la note 9 : 3 ° 4 4 ' ; lisez: 3° 4 5 ' .
» 386 , » 9 : Coll. ou; lisez: Collection.
4 2 5 . Il y a une répétition du titre de la 3 copie des lettres de BROCHADO.
E
T O M E I I I
Page 3 1 , ligne 2 de la note: parfaitement; lisez: étant parfaitement.
» 4 1 , » 2 : du Vincent Pinçon; lisez: de Vincent Pinçon.
» 4 2 , » 2 du titre : Guyapoco ; lisez : Guayapoco.
» 4 7 , » 9 : Guyapoco ; lisez : Guayapoco.
» 5 4 , » 1 1 de la note: M A Y A M O N T E I R O ; lisez: M A Y A DA GAMA.
« 1 4 4 , » 8 de la colonne de droite : nous temoigner ; lisez : vous
temoigner.
» 2 6 8 , » 9 : Seigneur, Comte; lisez: Seigneur Comte.
» 294, » 5 ° de l'article V I I : suiveront ; lisez : suivront.
» 3 0 8 , » 1 1 : s'avant; lisez: savant.
» 3 2 0 , » 3 : 1 8 3 0 ; lisez: 1 8 3 9 .
» 3 2 0 , » 1 2 : upon the of; lisez: upon the Treaty of.
3 8 2 , » 2 : KOMAROWSKI ; lisez : KAMAROWSKI.
» 3 8 7 , » 4 de la note préliminaire : I X ; lisez : X I X .
» 3 8 9 , » 1 5 : I X ; lisez: X I X .
» 3 9 9 , » 3 de la note: d'autres nationalités; lisez: de différentes
nationalités.
» 3 9 9 , » 12 : Japuyos ou Japouyes ; lisez : Tapuyos ou Tapouyes.
T O M E I V
Page 291. L a 2 note marginale, ou manchette, aurait dû être placé,
nde
trois lignes plus haut.

XVII
TOME V
Fac-simile n° I. Note marginale: tres graos meio; lisez: tres graos e meio.
» X . Notes marginales: entre «BARNICIO 2 ° 40'» et « J . DE
L A E T 4° 30'»; écrire: «LANGREN 3° 30'».
» » X I . Note marginale: Cap Orange; lisez: Cap d'Orange.
TOME V I
Liste des Cartes. № 1 4 : SEBASTIAN DE PUESTA, vers 1660; lisez: SEBAS­
TIAN DE RUESTA, 1655.
Carte n° 5, ligne 8 de la note: celles; lisez: celle.
» » 12, » 9 » » » : s'aurait; lisez: saurait.
» » 14, dernière ligne du titre, à droite : Vers 1660 ; lisez : 1655.
» » 54, l ligne de la note : « mais à l'Ouest. Cette . . . » ; lisez : mais,
r e
à l'Ouest, cette . . .
» » 70, 5 ligne de la note : entre les bras ; lisez : entre les bassins.
e


Q U E S T I O N DE FRONTIÈRES ENTRE LE BRÉSIL ET
LA GUYANE FRANÇAISE
SECOND MÉMOIRE DU BRÉSIL
Les documents, en partie inédits, que le Brésil présente
maintenant à l'examen de l'Arbitre, éclairent d'une lumière
nouvelle la cause à juger et rendent très facile la tâche
qui nous incombe.
Presque tous ces documents sont accompagnés de
commentaires ou de notes explicatives. Ceux que la France
a produits se trouvent transcrits dans les volumes suivants,
complétés par d'autres documents français, anglais, por­
tugais et espagnols, et étudiés soigneusement de manière
à en faciliter, autant que possible, l'examen par l'Arbitre.
Les notes explicatives ou rectificatives qui les accompa­
gnent sont une réponse suffisante à un grand nombre
d'allégations de nos contradicteurs. Parmi les pièces que
le Brésil verse maintenant au procès, il en est qui dé­
truisent complètement toute l'habile et très compliquée
argumentation du 1 Mémoire français.
er
Il n'est donc pas nécessaire que nous donnions de
grandes proportions à ce second Mémoire du Brésil. L'in-
Répl. du Brésil. T. 1 . 1
e r

2 QUESTION DE FRONTIÈRES
térêt de notre cause n'est pas de nous engager dans une
dialectique subtile, mais, au contraire, de simplifier le
débat, et de dire l'essentiel pour éclairer la religion de
nos juges.
C'est surtout la dernière partie du Mémoire de la
France, son «Exposé Géographique», où l'on a essayé de
prouver que l'Oyapoc ou j a p o c des traités de 1700 et 1713
n'était pas l'Oyapoc, mais l'Araguary, qui demande un
examen plus attentif. Pour réfuter 1'« Exposé juridique et
diplomatique», ainsi que 1'« Exposé historique», l'évidence
des documents qui précédèrent et suivirent la signature
de ces deux traités suffit amplement.
Il y a cependant un point dans le Mémoire de la
France qu'il faut relever dès maintenant: c'est l'ardent
appel adressé à l'Arbitre pour une solution transactionnelle.
On voudrait le persuader que le Compromis du 10 Avril
1897 lui a conféré « des pouvoirs illimités », «des pouvoirs
souverains ».
«D'après ce traité», dit-on, «le Gouvernement de la
Confédération Suisse est appelé à connaître de tous les élé­
ments du litige. Ses pouvoirs ne sont pas bornés à l'appré­
ciation de formules irréductibles et invariables. Il peut, soit
dire le droit tel qu'il lui paraît découler des textes, soit ar­
bitrer ex œquo et bono telle décision transactionelle qui lui
semblerait justifiée. Si nous avons cru devoir investir le
Gouvernement de la Confédération Suisse de ces pouvoirs
illimités, ce n'est point par défiance de notre cause, c'est
pour donner à l'Arbitre un témoignage éclatant de notre
confiance dans sa justice, dans son impartialité et dans l'élé-

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 3
vation de ses vues. Désirant avoir une solution complète,
nous n'avons pas voulu entraver son jugement en l'enfer­
mant dans des bornes trop étroites ; nous avons tenu à lui
fournir tous les moyens d'exercer librement sa mission et
de décider, sans appel et sans restriction, soit sur le terrain
du droit, soit sur celui de la convenance et de l'équité. Si
nous l'avons fait, c'est que nous sommes convaincus qu'étant
donnée une juridiction aussi haute, nous pouvions sans
crainte lui confier des pouvoirs souverains... »
Nous devons protester contre cette interprétation, que
n'autorisent ni la lettre, ni l'esprit du traité, ni les docu­
ments des négociations qui précédèrent cet instrument ).
1
Certes, la confiance de la Nation Brésilienne et de son
Gouvernement dans l'Arbitre choisi est absolue ; cependant,
d'après les clauses du Compromis, les deux Parties inté­
ressées ne se trouvent pas en présence d'un Médiateur,
mais en présence d'un véritable Arbitre appelé à dire
seulement le droit.
On ne lit pas dans le Traité du 10 Avril 1897 la clause
d'amiable composition, tant désirée par les négociateurs
français, et dont un jurisconsulte connu parlait en ces termes
il n'y a pas longtemps ) :
2
« Que deux Etats, comme deux particuliers, puissent,
en choisissant un Arbitre, étendre les pouvoirs de celui-ci
) Documents sur les négociations qui précédèrent le Traité d'Arbi­
1
trage, au T. III, pp. 325 à 383.
) G.
2
R O L I N - J A E Q U E M Y N S , Rev. de Droit International et de Légis­
lation comparée, T. X X I I I (1891), pp. 88 et 185.

4 QUESTION DE FRONTIÈRES
de manière à constituer ce qu'en droit privé on appelle
un Arbitre amiable compositeur, cela n'est pas douteux.
Il est certain, en effet, que même sans se considérer comme
obligé en droit à abandonner, en tout ou en partie, telle
ou telle prétention, un Etat peut faire ce sacrifice par
amour de la paix, ou dans le désir de mettre fin à une
situation équivoque. Et il n'y a pas de raison, si un Etat
peut faire ce sacrifice directement et immédiatement, pour
qu'il ne puisse le faire indirectement et conditionnellement,
par exemple en autorisant un Arbitre, pour le cas où le
droit lui paraîtrait douteux de part et d'autre, à remplacer
le jugement disant droit, par une solution transactionnelle.
«Mais l'introduction d'une pareille clause dans un com­
promis international, constitue-t-elle un précédent utile et
recommandable? Nous ne le pensons p a s . . . »
Et il ajoute :
«Il y a un Droit International. Ce droit résulte soit de
conventions, soit de principes généraux acceptés par les
nations civilisées. L'objet essentiel du recours à l'arbitrage
entre Etats est, non pas de créer ce droit, mais de faire
rechercher et décider par un juge temporaire, volontaire­
ment choisi, — à défaut de juridiction permanente et obli­
gatoire, — de quelle manière le Droit International s'applique
à tel cas particulier, faisant l'objet d'un désaccord entre
les parties. Les Etats qui acceptent l'arbitrage reconnaissent
donc par cela même (et c'est ce qui donne à cette procé­
dure une si haute valeur) que leur différend est susceptible
d'être tranché par les règles du Droit International, général
ou conventionnel. C'est fausser cette notion et en compro-

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 5
mettre l'application que d'admettre d'avance dans le com­
promis même, l'éventualité d'une solution dictée, non par
le droit, mais par une appréciation arbitraire des conve­
nances de chaque partie . . .
«... Celle des parties qui proposera la clause d'amiable
composition et qui la désirera, sera généralement celle des
deux qui sera la moins sûre de son droit. Ne voit-on pas
ce qu'il y a là de danger réel pour le cas où une grande
Puissance voudra faire une mauvaise querelle à un Etat
faible, tout en gardant l'apparence de l'impartialité ?»
On peut comprendre la clause d'amiable composition,
quand il s'agit de désaccords qui ne peuvent pas être
réglés d'après le droit conventionnel. Dans le cas présent,
il y avait des textes précis, des conventions préexistantes
et en vigueur, qui ne pouvaient être annulées que par une
déclaration expresse dans le Compromis.
Au Congrès de Vienne, devant l'Europe entière, la
France, en acceptant la restitution de la Guyane Française
« jusqu'à la rivière d'Oyapock, dont l'embouchure est située
entre le quatrième et le cinquième degré de latitude septen­
trionale», s'est engagée à résoudre à l'amiable avec le Por­
tugal la question de frontières en Guyane « conformément
au sens précis de l'Article huitième du Traité d'Utrecht».
Dans la Convention de Paris, du 28 Août 1817, cet
engagement fut rappelé deux fois:
« Art. 2. — On procédera immédiatement des deux parts
à la nomination et à l'envoi des Commissaires pour fixer
définitivement les limites des Guyanes Française et Portu­
gaise, conformément au sens précis de l'Article VIII du

6 QUESTION DE FRONTIÈRES
Traité d'Utrecht, et aux stipulations de l'Acte du Congrès
de Vienne; lesdits Commissaires devront terminer leur
travail dans le délai d'un an au plus tard, à dater du jour
de leur réunion à la Guyane. Si, à l'expiration de ce terme
d'un an, lesdits Commissaires respectifs ne parvenaient pas
à s'accorder, les deux Hautes Parties Contractantes procé­
deraient à l'amiable à un autre arrangement, sous la médiation
de la Grande-Bretagne, et toujours conformément au sens
précis de l'Article VIII du Traité d'Utrecht, conclu sous
la garantie de cette Puissance.»
Le premier projet de traité d'arbitrage proposé par le
Gouvernement Français, en Janvier 1896 ), contenait une
l
clause ainsi rédigée:
« Art. 2. — L'Arbitre réglera définitivement la question,
soit qu'il adopte entièrement dans sa sentence le tracé de
frontière qu'il lui sera proposé par l'une ou l'autre des deux
Puissances, soit qu'il choisisse toute autre solution inter­
médiaire qui lui paraîtrait plus conforme au sens précis
de l'Article VIII du Traité d'Utrecht.»
Quelques mois après, le 20 Mars 1896, le Gouvernement
Français saisissait le Ministre du Brésil à Paris d'un autre
projet, dont l'article 2 disait :
«L'Arbitre réglera définitivement la délimitation dont il
s'agit, soit qu'il adopte dans sa sentence la ligne de frontière
qui lui sera proposée par l'une ou l'autre des deux Parties,
soit qu'il choisisse toute autre solution intermédiaire, les Par-
) Voir, au sujet des deux projets français, T . III,
145 et 146,
l
nos
pp. 345 à 352.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 7
ties entendant donner à l'Arbitre les pouvoirs les plus éten­
dus, afin d'arriver à une solution équitable
de la difficulté. »
En accusant réception de ce document, le Ministre
du Brésil à Paris n'oublia pas de faire comprendre que,
convaincu de son droit, le Brésil ne pouvait accepter l'ar­
bitrage sur la base proposée d'une solution transactionnelle.
«Dès maintenant», disait-il (25 Mars 1896), «et pour ce qui
est de l'Article 2 du nouveau projet, je prends la liberté
de rappeler à Votre Excellence que l'arrangement amiable
à intervenir, c'est-à-dire, l'arrangement définitif des limites
par un Arbitre, ne saurait être fait que « conformément au
« sens précis de l'Article VIII du Traité d'Utrecht et aux
«stipulations de l'Acte du Congrès de Vienne», ainsi qu'il
a été convenu à Paris le 28 Août 1817. Dans l'entretien
auquel Votre Excellence fait allusion, j'ai eu l'honneur de
la prier de vouloir bien préciser par écrit les limites récla­
mées par la France. Il importe que le Traité établisse claire­
ment les lignes prétendues par les deux Parties; et cette
délimitation préalable du territoire contesté, ainsi que les
pouvoirs à conférer à l'Arbitre constituent certainement les
deux questions délicates à discuter et à résoudre dans la
négociation du Traité » ).
1
Dans une autre lettre, en date du 4 Septembre 1896,
adressée au Ministre des Affaires Etrangères de la République
Française ), le Ministre du Brésil disait encore, au sujet
2
de la proposition du 20 Mars 1896:
) T. III, n° 146, pp. 349 et 350.
1
) T. III, n° 150, p. 374.
2

8 QUESTION DE FRONTIÈRES
« L e projet de Traité d'Arbitrage ne précisait pas l'ob­
jet du litige, car il passait sous silence les prétentions des
deux parties. D'après le premier projet français, l'Arbitre
devait régler la question soit en adoptant le tracé de fron­
tières proposé par l'une ou l'autre des deux parties, soit
en choisissant «toute autre solution intermédiaire qui lui
paraîtrait plus conforme au sens précis de l'Article 8 du
Traité d'Utrecht». Cette rédaction donnait aux pouvoirs de
l'Arbitre toute l'étendue compatible avec les engagements
pris par la France et le Portugal en 1815 au Congrès de
Vienne (Article 107 de l'Acte final) et à Paris, le 28 Août
1817. Mais dans le second projet, les conventions en vigueur
disparaissaient, et, au lieu d'un Arbitre chargé d'interpréter
l'Article 8 du Traité d'Utrecht, on nous proposait un Média­
teur d'une nature spéciale, armé des pouvoirs les plus
étendus... ».
Les négociations, interrompues à Paris, se poursuivirent
peu après à Rio de Janeiro et aboutirent au Traité du
10 Avril 1897.
Le Mémoire de la France parle de ce Compromis
comme si la proposition du 20 Mars 1896 s'y trouvait con­
signée. L a mention de l'Article V I I I du Traité d'Utrecht
n'a pas été écartée comme l'auraient voulu les négocia­
teurs français; ce qu'on écarta, comme inadmissible pour
le Brésil, ce fut le passage suivant du projet français: —
« . . . les Parties entendant donner à l'Arbitre les pouvoirs
les plus étendus, afin d'arriver à une solution équitable
de la difficulté.»
Dans le préambule du traité, on lit:

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 9
« L'Arbitre sera invité à décider quelle est la rivière
Japoc ou Vincent Pinçon, et à fixer la frontière inté­
rieure. »
Dans l'Article 1 , relatif à la frontière appelée mari­
e r
time, les deux Hautes Parties Contractantes formulèrent
leur ; prétentions en les basant sur l'Article VIII du Traité
d'Utrecht :
«La République des Etats Unis du Brésil prétend que.
conformément au sens précis de l'Article 8 du Traité
d'Utrecht, le Rio Japoc ou Vincent Pinçon est l'Oyapoc,
qui se jette clans l'Océan à l'Ouest du Cap d'Orange et
qui, par son thalweg, doit former la ligne frontière.
« La République française prétend que, conformément
au sens précis de l'Article 8 du Traité d'Utrecht, la Pi­
vière Japoc ou Vincent Pinçon est la rivière Araguary
(Araouary), qui se jette dans l'Océan ) au Sud du Cap
1
du Nord et qui, par son thalweg, doit former la ligne
frontière. »
Dans l'Article 2, lorsqu'il est question d'une solution
intermédiaire au sujet de la ligne appelée « intérieure », le
Compromis déclare qu'elle devra être tracée « à partir de
la source principale de la rivière adoptée comme étant le
Japoc ou Vincent Pinçon ».
L'Article 1 ne parle pas de solution intermédiaire ou
er
transactionnelle.
1) Le 1er Mémoire du Brésil (T . I, pp. 14 à 20) a déjà montré, d'après
des autorités françaises, que ce cours d'eau se jette dans l'Amazone.

10 QUESTION DE FRONTIÈRES
On voit donc très clairement que, dans le cas parti­
culier de la frontière fluviale, c'est une décision de droit
que le Compromis réclame de l'Arbitre. Le 1 Mémoire du
e r
Brésil l'avait dit déjà:
« En ce qui concerne la limite maritime, il s'agit, donc,
simplement d'interpréter l'Article 8 du Traité d'Utrecht.
C'est ce que le Brésil et la France demandent à l'Arbitre,
en l'invitant à déclarer quelle est la rivière Japoc ou
Vincent Pinçon. L'Arbitre peut ainsi se prononcer, non
seulement pour la rivière Oyapoc ou pour celle d'Araguary,
réclamées respectivement par le Brésil et la France, mais
encore pour l'une de celles qui coulent sur le territoire
contesté compris entre les deux rivières réclamées, pourvu
que le cours d'eau choisi soit, selon lui, le japoc ou
Vincent Pinçon de l'Article 8 du Traité d'Utrecht. »
Pour ce qui est de la frontière appelée « intérieure »,
l'Arbitre est appelé à se prononcer soit pour la ligne ré­
clamée par le Brésil, qui est celle que la France a acceptée
le 28 Août 1817, au Nord de la chaîne de partage des
eaux ; soit pour la ligne que la France réclame maintenant,
au Sud de cette chaîne, dans le bassin de l'Amazone, au
nom du Traité d'Utrecht qu'elle signa en s'engageant à
renoncer perpétuellement à toute prétention sur l'Amazone
et à n'avoir aucune « avenue » sur la région qu'il arrose*);
*) « . . . e t ni les Français, ni les Anglais, ni aucune autre nation ne
doivent avoir une avenue ouverte sur ce pays» (Instructions du 1 7 F é ­
vrier 1713, du Secrétaire d'Etat, Lord B O L I N G B R O K E , à l'Ambassadeur
d'Angleterre en France, contenant les dernières propositions de la Reine

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 1
soit en choisissant « comme solution intermédiaire à partir
de la source principale de la rivière adoptée comme étant
le Japoc ou Vincent Pinçon, jusqu'à la frontière hollandaise,
la ligne de partage des eaux du bassin de l'Amazone, qui,
dans cette région, est constituée dans sa presque totalité
par la ligne de faîte des monts Tumuc Humac ».
C'est seulement dans cet article, et pour la frontière
intérieure, que les mots « solution intermédiaire » sont em­
ployés, mais, même dans ce cas, il s'agit d'examiner et de
dire le droit, car la demande du Brésil s'appuie sur le
texte d'une convention en vigueur, tandis que la demande
de la France ne s'appuie sur aucun texte, et la ligne inter­
médiaire indiquée par les deux Parties est celle de la limite
intérieure adoptée implicitement en 1713, et la même qu'in­
diqueraient les règles du Droit International s'il était prouvé
que le droit conventionnel fît défaut.
Ce n'est donc pas un accommodement, mais une déci­
sion de droit que le Brésil attend, quoique, en l'espèce,
l'équité, elle aussi, favorise notre cause. La mission de
l'Arbitre, clairement définie dans le Compromis, est de
trancher la question litigieuse, d'après le droit qui découle
des textes. Il est un juge, non un médiateur.
En 1856, à Paris, le Brésil essaya d'arriver à un ac­
cord direct avec sacrifice de ses droits ), mais, heureuse-
1
A N N E , acceptées par Louis X I V le 7 Mars. Voir au T . II, Doc. n° 6 2 ,
pp. 461 et 462).
) «L'esprit de conciliation, le désir de terminer la question de la
1
part du Gouvernement de Sa Majesté l'Empereur du Brésil, est prouvé

12 QUESTION DE FRONTIÈRES
ment pour lui, le second Empire Français ne l'a pas voulu.
Près d'un demi-siècle s'est écoulé, et la région entre le
Carapaporis et l'Oyapoc, qui était alors presque inhabitée,
s'est peuplée de plus en plus de nos nationaux, et cela sans
aucune intervention du Brésil, qui a toujours respecté scru­
puleusement ses engagements. La situation actuelle n'était
plus la même que celle de 1 8 5 5 et 1856, et le Brésil s'em­
pressa, en 1 8 9 5 , d'accepter la proposition d'un règlement
de la question de limites par la voie de l'arbitrage, mode de
solution qui avait déjà été suggéré, en 1856, par le VICOMTE
DO URUGUAY, notre Plénipotentiaire à Paris, et en 1 8 8 8 par
le Conseiller RODRIGO SILVA, Ministre des Affaires Etran­
gères du Brésil.
La situation du territoire contesté, habité par des Bré­
siliens profondément dévoués à leur patrie, et les graves
responsabilités du Gouvernement Fédéral, dans cette affaire,
envers le peuple brésilien et envers les autres Etats de
notre continent, — sans parler de nos voisins du Nord, les
Anglais et les Hollandais, que la question ne peut manquer
d'intéresser, — l'empêchaient d'admettre la clause d'amiable
composition qui aurait peut-être rendu possible l'expansion
coloniale projetée par la France. Il a accepté l'arbitrage,
même pour la question du territoire intérieur, — prétention
avec évidence par les différentes et importantes concessions qu'il s'est
montré disposé à faire pour en finir par une transaction, avec sacrifice
de ses droits».
Déclaration du Plénipotentiaire du Brésil dans la Con­
férence de Paris, séance du 1 Juillet 1856
er
(1er Mémoire du Brésil,T. III,
p. 261).

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 13
révélée il y a seulement quelques années et qui n'a jamais
été prise au sérieux en France, — et il l'a accepté parce
que, fort de son droit indéniable, il savait que la cause
du Brésil ne pouvait courir aucun danger une fois soumise
à de vrais juges. On peut dire avec raison que pour la
France, qui ne risque rien dans cet arbitrage, car elle n'a
rien à perdre, la décision de l'Arbitre, quelle qu'elle soit,
n'entraînera aucune mesure pénible*) Le Brésil ne pourrait
pas tenir le même langage. Son devoir est de défendre ses
droits dans toute leur intégrité, non pour obtenir des agran­
dissements de territoire, mais pour conserver ce qui lui
appartient depuis trois siècles. La France n'a pour elle
dans cette question ni le droit historique, ni le droit con­
ventionnel. Elle possède déjà un vaste empire colonial, plus
que suffisant pour y pouvoir déployer toutes les ressources
*) «La décision de l'Arbitre, quelle qu'elle doive être, n'entraînera
d'ailleurs aucune mesure trop pénible pour les deux parties en cause».
Extrait du « Rapport fait au nom de la Commission chargée d'examiner
le projet de loi, adopté par la Chambre des Députés, portant approbation
de la Convention conclue, le 10 Avril 1897, entre le Gouvernement de
la République Française et le Gouvernement de la République des Etats-
Unis du Brésil, en vue de fixer définitivement par la voie de l'arbitrage
les frontières de la Guyane Française et du Brésil, par M . D E M A R C È R E ,
Sénateur » (Annexe au procès-verbal de la séance du 25 Mars 1898, du
Sénat Français). Les autres membres de cette Commission étaient :
MM. S I L H O L , E R N E S T Monis (actuellement Ministre de la Justice et des
Cultes), B E R T H E L O T (qui venait d'être Ministre des Affaires Etrangères),
J U L E S G O D I N , D E C A S A B L A N C A , G U Y O T - L A V A L I N E , G I L B E R T G A I L L A R D et
D U C O U D R A Y .

14 QUESTION DE FRONTIÈRES
de son génie et de son activité pendant les siècles à venir ).
1
Le Brésil lui souhaite tous les agrandissements possibles
sur les continents encore à coloniser, mais il ne pouvait lui
faire aucun sacrifice en Amérique, et, fort de son droit, il
est venu à Berne non pour demander des solutions trans­
actionnelles, mais pour défendre son domaine au nom des
traités et suivant les clauses du Compromis.
) Superficie du Brésil, y compris le territoire contesté : 8,361,350 kilo­
1
mètres carrés.
Superficie approxim. des possessions françaises (1899): 11,000,000 de
kilomètres carrés (Voir au T . I I I , le n° 137 ).
b i s

15
I
C'est dans sa troisième partie, dans son « Exposé géo­
graphique », que le Mémoire de la France entreprend «de
rechercher quelle est la rivière que les signataires du Traité
d'Utrecht ont entendu désigner sous le nom de rivière
de Japoc
ou de Vincent Pinson. »
Et l' « Exposé géographique » débute par ces deux
importantes déclarations, dont il convient de prendre note :
Qu'un fleuve de la Guyane était généralement
connu en 1713, comme il l'est aujourd'hui, sous le nom
d'Oyapocl) ;
Que si le double nom de Japoc ou Vincent Pinçon
pouvait s'appliquer à l'Oyapoc, «la limite des territoires à
la souveraineté desquels la France renonçait alors, se trou­
verait par 4° 20' 40" de latitude septentrionale».
Mais déjà dans sa 1 partie, le Mémoire de la France
re
avait reconnu que le Japoc ou Vincent Pinçon d'Utrecht est
identique avec la « Rivière d'Oyapoc dite de Vincent Pinçon »
mentionnée dans le Traité provisionnel de 1700; déjà aux
conférences de Paris, en 1855 et 1856, le Plénipotentiaire
) « S'ils s'appliquent » (les noms
1
Japoc et Vincent Pinçon), « comme
le prétend le Brésil, au fleuve généralement connu, aujourd'hui comme
en 1713, sous le nom d'Oyapoc, la limite des territoires à la souverai­
neté...» etc. (p. 233 du T. I du Mémoire français).

16 QUESTION DE FRONTIÈRES
de la France avait déclaré que la limite refusée par
Louis X I V en 1700 fut formellement acceptée par ce roi
en 1713 ). Si donc — comme cela est incontestable — le
1
Japoc ou Vincent Pinçon d'Utrecht est l'Oyapoc du Traité
de 1700, il nous semble impossible, qu'un esprit impartial,
puisse admettre que le gouvernement et les diplomates
français, voulant désigner V Araguary, déjà connu sous ce
nom, — ou toute autre rivière entre le Cap du Nord et
l'Orange, — aient employé le nom Oyapoc, sous lequel un
fleuve de cette région « était généralement connu » en 1700
et 1713, comme encore aujourd'hui.
L e Brésil maintient dans ce débat, — comme le Por­
tugal l'a toujours maintenu, — que l'Oyapoc des Traités
de 1700 et 1713 est le fleuve universellement connu sous
ce nom depuis 1596, fleuve qui se jette dans l'ancienne
Baie de Vincent Pinçon ou d'Oyapoc, entre la Montagne
d'Argent et le Cap d'Orange.
La France, après avoir prétendu tour à tour que
l'Oyapoc ou Vincent Pinçon d'Utrecht était le Cassiporé,
le Calçoene, le Mayacaré, le Carapaporis, — au Nord du
Cap du Nord, — affirme maintenant que la rivière accep­
tée à Utrecht était l ' A r a g n a r y , au Sud de ce même cap.
Vouloir prouver que les désignations Oyapoc, Japoc,
Yapoco, et autres variantes, qu'on lit dans les pièces diplo­
matiques de 1697 à 1713 ne s'appliquaient pas à l'Oyapoc,
mais à l ' A r a g u a r y , est certes une tâche extrêmement dif-
) Quatrième séance, 11 Octobre 1855, p. 84 du T . III du
1
1er Mémoire
du Brésil.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 17
ficile, qu'on peut exécuter avec un grand talent et en faisant
preuve d'érudition, comme on l'a fait, mais sans aucune
possibilité d'arriver à convaincre ses lecteurs. C'est comme
si, à propos d'un acte faisant mention de la Seine, on
entreprenait d'établir que les signataires de ce document
n'avaient pas entendu désigner cette rivière et que c'était
incontestablement de la Gironde, et non de la Seine, qu'il
s'agissait.
L'« Exposé géographique », dès sa deuxième page,
s'efforce d'écarter le nom Oyapoc ou, du moins, d'amoin­
drir l'importance de l'emploi de ce nom dans les traités.
Il prétend que jamais dans les documents des négociations
qui précédèrent celui d'Utrecht, la rivière revendiquée par
le Portugal comme limite « n'est désignée autrement que par
le nom Vincent Pinçon ». Dans l'usage général, dit-il, le nom
de Vincent Pinçon «figure à l'exclusion de tout autre».
« Ceux d'Oyapoc (Traité provisionnel de 1700), de Japoc
(Traité d'Utrecht), celui de Rio Fresco, ancienne dénomi­
nation portugaise rappelée comme synonyme des noms de
Vincent Pinçon et d'Oyapoc dans le Mémoire que les Plé­
nipotentiaires portugais rédigèrent en 1698 en réponse à
celui de l'Ambassadeur de France à Lisbonne, ne semblent
être employés que pour préciser plus complètement vis-à-
vis des Français la détermination exacte du cours d'eau
choisi comme limite. Le nom de Vincent Pinçon est donc
le principal, celui qui présentait à lui seul un sens assez
clair pour se passer de synonyme... »*).
*) Mémoire de la France, T . I, pp. 234 et 235.
Répl. du Brésil. T.
2

18 QUESTION DE FRONTIÈRES
Nous ne pouvons souscrire à ces affirmations.
Le nom principal est certainement celui que les deux
traités énoncèrent en premier lieu, Oyapoc, Japoc, et qui
était le nom indigène, le nom actuel en 1700 et 1713, comme
il est encore aujourd'hui le nom actuel. L'autre — Vincent
Pinçon — n'est, dans les deux textes, que le nom secon­
daire et accessoire, explicatif de l'ancienneté des droits et
revendications du Portugal. C'était, déjà à cette époque,
un nom purement historique, auquel les Portugais tenaient
beaucoup, qu'ils employaient souvent comme nom principal,
mais que les Indiens, habitants de ces parages, n'avaient
jamais connu. Depuis le commencement du X V I I siècle,
e
c'était le nom indigène que les géographes et les carto­
graphes employaient de préférence, mais ce sont les noms
anciens et démodés de Vincent Pinçon et de Rio Fresco
que le Mémoire de la France préfère pour écarter le nom
«généralement connu» et s'engager clans une enquête au
sujet du Vincent Pinçon primitif.
Les documents annexés au 1 Mémoire du Brésil et
e r
surtout ceux qui accompagnent ce 2 Mémoire nous per­
nd
mettent de dire que les rédacteurs du Mémoire de la France
se sont trompés en affirmant que jamais dans les documents
officiels antérieurs au Traité de 1713, la rivière réclamée
comme limite par le Portugal n'avait été désignée autrement
que par le nom de Vincent Pinçon.
Elle avait été désignée sous le double nom de Vincent
Pinçon ou Oyapoc dans une lettre du Gouverneur de Pará,
ANTONIO DE ALBUQUERQUE, lettre adressée au MARQUIS DE
FERROLLE, Gouverneur de Cayenne, et que celui-ci envoya

B R É S I L E T G U Y A N E F R A N Ç A I S E 19
à la Cour de Versailles, comme il le déclare dans son Mé­
moire du 20 Juin 1698 )
1
Elle avait été désignée quinze fois sous le nom d'Oyapoc
dans la Réponse du Gouvernement Portugais au premier
Mémoire de la France en 1698 ); et, dans ce même docu­
2
ment, l ' A r a g u a r y se trouve mentionné comme étant une
rivière différente de l'Oyapoc ).
3
Elle est mentionnée quatre fois sous le nom de Yapoco
dans la Réplique de la France, document rédigé à Ver­
sailles, sous les yeux de Louis X I V et de ses Ministres, et
remis en 1699 par l'Ambassadeur ROUILLÉ au Gouverne­
ment Portugais La Réplique fait mention de l ' A r a g u a r y 5 ,
ce qui exclut, encore une fois, toute possibilité de confu­
sion entre cette rivière, dont le nom était parfaitement
connu, et l'Yapoco ou Oyapoc. Ce document décisif, outre
le nom Yapoco, qui n'a jamais été appliqué, de même que
celui d'Oyapoc, qu'à la rivière du Cap d'Orange et de la
Montagne d'Argent, expose que la source de l'Yapoco,
revendiqué comme frontière par le Portugal, se trouve par
la latitude du Cap du Nord, et que cette rivière coule du
) Voir au T. II de cette Réplique le doc. n° 28, pp. 195 à 198.
1
) Ibidem, Doc.
2
30, pp. 219, 223 (deux fois), 224, 226 (deux fois),
227, 228, 229 (deux fois), 231, 232, 234, 236 et 241.
) Ibidem, p. 235.
3
) Ibidem, n° 32, pp. 255, 260, 265 et 272. Dans cette Réplique, on
4
lit, tantôt « Rivière de Vincent Pinçon appelée Yapoco», tantôt « Rivière
d'Yapoco ».

) Ibidem p. 268 :
5
Arouary.

2 0 QUESTION DE FRONTIÈRES
Midi vers le Nord1), deux indications qui ne peuvent s'ap­
pliquer à l'Araguary, figuré sur toutes les cartes de l'époque
comme une rivière coulant de l'Ouest vers l'Est, et qui, en
vérité, coule d'abord du Nord au Sud pour prendre ensuite
la direction de l'Est.
Les noms Ojapoc, Wiapoc ou Yapoc sont encore
mentionnés onze fois dans la Réponse portugaise de 1699 ),
2
et l'Araguary y est cité deux fois ) comme rivière différente
3
de l'Oyapoc ou Vincent Pinçon.
Dans les instructions du 2 Septembre 1699, du Ministre
de la Marine au Gouverneur de Cayenne, on lit que le
Portugal prétendait la limite de l ' O y a p o c 4 ) .
Dans le Traité provisionnel du 4 Mars 1700 on lit (tra­
duction officielle française de 1700): «Rivière d'Oyapoc
dite de I V I n c e n t Pinçon » ), et le nom
5
Araguary y est écrit
quatre fois. Ces deux noms, qu'il est impossible de confondre
entre eux, car ils n'ont jamais été accolés l'un à l'autre, se
retrouvent dans les instructions portugaises de 1700 au
Gouverneur du Maranhão, communiquées alors à la Cour
de Versailles ).
6
) T . II cité, p. 272.
1
) Ibidem, Doc. n° 3 3 :
2
Ojapoc, pp. 302, 304, 311, 329 et 331 (deux
fois) ; Wiapoc ou Yapoc, p. 321 ; Yapoc, pp. 323 (deux fois) et 329 ;
Oyapoc ou Oviapoc, p. 318.
) Ibidem, pp. 305 et 308.
3
) Ibidem, Doc. n° 34.
4
) Ibidem, Doc. n° 37.
5
) Ibidem, Doc. n° 38.
6

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 21
On lit encore le nom indigène de la rivière du Cap
d'Orange, employé isolément ou occupant toujours la pre­
mière place, sur plusieurs documents des négociations
d'Utrecht :
Ojapoc, dans le projet portugais de traité, en date
du 6 Décembre 1712, où l'Araguary est de nouveau men­
tionné ) ;
1
Rivière d'Oyapoc, dans la lettre du 26 Décembre, de
Louis X I V , aux Plénipotentiaires français à Utrecht );
2
River Yapoco, sur une pièce annexée à la dépêche du
19 Janvier 1713, de LORD BOLINGBROKE, Secrétaire d'Etat
aux Affaires Etrangères, adressée à l'Ambassadeur d'An­
gleterre en France, le Duc DE SHREWSBURY );
3
Rivière Yapoco, dans le Mémorandum que le Ministre
de Portugal, BROCHADO, remit à LORD BOLINGBROKE, le
23 Janvier, et dont ce dernier envoya une copie aux Pléni­
potentiaires réunis à Utrecht );
4
) T . II cité, n° 49, pp. 399 et 400 : — « . . . Terres situées depuis lesdits
1
Forts par les bords de la Rivière des Amazones vers le Cap du Nord
et les Costes de la Mer jusqu'à l'embouchure de la Rivière d'Ojapoc
ou de Vincent Pinçon. -

) Ibidem n° 50, p. 403 : — « . . . l e pays contesté
2
entre la Rivière des
Amazones et celle d'Oyapoco...».
) Ibidem, n° 55, p. 420 : — « . . . that district of country,
3
on the coast of
Brazil, situate between the River Уаросо and the Cape North of the
River Amazone, inclusive ».
) Ibidem, n° 56, p. 424 : — « . . . terres . . . situées
4
depuis la Rivière
appelée Уаросо jusques au Cap du Nord de la Rivière des Ama­
zones ...»

22 QUESTION DE FRONTIÈRES
Yapouco, lettre de BROCHADO, en date du 2 4 Janvier,
adressée à DIOGO DE MENDONÇA CORTE REAL, secrétaire
d'Etat aux Affaires Etrangères en Portugal );
1
Oyapoco, dans la dépêche, du 10 Février 1718, des
Plénipotentiaires français à Utrecht, adressée à Louis X I V ) ;
2
Rivière d'Oyapoco, dans les Instructions du 13 Février,
de Louis X I V à ses Plénipotentiaires ).
3
Les deux premières affirmations de 1'« Exposé histo­
rique » nous paraissent suffisamment réfutées. Le nom indi­
gène du fleuve-limite, écrit de différentes manières, -
Oyapoc, Oyapoco, Yapoco, Ojapoc, Japoc, Wiapoco (ortho­
graphe anglaise d'Ouayapoco), — était le nom principal,
et il fut employé souvent dans la correspondance diploma­
tique de 1697 à 1713.
C'est donc dans les cartes et les ouvrages antérieurs
aux traités de 1700 et 1713, et plus immédiatement con­
temporains, surtout dans les cartes et les livres français
de cette époque, qu'on peut vérifier quelle était la frontière
de l'Oyapoc refusée par la France en 1700 et acceptée
par elle en 1713, et non pas sur les cartes du X V I siècle,
e
dans lesquelles il est impossible de trouver, avant 1598, les
noms indigènes vulgarisés par les Anglais KEYMIS et HAR-
COURT, et qui finirent par supplanter complètement la vieille
) T . II cité, n° 57, p. 429 : — « . . . terras situadas entre o
1
Ryo Yapouco
e o Cabo do Norte do Ryo das Almazonas incluzivamente ».
) Ibidem, Doc. n° 58, D., p. 444 : — « . . .
2
Quant au pays contesté
entre ce fleuve (l'Amazone) et celuy d'Oyapoco ...».
) Ibidem, Doc. n° 59, p. 448 : — « . . . pour convenir du partage du pays
3
situé entre la rivière des Amazones et celle d'Oyapoco ... ».

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 2 3
nomenclature espagnole et portugaise. Ces cartes du X V I e
siècle ne furent consultées ni par les négociateurs de Lis­
bonne ni par ceux d'Utrecht. Les deux traités ne disent pas
non plus que la limite serait établie à la Rivière Vincent
Pinçon des cartes primitives. Même si on réussissait à prouver
que le Vincent Pinçon primitif était une rivière au Sud de
l'Oyapoc et que ce nom avait été mal appliqué au fleuve du
Cap d'Orange, la frontière dont parlent les Traités de Lis­
bonne et d'Utrecht n'en serait pas moins l'Oyapoc ou Yapoco,
comme le reconnaissait L A CONDAMNE, qui avait accepté
sans contrôle en 1745 la distinction d'un Oyapoc et d'un
Vincent Pinçon séparés l'un de l'autre par la distance de
cinquante lieues ). De même, si une convention quelconque
1
du X V I I ou du X V I I I siècle avait désigné comme limite
e
e
le Blackwater, en Angleterre, en disant : « le Blackwater,
anciennement nommé Eidumannia » ; et si on venait à prouver
que l'Eidumannia des anciens géographes était, non le
Blackwater, mais le Stour, ce qui aurait été possible en
vue de l'obscurité des anciens textes connus et de la dé­
couverte d'un autre plus clair, aurait-on pu admettre que
la limite convenue devait passer du Blackwater au Stour ?
Non, évidemment. La dénomination connue et généralement
adoptée à l'époque de la convention continuerait à pré­
valoir et à désigner la limite choisie, et tout ce qu'on
pourrait dire serait que la rivière adoptée n'avait pas porté
anciennement le nom qui lui avait été attribué.
) Voir au T . I I I , n° 118, un extrait de l'article
1
Guyane, de L A
C O N D A M I N E , dans l ' E n c y c l o p é d i e , en 1 7 5 7 .

24 QUESTION DE FRONTIÈRES
Mais le Brésil n'a rien à craindre du plan d'attaque
révélé par le Mémoire de la France, de la transformation
du nom ancien et accessoire en nom principal, et de son
enquête géographique à travers les cartes du X V I siècle.
e
Nous allons accepter les bases posées par le Mémoire de
la France, et prouver avec les documents qu'il cite que le
Vincent Pinçon définitif de l' « Ecole sévillanne » était incon­
testablement la rivière du Cap d'Orange.
Pour arriver à ce résultat, il suffit d'examiner rapide­
ment l'« Exposé géographique» français.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE
25
I I
Nous avons peu de chose à redire à propos du voyage
de VINCENT PINÇON ). Ce sujet a été traité avec assez
1
d'ampleur et beaucoup de compétence par CAETANO DA
SILVA (§§ 2 5 3 0 à 2 5 8 3 ) et succinctement présenté dans le
1er Mémoire du Brésil (T. L, pp. 47 à 5 3 ) .
Nous croyons que le point d'atterrissage de VINCENT
PINÇON sur la côte du Brésil fut la pointe Calcanhar, par
5° 9 ' 1 0 " de latitude Sud et 37° 4 8 ' 3 5 " de longitude Ouest
de Paris, et non le Cap nommé de St-Augustin, comme
PINÇON l'a dit quelques années après, sans être bien ren­
seigné sur la position du cap auquel les Portugais avaient
donné ce nom, le 2 8 Août 1501, fête de St-Augustin. Nous
croyons que son Cap de Santa Maria de la Consolacion
était la Pointe de Calcanhar, parce qu'elle forme, au Nord-
Ouest du Cap de St-Roch, l'extrémité orientale du littoral
nord du Brésil, que ce même PINÇON, dans un autre voyage,
en 1500, accompagné de JUAN DIAZ DE SOLIS, longea de
nouveau en se rendant du golfe de Paria en Espagne ).
2
1) Mémoire de la France, Exp . géog., Chap. I, pp. 240-244.
) « Après s'être entendu avec les Chiaconos » (chefs indiens), raconte
2
ANGHIERA (De Rebus Oceanicis et Novo Orbe, 2 Décade, Livre 8 ),
e
e
VINCENT YANEZ continua son voyage. Il trouva à l'Est des pays aban-

2 6 QUESTION DE FRONTIÈRES
Et c'était cette pointe qU'ANGHIERA jugeait être le Cap de
St-Augustin des Portugais ). On comprend que, dans ce
1
rapide voyage de retour, il ne s'écarterait pas de sa
route pour aller jusqu'au 8 degré de latitude Sud.
E
Notre divergence au sujet du point d'atterrissage de
PINÇON en 1500 n'a d'ailleurs aucune importance dans le
présent débat, et si on admettait que ce fut le Cap de
St-Augustin. cela n'aurait d'autre résultat que d'allonger le
périple de PINÇON en 1500, et de rendre plus probable
encore la supposition d'HENRi HARRISSE, d'après laquelle
ce fut le 25 Mars 1500, fête de l'Annonciation, que PINÇON
donna à l'Amazone actuel le nom de Santa Maria de la
Mar Dulce ).
2
Tout ce qu'on sait du voyage de PINÇON en 1500 est
ce qui résulte de la « Capitulacion » signée à Grenade le
5 Septembre 1501, de la relation très abrégée d'ANGHIERA
et de certaines déclarations de PINÇON lui-même et de ses
compagnons au cours du procès intenté à Séville contre la
Couronne par DIEGO COLON.
donnés à cause des fréquentes inondations, et sur de grands espaces, des
terres marécageuses; mais il ne renonça pas à son entreprise avant
d'avoir atteint la pointe extrême du continent. » (« Icto fœdere cum illis
Chiaconis, V I N C E N T I U S ANNEZ institutum iter suum prosequens, ad Orien-
tem regiones invenit aquarum crebra illuvie desertas, & stagnantia magnis
tractibus loca. Nec destitif a proposito, d o n e c terrœ illius l o n g i s s i m œ
cuspidem attigit. . . ».)

) Cf. Livre V I I , partie finale, et V I I I , commencement de la 2 Décade.
1
me
)2 H E N R I H A R R I S S E . The Diplomatic History of America, Londres,
1897, p. 113.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 27
Nous avons déjà présenté un extrait de ces documents ),
l
par lesquels on voit que PINÇON, allant, en 1500, de l'Est
vers l'Ouest, découvrit le grand fleuve qu'il nomma Santa
Maria de la Mat Duke, et que la région qui s'étend sur
la rive gauche de ce fleuve s'appelait Paricura.
Ensuite, il continua son voyage vers le golfe de Paria
en longeant la côte.
Le Mémoire de la France prétend, qu'après sa sortie de
l'Amazone, il ne fut plus possible à PINÇON «de se tenir à
proximité des terres», et que «l'existence de bas-fonds, la
nature noyée de la côte, le força à reprendre le large jus­
qu'à l'aria ou à la Bouche du Dragon ». Le Mémoire ne
cite à l'appui de sa thèse que la déposition de GARCIA
HERNANDEZ, transcrite par fragments dans la Colleccion de
Viajes de NAVARRETE ). L e déchiffrement du manuscrit
2
original, fait postérieurement par l'Académie d'Histoire de
Madrid, donne à ce témoin le nom de GARCIA FERRANDO ),
3
et la lecture intégrale de sa déposition, en date du 1 Oc­
e r
tobre 1515, montre qu'elle est des plus obscures. Dans le
passage auquel se réfère le Mémoire de la France,
GARCIA FERRANDO parle d'un grand fleuve, et dit que les
Espagnols voulurent le reconnaître, mais que, « arrivés à en-
1) 1er Mémoire du Brésil, T . I, pp. 47 à 51 ; et T . II , 1 (tra­
duction des passages essentiels de la Capitulation de 1501).
) T. III de cette
édition, pp. 553 et 554
2
Colleccion, p. 549 de la lre
de l'édition de 1880.
série, T. VIII,
3) Collection de documentos ineditos de ultramar, 2 e
2me De Los Pleitos de Colon, Madrid 1894, pp. 186 à 195.

2 8 QUESTION DE FRONTIÈRES
viron huit lieues de terre, le fonds n'était plus que de trois
brasses et la terre était noyée, ce pourquoi ils n'osèrent
s'approcher plus
et poursuivirent leur route vers P a r i a » ) .
1
Si l'on devait prendre ce fleuve pour l'Amazone, il fau­
drait en conclure que PINÇON n'y était pas entré, qu'il n'y
avait pas mouillé et débarqué, ce qui ne conviendrait nulle­
ment à la cause française et bouleverserait toute la savante
argumentation de 1'«Exposé géographique».
Nous avons heureusement des témoignages assez clairs
et assez concluants pour établir que PINÇON, en sortant
de l'Amazone, longea la côte jusqu'au Golfe de Paria. L e
premier est celui de VINCENT PINÇON lui-même, à Séville,
le 21 Mars 1513. Il déclara alors que, dans son voyage de
1500, il avait découvert la Mar Dulce, «et que», dit le
procès-verbal, « cette eau douce s'avance dans la mer qua­
rante lieues»;
qu'il avait découvert de même «la province
qui s'appelle Paricura», et qu'il avait ensuite «longé la
côte jusqu'à la bouche du Dragon » ), c'est-à-dire, jusqu'à
2
) « . . . acordaron de dar la vuelta sobre tierra para si pudiesen
1
saber el secreto deste Ryo e que llegaron fasta vista de tierra, que
podia aver ocho leguas fasta tierra, e que eneste paraje donde llegaron
no avia sy no tres braças de agua e la tierra anegada e de alli no
osaron pasar más fazia tierra por la baxeza de la tierra, e de alli se
bolvieron sygyendo su viaje para Paria . . . » (p. 189 du 2 volume
me
De
los Pleitos; p. 549 de la 1 édition de
re
N A V A R R E T E ) .
) « . . . que descubrió é halló la
2
mar dulce, é que sale 40 leguas
en la mar el agua dulce, é asimismo descubrió esta provincia que se
llama Paricura, e corrió la costa de luengo hasta la boca del D r a g o » .
( N A V A R R E T E , T . III, édition de 1880, p. 551 ; T . I, De los Pleitos de
Colon, p. 269).

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 2 9
l'entrée méridionale du Golfe de Paria, entre l'île de la
Trinidad et les terres noyées du delta de l'Orénoque
Outre ce témoignage décisif, citons ceux de deux com­
pagnons de PINÇON:
MANOEL DE VALDOVINOS, le 1 9 Septembre 1515, dans le
même procès à Séville : « En sortant de là » ( du grand
fleuve qu'il appelle, dans sa déposition. Par/cura et Mer
Douce) « ils s'en allèrent côtoyant jusqu'à Paria » ).
2
Et ANTON FERNANDEZ COLMENERO, le 2 5 Septembre 1 5 1 5 :
«En sortant de ce grand fleuve, ils s'en allèrent découvrant
tout le long de la côte du continent jusqu'à ce qu'on entre
à Paria » ).
3
On peut citer encore la relation d'ANGHIERA, dans
laquelle il est dit que les Espagnols, en sortant de ce fleuve,
poursuivirent leur voyage dans la direction du Nord, en
suivant toutefois les sinuosités du littoral, et retrouvèrent
l'étoile polaire: « Hujus nanque fluminis septentrionem
recta captantes, sic exigente littorum inflexu, arcticum
recuperarunt polum » (I Décade, Liv. IX).
r e
VINCENT PINÇON doubla donc le cap Uayapoco ou
Oyapoc, et, dans ce trajet de la Mer Douce à Paria, d'a-
) Voir
1
Carte de la Region Guyanaise, n° 2, au T . I du 1er Mémoire
du Brésil.
) « . . . é de alli salieron é
2
fueron costeando fasta Paria » (T. II
De los Pleitos, p. 146; N A V A R R E T E , édition de 1880, p. 5 5 7 ) .
) « . . . é de aquel Rio grande salieron é
3
fueron desqueriendo por
la costa adelante por la tierra firme fazta dentrose a Paria» (Pleitos,
T. II, p. 165 ; N A V A R R E T E , édition citée, T . III, p. 5 5 2 ) .

3 0 QUESTION DE FRONTIÈRES
près le document cité, du 5 Septembre 150l, il découvrit
le Cap de San Vicente.
L'«Exposé géographique» nous dit (p. 241) qu'on ne
sait pas quel est ce cap, mais la carte de 1500, de JUAN DE
LA COSA (n° 1 dans le 1 Atlas du Brésil) paraît donner à
e r
ce sujet des indications sûres. On y voit, avec le nom de
Golfe de Santa Maria (G. de St. Mja), la vaste échancrure
des bouches de l'Amazone, ou Santa Maria de la Mar
Dulce, et sur son extrémité occidentale, la légende El
Macareo,
c'est-à-dire le mascaret ou le pororoca ama­
zonien, qui, d'après COLMENERO, avait mis en danger les
caravelles de PINÇON. Plus haut, sur la côte de la Guyane,
la carte mentionne la Tierra de San Ambrosio, et c'est à
cet endroit qu'il faut placer, d'après d'AVEZAC, le Cap
d'Orange ).
1
C. DA SILVA fait remarquer que le 4 Avril est la fête
de Saint Ambroise; le 5 Avril, celle de Saint Vincent. Et
il ajoute (§§ 2581-2583) :
« L e rapprochement de ces deux dates montre que le
nom de Terre de Saint Ambroise et celui de Cap de Saint
Vincent appartiennent tous les deux à VINCENT PINÇON.
« VINCENT PINÇON allait du Sud au Nord. Il se trouvait
le 4 Avril 1500 quelques lieues au Sud de la baie d'Oyapoc,
) « . . . E t quant à l'autre désignation ( C ° de S . D ° ) , comme elle se
1
trouve inscrite à moitié chemin entre l'embouchure de l'Amazone et
l'Equateur, et le golfe de Paria, elle nous paraît difficilement applicable
au Cap d'Orange, qui se laisse mieux deviner, ce nous semble, à la
pointe de la Tierra de San Ambrosio » ( D ' A V E Z A C . Les Voyages de
Améric Vespuce an compte de l'Espagne,
Paris 1858, pp. 128 et 129.)

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 31
probablement au Cap Cachipour ; et, d'après l'usage d'alors,
si habilement mis à profit par M. DE VARNHAGEN dans une
note au Diario de Pero Lopes1), il donna à cette partie du
continent le nom du saint du jour, Saint Ambroise2). Le
lendemain, 5 Avril, il atteignit le Cap Oyapoc. C'était le
jour de Saint Vincent Ferrier, alors honoré en Espagne
sous le simple vocable de Saint Vincent, comme le prouve
le calendrier d'Enciso. Quel nom devait revenir à ce cap?
N'est-ce pas celui de Cap de Saint Vincent, consigné dans
l'Acte royal du 5 Septembre 1501 ?
«VINCENT PINÇON a dû employer cette désignation d'au­
tant plus volontiers qu'il gravait ainsi modestement son
nom de baptême sur un des points les plus remarquables
de toute la Guyane... Et lorsqu'on eut découvert la Rivière
d'Oyapoc,
quel nom plus convenable pouvait-on lui donner
que celui du célèbre découvreur du Cap Oyapoc ? »
Sur tout le littoral de la Guyane, il n'y a pas d'autre
cap qui puisse attirer autant que l'Uayapoco des Indiens
l'attention des marins. C'est, en effet, à cet endroit que la
)1 P E R O L O P E S D E S O U Z A . Diario da Navegação da Armada que
foi à terra do Brasil em 1530. Edité et annoté par V A R N H A G E N , Lis­
bonne 1839; édition plus complète, T. X X I V , 1861, de la Rev. do Inst.
Hist. e Geog. do Brasil.
) L e Père
2
G A S P A R D A M A D R E D E D E U S fut le premier à faire
remarquer, dans ses Memorias da Capitania de S. Vicente (Lisbonne
1797, p. 15), l'usage en question, en montrant que, de Rio de Janeiro à
S. Vicente, les noms donnés à différents points de la côte suivaient l'ordre
de ceux du calendrier. Sur cet usage, on peut voir S O P H U S R U G E , Die Ent-
wickelung der Kartographie von Amerika bis 1570, Gotha, 1892, p. 9.

3 2 QUESTION DE FRONTIÈRES
côte change presque brusquement de direction, et qu'on
découvre les premières montagnes qu'on puisse voir en
allant de l'Amazone et l'Orénoque. L'importance de cette
position géographique, reconnue et signalée par tous les
navigateurs, n'a pu échapper à VINCENT PINÇON, et non
seulement cette circonstance, mais encore la présence, dans
le calendrier, du nom de Saint Vincent aussitôt après celui
de Saint Ambroise, rend très probante l'argumentation de
G. DA SILVA. L e Cap Saint Vincent de PINÇON ne saurait
être que le Cap d'Orange.
Nous ne devons pas omettre de relever l'incident des
pierres précieuses trouvées par les compagnons de PINÇON,
incident auquel « l'Exposé géographique » paraît attacher une
certaine importance, car, après l'avoir mentionné (page 242),
d'après une interprétation erronée du texte de PIERRE
MARTYR D'ANGHIERA, contemporain de PINÇON, il y revient
deux fois (pages 2 8 6 et 2 9 1 ) à propos d'un passage de la
Relation de KEYMIS, écrite en 1 5 9 6 .
Il convient donc d'assurer dès maintenant à l'Arbitre
que ce ne fut pas dans l'Amazone et dans la région de sa
rive septentrionale, nommée Paricura, comme le croit « l'Ex­
posé géographique», ou dans le canal de Carapaporis,
comme l'a supposé KEYMIS, que PINÇON trouva les pierres
qui furent considérées comme des Topazes «par certains
connaisseurs d'Espagne» et transformées en émeraudes par
l'explorateur anglais ), car ANGHIERA déclare expressément
1
1) Mémoire de la France, p. 2 4 2 ; K E Y M I S , dans l e tableau reproduit
au T . II de la présente Réplique, sous le n° 4 .

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 33
que les Indiens de cette région n'avaient «aucune des p r o ­
ductions que recherchent les Espagnols, ni de l'or, ni des
pierres précieuses»1). Ce fut bien plus loin, comme le donne
à entendre ANGHIERA — et certainement après avoir dépassé
les côtes plus ou moins noyées, qui s'étendent du Cap du
Nord au Cap d'Orange — « qu'ils débarquèrent à plusieurs
reprises » ) et qu'ils durent trouver les pierres que «
2
BAPTISTE
ELYSÉE, philosophe remarquable et médecin distingué », dit
au Cardinal Don Luis DE ARAGON, en présence d'ANGHIERA,
qu'il croyait être des topazes. Outre ces pierres, PINÇON apporta
en Espagne «un animal extraordinaire», dont ANGHIERA )
3
donne une minutieuse description et qui n'était autre que
le chironectes variegatus, une espèce d'opossum, connue
encore aujourd'hui sous le nom de Yapock4).
) « Hujus tractus incolas mites sociabilesque esse referunt, est ipsis
1
parum utiles, quia nullos optabilis nostris proventus assequantur, auri
utpote aut lapillorum » ( I Décade, Liv. I X ) .
R E
) « Descenderunt nanque pluribus in locis, e vicorum dirutorum
2
multa vestigia ingressissunt » (même livre de la 1 Décade).
re
) l D e c , Liv. I X : « Inter eas arbores monstrosum illud animal
3
r e
vulpino rostro, cercopitheca cauda, vespertilioneis auribus, manibus hu-
manis, pedibus simia æmulans Id animal licet mortuum, tu ipse
mecum vidisti.... »
4) Dictionnaire universel d'histoire naturelle dirigé par C H A R L E S
D ' O R B I G N Y , Paris, 1 8 4 3 , T . I I I ; « Chironectes. Genre de la famille des
Sarigues, établi par I L L I G E R pour la seule espèce bien connue de ce
groupe qui soit aquatique. On l'appelle l ' Y a p o c k ou Yapoch parce qu'elle
est connue dans l'Yapock, grande rivière de la Guyane». Nous ne vou­
lons pas tirer un argument de ce menu fait, mais constater seulement
que l ' o p o s s u m , que V I N C E N T P I N Ç O N montra au Cardinal D ' A R A G O N et
au Protonotaire A N G H I E R A , est connu dans la région de Cayenne et du
Répl. du Brésil. T. I . 3
e r

3 4 QUESTION DE FRONTIÈRES
Cet incident des pierres précieuses écarté, il ne reste,
au sujet du Chapitre 1 , qu'à considérer la question de la
e r
côte noyée et des hautes terres.
« Où commence en réalité cette costa anegada?» de­
mande le Mémoire de la France (page 244). Et il répond:
«On peut affirmer en tout cas que les terres du Cap de
Nord n'en font pas partie. D'après les instructions nau­
tiques du commandant TARDY DE MONTRAVEL, elles sont
sensiblement plus élevées que les côtes voisines ».

Pour notre part, nous répondons à la question en re­
produisant le passage suivant des Instructions de TARDY
DE MONTRAVEL ) :
1
«La côte . . . . depuis le Cap Nord jusqu'au Cap
d'Orange, est basse, quelquefois noyée, et n'offre partout
à l'œil qu'un rideau de palétuviers de médiocre hauteur
qui ont pris racine dans les vases projetées au large par
les courants ).
2
Cap d'Orange sous le nom de Yapock, qui n'est autre que celui de la
rivière où abondent ces animaux. Dans la Guyane Brésilienne, entre
l'Ovapoc et l'Amazone, le nom vulgaire de l'animal en question est très
différent.
1) Instructions nautiques pour naviguer sur les côtes de la Guyane,
dans les Annales Hydrographiques, 2 semestre de 1851, p. 82.
me
Voir dans l'Atlas qui accompagne cette Réplique, les deux Cartes
hydrographiques par C O S T A A Z E V E D O , de la Marine Brésilienne 1860
(n° 84, de l'Oyapoc au Goyabal ; n° 85 du Goyabal à l'Araguary), et la
Carte marine française: de l'Oyapoc à l'Amazone, édition de 1896 (n° 86).
) L a hauteur de 15 à 20 mètres que la Carte marine française
2
donne à la côte depuis le canal de Carapaporis jusqu'au Calçoene, doit
être attribuée à une équivoque.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 3 5
«Du Cap d'Orange à la rivière Iracubo, l'aspect général
change. Quelques montagnes et mamelons isolés appa­
raissent en arrière des terres basses qui bordent la côte, et
du large offrent l'apparence d'îles détachées.»
Et, trois pages plus loin :
«Dans le N. N. O: de la rivière Carsewène (Calçoene),
on aperçoit, au-dessus des palétuviers de la côte et à petite
distance dans l'intérieur, un petit plateau couvert d'arbres
plus élevés que ceux qui les avoisinent, et qui, dominant
ces terres noyées, présente, vu du large, l'apparence d'un
morne. On l'appelle Mont Mayé, et c'est, depuis le Cap
Nord jusqu'au Cap d'Orange, le point le plus reconnaissable
de la côte ).
1
« . . . L e bord occidental de l'Oyapoc présente, en arrière
des terres basses et en partie noyées qui limitent la côte,
plusieurs morues ou montagnes qui s'aperçoivent du large
bien avant que l'on ait connaissance de celles-là. Elles offrent
alors l'apparence d'îles isolées, et ce sont les premiers
anneaux de la chaîne de montagnes qui occupent l'intérieur
de la Guyane, depuis l'Oyapoc jusqu'à la rivière de
Cayenne » ).
2
Voyons maintenant la dernière édition des Instructions
nautiques françaises n° 574: «Guyane Française et Fleuve
des Amazones, par le Service des Instructions, sous le

Ministère du Vice-Amiral GICQUEL DES TOUCHES, Ministre
de la Marine et des Colonies (Paris 1877):
)1 P . 85
) P . 86.
2

3 6 QUESTION DE FRONTIÈRES
« A partir du Cap Nord, la direction générale de la
côte est le Nord-Ouest pendant 190 milles jusqu'au Cap
d'Orange ; elle continue à être basse, quelquefois noyée et
n'offre à l'oeil qu'un rideau de palétuviers de moyenne
hauteur, que l'on n'aperçoit pas à plus de dix à douze
milles, et comme elle est exposée à l'action violente et
variée des eaux qui sortent de l'Amazone et des autres
cours d'eau qui sont au Nord, elle subit de nombreux chan­
gements dans ses contours. Des bancs de vase molle, f o r ­
més par les débris qui sortent des rivières, s'étendent clans
quelques endroits à une distance considérable; des palétu­
viers croissent dessus rapidement clans la saison sèche
et sont ensuite arrachés par le courant violent et les
marées produites par les crues dans la saison des pluies
(p. 73) . . .
«A environ 17 milles clans le Nord-Nord-Ouest de l'en­
trée de la rivière Calsoène ou sur le parallèle de 2° 46' Nord,
on aperçoit, au-dessus des palétuviers de la côte et à petite
distance dans l'intérieur, un petit plateau couvert d'arbres
plus élevés que ceux qui les avoisinent, et qui, dominant
ces terres noyées,
présente, vu du large, l'apparence d'un
morne. On l'appelle Mont Mayé, et c'est depuis le Cap
Nord jusqu'à celui d'Orange, le point le plus reconnais-
sable de la côte. Il peut se voir à la distance de H) milles »
(p. 76).
Parlant de l'embouchure de l'Oyapoc (pages 77 et 78),
l'Instruction nautique française de 1877 reproduit le passage
de celle de TARDY DE MONTRAVEL au sujet des montagnes
à l'Ouest de ce fleuve et fait mention des Montagnes d'Ar-

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 3 7
gent et de Carimanaré, de la Fausse Montagne d'Argent,
des Trois Ermites et du Mont Lucas.
Quant aux saisons, elle donne ce renseignement (p. 46):
« Ainsi que dans toutes les régions équinoxiales, l'année
se divise ici en deux saisons, celle des pluies ou l'hiver­
nage et celle de la sécheresse ou l'été. La première com­
mence généralement en janvier et finit en juin ; la seconde
commence en juillet et finit en décembre. Dans l'hivernage,
la pluie tombe quelquefois sans interruption et avec une
violence extraordinaire pendant une semaine entière ; rare­
ment alors le soleil se montre à découvert. »
Si l'on examine les relations des anciens voyageurs, on
trouve des indications semblables au sujet de la côte
noyée
et des premières liantes terres et montagnes de ce
littoral.
KEYMIS, dans sa Relation de 1596, écrit, à propos de
la baie de Wiapoco (Oyapoc) :
« Lorsque nous arrivâmes au Cap Nord de cette baie
(auquel nous avons donné le nom de Cap Cecyll) nous
vîmes deux hautes montagnes, ayant l'apparence de deux
îles, mais faisant partie de la terre-ferme . . . » ) .
1
ROBERT HARCOURT, en 1 6 1 8 , le Journal hollandais de
1625 (n° 7, au T. II de cette Réplique), J . DE LAET, dans
les différentes éditions de son Amérique (ibidem, n° 11),
font mention des montagnes sur la rive gauche de l'Oyapoc
1) Relation citée, p. 3 : « Whe n wee come to the north-hed lãd of
this bay (which we named Cape Cecyll) we sawe two high mountaines
like two ilandes but they joyne with the mayne . . . »

3 8 QUESTION DE FRONTIÈRES
et sur la côte qui s'étend de ce fleuve à l'île de Cayenne.
Dans la Description de la Guyane, par LEFEBVRE DE L A
BARRE (1666) ), on lit :
1
«La Guyane Indienne, qui contient environ quatre-vingts
lieues Françoises, est un Pais fort bas et inondé vers les
Costes Maritimes, et depuis l'embouchure des Amazones
jusqu'au Cap de Nord, qui est presque inconnu aux Fran­
çois; depuis lequel jusqu'au Cap d'Orange, quoyque le
Pais soit de mesme nature, et que l'on ne voye sur ses
Rivages aucune Terre relevée, ny Montagne, mais seule­
ment des Arbres plantes dans la mer, et diverses coupures
de Ruisseaux et Rivieres, qui ne produisent d'autre aspect
que l'objet d'un Pais noyé ;
l'on ne laisse pas d'avoir une
plus grande connoissance de ces Terres . . . »
Et, parlant de l'embouchure de l'Yapoco ou Oyapoc:
«Les Terres qui sont de l'autre bord» (rive droite ou
orientale) «sont basses & la pluspart noyées; mais dans
celles qui sont du costé du chenal, il y a plusieurs Mon­
tagnes belles et habitables . . . A une lieue, et le long de
la Coste, est la Montagne de Comaribo . . . La Coste
jusqu'au Cap d'Aprouague est Terre basse au bord de la
Mer; mais qui se releve en Montagne à quatre ou cinq
lieuës dans le Païs . . . »
FROGER, en 1696, ne vit, entre le Cap du Nord et le
Cap d'Orange qu'«une côte plate, unie et boisée» ). « Le
2
28 (Août) et le 29,» dit-il, «nous suivîmes la côte à trois
) Extraits au T . II de cette Réplique, n° 16, pp. 95 à 101.
1
) Extrait de sa Relation au T . II de cette Réplique, n° 27 .
2
b i s

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 3 9
et quatre lieuës de terre, sans trouver jamais plus de cinq
à six brasses d'eau. Le 30, sur les sept heures du matin,
nous reconnûmes le Cap d'Orange, où nous commençâmes
à voir dans le fond des terres des Montagnes.»

Présentons maintenant deux passages de BELLIN, en
1763 ):
1
«Les Côtes de la terre-ferme, depuis les Isles du Cap
de Nord jusqu'au Cap Cassipoure, gisent Nord-quart de
Nord-Ouest & Sud-quart de Sud-Est, suivant quelques Navi­
gateurs, et suivant d'autres Sud-Est et Nord-Ouest . . . .
Les Terres en sont basses, toutes couvertes d'arbres, sans
aucune marque particulière pour servir à leur reconnois­
sance, que la petite Montagne des Mayès, qui est située pal­
les trois degrés quinze minutes de latitude. Cette mon­
tagne est une espèce de plate-forme, isolée et couverte
d'arbres; . . . on ne peut la voir qu'à la distance de cinq à
six lieues au plus, encore d'un beau tems . . . »
«En approchant du Cap d'Orange, on découvre, par­
dessus le bout qui fait l'entrée de la Rivière d'Oyapoko,
plusieurs montagnes. Ce Cap se connoît encore mieux
par une pointe coupée du côté de la Mer, qui est plus
élevée que la terre du Sud-Est dudit Cap ; et far plusieurs
pointes de montagnes assez hautes, qui paroissent séparées
les unes des autres, d'autant plus remarquables que ce
sont les premières hautes terres que l'on découvre venant
du Cap de Nord. »
1) Description géographique de la Guyane, par le S . B E L L I N , Ingé­
nieur de la Marine et du Depost des Plans, Paris, 1763, pp. 268 et 273.

40 QUESTION DE FRONTIÈRES
Enfin, reproduisons le passage suivant d'une autre Ins­
truction nautique française, rédigée par le lieutenant LAR-
TIGUE et publiée en 1827 ) :
1
« Les côtes de la Guiane sont, en général, très basses.
L e fond augmente si peu à mesure que l'on s'en éloigne, que
les bâtimens qui les prolongent par six, sept et huit brasses
d'eau, peuvent quelquefois ne pas voir la terre. Il n'y a
que sur la côte comprise entre les rivières d'Oyapok et
de Sinamari que l'on aperçoit des montagnes qui, quoique
dans l'intérieur des terres, peuvent être vues à une assez
grande distance, lorsque le temps est clair. Nulle part,
depuis le Cap Nord jusqu'à l'Orénoque, on ne voit des
terres aussi élevées que celles qui sont comprises entre le
Cap d'Orange et la rivière de Sinamari . . . »
Les nombreux passages cités montrent que toute la
côte entre le Cap du Nord continental, ou Razo, et le Cap
d'Orange, est formée de terres basses, et que, dans la sai­
son de l'hivernage, elle peut être comprise dans l'ancienne
désignation de côte noyée. Ils montrent encore qu'on ne
peut voir de montagnes, en allant de l'Amazone vers
Cayenne, que lorsqu'on approche du Cap d'Orange, ces
montagnes se trouvant sur la rive gauche ou occidentale
de l'Oyapoc et sur la côte à l'Ouest de ce fleuve. L e Mont
Mayé, près de l'embouchure du Cunany, est situé sur sa
1) Instruction nautique sur les côtes de la Guyane Française,
rédigée, d'après les ordres du Ministre de la Marine et des Colonies,
par M. L A R T I G U E , Lieutenant de Vaisseau. Paris, Imprimerie Royale,
1827, page 45.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 4 1
rive droite et septentrionale et n'est qu'un petit morne,
que les marins n'ont jamais pu appeler montagne et auquel
le pluriel montagnes ne saurait être appliqué.
Donc, comme le 1 Mémoire du Brésil l'a déjà fait
e r
remarquer, le mot Montagnes, des anciennes cartes, écrit
sur la rive gauche et occidentale de l'embouchure d'un
fleuve, sur la partie orientale de la côte de la Guyane,
suffit pour désigner l'Oyapoc. La légende Montagnes ne
pourrait s'appliquer à aucun point du littoral compris entre
les Caps d'Orange et du Nord, ni de la rive gauche de
l'Amazone depuis le Cap du Nord jusqu'à Macapá; moins
encore pourrait-elle indiquer un point quelconque des terres
lacustres qui s'étendent entre le confluent de l'Araguary et
l'embouchure de l'Amapá.
On peut encore tirer des passages précités cette con­
clusion: que, en longeant la rive gauche de l'Amazone
jusqu'au Cap du Nord et ensuite la côte jusqu'au Cap
Uayapoco ou Oyapoc, aujourd'hui Cap d'Orange, VINCENT
PINÇON n'a pu voir, dans la saison des pluies, que des
terres plus ou moins noyées, et que ce fut seulement à
partir de la Baie de l'Oyapoc qu'il a dû mouiller de nou­
veau et faire les descentes dont parle ANGHIERA.
L'«Exposé géographique» passe sous silence cette
marque ineffaçable des Montagnes, qui est un signalement
sûr de l'Oyapoc, et ce n'est que bien plus loin (p. 350), et
sans insister, qu'il essaye de rattacher à une prétendue
montagne et à certaines collines au Nord de l'Araguary,
le « mot Montanas rencontré plusieurs fois près de la
Rivière de Vincent Pinçon dans les cartes du XVIe siècle. »

42 QUESTION DE FRONTIÈRES
Mais les cartes de cette époque plaçaient les Monta­
gnes au bord de la mer, et les prétendues montagnes
dont il est fait mention se trouvent dans l'intérieur des
terres, très loin du confluent de l'Araguary et de l'embou­
chure des autres cours d'eau de cette région. La « Grande
Montagne», citée d'après la carte de SIMON MENTELLE (n° 3 4
de l'Atlas français), et située sur la rive gauche de la
Manaye ou Amanahy, aujourd'hui Tartarugal, — se
trouve, d'après l'échelle, à 3 3 milles marins du canal de
Carapaporis et à 5 4 de l'ancien Cap du Nord ou pointe
Nord-Est de l'île de Maracá. On ne l'aurait jamais vue de
la mer à une pareille distance. Mais SIMON MENTELLE a eu
à ce sujet des renseignements inexacts. Il n'y a pas de
«Grande Montagne» dans ces parages: ce qu'on y voit,
ce sont les collines de Muramara, comme le montre la carte
marine française de 1896 (n° 86, dans l'Atlas qui accompagne
cette Réplique). Les «collinas» que 1'«Exposé géogra­
phique» a pu découvrir sur la feuille d'Amapá d'un Atlas
de COSTA AZEVEDO (n° 3 5 de l'Atlas français) ne sont que
des collines, entre l'Aporema et le Tracajatuba, affluents
de la rive gauche de l'Araguary, 5 5 milles à l'Ouest du
confluent de cette rivière, 3 5 ou 4 0 au Sud-Ouest du canal
de Carapaporis, et éloignées de plus de 6 0 milles du Cap du
Nord, dans l'île de Maracá, comme on peut le constater sur
la carte marine française. Cette même carte donne d'autres
monts plus au Nord et plus voisins de la côte: la chaîne
ou Serra d'Amapá (Mapa) et le Mont Pellado (Pelode), de
2 5 0 mètres d'altitude, sur la rive gauche du Calçoene; et,
cependant, nous savons, par toutes les instructions nautiques

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 4 3
publiées que, seul, le morne des Mayés, près de la côte,
peut être aperçu de la mer et cela à partir de 16 milles
de la côte, par un temps clair. Comment donc les marins
espagnols du X V I siècle auraient-ils pu apercevoir de sim­
e
ples collines comme celles-là, éloignées de 33 à 60 milles
du rivage de la mer?

4 4
QUESTION DE FRONTIÈRES
I I I
Les quatre chapitres suivants de l'« Exposé géogra­
phique » ) sont consacrés à la fondation du service carto­
1
graphique de Séville et à l'examen des premières cartes
de l'«Ecole Sévillane», pour arriver à la détermination du
Vincent Pinçon primitif.
Jamais», dit très bien le Mémoire de la France,
« jamais les voyages et les reconnaissances géographiques
ne se sont succédé plus vite que dans ces premières années
du X V I siècle. Entre les renseignements qui affluaient de
e
toutes parts, une confusion inextricable risquait de s'intro­
duire. Cette préoccupation dicta au gouvernement castillan
une série de mesures. Il fonda, par une ordonnance datée
de 1503, la Casa de la Contratacion de las Indias, établis­
sement siégeant à Séville et destiné à connaître de toutes
les entreprises concernant le Nouveau Monde. Il était
expressément commandé d'y concentrer tous les instru­
ments, « todos los aparejos » relatifs à ces entreprises. L e
même gouvernement alla plus loin quelques années après :
une Ordonnance du 6 Août 1508 créa, auprès de la Casa
de la Contratacion, un véritable service cartographique,

dont la principale fonction devait être de dresser et de
tenir au courant une carte-modèle ayant un caractère
) Chapitres II à V , pp. 245 à 270.
1

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 4 5
officiel, et destinée à être communiquée aux navigateurs
dûment autorisés. Cette carte porta le nom de Padron Real.
Les éléments pour la composer ne manquaient pas : c'étaient
les croquis rapportés par les navigateurs et déposés aux
Archives de la Casa de Contratacion; fonds qui s'accrois­
sait tous les jours, car chaque pilote devait fournir au
retour la carte de son voyage. Dans les instructions qui
sont fournies aux navigateurs, on attire particulièrement
leur attention sur la nomenclature: «Donnez, dit le rescrit
« royal, aux localités que vous aurez découvertes, des noms
« appropriés avec toute l'exactitude et le soin possibles. »
Là surtout l'anarchie se faisait sentir.
« La direction de ce service fut confiée à AMÉRIC VESPUCE,
avec le titre de Piloto-Mayor. Il fut assisté d'une commis­
sion de pilotes royaux, dont firent partie JUAN DIAZ DE SOLIS
et VICENTE YAÑEZ PINZON, sans doute en 1509, à l'expédition
qu'ils accomplirent ensemble dans la mer des Antilles et
au Sud du Brésil . . .
«Si le Padron Real restait dans les Archives de la
Casa de Contratacion, des copies en circulaient, non plus
à la dérobée, mais vendues par le service cartographique
à des prix déterminés De telle sorte qu'un nom figurant
dans l'exemplaire officiel et ses dérivés devait ainsi pénétrer
et faire peu à peu son chemin, du moins dans les œuvres
cartographiques qui par leur provenance se rattachaient
)1 H E N R I H A R R I S S E , The Discovery of North America (Londres
1 8 9 2 ) , p. 2 6 3 .

4 6 QUESTION DE FRONTIÈRES
plus ou moins directement aux originaux à l'Ecole officielle
de Séville.

« Ces considérations nous permettent de poser une règle
critique. Sans cloute, elles n'excluent pas absolument cer­
taines chances de variations et d'erreurs. Les remaniements
fréquents du Padron Real, les difficultés d'adaptation, le
hasard des copies plus ou moins soignées qui couraient le
monde, ouvraient la porte à des occasions d'infidélités dans
la reproduction du texte officiel. Mais, tout en faisant une
part à ces causes de confusion, il est légitime d'admettre
que l'origine officielle des documents où figure pour
la première fois une rivière de Vincent Yanez ou
Vincent Pinzon confère à la leçon qu'ils adoptent une
garantie sérieuse d'authenticité et de fixité. On n'est pas
en présence d'une attribution vague, sur laquelle pouvait
s'exercer librement la fantaisie des cartographes. Ces cartes
officielles de Séville, émanant des principales autorités géo­
graphiques, reposaient sur un fond d'archives. Tant, du
moins, que l'institution conserva sa vigueur, elles furent
remaniées d'après des matériaux qui restaient à la dispo­

sition des auteurs et qu'on pouvait toujours consulter. Si,
dans les difficultés sans cesse renaissantes des adaptations
nouvelles, un nom venait à être dérangé de sa position
véritable, il y avait toujours moyen de remédier plus tard,
par un recours direct aux sources, à une erreur temporaire. »
Nous sommes heureux de pouvoir souscrire à tout
ce qui est contenu dans les deux pages qui viennent
d'être reproduites, du Mémoire de la France — sauf le
petit détail d'un voyage de PINÇON et S o u s en 1509 vers

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 47
le Sud du Brésil, — et pour donner encore plus de force
à l'exposé qui vient d'être lu, relatif aux cartes officielles
de la Casa de la Contratacion, nous appellerons l'attention
de l'Arbitre sur les passages suivants de l'Ordonnance
Royale, du 6 Août 1508 ) :
1
« . . . il est de notre volonté et nous ordonnons qu'il
soit fait une Carte générale» (Padron general), «et afin
qu'elle soit plus exacte, nous commandons à nos officiers
de la Casa de la Contratacion de Séville, de faire réunir
tous nos pilotes, les plus habiles qui se trouveront maintenant
dans le pays, et qu'en présence de vous, ledit AMÉRIC
VESPUCE, notre Premier Pilote » (Piloto-Mayor), «on ordonne
et fasse une Carte » (Padron) « de toutes les terres et îles
des Indes qui ont été découvertes jusqu'aujourd'hui et qui
appartiennent à nos Royaumes et Seigneuries, et que, en
vue de leurs raisons et de leurs opinions, et d'accord avec
vous, notre Piloto-Mayor, on fasse un Padron General
lequel s'appellera le Padron Real, d'après lequel tous les
pilotes se règleront et se gouverneront et qui sera conservé
par nos dits officiers et par vous, notre Piloto-Mayor, et
qu'aucun pilote ne se serve d'aucune autre carte que de
celle qui aura été copiée d'après ce document, sous peine
d'une amende de 50 doblas pour les travaux de la Casa
de la Contratacion des Indes de la ville de Séville. De
même nous ordonnons à tous les pilotes de nos Royaumes
et Seigneuries qui dorénavant iront à nos dites terres des
) Traduit du texte espagnol in
1
N A V A R R E T E , op. cit., édition de 1(880,
T . III, p. 303.

4 8 QUESTION DE FRONTIÈRES
Indes déjà découvertes ou qui le seront à l'avenir que.
lorsqu'ils trouveront de nouvelles terres, ou de nouvelles
îles ou baies, de nouveaux ports ou toute autre chose qui
soit digne d'être notée sur ledit Padron Real, en revenant
en Castille, ils aillent en donner leur rapport à vous, notre
dit Piloto-Mayor, et aux officiers de la Casa de la Con­
tratacion de Séville, pour que tout soit inscrit à sa place
sur ledit Padron Real . . . »
Parlant de la Carte de 1536, d ' A L O N Z O DE CHAVES, le
Mémoire de la France s'exprime ainsi (page 2 5 6 ) :
«IL y eut en 1586, sur l'ordre de CHARLES-QUINT, une
édition refondue et corrigée du Padron Real ).
1
C'est à
partir de cette date qu'on trouve la rivière Vincent Pinson
occupant, invariablement, la même place sur les cartes
émanées ou inspirées des ateliers de Séville.
Celui qui
portait alors en Espagne (depuis 1 5 1 8 ) le titre de Piloto-
Mayor, était SÉBASTIEN CABOT, mais, bien qu'il fût de retour,
depuis 1530, de son expédition sur les bords de la Plata,
ce n'est pas lui qui semble avoir dressé cette carte nouvelle.
Il est bien probable qu'elle ne fut pas faite sans sa parti­
cipation ; mais, au témoignage d'OVIEDO, c'est ALONZO DE
CHAVES qui en fut l'auteur ). Depuis que
2
DIEGO R I B E R O
était mort (1533), ALONZO DE CHAVES était le plus actif des
cosmographes officiels du Bureau de Séville.
) OVIEDO,
1
Historia general, etc. Livre X X I , chap. II, p. 116: « L a
carte moderne récemment corrigée par ordre de César. « Ailleurs (ibidem,
chap. X , p. 149), il donne la date: 1536.» (Note dans le Mémoire français.)
) «Idem, ibidem, Livre X X I , «fecha
2
(faite) por el cosmographo
ALONZO D E C H A V E S », chap. X I , p. 151 ». (Note dans le Mémoire français.)

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 4 9
« Nous ne possédons pas cette carte, qui exprimait l'état
du Padron Real en 1536; mais OVIEDO, qui en tenait, dit-il,
un exemplaire de la main d'ALONZO DE CHAVES ), en a donné,
1
dans le X X I livre de son histoire, une analyse assez cir­
e
constanciée pour qu'on puisse, en partie, reconstituer le
document. C'est ce que nous avons essayé de faire, pour
la partie qui nous occupe, dans le tableau III. »
Nous avons essayé, de notre côté, de faire une re­
constitution de la carte d'ALonzo DE CHAVES, d'après le
texte d'OVIEDO. Cette reconstitution comprend les côtes
situées entre le Cap St-Augustin et l'Huyapary ou Orénoque.
Elle porte le n° 1 dans l'Atlas annexé au présent Mémoire ).
2
Les documents examinés ou cités dans les chapitres II
à V de 1'«Exposé géographique» sont:
1° L a Carte de Turin (1 Atlas du Brésil, n° 2);
e r
2° Une carte espagnole anonyme de 1527, à la Biblio­
thèque Grand Ducale de Weimar;
3° Deux cartes de 1529, de DIOGO RIBEIRO, OU DIEGO RIBERO,
comme il écrivait son nom, après être entré au service de
l'Espagne, l'une à la Bibliothèque de Weimar (n° 4 du
1 Atlas du Brésil), l'autre, à plus grande échelle, au Musée
e r
de la Propagande, à Rome;
4° L a Carte d'ALONZO DE CHAVES, de 1536, dont il a
été question ci-dessus, « the Model Map », comme l'appelle
HENRI HARRISSE;
)1 « O V I E D O , Historia general, etc. Livre X X I , chap. II, p. 116.»
(Note dans le Mémoire français.)
) L e texte original
2
d ' O V I E D O se trouve dans notre T . I V , n° 1, l a
traduction au T. II, n° 1.
Répl. du Brésil. T. Ier. 4

5 0 QUESTION DE FRONTIÈRES
5° L a Mappemonde gravée, de SÉBASTIEN CABOTO, 1 5 4 4
(n° 6 du 1 Atlas du Brésil) ;
E R
6° L a carte de DIEGO GUTIERREZ, de 1 5 5 0 (ibidem n° 7 ) .
Tous ces documents sortent de l'« Ecole de Séville».
Viennent ensuite les autres que « l'Exposé géographique »
rattache, avec raison, à cette Ecole :
7° Mappemonde de GÉRARD MERCATOR, 1 5 6 9 (n° 1 9 du
1 Atlas du Brésil);
E R
8° Cartes d'ABRAHAM ORTELIUS, 1 5 7 0 et années suivantes
(ibidem n° 2 0 , 2 1 , 3 1 et 3 2 ) ;
9 ° Globe de PHILIPPE APIAN, de 1 5 7 6 , à la Bibliothèque
Royale de Munich ( n ° 5 de l'Atlas annexé à cette Réplique);
10° Globe anonyme, au Schweizerisches Landesmuseum,
de Zurich (ibidem, n° 8 ) ;
11° La Mappemonde anglaise de 1 5 9 9 , attribuée à
EDWARD WRIGHT, et publiée par RICHARD HAKLUYT (n° 4 9
dans le 1 Atlas du Brésil).
er
Mais, avant de passer au rapide examen que nous allons
faire de cette partie de l'«Exposé géographique», il convient
de rappeler que, dans le 1 Mémoire du Brésil, il a été
E R
établi que le grand fleuve découvert par PINÇON commença
à être plus connu sous le nom de Marañon après l'inter-
calation par ANGHIERA du passage suivant dans l'édition de
1 5 1 6 de ses Décades ) :
1
) Edition de Alcalá, 1 5 1 6 (n° 88 de la
l
Bibliotheca Americana ve-
tustissima de H ARRISSE) . L a date 1 5 5 1 dans une note au T . I du
1er Mémoire du Brésil, p. 48, est une faute d'impression.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 51
«Maragnonum appellant hunc fluvium incolæ : adja­
centes autem regiones, Mariatambal, Camamorum et Pa-
ricurum. » (1 Décade, Liv. I X . )
r e
Ce passage est précédé d'un autre, qui avait déjà paru
dans le texte latin de la 1 Décade, imprimé à Séville
re
en 1511 :
« Regionem appellant indigenæ Mariatambal. Regio
autem ab ejus fluminis Oriente, Camomorus dicitur: ab
Occidente, Paricóra. »
Ce nom de Paricura, comme le dit très bien l'«Exposé
géographique» (p. 250), «équivaut à un signalement». C'est
celui», ajoute-t-il, «par lequel, dans sa déposition personnelle
devant le Fiscal, VINCENT PINÇON désigne la province im­
médiatement contiguë à la Mer d'eau douce.»
L'autre signalement de l'Amazone dans les cartes du
X V I siècle est l'indication de ce que l'eau douce du Ma-
E
ranon s'avance plusieurs lieues dans la mer, comme l'avaient
dit PINÇON et ses compagnons de voyage devant le Fiscal,
à Séville, et comme l'avait vulgarisé ANGHIERA.
«Le phénomène de la mer douce», a dit HUMBOLDT,
appartient, dans ces parages équatoriaux, seulement à l'em­
bouchure de l'Amazone» (Examen critique de l'histoire
de la géographie du Nouveau Continent, édition de 1839,
T . V , pp. 62-63).
«Dans cet espace de mer compris entre le Cap Ma-
gouary et le Cap Nord », dit encore TARDY DE MONTRAVEL,
«on rencontre l'eau du fleuve projetée au large sans mé­
lange sensible avec l'eau de la mer, tandis que je n'ai
remarqué, à l'embouchure d'aucune rivière autre que celle

5 2 QUESTION DE FRONTIÈRES
des Amazones, les eaux être douces à six milles au large
de la cote.» (Revue coloniale, Août 1847, pp. 409-410.)
En étudiant la carte de Turin, l'«Exposé géographique»
reconnaît que le fleuve dont la large embouchure y est
indiquée sur la côte septentrionale du Brésil est l'Ama­
zone, malgré sa fausse latitude de 3° 30' Sud, et cela parce
qu'il porte sur son bord occidental le nom de Costa de
Paricura, qui «équivaut à un signalement» (p. 250); mais,
lorsqu'il examine la carte anonyme de Weimar, de 1527,
et les deux autres de DIOGO RIBEIRO, de 1529, qui, toutes
les trois, présentent la même embouchure ayant le nom de
Rio de Marañon, portant sur son bord occidental le nom
caractéristique de Costa de Paricura (Palicura) et par une
latitude qui se rapproche plus de la vraie, l'«Exposé géogra­
phique» prétend que ce Marañon ne pourrait guère être
indentifié qu'avec le Rio Pará, «quoiqu'il s'en trouve éloigné
d'environ 85 lieues». Quant à la branche septentrionale de
l'Amazone, L'«Exposé géographique» la place au Nord-
Ouest, dans une dépression de la côte, qui se trouve
sous l'Equateur, où aucune embouchure de fleuve n'est
figurée, et où l'on voit le nom de Fuma grande. Ce
nom ne désigne partout qu'un seul point de la large anse
dans laquelle on lit même le nom aldea, c'est-à-dire village,
indication inadmissible sur les eaux d'une embouchure.
Cependant, ce Marañon des deux cartes de RIBEIRO,
de 1529, qui est le même Marañon que celui de la carte
anonyme de 1527, renferme, outre la marque très parti­
culière de Costa de Paricura, cette légende qui ne peut
s'appliquer qu'à la Mar Dulce, à l'Amazone actuel:

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 53
« Le fleuve de Marañon est très grand ; les navires y
entrent par l'eau douce, et ils trouvent de l'eau douce vingt
lieues en mer. » 1)
La carte de Turin n'est pas, comme nous l'avions dit )
2
et comme le croit le Mémoire de la France ), le premier
3
document connu qui mentionne le nom de VINCENT PINÇON
sur la côte septentrionale de l'Amérique du Sud : le premier
est le portulan d'OTTOMANO FREDUCCI, dont nous parlerons
plus loin. La carte de Turin paraît être, cependant, la
première dans laquelle on trouve le nom du célèbre navi­
gateur espagnol appliqué à une rivière ayant à l'Ouest
des montagnes. « On y voit, » dit le 1 Mémoire du Brésil,
e r
) H . HARRISSE, parlant des cartes de RIBEIRO et de quelques autres
1
« A remarkable peculiarity in that class of maps is the position as­
signed to the mouths and entire basin of the river called therein Marañon.
It corresponds with the locality of the Gulf of Maranhão in modern charts.
Although Marañon and Maranhão (or Maranham) are names which
greatly resemble each other, they belong in fact to regions entirely diffe­
rent and far apart. Yet it is incontestable that the makers of those maps,
— which are all of Sevillian origin, — had in view, exclusively, not the
Gulf of Maranhão, but the Mar Dulce of PINZON, or real Amazona »
(The Diplomatic History of America, p. 125).
2) 1er Mémoire du Brésil, T . I, p. 224.
) « C'est, comme il fallait s'y attendre, dans une œuvre émanée
3
peut-être indirectement, mais sûrement, de la cartographie officielle de
Séville, que nous rencontrons pour la première fois une rivière portant
le nom de Vicetianès. Cette carte, conservée à la Bibliothèque Royale
de Turin, ne porte ni nom d'auteur, ni date. Mais, d'après les indications
intrinsèques, elle doit avoir été composée dès 1523; c'est une œuvre très
soignée, dont la nomenclature est espagnole ou latine avec très peu
d'éléments portugais. » (Mémoire de la France, T . I., p. 250.)

5 4 QUESTION DE FRONTIÈRES
sur la côte de la Guyane une rivière de Vicêtianes, à l'Ouest
et assez loin d'un grand fleuve qui n'est pas nommé, mais
qui est incontestablement le Santa Maria de la Mar Dulce,
ensuite Marãnon et Amazone. Le fait que c'est le plus
grand fleuve de tout ce littoral et le nom caractéristique
de Costa de Paricura donné à sa rive gauche suffisent
pour l'identifier. La fausse latitude donnée à l'embouchure
du fleuve ne signifie rien sur une carte de cette époque,
comme on l'a déjà démontré. A l'Ouest de la rivière de
Vicetianes, on voit un nom peu lisible qui paraît être motes.
Il y a lieu de croire que primitivement on aurait pu lire
mõtes, c'est-à-dire montagnes. Et les premières qu'on trouve
en allant de l'Amazone vers Cayenne sont celles qui s'élèvent
à l'Ouest de l'Oyapoc et tout près de l'embouchure de cette
rivière. »
L'«Exposé géographique» observe (p. 2 5 1 ) que le Rio
de Vicêtianes est le premier nom de rivière qui, sur cette
carte, succède à l'Ouest au nom de Costa de Paricura.
Mais cela ne prouve pas que ce Vicetianes fût le premier
cours d'eau à l'Ouest de l'Amazone. On sait que sur une
carte à petite échelle il est impossible de signaler tous les
accidents géographiques et d'écrire tous les noms. Le carto­
graphe indique ce qu'il peut, ou ce qu'il trouve le plus
important.
Dans la carte anonyme de 1527 (Weimar), qui doit être
attribuée à DIOGO RIBEIRO, et dans les deux cartes de 1529
(Weimar et Propagande), signées de lui, le nom de VINCENT
PINÇON est donné à une rivière à l'Est du Maranon ou Ama­
zone ( R . de Vicenteanes, carte de 1527 ; R. de Vicete Pison,

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE
55
cartes de 1529). Nous n'avons donc pas à nous occuper de
cette rivière en dehors de la Guyane. Quant à notre Oya-
poc, J . G. KOHL, qui a publié de beaux fac-simile des deux
cartes de Weimar, accompagnés d'une étude minutieuse
de ces documents ), l'identifie avec le Rio Baxo dans le pas­
l
sage suivant:
« Au Rio Baxo ) la côte fait une saillie, quitte la direc­
2
tion du Sud-Est. qu'elle avait suivie jusque-là, et elle prend
la direction du Sud, en formant, surtout dans la carte de
l) Die beiden ältesten General-Karten von America, Weimar ,
Institut geogr., 1860.
) Texte allemand de l'ouvrage cité, de KOHL, pp. 131 et 132: «Bei
2
R. baxo macht die Küstenlinie besonders auf 3527 einen Vorsprung und
fällt dann aus ihrer, bis hierher südöstlichen unter einem scharfen Winkel
in eine südliche Richtung um. Die Küste von Guayana thut dies in der
Nähe des heutigen Cape Orange, und es ist daher möglich, dass wir uns
hier bei diesem Vorgebirge befinden. Der Name Montanas (Gebirge) der
vor dem Rio Baxo erscheint, macht dies noch wahrscheinlicher. Denn
in der Nähe des heutigen Cape Orange liegen die sogenannten Silber-
Berge. Sie sind das erste Hochland, welches man entdeckt, wenn

man von den niedrigen Gegenden des Maranon-Delta heransegelt.
Und eben so sind diese Silberberge von Westen her längs der niedrigen
Küsten von Cayenne und Surinam weit und breit das höchste Land. Sie
bilden verschiedene isolierte Spitzen, mit denen sie dicht zur Küste heran­
kommen, und sie dienen den Schiffern als eine Landmarke nicht nur für
das Cape Orange, sondern auch für die grosse Bai des Flusses Oyapoc
(S. BLUNT 1. c , 629 u. 630). Es sind die einzigen Berge, welche längs
von Guyana zwischen Maranon und Orinoco von See aus in Sicht
sind. Und das W o r t Montanas ist daher um so entscheidender, da es
ebenfalls auf unserer Karte nur ein Mal in dieser ganzen Gegend erscheint.
Auch auf späteren Karten (z. B. auf V A Z DOURADO) finden sich in dieser
Gegend montanas ».

5 6 QUESTION DE FRONTIÈRES
1527, un angle aigu. C'est ce que fait la côte de la Guyane
dans le voisinage du Cap d'Orange actuel ; il est donc pos­
sible que nous nous trouvions là en présence de ce cap.
L e nom Montañas qui se montre à côté du Rio Baxo rend
cela encore plus vraisemblable, car c'est dans le voisinage du
cap d'Orange actuel que sont les hauteurs dites Montagnes
d'Argent. Ce sont les premières hauteurs que l'on découvre
en venant des terres basses du delta du Marañon.
Et pré­
cisément, en venant de l'Ouest, le long des côtes basses de
Cayenne et de Surinam, ces Montagnes d'Argent sont les
terres les plus élevées tant en largeur qu'en profondeur.
Elles forment plusieurs pics isolés qui serrent de près la
côte et qui servent de points de repère aux navigateurs,
non seulement pour le Cap d'Orange, mais aussi pour la
grande baie du fleuve Oyapoc. e Csont les seules montagnes
qu'on puisse apercevoir de la mer le long de la côte de
la Guyane entre le Marañon et l'Orénoque. Et le mot
montañas est, d'après cela, d'autant plus décisif qu'il ap­
paraît justement une seule fois sur notre carte dans toute
cette région. De même sur les cartes postérieures (par
exemple celle de V A Z DOURADO) on trouve clans cette posi­
tion montañas »
L'« Exposé géographique» examine, dans son Cha­
pitre I V (pages 2 5 5 à 263), la question de la place occupée
par la Rivière de Vincent Pinçon dans le Padron Real de
1 5 3 6 et dans les cartes de SÉBASTIEN CABOT ( 1 5 4 4 ) et de
DIEGO GUTIERREZ ( 1 5 5 0 ) .
Le Padron Real de 1 5 3 6 est, comme on le sait, la
carte officielle qui, sur l'ordre de CHARLES-QUINT, fut cons-

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 57
truite par le cosmographe ALONZO DE CHAVES en présence
des nouveaux documents et renseignements réunis au Dépôt
de la Casa de la Contratacion de Séville. La reconstitu­
tion d'une partie de ce document disparu, insérée dans
l'Atlas annexé (Carte n° 1), et la reproduction des pas­
sages d ' O V I E D O où se trouve la description minutieuse des
côtes de l'Amérique du Sud, faite d'après l'original de
CHAVES, permettront à l'Arbitre de se rendre parfaitement
compte que le Marañon du Padron Real de 1536 était
sans conteste l'Amazone actuel, quoique son embouchure
soit placée trop au Sud, par 2° 30' de latitude australe.
Ce Marañon ne peut pas être la baie de Maranhão,
bien qu'elle se trouve en réalité à cette latitude:
1 Parce que la carte indiquait, non
o
une baie, mais
l'embouchure d'un grand fleuve;
2° Parce que les Espagnols n'ont jamais tracé à l'Est
de la baie de Maranhão la Ligne méridienne de Démarca­
tion entre les possessions de l'Espagne et du Portugal, et
que sur la carte de CHAVES cette Ligne se trouvait à l'Est
du fleuve Marañon, comme le démontre le texte d ' O V I E D O ,
écrit en 154s.
« Si, » dit HENRI HARRISSE ), commentant ce passage du
l
Premier Chroniqueur du Nouveau-Monde2), «si nous comp­
tons dans cette direction les 275 lieues qui séparent, selon
lui (OVIEDO), le Cap St-Augustin de la Ligne de Démarca-
1) The Diplomatic History of America, Londre s 1797, p. 151.
2) «Primer Cronista, del Nuevo Mundo.»

5 8 QUESTION DE FRONTIÈRES
tion, cette ligne, d'après l'interprétation q u ' O V I E D O donne,
en 1548, au Padron general de CHAVES, coupe la côte
septentrionale du continent de l'Amérique du Sud 85 lieues
à l'Est de la bouche occidentale de l'Amazone. L a bouche
occidentale de l'Amazone (entre l'île Caviana et le conti­
nent) se trouve par 50° 15' de longitude Ouest de Green­
wich. 85 lieues de 17/2 au degré equatorial, comptées à
1
l'Est de ce méridien, conduisent à 45° 17' sur notre sphère.
Cela fait passer la Ligne de Démarcation par Boa-Vista,
dans la Baie de Turyassu »
1
) Il paraît utile de reproduire ici la note suivante qui accompagne
1
notre reconstitution de la carte d'ALONZO D E C H A V E S :
« Nous avons représenté sur cette carte la Ligne de Démar­
cation d'après M. H E N R I H A R R I S S E et telle qu'elle résulte des distances
déclarées par OVIEDO et nous avons indiqué la position approximative
de la baie de Maranhão par rapport à cette ligne. Nous devons cepen­
dant faire remarquer que la Casa de la Contratacion de Séville ne pos­
sédait, à cette époque, de renseignements de source espagnole que pour
ce qui est des côtes comprises entre l'Amazone et Paria. De leur côté,
les Portugais n'avaient, avant 1532, poussé des explorations régulières
que jusqu'aux environs de l'embouchure du Pará (expédition de DIOGO
L E I T E , en 1531). L e s côtes du Cap St-Augustin à l'Amazone furent donc
dessinées par ALONZO D E C H A V E S et décrites par OVIEDO d'après des
renseignements de source portugaise; mais, croyant que la baie de Ma­
ranhão, des Portugais, était le Maranon-Mar Dulce, devenu l'Amazone,
la Casa de Contratacion et ALONZO D E CHAVES, comme l'avaient fait
auparavant DIOGO R I B E I R O et d'autres cosmographes de Séville, suppri­
mèrent la baie de Maranhão et tous les noms portugais de la côte
comprise entre cette baie et l ' A m a z o n e ,
parmi lesquels on peut citer les
suivants, allant de l'Est à l'Ouest: T e r r a dos fumos; costa aparcelada;
Rio de S. Miguel ou Rio Fresco ; Bahia de Diogo L e i t e ; Rio de S. Paulo;

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 5 9
Le texte d ' O V I E D O contient des passages qui identifient
parfaitement ce Marañon avec la Mar Dulce ou Marañon
de VINCENT PINÇON, devenue le Marañon ou Amazone après
le voyage d'ORELLANA. «Et ce Cap de los Esclavos», dit
OVIEDO, « est la pointe de l'embouchure du Rio Marañon,
à deux degrés et demi au Sud de l'Equinoxiale. Mais son
entrée dans la mer n'est pas par un seul bras comme on
le dira plus loin quand on parlera du voyage qu'y a fait
FRANCISCO DE ORELLANA . . . ) Les eaux de ce fleuve entrent
1
dans la mer avec beaucoup d'impétuosité, et on y puise
à dix ou douze lieues de l'eau douce de ce fleuve; et
cette embouchure forme là-dedans deux bras principaux,
Rio dos baixos; Costa suja; Bahia do ilhéo; Costa baixa; et Bahia de
S. Joào.
«Donc, pour corriger cette carte dans la partie qui nous intéresse,
il faut détacher le Marañon fleuve (Amazone) du Maranhão baie ; placer
les bouches du Marañon ou Amazone sous l'Equateur, ce qui représente
2 ° 3 0 ' de différence dans la latitude; intercaler la côte et la nomenclature
portugaise supprimées entre le fleuve et la baie ; corriger la latitude des
Montagnes sur la côte de la Guyane, dont les positions géographiques
sont parfaitement connues aujourd'hui, et qui, avec cette correction de
2 ° 3 0 ' vers le Nord, resteront par plus de 4° de latitude septentrionale;
et maintenir dans la Guyane les noms espagnols indiqués sur le Padron
Real de 1536, tout en racourcissant la distance exagérée que le Padron
présente entre l'Amazone et les premières montagnes qu'on voit en
longeant la côte jusqu'à l'Oyapoc. »
) C'est OVIEDO lui-même qui a donné à l'Europe les premières nou­
1
velles du voyage d'ORELLANA en descendant le Marañon, voyage dans
lequel il a cru voir des Amazones. (Lettre d ' O V I E D O au Cardinal BEMBO,
écrite de St-Domingue, le 20 Janvier 1543.) Voir au T . I du 1er Mémoire
du Brésil
la note p. 53.

6 0 QUESTION DE FRONTIÈRES
dont le plus oriental s'appelle Rio de Navidadl) ; et le plus
occidental conserve son propre nom de Maranon . . . Cette
embouchure, une des choses les plus remarquables que
Dieu ait faites au monde, a été jadis appelée Mar Dulce,
parce que, à la marée tombante ou basse, on puise de
l'eau douce dans la mer à la distance de terre que j'ai
indiquée, et bien plus loin, si nous en croyons VINCENT
YANEZ PINÇON qui a découvert cette rivière . . . et ce fut
le premier Espagnol qui ait donné des nouvelles de ce
grand fleuve et qui l'ait vu, et auquel j'ai entendu dire qu'il
l'avait découvert l'an mil cinq cents et qu'il avait puisé de
l'eau douce dans la mer, à trente lieues de l'embouchure
de ce fleuve.»
Comment peut-on ne pas admettre que c'est de l'Ama­
zone qu'il s'agit?
A l'Ouest de ce fleuve, le texte d ' O V I E D O donne: les
Rivières de los Esclavos et de las Arboledas ; la côte de
Laxas; le Cap Blanco; la Pointe de la Furna; les Rivières
de l'Aldea, de las Planosas
et de la Vuelta; la Pointe del
Placel;
enfin, la Rivière de Vincent Pinçon et les Montagnes,
au pluriel, Montanas.
Les bouches de l'Amazone se trouvent sous l'Equateur :
le Padron Real les mettait à 2° 30' de latitude Sud.
Si l'on corrige cette fausse indication, en transportant à
l'Equateur les bouches du Maranon de CHAVES, il faut
déplacer en même temps la côte qui s'étend à l'Ouest, et
corriger non seulement les latitudes, mais encore les longi-
) «Rio de Navidad-Para river» ( H . H A R R I S S E , ouvr. cité, p. 214).
1

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 61
tudes et les directions des différentes parties de cette côte.
Mais l'«Exposé géographique» croit pouvoir adopter un
procédé plus simple (pp. 259 et 260) : il transporte à l'Equa­
teur les bouches du Marañon de CHAVES ; il fait de la Pointe
de la Fuma, d ' O V I E D O , une Furna; il y place les bouches
de l'Amazone, et il accepte comme vraies les positions
géographiques, non moins erronées, de la côte qui s'étend
au Nord-Ouest de l'Amazone ; puis, il commence à compter
les rivières, non pas à partir de l'Amazone, comme le fait
OVIEDO, mais à partir de la Pointe del Placel. « Cherchons, »
dit l'«Exposé géographique», cherchons, à partir de la
Pointe del Placel, la première rivière qui se présente
vers l'Ouest-Nord-Ouest : nous trouvons à une distance de
20 lieues, entre 1 degré et demi et 2 degrés de latitude Nord,
le Rio de Vicente Pinzon. »
Le point de départ est mal choisi, puisque, d'après le
texte d'OVIEDO, cette Pointe de Placel se trouve en dehors
et assez loin de l'Amazone. L a Rivière de Vincent Pinçon
n'était pas, d'ailleurs sur la carte de CHAVES, la première
qu'on trouvât en venant de l'Amazone. Avant d'arriver à
celle-là, on y voyait indiquées cinq rivières:
Rio de los Esclavos, R. de las Arboledas, R. de l'Aldea,
R. de las Planosas et R. de la Vuelta.
Nous avons déjà fait remarquer que ce procédé de
comptage de rivières ne peut être appliqué que sur des
cartes à très grande échelle, où tous les cours d'eau d'une
région se trouvent figurés. Sur la petite carte de l'Amérique
du Sud par M. DESBUISSONS, annexée à l'Annuaire Diplo­
matique et Consulaire français, et reproduite dans le présent

6 2 QUESTION DE FRONTIÈRES
volume, la limite entre la Guyane Française et les posses­
sions de la Hollande se trouve au Maroni; mais comme il
n'y a pas, sur cette carte, d'autres cours d'eau entre Cayenne
et la frontière hollandaise, en appliquant la méthode de
comptage, on serait porté à conclure que la limite se trouve
à la première rivière à l'Ouest de Cayenne, c'est-à-dire au
Kourou, et non au Maroni.
Sur le Padron Real, comme sur toutes les cartes de
cette époque, les points mathématiques étaient en général
faux. On ne peut pas fonder des arguments sur les latitudes et
les longitudes, ni sur les distances, ni sur les contours et les
directions que ces cartes présentent. Il faut étudier l'ensemble
du document pour le bien comprendre et interpréter. Le 1er
Mémoire du Brésil a déjà fait observer ) que, en étudiant
1
les cartes du X V I au X V I I I siècle, M.
e
e
GRANDIDIER a constaté
pour l'île de Madagascar des différences de 18 degrés
pour les latitudes et de 32 pour les longitudes ), et que,
2
même sur une carte particulière de la France, dressée
par NICOLAS SANSON, «géographe du Roy», et publiée en
1658, on trouve, pour les positions géographiques, des
erreurs considérables, de près de deux degrés ) sans parler
3
du contour des côtes qui est extrêmement défectueux. Le
fac-simile de cette carte donné dans notre Atlas (n° 13)
et l'étude comparative ci-jointe de la côte française de la
M T . I, p. 55.
) A L F R E D GRANDIDIER, de l'Institut de France,
2
Histoire de la
géographie de Madagascar, Paris 1892, p. 52.
3) 1 Mémoire du Brésil, T . I, p. 171.
er

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 63
Méditerranée d'après NICOLAS SANSON et d'après les cartes
marines modernes, prouvent qu'il ne faut pas exiger des
cosmographes de Séville au X V I siècle plus de connais­
e
sances sur l'Amérique que n'en montraient les plus celèbres
cartographes français du X V I I siècle par rapport à leur
e
propre pays ). Une carte nautique de 1715 attribuait encore
1
à la Méditerranée une longueur de 56 degrés ). Il nous
2
) Quelques extraits de la
1
Géographie du Moyen Age, par T. L E L E -
W E L (Bruxelles 1832, 4 vols, et un Atlas), Tome I I :
Pages 196 et 197: «J'ai vu une carte de Du V A L , Géographe ordi­
naire du Roi, publiée à Paris vers 1661, où l'on ne remarque que l'appa­
reil des cartes nautiques : tout y est défiguré. V e r s le même temps, on
publia à Paris, chez ANTOINE D E F E R , un Atlas nautique de la France,
composé de 33 cartes. Tous les rivages y sont torturés et assimilés à la
cartographie continentale Les publications consciencieuses des cartes
de la marine parurent en Hollande »
Page 203: «NICOLAS SANSON, suivant les traces de MERCATOR,
semble s'effrayer d'accepter les 53 degrés de la longueur de la Médi­
terranée, il lui assigne 56 degrés, examinant les formes et les proportions
qu'il donne à la Syrie, à l'Asie, aux environs de Rhode, au littoral afri­
cain et à Tunis, à la France elle-même, on peut dire qu'il penchait vers
P T O L É M É E . . . C L A U D E D E L I S L E (né 1644, mort 1720) et son fils GUILLAUME
(né 1675, mort 1726) trouvèrent, à côté de quelques autres systèmes de
la réformation géographique, les proportions de l'école sansonienne,
jouissant de tout le crédit de l'autorité acquise: ils l'acceptèrent par 55° 30'
de la longueur de la Méditerranée. L a Mer Noire seulement et la Syrie
reçurent chez eux des contours tout différens. Les D E L I S L E méditaient
longtemps à réhabiliter le crédit de P T O L É M É E . . . »
) S'il était possible de baser des arguments sur les points mathé­
2
matiques qui présentent les cartes des X V I et X V I I siècles, il serait
E
E
permis de tirer des conclusions assez bizarres en étudiant cette carte de
la France, dressée par le premier géographe français du temps. Les

6 4 QUESTION DE FRONTIÈRES
paraît inutile d'insister davantage sur cette question que
n'ignorent pas même ceux qui n'ont que de simples notions
d'histoire cartographique.
L'Arbitre ne pourra point ne pas reconnaître que, sur
le Padron Real de 1536, la Rivière de Vincent Pinçon était
l'Oyapoc puisqu'à l'Ouest de son embouchure se trouvaient
des Montagnes et que les premières Montagnes qu'on
puisse voir de la mer, en allant de l'Amazone à Cayenne,
sont les Montagnes d'Argent et le Mont Lucas à l'Ouest
du fleuve et de la baie de l'Oyapoc. La fleuve et la Baie
d'Oyapoc
étaient donc, indubitablement, la Rivière et la
Baie de Vicente Pinçon
de la Casa de la Contratacion de
Séville. La question des fausses coordonnées géographiques,
de même que celles du mauvais tracé des côtes et de la
distance exagérée relativement à l'embouchure de l'Ama­
zone, n'ont aucune importance, dès l'instant où l'on est en
présence d'un document cartographique de X V I siècle.
e
La position de l'embouchure du Rio de Vicente Pinçon
du Padron Real de 1536 peut être déterminée aujourd'hui
avec la plus grande précision, parce que cette embouchure
porte, à l'Ouest, cette marque indélébile des Montagnes,
qui est en même temps un signalement unique sur les
côtes dont il s'agit. L'« Exposé géographique » fait remar-
villes de Marseille, de Toulon, de Nice et de Gênes qu'on y voit ne
seraient pas les mêmes que celles que nous connaissons aujourd'hui sous
ces dénominations; elles auraient été englouties par la Méditerranée. Une
grande île se serait formée dans ces parages, à laquelle on aurait donné
le nom de Corse ayant appartenu à l'ancienne île disparue.

F a c s i m i l e d'une p a r t i e de la „Carte Generale du Royaume de France
Auecq tons les Pays clrcomuoisins, Par N. SANSON Geog. ordre du Boy.
A P a r i s Chez M. T A U E R N I E R Graueur et I m p r i m e u r du R o y pour les
Cartes Geographiques 1658." E t superposition, en rouge, du t r a c é
Etabl des arts graphiques H.& A. Künumerly & Frey, Berne.
t
des c ô t e s et îles de cette partie de la Méditerranée d'après les c a r t e s
marines de notre temps.


B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 65
quer que le Vincent Pinçon de CHAVES se trouve entre
1° 30' et 2 de latitude Nord. Prenons seulement 8 minutes
0
sur les 30 que l'« Exposé » accorde, et disons que la bouche
du Vincent Pinçon se trouve par 1° 38' dans le Padron
Real. «Je ne pense pas », écrivait D'ANVILLE, « que 7 ou 8
minutes soient un objet sur lequel on doive insister bien
affirmativement )». En corrigeant la fausse latitude de
1
2° 30' Sud que le Padron Real attribue aux bouches de
l'Amazone et en les plaçant sous l'Equateur, il faut que
nous fassions subir la même correction à la latitude des
Montagnes et de l'embouchure du Vincent Pinçon, en
additionnant 2° 30' à 1° 38' Nord. Nous aurons ainsi 4° 8'
de latitude Nord réelle pour l'embouchure du Vincent Pinçon.
La Table de Positions géographiques qui précède le
1 Mémoire du Brésil montre que la bouche de l'Oyapoc se
e r
trouve, selon TARDY DE MONTRAVEL, par 4° 12' de latitude
Nord, le Mont Lucas par 4" 11' et la Montagne d'Argent
par 4° 22' (4° 20' selon COSTA AZEVEDO).
1) Lettre de M. D'ANVILL E à MM. du Journal des Savans, sur
une carte de l'Amérique Meridionale qu'il vient de publier dans le
journal des Savans de mars 1750.
Répl. du Brésil. T. Ier.
5

66
QUESTION D E F R O N T I È R E S
IV
Cette démonstration faite, passons aux deux autres
cartes que cite 1'« Exposé géographique » : celles de SÉBASTIEN
CABOTO ( 1 5 4 4 ) et de DIEGO GUTIERREZ ( 1 5 5 0 ) ). Elles indiquent
1
déjà l'embouchure de l'Amazone sous l'Equateur, mais, en
faisant cette correction, CABOTO oublia de faire subir le
même déplacement aux promontoires et rivières qui, d'après
les cartes de DIOGO RIBEIRO, de 1527 et 1529, et d'après le
Padron Real de 1536, se trouvaient à l'Ouest du Marañon,
devenu l'Amazone après le voyage d'ORELLANA. Certaine­
ment, il fallait, non seulement corriger la latitude de l'Ama­
zone, mais encore raccourcir la distance exagérée que le
Padron Real mettait entre les Montagnes et le grand fleuve,
et intercaler entre l'Amazone et la baie de Maranhão la
section de la côte et la nomenclature portugaise supprimées
dans le Padron Real; mais rien ne peut excuser la faute qu'a
commise SÉBASTIEN CABOTO de passer à t'Est de l'Amazone
ce qui aurait dû rester à l'Ouest. Cependant, cette trans­
position n'est qu'une des moindres libertés qu'il ait prises
dans la construction de sa Mappemonde. Déjà en 1860,
C. DA SILVA avait écrit (§ 2 5 0 6 ) :
) CABOTO, n° 6, et G U T I E R R E Z , n° S, dans le grand Atlas qui accom­
1
pagne le 1er Mémoire du Brésil.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 67
« La Mappemonde de CABOTO fourmille de grosses
erreurs. Sans parler de la Baie de Hudson, dont M . BIDDLE
et M . TYTLER attribuent la découverte à SÉBASTIEN CABOTO
et que celui-ci défigure monstrueusement, tandis que GÉRARD
MERCATOR représente cette baie avec une exactitude mer­
veilleuse, probablement d'après le tracé de ses véritables
découvreurs, les Portugais CORTE REAL, et sans parler du
Golfe de Saint-Laurent, découvert par JEAN CABOTO, ac­
compagné de son fils SÉBASTIEN, alors tout jeune, et que
celui-ci trace incorrectement : le bassin de la Piata, que
SÉBASTIEN CABOTO avait exploré lui-même, dejà revêtu de­
puis longtemps de la charge de Pilote-Major d'Espagne,
est représenté par lui d'une manière incroyable. S a con­
figuration du Paraná et du Paraguay a besoin d'un com­
mentaire ; et la position qu'il donne au Rio de San Salva­
dor et au Rio Negro, décèle chez lui une négligence scan­
daleuse, pour ne pas dire une honteuse impéritie. CABOTO fait
du San Salvador et du Rio Negro des affluents directs de
l'estuaire de la Piata,
tandis que ce sont, avec l'évidence
la plus matérielle, des affluents de l'Uruguay ; et cependant
CABOTO avait séjourné sur les bords de l'Uruguay, à l'em­
bouchure du San Salvador ».
Dernièrement, HENRY HARRISSE, qui fait autorité poul­
ies questions d'histoire géographique du Nouveau Monde
pendant le XVI siècle, s'est exprimé ainsi, dans un de
e
ses plus remarquables ouvrages, au sujet de cette carte
de SÉBASTIEN CABOTO :
« Considered as a graphic exposition of geographical
positions and forms, this planisphere must rank as the most

68
QUESTION DE FRONTIÈRES
imperfect of all the Spanish maps of the XVIth century
which have reached us. »1)
DIEGO GUTIERREZ est tombé dans la même erreur que
CABOT. Avec la même insouciance que son modèle, il plaça
à l'Est de l'Amazone les noms suivants qui se trouvent à
l'Ouest
de la costa de Paricura (rive occidentale de l'Ama­
zone) ou du Marañon, soit dans la carte de Turin (1523),
soit dans celles de DIEGO RIBEIRO (1527 et 1529) ou dans le
Padron Real de 1536: Riv. de los Esclavos, Visto de lexos
1) John Cabot the discoverer of North America and Sebastian his
son . . . by H E N R Y H A R R I S S E , Londres 1896, p. 285 . Quatre pages du livre
sont consacrées à l'examen de cette Mappemonde. Reproduisons encore
ce passage dans lequel l'auteur cite une appréciation de K O H L :
« T o commence with, K O H L noted, long before us, that the old world
in CABOT'S planisphere is very inferior to the same in the Italian and
French maps of the time. That high authority makes also the following
statement:
« Even the coasts of the best and earliest known of all the seas, the
« Mediterranean, are much misshapen and misplaced. Spain itself, and
« also Great Britain, the countries in which SEBASTIAN CABOT passed the
« greater part of his life, are very carelessly represented ; as for instance,
« Ireland is made as large as England and Scotland together. Iceland
« has the longitude of the Shetland Islands, and it is placed directly North,
« instead of North W e s t of Scotland. »
« A s regards the New World, we are surprised to find how inferior
its positions and outlines are, when compare with those of the Weimar
maps, tor instance, althougth these were constructed fifteen years previous.
Labrador and Northern Canada . . .
«If now we examine the regions which he claimed to have discove­
red (Newfoundland), and those which he has certainly visited ( L a Plata),
we notice with surprise how the shapes and positions are inoccurately
and incompletely rendered . . . .»

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE
69
Novisto mas que el fondo, R. de Pascua; Costa de Arbo-
ledas, Costa de laxas et Cabo Blanco. L'« Exposé géo­
graphique » fait l'éloge de la riche nomenclature et du
tracé détaillé de la carte en question et dit que « ce GU­
TIERREZ est probablement celui-là même qui fut désigné,
en 1549, pour remplir, comme intérimaire, les fonctions
de Piloto-Mayor, quand SÉBASTIEN CABOT se fut retiré en
Angleterre ».
Nous nous permettons donc de reproduire ici les pas­
sages suivants de HENRY HARRISSE, concernant ce cosmo­
graphe et sa carte de 1550:
« . . . elle (la carte) ne décèle pas la main d'un cosmo­
graphe au courant des découvertes accomplies dans les
quinze années qui en précédèrent la construction (Jean et
Sébastien Cabot, Paris 1882, p. 233). »
« . . . DIEGO GUTTIERREZ, senior, an incompetent cos-
mographer » (John Cabot the discoverer of North America
and his son Sebastian Cabot,
Londres 1896, p. 321).
« November 5, 1544, he was prohibited from construc­
ting naval charts and naval instruments, which prohibition
was renewed, November 28, 1545» (The discovery of North
America, Londres 1892, p. 720).
Nous n'accumulons pas ces citations parce que les deux
documents peuvent paraître contraires à notre thèse, mais
seulement parce qu'ils nous semblent, comme à C. DA SILVA,
KOHL et HARRISSE, bien inférieurs aux œuvres des princi­
paux cartographes de cette époque.
Le R. de Vincenanes (Vincent Yañes Pinçon) de la
carte de SÉBASTIEN CABOT, comme l'a dit le 1 Mémoire du
e r

70 QUESTION DE FRONTIÈRES
Brésil (T. I, p. 225), est incontestablement l'Oyapoc, puisque,
immédiatement après le nom de cette rivière, et à l'Ouest,
on lit: Montagnas.
Sur la carte de GUTIERREZ, ce signalement décisif man­
que, mais si l'on considère que ce cosmographe appartenait
à l'« Ecole de Séville » et que, depuis sa Rivière de Vny.
ann. Pinçon jusqu'à la Pointe Anegada en face de l'île de
la Trinidad, il respecte et reproduit presque entièrement la
nomenclature du Padron Real de 1586, on ne peut manquer
de reconnaître que son Vincent Pinçon était le même que
celui du Padron Real c'est-à-dire notre Oyapoc, le fleuve du
Cap d'Orange et des Montagnes d'Argent et Lucas. L e même
raisonnement s'applique à la carte de NICOLAS DESLIENS,
commencée en 1541 et terminée plusieurs années après *).
S a Rivière de Pinçon est celle de GUTIERREZ et de la Casa
de la Contratation.
Pour ce qui est des côtes septentrionales de l'Améri­
que, on doit aussi rattacher à l'Ecole de Séville, comme le
fait très bien le Mémoire de la France (pages 2 6 4 à 270),
GÉRARD MERCATOR ( 1 5 6 9 ) ), ABRAHAM ORTELIUS ( 1 5 7 0 et
1
1 5 8 7 ) ) et tous leurs nombreux élèves et imitateurs, en Alle-
2
*) Carte n° 5 dans le 1 Atlas du Brésil.
er
) 1 Atlas du Brésil, carte n° 19.
1
er
) Ibidem, n 20, 21, 31 et 32. Outre ces quatre cartes d
2
os
'ORTELIUS,
de 1570 et 1587, on peut en citer une autre, du même géographe, et datée
de 1564, dans laquelle la nomenclature étant sévillane, la rivière qui porte
le double nom de R. de Vicente et de R. de Pinson, doit être la même
que celle des montagnes du Padron Real de 1536, c'est-à-dire l'Oyapoc
Cette carte, conservée à la Bibliothèque de l'Université de Bâle, porte

(N°
19
dans

l'Atlas
annexé,
au
1

er
Mémoire
PARTI
du
Brésil).

D
E
E
GÉRAR
D
E
L
A
MAPPEMOND
D
MERCATO
E
D
R
E
156
Etabl
t
des arts

9
graphique
s
H

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Kummerly
Frey,
berne.
4

(№23
dans
l'Atla
s
annex

é
au

L
1er
E
NOUVEA
Mémoir
e
du
Brésil

U
.
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PARTI
E
,
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E
L
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t
des
arts

,
1575
graphiques
H.&
.
A.
Kümmerl

y
A
Frey,

Berne
5
-
.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 71
magne, dans les Pays-Bas, en France, en Italie, en Portu­
gal et dans l'Europe entière. Parmi leurs élèves, imitateurs
ou simples copistes, il faut compter:
Les géographes français André THEVET (1575) ), Fran­
1
çois DE BELLEFOREST (1575) ), Guillaume
) , et
2
POSTEL ( 1 5 8 1 ) 3
Guillaume LEVASSEUR (1601) ) ; Giovanni Battista MAZZA
4
( 1 5 8 4 ) ) , Philippe
), Christianus
5
APIAN (1576) 6
SGROTHENUS
(1588) ), de même que l'auteur anonyme du Globe de Zu-
7
le titre et les indications suivants: Nova totius terrarum orbis nixta
neotericorum traditiones descriptio ABRAH. ORTELIO Antuerpiano auct.
Anno Domini MCCCCCLXIIII.
Une autre carte à citer, et inspirée
comme la précédente, de l'Ecole sévillane, c'est l'Americæ P e r u v i a q u e
ita postremum detecta traditur recens delineatio, par JAN VAN D O E T
et LUCAS VAN DOET, sans date. Exemplaire à la Bibliothèque de l'Uni­
versité de Bâle.
) Voir Atlas du Brésil, carte n° 2 3 .
1
) Ibidem, n° 2 4 .
2
3) Polo aptato nova charta unio, auth G UIL . POSTELLO . Trè s rare,
1 édition, Paris 1581 (chez JEAN DE GOURMONT); 2 , Paris 1586 (DENIS
re
E
DE MATHONIÈRE); 3 ° , Paris 1 6 2 1 (NICOLAS D E MATHONIÈRE); 4 , Lyon
E
1 6 4 4 ( G L A U D E S A V A R Y ) .
) « Planisfère donnant les côtes occidentales de l'Europe et de l'Afri­
4
que, ainsi qu'une grande partie de l'Amérique, signé: 1601, A. Dieppe,
par GUILLAUME LEVASSEUR, le 12 Juillet. Montée sur parchemin.» Au
Dépôt des Cartes et Plans de la Marine, à Paris. Cette carte a figuré,
en 1892, dans la belle Exposition de Cartes concernant l'Amérique, orga­
nisée par M. G A B R I E L MARCEL, chef de la section géographique à la
Bibliothèque Nationale de Paris.
) 1 Atlas du Brésil, n° 2 9 .
5
er
) 2 Atlas du Brésil, n° 5 .
6
E
) Ibidem n° 7.
7

7 2 QUESTION DE FRONTIÈRES
rich ) et Giuseppe ROSACCIO (1657) ) ; Rumoldus MERCATOR
1
2
( 1 5 8 7 ) ) ; Michael MERCATOR ( 1 5 9 5 ) ) , Théodore DE B R Y
3
4
( 1 5 9 2 , 1 5 9 4 et 1 5 9 6 ) ) , Cornelis
), Petrus
5
DE J O D E ( 1 5 9 3 ) 6
PLANCIUS(1592, 1 5 9 9 ) ) , Jodocus HONDIUS (1597, 1 6 0 2 et 1 6 3 3 ) ) ,
7
8
Mathias QUAD ( 1 5 9 8 ) ) , B . LANGENES ( 1 5 9 8 ) ) ; l'auteur ano­
9
1 0
nyme de la carte anglaise manuscrite de 1 5 9 8 ); ainsi que
11
Edward WRIGHT, auteur présumé de la Mappemonde publiée
en 1 5 9 9 par Richard HAKLUYT ) , et Dancker DANCKERTS
1 2
( 1 6 6 0 ) ) . Dans les cartes de Jacopo GASTALDI ( 1 5 5 4 ) ) et
1 3
14
Bartholomeo OLIVES ( 1 5 6 2 ) ) , lesquels ne peuvent pas être
1 5
classés parmi les élèves de Gérard MERCATOR, le Pinçon
est l'Oyapoc, puisque la nomenclature qu'ils ont employée
est celle de l'Ecole de Séville après le Padron Real de 1536.
) 2 Atlas du Brésil, n° 8.
1
e
) Ibidem n° 9.
2
3) 1 Atla s du Brési l n° 33 .
er
) Ibidem n° 34.
4
) Ibidem n 34, 38 et 40.
5
os
) Ibidem n° 35 et 36.
6
s
) Ibidem n 37 et 38.
7
o s
) Ibidem n 43, 52 et 63.
8
o s
) Ibidem n° 43.
9
) Ibidem n° 44.
1 0
) Ibidem n° 44.
11
) Ibidem n° 49.
1 2
) Ibidem n° 74.
1 3
) Ibidem n° 10.
14
) № 15 dans le 1 Atlas et n° 6 dans le 2 . Cette dernière, quoique
1 5
er
e
attribuée à un autre cartographe, qui l'a dessinée à Naples en 1580, n'est
qu'une copie de la première, mais elle a ceci de particulier qu'elle fait
partie de la Bibliothèque des Rois d'Espagne.

(N°
8
dans

l'Atlas
annexé
au
Mémoir

e
PARTI
du
Brésil)
E
.
D
U
GLOB
E
D
E
ZURICH
Etabl
t
des

art
.
s
Graphiqu

e
H.& A

Kümmertel
y
&
Frey
,
Berne-

6.

(N°
34
dans

l'Atlas
CHOROGRAPHI
annexé
au
1

er
Mémoire
A
NOBILI
du
Brésil

D
E
THÉODOR
).
S
&
PARTI
OPULENTA
E
D
E
E
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L
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A
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CART
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PROVINCIAE
E
1592
Etabl
t
des art

.
,
ATQU
graphiqu
E
e
II & A.

BRASILIA
Kümmerl
y
E
&
Frey
,
Verne

7
.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 73
Il convient encore d'appuyer sur le fait que les œuvres
de la plupart des cartographes cités furent gravées et que
celles des MERCATOR, D'ORTELIUS, de DE BRY et de HONDIUS
eurent un grand nombre d'éditions ). Les cartes imprimées
l
étaient naturellement celles que l'on consultait le plus, et
elles ont ainsi répandu, pendant les trente dernières années
du X V I siècle et pendant le XVII , la vraie notion d'une
e
e
rivière de Vincent Pinçon assez éloignée de l'Amazone
pour ne pas pouvoir être confondue avec les cours d'eau
voisins du Cap du Nord, comme le Cunany, le Calçoene,
et le Carapaporis, et moins encore avec l'Araguary qui
est un affluent de l'Amazone, notion qui était courante
lors des négociations de Lisbonne et d'Utrecht, de 1697
à 1713.
Nous n'avons fait mention que de cartographes non
portugais qui suivirent la nomenclature du Padron Real
de 1536, et pour lesquels le Vincent Pinçon, plus ou moins
éloigné de l'Amazone, est certainement, quoique sans les
montagnes, l'Oyapoc, qui, nous le répétons, était le Vincent
Pinçon de la Casa de la Contratacion de Séville. Mais il
faut encore comprendre parmi les cartographes étrangers
qui, en ce qui concerne la Guyane, s'inspirèrent des
) « Pour qui sait l'autorité dont jouirent pendant longtemps les
l
œuvres sorties de l'atelier de MERCATOR, le nombre des reproductions
du type adopté par lui n'a rien qui surprenne. Il serait fastidieux d'énu-
mérer les cartes ou globes qui figurent de la même manière le Marañon,
le Cap Blanco et la rivière de Vincent Pinzon. » (Mémoire de la France,
T . I, p. 267).

74 QUESTION DE FRONTIÈRES
travaux de l'Ecole de Séville, les Portugais ANDRÉ HOMEM,
DIOGO HOMEM et FERNÀO V A Z DOURADO.
De ce dernier, qui dans ses nombreuses cartes ) cor­
1
rige la fausse position des bouches de l'Amazone et place
le Vincent Pinçon non seulement à l'Est des montagnes,
mais encore par 4° de latitude Nord, le Mémoire de la
France ne parle presque pas : il se borne à le citer
en passant, pour dire que les cartes inspirées de lui
sont plus inexactes que celles de MERCATOR ), qui pour­
2
tant, en 1569, un quart de siècle après le voyage
d'ORELLANA, — persistait à placer, comme le Padron Real
de 1536, les bouches de l'Amazone par deux degrés et
demi au Sud de l'Equateur ; et il revient à l'excellent cos-
mographe portugais dans une petite note de la Table
analytique de l'Atlas (n° 6), pour l'accuser, très injustement
encore, d'avoir « reporté au Nord de l'Amazone une partie
de la nomenclature qui devait figurer au Sud ».
Ce ne fut pas ce cartographe portugais, « aussi habile
à manier les armes qu'expert dans la connaissance de l'a
géographie », comme le dit KUNSTMANN ), qui fit sauter des
3
rivières et des promontoires d'un côté à l'autre de l'Amazone;
ce furent les SÉBASTIEN CABOT, les DIEGO GUTIERREZ, et aussi
) N 18, 22 et 26 dans le 1 Atlas du Brésil ; n 3 et 4 dans le
1
os
e r
os
2 Atlas, formant le T. VI, de la Réplique du Brésil.
e
2) Mémoire de la France, T . I, p. 286.
3) Die Entdeckung Amerikas. Nach den ältesten Quellen ge­
schichtlich dargestellt von FRIEDRICH KUNSTMANN. Mit einem Atlas.
Munich 1859. P. 147: — « . . . er sei ebenso gewandt in der Handhabung
der Walten wie in der Kenntnis der Geographie gewesen. . . »

C A R T E DE DIOGO HOMEM, 1 5 6 8 .

C A R T E DE VAZ DOURADO, 1 5 7 1 .

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 7 5
les NICOLAS DESLIENS et les PIERRE DESCELIERS ), ces deux
1
derniers, habiles aquarellistes et enlumineurs, mais par­
fois mauvais copistes des plus arriérées et des plus mau­
vaises cartes portugaises ).
2
Quant à ANDRÉ- HOMEM, voici ce qu'on lit dans le Mé­
moire de la France (p. 278) :
« D'autres Portugais établis à l'étranger, se rangèrent
franchement à la nomenclature et à l'interprétation sévil-
lanes, sans plus se préoccuper de la rivière Vincent
des cartes lusitaniennes.
Ainsi fit ANDREAS HOMO dans
la très belle Mappemonde qu'il composa en 1559, à An-
) Cartes n° 5 ( D E S L I E N S , 1 5 4 3 ou 1544) et n° 9 ( D E S C E L I E R S , 155)
1
dans l'Atlas qui accompagne le 1ER Mémoire du Brésil. D E S C E L I E R S non
seulement a placé à l'Est de l'Amazone des noms qui devaient se trouver
au Nord-Ouest de l'embouchure de ce fleuve, mais il a oublié d'effacer
certains noms, de sorte qu'on voit un cap et deux rivières dans les eaux
de cette embouchure. DESLIENS, ayant terminé sa carte après le voyage
D'ORELLANA, y a laissé la date de 1 5 4 1 , antérieure à ce voyage, dont
les premières nouvelles n'arrivèrent en Europe (à Lisbonne) qu'en 1 5 4 3 .
Nous avons donné dans le même atlas une autre carte de l'Ecole Diep-
poise, celle de JACQUES D E VAUDECLAYE, de 1578 (n° 25), carte qui révèle
la plus grande ignorance des côtes du Maranhão et de la Guyane, car
l'Amazone y est figuré à côté de la baie de Maranhão et comme ayant
pour affluents le Tapicoru (Itapicurû) et Pinaré (Pindaré) qui se jettent
pourtant dans cette baie.
) « Toutes nos cartes françaises pour cette époque sont d'ailleurs
2
évidemment inspirées de documents portugais quand leurs auteurs ne se
contentent pas simplement de les copier» ( G A B R I E L MARCEL, Reproduc­
tions de Cartes et de Globes relatives à la découverte de l'Amérique,
Paris 1894, p. 9 8 , note).

76 QUESTION DE FRONTIÈRES
vers ). Pour tout le reste de sa carte, il suit la nomencla­
1
ture portugaise; mais dans la partie qui nous occupe, il s'en
tient à GUTIERREZ ou SÉBASTIEN CABOT. Voisine, à l'Ouest,
de l'embouchure de l'Amazone, la rivière de Vicente Pizon
y occupe, entre 1° et 2° de latitude Nord «(toujours les
latitudes!)», la position qu'on peut considérer comme consa­
crée dans la dernière moitié du X V I siécle. »
e
ANDRÉ HOMEM, né en Portugal, appartenait à une famille
qui a donné plusieurs cartographes. On ignore pourquoi
il s'est réfugié à l'étranger. Après avoir résidé à Anvers,
il se fixa à Paris et visita Londres en 1567. En 1565, il
était cosmographe du Roi de France2). Sa Mappemonde,
) Note dans le
1
Mémoire de la France:
« Cette carte, datée et signée, est un magnifique document, qui se
trouve, fractionné en dix feuilles, au Département des cartes du Ministère
des Affaires étrangères à Paris, et qui n'a pas encore été publié. Nous
avons tenu à en reproduire la partie qui intéresse le débat. Malheureu­
sement, elle correspond à l'une des sections de la carte, et à une partie
légèrement altérée dont la lecture est peu claire sur l'épreuve photogra­
phique. Nous avons pu néanmoins déchiffrer directement sur l'original
la plupart des noms. On trouvera sur le croquis ci-joint le résultat de
ce déchiftrement. »
) SOUZA VITERBO,
2
Trabalhos nauticos dos Portugueses nos seculos
XVI e XVII. Parte I, Marinharia, Lisbonne 1898. Publié par l'Aca­
démie Royale des Sciences. Pages 159 à 162. Passage d'une lettre
d'ANDRÉ HOMEM, datée de Paris le 28 Février 1565 et adressée à l'Am­
bassadeur de Portugal : « Maintenant je prie Votre Seigneurie de me
faire la grace . . . . d'écrire au Roi notre maître pour lui dire que j'ai
reçu humblement la lettre de Votre Seigneurie, et pour lui montrer la
volonté que j'ai toujours eue, et que j'ai encore, de servir Son Altesse,
désirant refuser le bien que Notre Seigneur paraît vouloir me faire dans
ce pays, me trouvant reçu comme cosmographe du Roi ainsi que le

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 77
conservée au Ministère des Affaires étrangères à Paris, a
été souvent citée contre le Brésil. On disait qu'elle présentait
une Rivière de Vincent Pinçon tout près de l'Amazone.
Maintenant que le document a été exhumé, grâce au fac-
simile annexé au Mémoire de la France, nous nous permettons
de le reproduire (Carte n° 2 ) dans l'Atlas qui accompagne
cette Réplique pour y enregistrer une nouvelle pièce à
l'appui de la thèse brésilienne, et une pièce bien impor­
tante, car elle émane d'un cosmographe de FRANÇOIS I .
E R
L a bouche du R. de Vicentepîzon de la carte
d'ANDRÉ HOMEM se trouve à 6 0 lieues marines ( 5 2 / por­
1
2
tugaises) de la pointe occidentale du fleuve des Amazones,
et immédiatement après, à l'Ouest, on lit: Montanhas.
C'est donc l'Oyapoc. On peut ajouter que la nomenclature
depuis l'Amazone jusqu'à l'Orénoque (Huyapari, écrit à la
portugaise Japari) est de la pure Ecole sévillane; entre
l'Amazone et le Maranhão, elle est portugaise ).
1
montre le diplome de Monsieur l'Amiral. » Texte portugais : « Ao presente
pesço a V . S . me fasça a M . . . escrever a el Rey noso senhor, dando lhe cota
de como escrevendome V . S . me omilhei, mostrando a uontade que sempre
tiue e tenho de seruir a S . A . , querendo emgeittar ho bem que nestas partes
paresce que me quer fazer nosso señor, estando recebido por cosmo-
grapho del Rey como se ue polla portaria de Monsieur le almiral...»
) D'après ce que nous avions lu et entendu dire de cette carte,
1
A N D R É HOMEM avait été classé, dans le 1er Mémoire du Brésil (T: I ,
pp. 53 et 54), avec D E S L I E N S , CABOTO et D E S C E L I E R S , qui, pour placer
l'Amazone sous l'Equateur, supprimèrent ou reportèrent à la côte orien­
tale, entre le Para et la baie de Maranhão, des noms qui devaient rester
sur la côte de la Guyane. Dans une note au § 2498 de C . DA SILVA,
nous avons admis, — comme l'auteur lui-même, qui n'avait pas pu exa-

78 QUESTION DE FRONTIÈRES
La Rivière Vicente, dont il a été fait mention dans
le passage ci-dessus transcrit, serait, d'après le Mémoire
de la France, une invention portugaise qui commença à
circuler vers 1540 ). Cette rivière, que l'« Exposé géo­
1
graphique » paraît identifier avec l'Oyapoc, ne serait pas
le Vincent Pinçon des Espagnols ). Les deux cartes de
2
1558 de DIOGO HOMEM ), cosmographe portugais vivant à
3
miner cette carte, — qu'ANDRÉ HOMEM plaçait le Vincent Pinçon tout près
de l'Amazone. Aujourd'hui que le document a pu être étudié, il y a lieu
de corriger les passages cités, du 1 Mémoire du Brésil, et de la note au
e r
§ 2498 de C. DA S I L V A .
1) Mémoire de la France, T . I, p. 276 :
« On voit, dans le tableau qui précède, apparaître vers 1540 un
nom qui se rapproche assez de celui qui nous occupe, pour qu'on ait cru
pouvoir l'identifier avec lui: succédant à seize ou dix-sept noms éche­
lonnés à l'ouest-nord-ouest de l'Equateur, une rivière de Vecete (carte
portugaise), Vincent (cartes françaises), se montre par environ 4° Nord,
obstinément placée entre une rivière du Cacique à l'Est et une rivière
de Aves ou des Oiseaux à l'Ouest.
«Ce nouveau venu est-il la rivière Vincent Pinzon? Incontestable­
ment non, et il importe extrêmement de ne rien laisser subsister de la
confusion qu'on s'est efforcé de créer à cet égard. Nous avons rencontré
les noms de Vincent Yañez Pinzon, Vincentianes, Vincenañes, Vincent
Pinzon, Pinzon; mais jamais une seule fois, ni dans les cartes, ni dans
les autres textes, le nom de Vincent employé seul, pour désigner le navi­
gateur. Cette appellation est contraire à l'habitude constante des documents
espagnols, seuls qualifiés ici pour faire foi. D'ailleurs, ce nom, emprunté
comme tant d'autres au calendrier, n'a nullement l'air d'une interpolation
dans la nomenclature portugaise; il fait invariablement partie d'un groupe
de vocables particuliers à cette famille de cartes, et étrangers aux cartes
sévillanes. »
2) Mémoire de la France, T . I, pp. 273, 274, 281 et 282.
) N° 11 et 12 dans le 1 Atlas du Brésil.
3
S
ER

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 79
Venise, présentent en même temps la rivière de Vincent
et celle de Vincent Pinçon comme étant des rivières dis­
tinctes ). Le Vincent Pinçon des Espagnols se trouverait
1
près de l'Amazone, entre 1 30' et 2 de latitude Nord,
0
0
d'après le Padron Real et d'après CABOT et GUTIERREZ: il
serait le Rio Fresco des Portugais ). Certaines cartes du
2
type lusitanien auraient commis « l'erreur inexcusable de
substituer, sans changer la position, à l'ancienne et inoffen­
sive dénomination » (R. de Vicente), « ce nom de Vincent
Pinzon )». Et plus loin ), l'«Exposé géographique» semble
3
4
attribuer à VAZ DOURADO l'erreur d'avoir appliqué à la
rivière de Vincent, plus occidentale, le nom de Vincent
Pinçon, et d'avoir eu pour imitateur ARNOLD FLORENTIUS
VAN LANGREN ).
5
Nous venons de résumer en quelques lignes plusieurs
pages de 1'«Exposé géographique».
Il est certain que sur les deux cartes de DIOGO HOMEM,
de 1558, se trouvent figurées, à l'Ouest, une rivière de
Vicente (R. de V et à l'Est la rivière de
E
Vincent Pinçon
(R. de Vicente pinto). Le 1 Mémoire du Brésil l'avait dit ) :
e r
6
« DIOGO HOMEM, sur deux cartes, de 1558 (N 11 et 12 de
o s
l'Atlas), a même présenté sur cette côte deux rivières de
1) Mémoire de la France, T . I, p. 277.
) Idem, pp. 277 et 282.
2
) Idem, p. 279.
3
) P. 286 et note 2.
4
) Pp. 280 et 286, note 2.
5
6) 1ER Mémoire du Brésil, T . T, p. 226.

80 QUESTION DE FRONTIÈRES
Vincent : l'une (le Vicente Pinto), à côté des Montagnes,
est certainement le Vincent Pinçon-Oyapoc ; l'autre, plus
occidentale, R. de Vicente (R. de V ), ne pourrait être
t e
identifiée avec précision. Mais sur sa belle carte de 1 5 6 8
(n° 17 A) il supprima le Vicente occidental, pour ne con­
server que son Vicente Pinto-Oyapoc. »
Aujourd'hui, après une étude très attentive des docu­
ments cartographiques de cette époque, nous sommes arrivé
à pouvoir identifier le Rio de Vicente du portulan conservé à
la Bibliothèque Riccardiana de Florence ), ainsi que de plu­
1
sieurs autres cartes portugaises du X V I siècle et du com­
e
mencement du XVII , comme celles de
e
BARTHOLOMEO VELHO
( 1 5 6 1 ) ) , DOMINGOS SANCHES ( 1 6 1 8 ) ) et ANTONIO SANCHES ( 1 6 2 3 ) ) .
2
3
4
La rivière de Vicente, qu'on a déclaré être une inven­
tion portugaise de 1540, n'est autre que le Vincent Pinçon
primitif,
pour la recherche duquel le Mémoire de la France
a fait son enquête cartographique.
Le portulan de la Bibliothèque Riccardiana est un docu­
ment postérieur à l'exploration faite par DIOGO LEITE en
1531, puisqu'on y voit déjà une baie de Diogo Leite à l'Ouest
de celle du Maranhão. Cet officier, parti de Pernambuco,
) Cod. n°
1
1 8 1 3 . Fac-simile dans l'Atlas de KONRAD KRETSCHMER,
Berlin 1892, feuilles 3 7 et 3 8 .
) № 1 4 dans le 1 Atlas du Brésil.
2
e r
) Bibl. Nat. de Paris (Cartes, C. 19,251), n° 8 dans l'Atlas français.
3
La même Bibliothèque possède un planisphère portugais du X V I siècle
E
donnant le Rio de V" (Cartes, Réserve. Inv. 217).
) British Museum, Ms. n° 22,874.
4

T A B L E A U № I.
C A R T E S D U T Y P E S É V I L L A N ,
montrant le Vincent Pinçon primitif, ou Maroni, à l'Ouest des Montagnes d'Argent, et le Rio Fresco, primitif, entre l'Amazone et la Baie de Maranhão, et
C A R T E S P O R T U G A I S E S
donnant le Vincent Pinçon du „Padron Real" de 1536, à l'Est et tout près des Montagnes d'Argent.
VESCONTE DE MAIOLLO OTTOMANO FREDUCCI VESCONTE DE MAIOLLO
CARTE ANONYME
DIOGO HOMEM
ANDRÉ HOMEM
DIOGO HOMEM
Bibl. R
R. Archivio di Stato,
Bibl. Ambrosiana, Bibl. Riccardiana,
Arch, des Affs Etrangs,
1e de Munich
British Museum
Bibl. R
Florence
Milan
Florence
Paris
le, Dresde
1519
Avant 1520
1527
Après 1532
1558
1559
1568
(Noms illisibles)
Rio de Cariago
(Noms illisibles)
R. de Camari
Camari
R. de Uiapari
Monte spesso
(l'île de la
R. de Aviapari
R. Japari
Arboleda \\ La Tri-
Tri­
(l'île de
Trinjta
Rio basos nitade
nidad
la Trini­
La
(l'île de la R. Mapari | La
Anegados
Anegados. . . |
Anegados
sans nom Aneguado
dad
P. Aneguada ( Trinidad R. anegado Trinidad
Pa Anegada Trinidad
tera rasa
R. de la Barcha
tera sau
Palmar
sans nom) C. Raso
C. raso | sans nom C. Raso
tera sola
Arenai
tera sola
Costa baxa
plaia
R. Salado . .
R. Salado. . .
Salado
Rio Salado
Toblaoda
R. de Canoas
R. de canoas .
. . . de Canoas
Monte espeço
M. espeço . . .
Rio dulçe
R. Dulçe .
R. Dulce
R. Dulce . . .
R. Dulce . . .
R. Dulce
R. Dulçe
M. alto . .
aldea
terra liana
t~rra baixa.
tera baixa
terra llana . .
tera lhana
baixa
p de langra.
A
p baxa
a
Rio Basso
Rio Salado. . .
R. do p~cel
R. del pracel
R. del placel
R. del praçel
aldea. . . .
las aldeas . . .
populacion
chabo rosso
Arecifes.
Rio poblado
R. de palos
tera plana
las plaias
Furna
C. del rio
C. del rio
las bareras
R. fuerte
R. de la barca
R. de la buelta
p. piano
Rio Verde . . .
R. Salado . .
Rio Verde
C. Verde
R. Verde
plaia bancha
palmar . .
palmar
R. de gro
C. Muerto
esteros
R. bueno .
R. linpio
R.bueno
la furna .
furna
R. de Anes
C. falsa
R. Salado
Rio de Vicetians
Rio de Visente Janes. R. de Vecete
R.de V
R. Salado
E
populacion
Rio Salado . . .
R. dal Caciq~
R. del Caquique
C. rosso.
Ponta blancha.
P. blancho
C. baixo . . .
esteros
R. de muchas by
poblaston
R. de Nunho
R. de Nuno. . . .
Acanar
Arenal
plaia
R. de baixas
C. de Sfr°
C. do S a frãcisco
Malabrigo . .
B. de muchas islas .
B. de muchas islas
R. do p~cel .
C. do pracel
C. do pracel
R. de fumos
R. da furna.
R . da furna.
C. de buelta
E l Hacon .
Montanhas (dans l'inté­
rieur)
a buena
G.buena
Barangas verneias
Barreras vermeias
R. de mal
R. Salado . . .
R. Salso
C. de las islas
Arboledas
Arboledas . .
Arboledas
R. Baxo
Atalaia . . .
R . b a x o . . . .
if. Fresco .
I
C. branco.
C. de baxas
islas
Aldeas
Anegado
Montanhas
Mötanhas .
Montanhas
Montanhas
R. de Vicete Pinto
R. de Vicente pizon .
R. de Vicente Pinto
P pracel
P. del Placel
TA
terra . . . canea.
R. de la Buelta
L a s planoxas . . las planas
terra lhana . . .
Arcipelago
Alcipelagos
Rio de Navida
Rio de Navidat
R. de Navida
R. do estremo
baia
No visto mal del fondo
Mas del fondo
Visto de lexos
visto de lesso
Costa descoberta
Costa descoberta
Costa de paricuria
Costa de paricura. . . . Costa de paricuria
C. bianco
I P A R I C U R A
I P A R I C U R I A L A D U L S E .
(Pas d'indication des
M A R E AQUE DULCÍS
R. GRANDE D E S. J O . D E
L A M A R E D O L C E
M ARE AQUE DULCÍS
R. D E S. J O A M D E LAS
L A M A R D U C E
bouches de la Mer R. DE S. J 0 Ä 0 L A S AMA­
LAS AMAZONAS
AMAZONAS
Douce.)
ZONAS
lest
C° bianco
C. bianco
B. de S. Joà
B . de Joà
R. do estremo
tera de fumos
Costa vista
Costa baxa
Costa baixa
Costa descuberta
a baia de países
B. do ilheo
B. do ilheo
B . do Ilheo
B. do ilheo
c. de palme
Costa çuja
Costa apracelada
Costa do pracel
Costa apracellada
tera de pescaria
C. blancho
C. das baixas
R. das baixas
R. das baxas
c. de piacere
R. de Sà paulo
R . de S . Palos
B. de S . palos . .
R. de S. palos
B. de d° leite
B. de Diogo Leite . . . . B. de diogo leite
B. de Diogo leite
Rio Fresco
Rio Fresco.
R. de Sã marcel
R. de S . Miguell
R. de Sào migel.
R. de Sam migel
Costa ap~"celada
Costa d. pracel .
Costa apracelada
P do p-cel
R. de pr
ta
s
Trra. dos fumos
Terra dos fumos
Tera dos fum
paia
b. grosa
G. de Nigri
Pinare (affluent)
R. de ell i M A R A L I O N
M A R A N O N
O M A R A N H A M
M A R A N O N . .
O MARANHAM
O M A R A N H Ã O
Ho M A R A N H A

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 81
ne poussa son exploration que jusqu'aux environs de l'em­
bouchure du Para. Avant 1513, des Portugais avaient entre­
pris des voyages de commerce non seulement vers les côtes
septentrionales du Brésil, mais encore vers la Guyane et
le littoral à l'Ouest du Golfe de Paria ). Le nom de
1
Corso
donné à un cap qui est devenu le Razo do Norte, à l'entrée
de l'Amazone, date peut-être du voyage effectué avant 1513
par FERNAM FROES, qui s'était fait accompagner par les
pilotes FRANCISCO CORSO et PERO CORSO ), tous les trois em­
2
prisonnés par les Espagnols à St-Domingue. Mais les ren­
seignements, sans doute assez vagues, que les Portugais
auront rapportés de ces expéditions devaient être déjà
perdus vers 1531, car DIOGO LEITE, se trompant dans l'inter­
prétation de la plus récente carte sévillane, celle de DIOGO
RIBEIRO, prit alors pour le fleuve Marañon ou Mer Douce
la baie de Maranhão. C'est pourquoi, sur le portulan de la
Riccardiana, qui probablement a été fait entre 1532 et 1535,.
on ne trouve aucune trace du Marañon-Mar Dulce qui,
pourtant, figurait, en même temps que la baie de Maranhão,
sur des cartes antérieures d'origine espagnole (voir le
tableau n° 1, ci-joint). En 1542, les Portugais étaient déjà
arrivés aux bouches de l'Amazone, d'après deux lettres
d'ORELLANA citées dans le 1 Mémoire du Brésil, T. I,
e r
pp. 62 et 63. Cette confusion produisit les résultats suivants,
après l'expédition de DIOGO LEITE :
Sur les cartes portugaises, le Maranhão était la baie
M 1ER Mémoire du Brésil, T . I, pp. 60 et 61.
) Ibidem, p. 61.
2
Répl. du Brésil. T. IER.
6

82 QUESTION DE FRONTIÈRES
de ce nom, et la nomenclature vers l'Ouest, jusqu'aux en­
virons du Para seulement, était de source portugaise.
Sur le Padron Real de 1 5 3 6 , et sur les cartes du même
type, le Marañon, était la Max Dulce de PINÇON, ou l'Ama­
zone, avec suppression de toute l'étendue du littoral compris
entre ce fleuve et la baie de Maranhão, ainsi que de la
nomenclature portugaise appliquée à différents points de
ce littoral. Quant aux noms géographiques sur les côtes
de la Guyane, ils continuèrent à être, après la réforme du
Padron Real en 1536, ceux que les Espagnols y avaient déjà
impatronisés, sauf quelques corrections faites à cette date.
La principale correction fut d'appliquer définitivement
au fleuve qui débouche à l'Est des montagnes, le nom de
Vincent Pinçon qui avait été attribué primitivement à un
fleuve plus occidental, le Rio Salado, et que la carte de
Turin plaçait déjà plus à l'Est, à côté des montagnes.
On trouve ce Vincent Pinçon primitif:
1° Sur un portulan construit à Ancone avant 1520, pro­
bablement entre 1 5 1 4 et 1515, comme le suppose M. EUGENIO
CASANOVA ) par le Comte DI OTTOMANO FREDUCCI ).
1
2
2° Sur la carte de 1527, de VESCONTE DE MAIOLLO ) .
3
1) La Carta Nautica di Conte di Ottomano Freducci, d'Ancona,
... illustrata da EUGENIO CASANOVA, Florence 1894, savante étude pu-
bliée par le R. Instituto di Studi Superiori. Page 14:
« Percio non ci discosteremo troppo dal vero ritenendo che la carta
del FREDUCCI è posteriore al Settembre 1513 ; ma che non ne è forse
talmente lontana da poter essere portata fino a oltre il 1516 ; perchè la
strepitosa notizia della scoperta del Mare del Sud, che doveva avere una
cosi grande influenza sulla cartografia, non mise tanto tempo per varcare

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 8 3
Voici comment se succèdent les noms sur ces deux
cartes, depuis la baie de Maranhão jusqu'au Rio Dulce,
connu, à partir de 1596, sous le nom d'Essequibo :
Carte de Freducci: Carte de Maiollo: Noms modernes:
maranon Maranon Baie de Maranhão.
Rio Fresco Rio fresco.
C° blanco C. blancho.
C. bianco.
Paricura la mar duce paricura la dulse . L'Amazone.
costa de paricura . . costa de paricuria . Rive gauche de l'Amazone.
visto de lexos visto de lesso.
no visto mal del fondo Mas de fondo.
Rio de navidat Rio de nauida.
arcipelago Alcipelagos.
las planoxas las planas.
barangas verneias. . . bareras vermeias.
arenal.
poblaston.
esteros.
ponta blancha p. blancho.
Rio Salado.
Rio de Vicetiãns . . . Rio de visente Janes. Le Vincent Pinçon primitif,
esteros,
plaia bancha.
Rio Salado.
l'Oceano e giungere lino ad Ancona. Anzi volendo ancora essere più
precisi potremo concludere, dicendo che è forse licito supporre che la
nostra carta sia stata construita tra il 1514 e il 1515. »
) Fac-simile d'une partie de cette carte annexé au présent volume.
2
Elle est conservée dans l'Archivio di Stato, à Florence.
) Carte n° 3 dans le 1 Atlas du Brésil. Original à la Bibliothèque
3
e r
Ambrosiana de Milan.

S 4 QUESTION DE FRONTIÈRES
Carte de Freducci: Carte de Maiollo: Noms modernes:
Rio de la buelta.
Rio fuerte.
las bareras.
las plaias.
Rio poblado.
Chabo rosso.
las aldeas population.
Rio salado Rio salado.
ponta liana.
angla.
terra liana.
aldea.
Rio dulçe Rio dulce L'Essequibo.
Quoiqu'elles aient été faites en Italie, la nomenclature
que présentent ces deux cartes sur toute l'étendue du lit­
toral à l'Ouest de l'embouchure de la Mer Douce est d'ori­
gine sévillane.
On trouve sur ces deux documents non seulement le
Vincent Pinçon primitif, mais encore le Rio Fresco.
Ce dernier était un cours d'eau situé entre la baie de
Maranhão et le Rio Para, tout à fait en dehors de la
Guyane ). L'auteur de la carte portugaise de la Riccar-
1
diana, en supprimant l'Amazone, eut le tort d'avancer jus­
qu'à l'Ouest des montagnes, sur la côte de la Guyane,
ce Rio Fresco, et, immédiatement après, l'auteur anonyme
) D'autres cartes encore le représentent entre l'Amazone et la baie
1
de Maranhão. Exemple : une carte de l'Atlas d'ANGELUS E U F R E D U T I U S ,
d'Ancone, 1556 (Bibliothèque Communale de Mantoue), fac-simile dans
l'Atlas de K R E T S C H M E R .

C A R T E D'OTTOMANO F R E D U C C I
1514 ou 1515 d'après E. CASANOVA.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 85
d'une mappemonde dieppoise ) et PIERRE DESCELIERS le
1
copièrent en plaçant, le premier, un Rio fresco, et, le second,
une Rivière fresche à l'Ouest de ces mêmes montagnes2).
Donc, le primitif et véritable Rio Fresco ne se trou­
vait pas dans la Guyane, et le fleuve de cette région
auquel fut indûment appliqué ce nom, aussitôt adopté par
les cartographes dieppois, n'était pas l'Oyapoc, à l'Est des
montagnes, comme le croyait le Père SOUZA FERREIRA ),
3
dont s'inspire le rédacteur des deux Réponses portugaises
de 1698 et 1699; moins encore pouvait-il être un cours
d'eau plus rapproché de l'Amazone, comme le croit le Mé­
moire de la France ). La dénomination de Rio Fresco
4
1) The Harleian Mappemonde, vers 1543, British Museum, Add .
Mss. 5413.
) Voir dans le
2
Mémoire de la France, T . I, p. 275, la Table V .
Sur les cartes de la Riccardiana (1532), l ' H a r l e i a n (1543?) et celle de
P I E R R E D E S C E L I E R S (1546), de même que sur l'Atlas de Guillaume L E
T E S T U , de 1556, l'Amazone ne figure pas. Sur la carte de D E S C E L I E R S ,
datée de 1550 (n° 9 dans le 1 Atlas du Brésil), on voit déjà l'Amazone,
er
mais ayant à l'Est plusieurs indications qui appartenaient à la côte de la
Guyane, parmi lesquelles les montagnes et la Rivière fresche ou second
Rio Fresco.
) Docs. n° 20
3
(Noticiario Maranhense, de 1685) et n° 24 (America
Abreviada, de 1695), au T . II de cette Réplique.
4) Mémoire de la France, T . I, p. 273. « Or, en 1698, dans l e Mé ­
moire du Gouvernement Portugais rédigé en vue des négociations avec
la France, se rencontre cette remarquable assertion : Que la rivière
Vincent Pinzon est la même que celle que les Portugais ont appelée
parfois Rio Fresco... »
Parlant de la carte de 1550 de DIOGO H o M E M , p. 277 : « L a pre­
mière » (la Rivière de Vicente Pinto ou Vincent Pinçon) « est indiquée

8 6 QUESTION DE FRONTIÈRES
placée à l'Ouest et près des montagnes ne pouvait s'ap-
pliquer qu'à l'Approuague. Il reste ainsi parfaitement prouvé
que ni le premier Rio Fresco, ni le second n'était le Vin­
cent Pinçon du Padron Real de 1536, parce que celui-ci
était un fleuve dont l'embouchure se trouvait à l'Est et
voisine des montagnes; conséquemment, si le Rio Fresco
guyanais, ou second Rio Fresco, était la limite stipulée à
Utrecht, comme le prétend le Mémoire de la France, c'est
à l ' A p p r o u a g u e et non à l'Oyapoc qu'il faudrait établir
la frontière.

Quant au nom de Vincent Pinçon, on vient de voir
que, avant l'année 1536, il fut effectivement attribué par
les Espagnols à deux cours d'eau de la Guyane: d'abord,
à un fleuve à l'Ouest et très éloigné des montagnes ;
ensuite, à un autre plus oriental, à l'Est et tout près de
ces mêmes montagnes,
c'est-à-dire à l'Oyapoc. Voilà ce
qui explique le double Vincent Pinçon de la carte de
DIOGO HOMEM, de 1558: son Rio de Vicente et son Rio de
Vicente Pinto.
La Rivière de Vicente que l'on voit dans la carte de
la Riccardiana, et, dans plusieurs autres cartes portugaises.
entre 1° et demi et 2° de latitude Nord : c'est la position que lui assignent
CABOT et G U T I E R R E Z ; c'est celle qui répond au Rio Fresco des premières
cartes portugaises. L a rivière de Vincent, bien plus reculée à l'Ouest,
se trouve par près de 5° de latitude Nord au milieu d'un groupe de pro­
venance évidemment portugaise » .. .
P a g e 282 : « L e Rio Fresco, que présentent quelques cartes de l'Ecole
portugaise, correspond par sa position au Vincent Pinzon des Espagnols »,
c'est-à-dire, — d'après le Mémoire de la France, — à l'Araguary.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 87
est donc le Vicentianes de FREDUCCI, le Vicente Yanes de
MAIOLLO, c'est-à-dire le Vincent Pinçon primitif. L'auteur
de la carte de la Riccardiana décomposa même en deux
cette ancienne appellation espagnole, en présentant dans
ces parages, presque accolés l'un à l'autre, un Rio de Vi­
cente et un Rio de Aves. Le mot aves (oiseaux) fut écrit
au lieu de Anes, et, comme il arrive souvent en cartographie,
les deux erreurs commises furent reproduites et répétées
pendant une longue série d'années. DESCELIERS accepta le
dédoublement du Rio de Vicenteanes en même temps que
la transposition du Rio Fresco, et, avec son système de
mettre en français les noms espagnols et portugais qu'il
pouvait traduire, il figura sur cette côte une Rivière de
Vincent ayant pour voisine la Rivière des Oyseaux.
Par rapport au Vincent Pinçon primitif et au second
définitivement adopté dans le Padron Real de 1536, les
cartes portugaises du X V I siècle et du commencement du
e
X V I I , citées soit par la France soit par le Brésil, doivent
e
être ainsi classées:
1o Vincent Pinçon primitif: Carte anonyme de la
Riccardiana ; carte anonyme à la Bibl. Nat. de Paris (Réserve,
inv. 2 1 7 ) ; BARTHOLOMEO VELHO, 1 5 6 1 ; LAZARO L U I S , 1 5 6 3 ;
DOMINGOS SANCHES, 1 6 1 8 et ANTONIO SANCHES, 1 6 2 3 .
Vincent Pinçon primitif et second Vincent Pinçon
(l'Oyapoc): DIOGO HOMEM, 1558.
Second et définitif Vincent Pinçon, à l'Est et près
des montagnes (l'Oyapoc): ANDRÉ HOMEM, 1559; DIOGO
HOMEM, 1 5 6 8 ; V A Z DOURADO, 1564, 1568, 1 5 7 0 (?), 1571 et 1 5 8 0 .

8 8 QUESTION DE FRONTIÈRES
V A N LANGREN ( 1 5 9 6 ) et W Y T F L I E T ( 1 5 9 7 ) ) que
1
1'« Exposé
géographique » cite comme s'étant inspirés de V A Z DOU­
RADO ) , ne donnent pas comme lui, le Vincent Pinçon
2
définitif, celui du Padron Real de CHARLES-QUINT, mais le
Atlas du Brésil.
1) Carte s n° 41 et 42 dans l e 1 e r
) L e
2
Mémoire de la France dit très bien (T. I, pp. 280, 281) que
le Vincent Pinçon de la carte de W Y T F L I E T est le même que celui de
la carte de V A N LANGREN (ibidem, pp. 280, 286 et 289), au sujet de
laquelle on lit cette note (p. 286): «Atlas portugais de V A Z DOURADO,
(cartes d'Amérique), vers 1580. Elles ont été publiées dans l'Atlas de
KUNSTMANN, pl. 9. L a carte de LANGREN que nous avons reproduite
(n° 6), d'après l'exemplaire conservé aux Archives du Ministère des
Affaires Etrangères, peut donner une idée de ce tracé, dont elle s'ins­
pire visiblement . . . » Et, page 280: « . . . on y voit» (sur la carte de
V A N LANGREN) « une rivière de Vincent Pinzon serpenter à la même
latitude
que le cap do Norte, mais à 140 lieues d'Espagne vers l'Ouest ».
P a r l'examen des deux cartes de 1580 de V A Z DOURADO (n° 26a et
26b dans le l Atlas du Brésil) et de V A N LANGREN (ibidem, n° 41, et
er
1 Atlas français, n° 6), l'Arbitre pourra voir que, si le tracé est à peu
er
près le même, la nomenclature est très différente, et le Vincent Pinçon
de V A Z DOURADO (l'Oyapoc) n'est pas celui de V A N LANGREN. Voici la
nomenclature sur les deux cartes de V A Z DOURADO: Ilas planosas,
R° Comprido, Cabo baxo, pllaia, R° de Vte pinçô, montanhas, r. della
pllaia, arbolledas, R° della barqua, montanhas, R° sallado, R° verde. pumta,
R° dellaresife, punta dellgada, praia, tera baxa, R° dulce (l'Essequibo).
Voici maintenant la série des noms sur la carte de V A N L A N G R E N :
C. do Norte, R. do pracel, Rio dos Fumos, Atalaya, B. de Canoas, Apra-
celado, B . de Canoas, Rio Apracelado, R. de Monthana (correspondant
au Vincent Pinçon de V A Z DOURADO), R. de Arboledas, Rio de Canoas,
Rio de Caribes, C. de Corientes, Costa brava (Côte du Diable, d'après
d'AVEZAC), Rio de Cacique, Rio de Vinccnte Pinçon, R. de Lagartos,
R. de Ancones, C. de los Farillones, Aldea, C. de Corientes, R. de Ca­
noas, et Rio Dulce (l'Essequibo).

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 8 9
premier Vincent Pinçon guyanais, trop éloigné de l'Ama­
zone. Il est certain que VAN LANGREN déclare avoir con­
sulté «les meilleures cartes hydrographiques portugaises »,
mais il ne cite pas VAZ DOURADO, et il s'est guidé certaine­
ment d'après d'autres documents qui ne nous sont pas par­
venus, sur lesquels le nom Cabo do Norte, en portugais,
figurait déjà, et qui maintenaient la tradition du Vincent
Pinçon primitif. Avant ces deux cartographes, JAN VAN
DOET, se basant sur des cartes du même genre et très
différentes du type VAZ DOURADO, avait déjà donné le Cabo
do Norte et reproduit le Vincent Pinçon primitif, qui,
comme nous l'avons dit, n'était pas l'Oyapoc.
Maintenant, quel était ce Vincent Pinçon primitif, loin de
l'Amazone, — celui des premières cartes de Séville repro­
duites par FREDUCCI et MAIOLLO SOUS le nom de Rivière de
Vicente Yanez, et par plusieurs cartographes portugais sous
celui de Rivière de Vicente ? C'était le même Vincent Pinçon
que celui des cartes de J . VAN DOET, d'ARNOLDUS FLORENTIUS
VAN LANGREN et de CORNELIS W Y T F L I E T , un Vincent Pinçon
qui ne portait pas le signalement des premières montagnes
et qui se trouvait trop loin de l'entrée de l'Amazone pour
pouvoir être identifié avec l'Oyapoc. Ce dernier, sur la
carte de VAN LANGREN, est le Rio de Montanhas; sur celle
de WYTFLIET, il est impossible de le deviner. Dans la carte
de J . VAN DOET, il fut omis, mais on y voit le second Rio
Fresco, ou Approuague, et très loin, vers l'Ouest, la rivière
de Vincent Pinçon après celle de Cacique.
Pour identifier exactement le Vincent Pinçon de VAN
LANGREN et de W Y T F L I E T , qui est le même que celui de

90 QUESTION DE F R O N T I È R E S
J . VAN DOET, nous pouvons avoir recours à D'AVEZAC, qui
fut l'un des plus ardents adversaires du Brésil dans cette
question de limites, et qui s'ingénia même à prouver que
le Vincent Pinçon d'Utrecht était le canal septentrional de
l'Amazone.
Et quel était, pour D'AVEZAC, le Vincent Pinçon des
cartes de VAN LANGREN et de WYTFLIET, c'est-à-dire, celui
du premier Padron sévillan sur lequel se guidèrent F R E -
DUCCI et MAIOLLO?
C'était le Marony*).
* ) D'AVEZAC, Les voyages de Améric Vespuce au compte de l'Es­
pagne, Paris 1858 (Extrait du Bulletin de la Soc. de Géog. de Paris,
sept, et oct. 1858). Page 125 du tirage à part :
« N o u s avions déjà signalé ces cartes comme ayant i m p a t r o n i s é
le nom de VINCENT PINÇON sur le fleuve Marauni, en désignant plus
spécialement celle d'ARNAUD FLORENT VAN LANGEREN, avec celle de
CORNEILLE W Y T F I E L T , comme les plus complètes, et mieux propres dès
lors à une vérification de ce genre. M. DE VARNILAGEN a eu l'intention
aussi de reproduire quelque part la nomenclature de LANGEREN, mais il
s'y est glissé un bouleversement typographique qui la rend méconnaissable.
L e tableau comparatif ci-après, où figurent sur des colonnes parallèles
tous les noms échelonnés du Nord-Ouest au Sud-Est sur la carte de
MERCATOR de 1569 en même temps que sur celle de W Y T F L I E T de 1 5 9 8
ou 1603, et enfin sur celle de LANGEREN de 1619 » (c'est la même planche
de 15%), «avec l'indication des principales synonymies modernes, permet
de juger d'un coup d'oeil toute la question ».
Dans le tableau, à la page suivante, D'AVEZAC fait correspondre le
Marony au Vincent Pinçon de VAN LANGREN et de W Y T F L I E T . Il y pré­
sente, cependant, quelques autres correspondances inacceptables, et y
confond même deux types très différents de cartes : MERCATOR (Vincent
Pinçon du Padron de 1536) et VAN LANGEREN (1 Vincent Pinçon de Sé-
er
ville) ; mais, quant au Vincent Pinçon de VAN LANGEREN et de W Y T F L I E T ,

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 91
Voila enfin le Vincent Pinçon primitif retrouvé: il forme
depuis longtemps la frontière entre les Guyanes Française
et Hollandaise.
Ainsi, sur le terrain choisi dans cette affaire par nos
contradicteurs, qui veulent identifier avec le Rio Fresco
et avec le Vincent Pinçon primitif la frontière stipulée à
Utrecht, et prétendent que les noms anciens et historiques
doivent prévaloir sur le nom moderne d'Oyapoc, généra­
lement connu au moment des négociations de Lisbonne et
d'Utrecht, on arrive forcément aux conclusions suivantes :
Si c'est à l'ancien Rio Fresco guyanais que la limite
d'Utrecht devait être placée, il faudrait l'établir à l'Ap-
prouague, et le territoire français compris entre cette rivière
et la rive gauche de l'Oyapoc reviendrait au Brésil.
Si c'est au Vincent Pinçon primitif qu'il faut l'établir,
notre frontière avancerait dans ce cas jusqu'au Marony, et
ce ne serait plus un lambeau de territoire français, mais la
Guyane Française tout entière qui devrait être incorporée
au Brésil.
son identification avec le Marony est parfaite et c'est le résultat auquel
on ne peut manquer d'arriver après l'étude comparative des nombreux do­
cuments cartographiques réunis pour la première fois dans le procès actuel.

92
QUESTION DE F R O N T I È R E S
V
Il a été nettement établi dans les pages précédentes
que le second Vincent Pinçon guyanais, celui du Padron
Real de CHARLES-QUINT en 1586, était la rivière dont l'em­
bouchure se trouve à l'Est des montagnes les plus orien­
tales du littoral de la Guyane, donc, que ce Vincent Pinçon
est l'Oyapoc situé entre les Montagnes d'Argent et le Cap
d'Orange.
Nous allons maintenant faire la contre-épreuve de
notre démonstration.
Rappelons d'abord à l'Arbitre tout ce que le Mémoire
de la France dit au sujet de l'autorité qui s'attache aux
cartes sorties de la Casa de la Contratacion de Séville*),
et surtout le passage suivant :
« Ces cartes officielles de Séville, émanant des princi­
pales autorités géographiques, reposaient sur un fonds
d'archives. Tant, du moins, que l'institution conserva sa
vigueur, elles furent remaniées d'après des matériaux qui
restaient à la disposition des auteurs et qu'on pouvait
toujours consulter. Si, dans les difficultés sans cesse re­
naissantes des adaptations nouvelles son nom venait à être
dérangé de sa position véritable, il y avait toujours moyen
*) Mémoire de la France, T . I, pp. 245 à 249.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 93
de remédier plus tard, par un recours direct aux sources,
à une erreur temporaire ».
Eh bien, nous présentons, dans l'Atlas annexé à cette
Réplique (Carte n° 14), un document décisif, émané de la
Casa de la Contratacion de Séville. C'est la feuille de
la Guyane faisant partie de la grande carte marine des
Indes Occidentales, construite en 1 6 5 5 par SEBASTIAN DE
RUESTA, ancien pilote de Terre-Ferme ), cosmographe de
1
cet établissement, frère du Piloto-Mayor FRANCISCO DE
RUESTA.
La carte porte le titre et les déclarations suivantes,
dont l'Arbitre et le Gouvernement Français apprécieront
toute l'importance ):
2
« Carte Nautique, de la Mer, des Côtes et des Iles des
Indes Occidentales, Corrigée par SEBASTIAN DE RUESTA,
natif de la ville de Saragosse, Cosmographe, Fabricant
) Tierra Firme, ancienne dénomination espagnole s'appliquant non
1
seulement au Vénézuéla actuel, mais encore à la Guyane, qui faisait partie
du Gouvernement Espagnol de la Nouvelle Andalousie.
) Texte espagnol :
2
« Carta Navtica del Mar, Costas, y Islas de las Yndias Occidentales,
Emendada por SEBASTIAN DE R U E S T A , natural de la Ciudad de Çaragoça,
Cosmographo, Fabricador de ynstrumentos Matematicos por Su M , en
a
la Casa de la Contractacion de la Ciudad de Sevilla, Adjustada de
diferentes papeles y Noticias de Pilotos practicos y versados en aquellas
Costas. Examinada, Corregida, y Consultada por los Señores Presidente
y Jueces de la dicha Casa de Contratacion, siendo su Presidente el
Señor Don P E D R O NIÑO DE GUSMAN, CONDE D E V I L L A UMBROSA, Y
C A S T R O NUOVO, MARQUÉS DE QUINTANA, del Consejo de Castilla, Assistente
y M de Campo Geñal de la dicha Ciudad de Sevilla. »
E

9 4 QUESTION DE FRONTIÈRES
d'instruments mathématiques, nommé par Sa Majesté, à la
Casa de la Contratacion de la ville de Séville, dressée
d'après plusieurs documents et renseignements de Pilotes
expérimentés et ayant fréquenté ces côtes. Examinée,
corrigée et consultée par Messieurs le Président et les
Juges de la susdite Casa de Contratacion, sous la prési­
dence du Seigneur Don PEDRO NIÑO DE GUSMAN, COMTE DE
V I L L A UMBROSA Y CASTRO NUEVO, MARQUIS DE QUINTANA,
membre du Conseil de Castille, Corrégidor ) et Maréchal
1
de Camp de ladite ville de Séville. »
Dans l'Atlas annexé, la date de 1660 fut attribuée à
cette carte, mais des documents arrivés récemment de
Séville nous permettent de rétablir la date exacte. L a carte
marine de SEBASTIAN DE RUESTA fut construite en 1654, sou­
mise à un minutieux examen, corrigée dans certaines parties,
et approuvée par la Casa de la Contratacion ainsi que par
le Conseil des Indes au nom du Roi en 1665 ) .
2
) L e Corrégidor de la ville de Séville portait le titre d'« Assistente
1
de Sevilla».
) Documents sur SEBASTIAN D E R U E S T A et sa carte :
2
Décret royal (Real Cedula), en date du 3 0 juin 1652, qui le nomme
Cosmographe et Fabricant d'instruments mathématiques à la Casa de la
Contratacion de Séville, pour succéder à J . DE H E R R E R A Y AGUILAR,
décédé (Archives des Indes, Séville, 4 6 . 4 . 2/31).
Procès-verbal de la prise de possession de l'emploi, après le serment
d'usage, le 4 septembre 1 6 5 2 (ibidem, 16. 6. 144/8, n° 8 ) .
Documents relatifs à l'examen de sa carte (ibidem, 16. 6 . 144/8, n° 8 ) .
Décret Royal, du 3 juillet 1 6 5 7 , accordant à Doña ISABEL CORREA,
femme de SEBASTIAN DE R U E S T A , une pension dans le cas où elle devien­
drait veuve (ibidem, 4 6 . 4 . 2/31).
S É B A S T I E N D E R U E S T A mourut en 1 6 7 4 .

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 9 5
Le Rapport des huit pilotes désignés pour l'examiner,
daté de Séville le 29 juillet 1655 et adressé au Président
de la Casa de la Contratacion, se terminait ainsi ) :
l
« Telle est, Monsieur, l'exacte vérité, car en matière
aussi grave nous devions agir selon son importance, et
nous devons déclarer à l'autorité de Votre Seigneurie que
nous entendons qu'il convient de permettre l'impression de
cette carte et que ce sera un service rendu à S a Majesté
et un bien pour ces Royaumes, parce qu'elle a toute l'exac­
titude requise pour la sûreté de la navigation ; c'est pourquoi
on ne peut ni empêcher ni différer un bien public si grand
et si généralement désiré, et que Votre Seigneurie, le
) Texte espagnol:
1
«Esta es, Señor, la verdad ajustada que en materia tan grande
devenios tratar por la importancia della y por declarada a la authoridad
de V . S. con que sentimos que se deve permitir la ympression desta carta,
y que será mucho servicio de Su Mag y bien de estos Reynos porque
d
está con todo el ajustamiento que se requiere para el acierto de la nave­
gacion sin que se pueda impedir ni aun dilatar mas un bien tan publico
y tan generalmente deseado, que se le deven dar muchas gracias al
Cosmographo que ha hecho esta Carta por V . S y por el comercio
a
de esta ciudad y Universidad de los mareantes; y aseguramos con toda
certeza a V . S. que quantos Pilotos entendidos en la navegacion la vieren,
diran lo mismo, y somos testigos que muchos que la an visto (que al pre­
sente no estan en esta ciudad) nos han dicho della lo mismo que referi­
mos á V . S Este es nuestro parecer: V . S con su acostumbrado zelo,
a
a
resolverá lo que mas convenga. — Fecho en Sevilla a veintinueve de
Julio de mil y seiscientos y cinquenta y cinco. — G A B R I E L DE BARRIOS.
— DOMINGO R O D R Í G U E Z . — J U A N B A U T I S T A D E ESCOBEDO. — ANTONIO
FRANCISCO. — DOMINGO D E B R A N A . — ANTONIO D E A C O S T A . — F R A N ­
CISCO ANDINO. — V E N T U R A B E N E I R O . »

96 QUESTION DE FRONTIÈRES
commerce de cette ville et l'Université Maritime doivent
bien des remercîments au Cosmographe qui a fait cette
carte ; nous déclarons donc à Votre Seigneurie en pleine
connaissance de cause, que tous les pilotes expérimentés qui
la verront diront la même chose, et nous donnons témoignage
que plusieurs qui l'ont vue (qui ne se trouvent pas dans
cette ville en ce moment) nous en ont dit ce que nous rap­
portons à Votre Seigneurie. Voilà notre opinion. Vôtre
Seigneurie résoudra avec son zèle accoutumé ce qui sera
pour le mieux. »
En date du 9 août 1655, l'Université maritime de Séville
(Universidad de Mareantes) adressa, au sujet de cette carte,
la demande suivante à la Casa de la Contratacion l) :
) Texte espagnol:
1
« E l Capitan J U A N B A U T I S T A D E E S C O B E D O , Piloto de la Carrera de
las Indias y Diputado de la Universidad de los mareantes de esta Ciu­
dad; en nombre della : Digo, que a noticia de la dicha Universidad a
llegado que SEBASTIAN DE R U E S T A , Cosmographo de esta Cassa, a hecho
una Carta de marear, y abierto Plancha para su ympression, la qual
tiene presentada a V". S para que mande dar licencia para imprimirla;
A
Y porque la dicha Universidad esta informada de los Capitanes G A B R I E L
DE B A R R I O S , DOMINGO RODRÍGUEZ, V E N T U R A V E N E R O , y otros muchos
Pilotos de los mas practicos y versados en la dicha navegacion, que la
dicha Carta está muy bien hecha y ajustada; y es muy del servicio
de Dios, y de S u Mag , y en conocido bien y utilidad de la dicha Uni­
d
versidad y de estos Reynos, el que la dicha Carta se imprima, para que
con esto aya cantidad de ellas para que puedan usar todos los Pilotos de
esta Carta como la mas corregida y ajustada» (comme étant la plus
correcte et la plus exacte), « y se excusen los graves inconvenientes que
resultan de usar de cartas extrangeras de las quales se an hallado obli­
gados a usar hasta aora, aunque padecen errores por no haver havido

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 97
«Le capitaine JUAN BAUTISTA DE ESCOBEDO, Pilote de
la Carrière des Indes et Député de l'Université maritime
de cette ville, au nom de celle-ci: J e dis qu'il est arrivé
à la connaissance de ladite Université que SEBASTIAN DE
RUESTA, Cosmographe de cette Casa, a fait une carte marine,
qu'il l'a gravée pour être imprimée et qu'il en a présenté la
planche à Votre Seigneurie pour qu'elle en autorise l'im­
pression ; et parce que ladite Université a été informée par
les Capitaines GABRIEL DE BARRIOS, DOMINGO RODRIGUEZ,
VENTURA VENERO, et par plusieurs autres Pilotes des plus
expérimentés et versés en ladite navigation, que ladite carte
est très bien faite et exacte ; et que ce sera un bien pour le
service de Dieu et de S a Majesté et un bienfait reconnu et de
grande utilité pour cette Université et pour le Royaume que
ladite carte soit imprimée, afin qu'on en ait ainsi une assez
grande quantité pour que tous les Pilotes puissent se servir
de cette carte comme de la plus complète et exacte, en vue
d'éviter les graves inconvénients résultant de l'usage des
cartes étrangères dont ils ont été obligés de se servir
jusqu'à présent, quoiqu'elles contiennent des erreurs, cette
Casa n'ayant pas eu de Cosmographe qui ait fait une carte
en esta Cassa Cosmographo que tenga ajustada Carta de que pueda dar
numero bastante como al presente se podrá ymprimiendose la que ha
hecho SEBASTIAN DE R U E S T A : Portanto, A V . S pido y suplico, por la
A
dicha Universidad, mande que quanto antes se imprima la dicha Carta,
para que cesen los inconvenientes referidos y se executen las navega­
ciones con el acierto que conviene, en que la Universidad recivira la
merced que espera de V . S con justicia que pide &c. — JUAN BAUTISTA
A
D E E S C O B E D O . »
Répl. du Brésil. T. I . 7
E R

9 8 QUESTION DE FRONTIÈRES
exacte dont on puisse fournir un nombre suffisant, comme
on le pourra maintenant en faisant imprimer celle de
SEBASTIAN DE RUESTA : J e prie donc instamment Votre
Seigneurie, au nom de ladite Université, d'ordonner que
ladite carte soit immédiatement imprimée, pour mettre fin
aux inconvénients mentionnés, de manière que les navigations
soient faites avec la sûreté qu'il convient, en quoi l'Université
recevra de Votre Seigneurie la grâce qu'elle espère jus­
tement, etc. JUAN BAUTISTA DE ESCOBEDO. »
Le Procureur du Roi (Fiscal de S. M.) auprès du Tri­
bunal Royal de Séville (Real Audiencia) donna un avis
favorable à l'impression de la carte, comme le montrent
les passages suivants de son Rapport ) :
1
« Le Procureur (Fiscal) de Sa Majesté à cette Au­
dience Royale, dans la cause relative à l'approbation
accordée à la Carte marine que le Cosmographe SEBASTIAN
DE RUESTA désire publier, dit que Votr e Seigneurie doit
daigner déclarer que cette Carte est exacte et est conforme
aux règles et aux conditions auxquelles elle doit satisfaire
) Texte espagnol:
1
«El Fiscal de S . M. en esta Real Audiencia, en la causa sobre la
aprobacion hecha de la Carta de marear que pretende sacar a luz el
Cosmographo SEBASTIAN D E R U E S T A , dice que V S se ade servir de
A
A
declarar estar ajustada y conforme a las Reglas y preceptos que deve
tener para que corra y se communique en estos Reynos a todos los que
las usan Pide y suplica a V S declare por buenas la dicha
A
A
Carta y estar conforme al Padron de esta Casa y a las observaciones
hechas por los Pilotos que la han visto y aprovado, para que sin mas
dilacion obtenga las licencias necesarias el Cosmographo S E B A S T I A N D E
R U E S T A , para que la pueda imprimir »

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 99
pour qu'elle ait cours en ces Royaumes et pour qu'elle
puisse être communiquée à tous ceux qui s'en servent . . .
Il prie instamment Votre Seigneurie de déclarer que ladite
Carte est bonne et qu'elle se trouve d'accord avec le
Padron de ce Département (Casa) et avec les observations
faites par les Pilotes qui l'ont vue et approuvée, afin que
SEBASTIAN DE RUESTA obtienne sans plus de retard les
licences nécessaires pour qu'il puisse l'imprimer. »
Enfin, le Conseil des Indes, après examen de toutes
les pièces, ratifia l'approbation donnée par la Casa de
la Contratacion, et autorisa l'impression immédiate de la
carte. La lettre de communication de cet arrêté du Conseil,
adressée au Président et aux Juges de la Casa de la Con­
tratacion
(Presidente y Jueces oficiales), est datée de Ma­
drid le 1 4 Septembre 1655 et signée par le secrétaire du
Conseil, JUAN-BAUTISTA SAENZ NAVARRETE. NOUS y relevons
le passage suivant ):
1
« . . . Et ayant été vu (le dossier) par ce Conseil, il
a été résolu que je dise à Votre Seigneurie et à ces
Messieurs, comme je le fais, qu'on accorde à SEBASTIAN-
DE RUESTA la permission d'imprimer la Carte marine qu'il
) « . . . Y aviendose visto en el Consejo se ha acordado diga a
1
V . S y a esos Señores como lo hago que se concede la lizencia al
a
dicho SEBASTIAN D E R U E S T A para imprimir la Carta de marear que ha
hecho en la forma que se propone, y que V . S y el Señor Presidente
a
le dé las gracias de lo que ha trabajado en ella asegurandole la
estimacion que ha hecho el Consejo del cuidado y aplicacion que ha
puesto para conseguirlo de cuto servicio se tendrá memoria para lo
que se ofreciese de sus aumentos.»

100 QUESTION DE FRONTIÈRES
a faite de la manière proposée, et que Votre Seigneurie
et Monsieur le Président le remercient de ses labeurs, en
l'assurant de l'estime du Conseil pour les soins et l'appli­
cation qu'il a mis dans le but d'arriver à la faire, service
dont on gardera mémoire pour lui donner de l'avancement
lorsque l'occasion s'en présentera. »
Ajoutons qu'un décret (Cédula Real), daté de Madrid
le 10 Octobre 1655, signé par PHILIPPE I V et contresigné
par SAENS NAVARRETE, affecta certaines recettes de la Casa
de la Contratacion, prises des deniers de la « Contaduria
de Averias », au paiement de l'indemnité due à SEBASTIAN
DE RUESTA ainsi qu'aux frais de la gravure et du tirage
de la carte, parce qu'il convenait qu'une « œuvre aussi
importante » fut publiée ).
1
L'original de cette carte marine de SEBASTIAN DE RUESTA
paraît être perdu; du moins les plus minutieuses recherches
faites en Espagne pour la retrouver sont-elles restées infruc­
tueuses. Deux exemplaires tirés sur parchemin furent, ce­
pendant, encadrés, l'un d'eux ayant été placé dans la salle
des séances de la Casa de la Contratacion, l'autre confié à
la garde du Piloto-Mayor. Mais aux Archives des Indes, à
Séville, où se trouvent réunis les documents de l'ancienne
Casa de la Contratacion, qui purent être sauvés, il n'existe
plus aujourd'hui une seule carte. Un exemplaire qui faisait
partie de la. bibliothèque du COMTE DE VILLA HUMBROSA
n'a pu être retrouvé, cette collection ayant été dispersée
) « . . . y considerando quan justo es darle satisfacion,
1
y que salga
a lus cosa tan importante para el govierno de los Pilotos y mareantes... »

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 0 1
depuis longtemps en vente publique ). L e seul qu'il nous
1
ait été possible de voir est une copie hollandaise contem­
poraine, conservée au British Museum ). L a lecture des
2
Rapports du Piloto-Mayor et des pilotes nommés pour
examiner la carte en question permet d'affirmer que la
copie hollandaise respecte scrupuleusement l'original, car
même les noms écrits en double par SEBASTIAN DE RUESTA
s'y retrouvent comme dans la carte primitive ). Un seul
3
changement fut ordonné, en 1655. dans la feuille qui nous
intéresse : au lieu de Tierra Abajo, clans la Guyane, il fallut
mettre Tierra baja. Tous les autres noms furent maintenus
à leur place et aucun ne fut ajouté.
En étudiant ce document, on constate que le tracé des
côtes de la Guyane y est à peu près le même que celui
) L e C O M T E DE V I L L A HUMBROSA fut Président de la Casa de
1
Contratacion depuis le 15 Novembre 1654 jusqu'au 19 Décembre 1662.
L'exemplaire de sa collection portait, d'après le Catalogue imprimé, le
titre suivant :
« Carta Nautica del Mar, Costas y Islas de las Indias Occidentales,
Compuesta y enmendada» (composée et corrigée) «por SEBASTIAN D E
RUESTA, Examinada y corrigida» (examinée et corrigée) «por el Ecelen-
tissimo Señor Don P E D R O NUNEZ DE GUZMAN, CONDE DE V I L L A U M B R O S A ,
MARQUÉS DE M O N T E - A L E G R E siendo Assistente de Sevilla, y Presidente
;
de la Casa de Contratacion, y con licencia del Ecelentisimo Señor
CONDE DE PEÑARANDA, siendo Presidente de Indias. »
) Add. Ms. 5027 A., 22-25.
2
Catalogue of the Manuscripts in the
S p a n i s h language in the British Museum by DON PASCUAL DE
GAYANGOS, London : Printed by order of the Trustees, 1877, T . II,
pp. 468-469.
) C. de S . Roque, C. Aplacelado, I. Ottoman, C. Nassau.
3

102 QUESTION DE FRONTIÈRES
de la carte hollandaise de J . DE LAET (n° 60 dans le 1er
Atlas du Brésil) et que la Casa de la Contratacion, tout
en maintenant quelques noms ratifiés ou établis par le
Padron Real de 1536, en avait déjà adopté plusieurs
autres introduits et vulgarisés par les Anglais et les Hol­
landais depuis 1596.
Sur la côte, de l'île de la Trinidad jusqu'à l'Amazone,
les légendes se suivent ainsi:
R. de Orinoco, l'ancien Huyapary du Padron de 1536;
Aratori (Arature) et Amacora, affluents du delta de l'Oré-
noque; Barima, la pointe orientale des bouches de ce
fleuve ; Véni, le Waini ou Guayma ; le Moruga ; P Auroma
ta
et Cap Nassau; R. Demerara et I. Ottoman ); Marateka
1
et Copanama ); Cabo de Ancon; Tierra Abajo; Rio de
2
Montañas; R. de Arboledas ; R. Verde; I. de los Diablos );
3
R. de Canoas; BA de Bicente Pinçon; C. de Orange;
Costa de Medanos; R. de Mucaracos; C de Norte; et R.
de las Amazonas.
Ra carte ne donne pas les noms d'un grand nombre
de rivières dont les embouchures se trouvent découpées
sur la côte. Le nom du Marony et celui de Rivière de
Vincent Pinçon n'y figurent pas, mais à l'Ouest et à côté
du Cap d'Orange, en toutes lettres, on voit la Baie de
Vincent Pinçon, d'après la Casa de la Contratacion de
1) I. Ottonici dans la Cart e de L A E T : presqu'île entre l'Essequibo
et le Demerara.
) Carte de L A E T .
2
) Traduction de
3
Duyvels Eylanden, carte de L A E T .

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 103
Séville, dont les cartes, comme le déclare le Mémoire de
la France, sont les seules qui puissent faire foi au sujet
de la nomenclature espagnole appliquée aux côtes de la
Guyane.
Le Vincent Pinçon définitif, celui de l'Ecole de Séville,
reste désormais parfaitement identifié avec l'Oyapoc, ayant
à l'Ouest de son embouchure, sur le Padron Real de
CHARLES-QUINT, construit en 1 5 3 6 par ALONZO DE CHAVES,
la marque des Montagnes, et à l'Est, sur la carte marine
de SEBASTIAN DE RUESTA, approuvée en 1 6 5 5 par PHILIPPE IV,
le signalement du Cap d'Orange, qui ne peut non plus
donner lieu à aucune équivoque. Faisons remarquer, en
passant, que PHILIPPE I V d'Espagne est le même souverain
qui créa, par Lettres Patentes du 1 4 Juin 1637, la Capitai­
nerie du Cap du Nord,
et qui l'annexa au Brésil, en signi­
fiant très clairement, dans cette pièce, que la Rivière de
Vincent Pinçon, au Nord du Cap du Nord, formerait la
limite septentrionale de la nouvelle Capitainerie, et qu'une
étendue de côte maritime d'environ 40 lieues,
de Portugal
et d'Espagne, — soit 45,7 lieues marines, — séparait du
Cap du Nord la rivière désignée. La même délimitation
fut reproduite par ce Roi d'Espagne et de Portugal dans
d'autres Lettres Patentes en date du 2 6 Octobre 1637 et
du 1 5 Mars 1 6 3 9 (voir au Tome II le n° 8 ) .
La carte de SEBASTIAN DE RUESTA est donc un docu­
ment doublement précieux dans notre cause, car, comparé
au Padron Real de 1536, ce document sert non seulement
à identifier avec l'Oyapoc, d'une manière irréfutable, le
Vincent Pinçon de CHARLES-QUINT et de PHILIPPE IV, mais

1 0 4 QUESTION DE FRONTIÈRES
encore à montrer que le Cap du Nord de la concession
de 1637 n'était pas la pointe de Macapá, comme le prétend
le Mémoire de la France.
Nous pouvons maintenant en toute sûreté soumettre à
l'examen de l'Arbitre le Tableau ci-joint, n° 2, dans lequel
on voit la correspondance exacte des noms géographiques
sur les principales cartes du X V I et du X V I I siècles, pré­
E
E
sentant le second et définitif Vincent Pinçon, ou Oyapoc,
de la Casa de la Contratacion de Séville, car le premier
Vincent Pinçon guyanais, celui de l'Ecole sévillane pri­
mitive, par lequel le Mémoire de la France voudrait établir
la frontière, était le Marony, comme nous l'avons prouvé,
et comme l'avait dit avant nous D'AVEZAC.
Les cartes comparées dans le Tableau ci-joint sont
celles de Turin (1523), de DIOGO RIBEIRO (1529), ALONZO DE
CHAVES ( 1 5 3 6 ) , SÉBASTIEN CABOT ( 1 5 4 4 ) , DIEGO GUTIERREZ
( 1 5 5 0 ) , GERARD MERCATOR ( 1 5 6 9 ) , V A Z DOURADO ( 1 5 7 1 ) et
SEBASTIAN DE RUESTA ( 1 6 5 5 ) . Ce tableau complète le pré­
cédent dans lequel se trouve la nomenclature des cartes
portugaises de DIOGO HOMEM (1558 et 1568) et d'ANDRÉ
HOMEM ( 1 5 5 9 ) , présentant le Vincent Pinçon définitiv, d'après
la Casa de la Contratacion, à l'Est et tout près des Mon­
tagnes.

Le Père SAMUEL FRITZ dans ses cartes de 1691 et 1707*)
ne s'est donc pas laissé abuser par les Portugais de
Pará, comme on l'a donné à entendre. Dévoué, ainsi qu'il
le fut toujours, aux intérêts de l'Espagne, il désigne
*) N° 86 dans le 1 Atlas du Brésil.
er

T A B L E A U № II.
É T U D E C O M P A R A T I V E D E L A N O M E N C L A T U R E G É O G R A P H I Q U E E N G U Y A N E S U R P L U S I E U R S C A R T E S D E L ' É C O L E D E S É V I L L E
ou inspirées d'elle, parmi lesquelles le „Padron Real" de C H A R L E S - Q U I N T (1536), et la carte marine de 1655,
corrigée et approuvée par le Président et les Juges de la ,Casa de la Contratacion" de Séville, ainsi que par le Conseil des Indes au nom de P H I L I P P E IV.
T U R I N
D I E G O R I B E R O
A L O N Z O D E C H A V E S
S É B A S T I E N C A B O T
D I E G O G U T I E R R E Z
G E R A R D M E R C A T O R
V A Z D O U R A D O
S E B A S T I A N D E R U E S T A
A r c h
Bibl. R
Bibl. Gr. D u c
(d'après le texte
Dépôt de la Marine, B i b l
l e de
Bibl. Nat. de Paris
s de Paris, Breslau
s Rles de Torre do
British Museum
1e de Turin
Weimar
D ' O V I E D O )
Paris
et Bâle
Tombo, Lisbonne
1523
1 5 4 4
1 6 5 5
1 5 2 9
1 5 3 6
1 5 5 0
1 5 6 9
1571
R. Baxo . . .
Camari
R. Huyapari
R. de Huyapari.
R. Auiapari R. de Tinapari
R. de Orinoco
Monte espeço
Anegados
Cap Anegado I. de la
P Anegoda
(l'île de la Trinidad, Caribes
I. de la Trinidad
t a
la Trinidad
Trinidad
mais non nommée)
Aratori
Mar duce
I. de la palmar La Trenidad
C. Raso La Trenida
C. Raso
P Anegada Il
t a
a Trini-
Trinidad.
C. Razo dade
R. Amacora
Almadrona
R . Salado
R . Salado . .
R . de Sala
R. Salado
R. Salado
Barima
aldea
Rio Seco
R . de Canoas
R . de Canoas
R. de Canoas
R. de Canoas
Véni.
furna
P Auroma
ta
montes
costa fragoza
C. de prazel
Mòte espesso
Monte espeço
Montespeço
Monte espeço
Monte espeso
C. Nassau
Rio Duce
R. Dulce . . .
R. Dulce . . .
R. Duce .
R. Duce . .
R. Dulce. .
R. Dulce
R . Demerara
arboleda
I. Ottoman
la praya
Tierra llana . .
Tierra llana
terra llana
trra. llana . . .
terra llana . . .
terra baixa
Arenas
P. baxa
Playa . . . .
p boxa
Punta Baxa
praia
Marateka
ta
R. da Volta . . . .
R . de la barca
R . della barca,
R . de la Barca
R . de la Barca
baya cerada
playa
palmas secas
R . del Placel
R . de Placel. .
Copanama (R.)
ponta de gahas
arboredo
Ancon
P delgada .
Cabo de Ancon
ta
las necas
Arecifes.
Arrecife.
los farallones
R . del arecife
Arenas
Tierra Abajo
R. de las Palmas.
R. Verde
R . Verde
R . Verde
R . (Verde?)
R. Verde
R . Verde
playa
playa
Furna
palmas
P llana
ta
turna
R. Salado
R . Salado
R . Salado
R . Salado
R . Salado . . . .
R. de Montañas
Arbuledas
Playa . . .
Playa
Montañas
R . de la Barqua
R . da tanca . . . .
R . B a x o . .
R . B a x o . .
R . Baxo
R . de l'Aldea
R . de la Barca
Arboledas . . . .
R. de Arboledas
palmas
Aldea . . .
Aldea . . .
Acaraqueini (?
Aldea de Arboledas
C. de la plaia
R. Verde
pota llana
C. Blanco
Isla de los Diablos
furna
f u r n a . . . .
Furna
Furna
R. de Canoas
R . de Canoas
Montanhas
Motas
Montañas.
Montañas
Montaguas
R. de Vicete Pinço
Ba de Biçente Pinçon
Rio de Vicetianes
R . Baxo .
Rio de Vicente Pinçon
Rio de Vincenanes R. de Vny. ann. pinçon R. de Vicente Pinçon
Costa de Palma
C. B a x o .
C. de Orange
Playa de baxos
P del Placel
ta
R . Comprido
Costa de Medanos
R . de la Buelta.
R. de la Vuelta . . .
llas Planosas
L a s planosas.
R. de las Planosas.
R. de Mucaracos
Aldea
R. de Aldea
Furna grande
R. de la Furna
C. de Norte
C. Bianco
C. Blanco
C. Corso
C. Blanco
Costa de laxas
Costa de laxas
R . de Arboledas
Arboledo
R. de las Arboledas
Visto no mas de fondo R . de Pascua
R . de Pascua
Visto de lexo
Visto de lexos
R. de Conitaluna
Costa de Paricura . . . Costa de Paricura
Rio de los Esclavos
(Grand fleuve non nommé:
incontestablement le PARI-
M A R A N O N F L U V I U S
R I O DAS AMAZONAS
R. D E LAS AMAZONAS
MARANON
MARANON
Rio D E LAS AMAZONAS Rio G R A N D E D E LAS
CURA ou MARANON. « Ce nom
AMAZONAS.
A M A Z O N E S .
— Costa de Paricura — équi­
« Le fleuve de Maranon est
« Embouchure qu'on a ap­
descubrio FRANCESCO D E
«Le fleuve Maranon a été
vaut à un signalement », dit très grand ; les navires y en­
pelée jadis Mar Dulce . . . . ORELLANA
découvert par VINCENT YANEZ
très bien le 1 Mémoire fran­
trent par l'eau douce, et ils je lui ai entendu dire (à V I N ­
ER
PINÇON en l'année 1499, et il
çais, T . I, p. 250.)
trouvent de l'eau douce 20 CENT YANEZ PINÇON) qu'il
lieues en mer» (légende dans l'avait découverte l'an 1500,
a été parcouru en l'année 1542
la carte n ° . . dans le I Atlas et qu'IL avait puisé de l'eau
par FRANÇOIS ORELLANA dans
ER
du Brésil).
douce dans la mer, a 30
l'espace de 8 mois, pendant
lieues de l'embouchure de ce
1660 lieues, presque depuis
fleuve. » OVIEDO, Liv.-chap.
sa source jusqu'à son em­
III ; Voir T . Il de ce 2 Mé­
me
bouchure; il garde ses eaux
moire, n° I , p. 5.
douces jusqu'à 40 lieues en
mer
» (légende dans la carte).

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 0 5
l'Oyapoc par le nom de Vincent Pinçon parce qu'il l'a trouvé
ainsi désigné sur les cartes officielles de Séville.
Aux nombreux documents cartographiques antérieurs
au Traité d'Utrecht qui tous placent le nom de Vincent
Pinçon soit au Marony, soit à l'Oyapoc, — des centaines
de cartes, pour la plupart imprimées et ayant eu plusieurs
éditions, — la France ne peut nous opposer que les seules
cartes de l'Arcano del Mare de DUDLEY, paru en 1648 ),
1
et celle de DE L'ISLE, publiée en 1703 ).
2
Les trois cartes de l'Arcano del Mare sont, en réalité,
les seules, avant le Traité d'Utrecht, présentant l'Oyapoc
(Wiapoc) au Cap d'Orange (C. Cecil), en même temps
qu'une Rivière et une Baie de Vincent Pinçon situées entre
ce cap et celui auquel la plupart des géographes modernes
ont attribué l'ancien nom de Cap du Nord. D E L'ISLE,
s'inspirant de DUDLEY, se borna à mettre au même endroit
une Baie de Vincent Pinçon.
A la citation de ces deux prétendues autorités ), nous
3
répondrons que DUDLEY et DE L'ISLE ne sont que deux contre
des centaines de géographes et de cartographes, depuis
CHAVES et OVIEDO, en 1536 et 1548, jusqu'à SAMUEL FRITZ
en 1691 et 1707, qui donnent le nom de Vincent Pinçon à
l'Oyapoc ; que DUDLEY et DE L'ISLE n'avaient pas, pour faire
de pareilles innovations, l'autorité que seule, d'après le
Mémoire de la France, possédait la Casa de la Contratacion
) Ibidem, n 69, 70 et 71.
1
o s
) Ibidem, n° 89.
2
3) Mémoire de la France, T . I, pp. 292 à 294, et 317 à 319.

106 QUESTION DE FRONTIÈRES
de Séville, et que. en 1655 encore, sept ans après la publi­
cation de l'Atlas de DUDLEY, cet établissement confirma,
par la carte de RUESTA, l'identification des noms Oyapoc
et Vincent Pinçon, appliqués tous les deux à la rivière et
à la baie situées entre le Cap d'Orange et les Montagnes
d'Argent. Nous ajouterons que DUDLEY et DE L'ISLE se sont
trompés, de l'avis même du Gouvernement Français, car
en réclamant de l'Arbitre la limite de l'Araguary, au Sud
du Cap du Nord, comme étant le vrai Vincent Pinçon, il
reconnaît implicitement que ces deux cartographes ont
figuré au Nord du Cap du Nord une fausse baie et une
fausse rivière de Vincent Pinçon ).
1
On nous oppose encore des Portugais qui, avant le
Traité d'Utrecht, clans leurs écrits ou dans leurs cartes,
auraient placé le Vincent Pinçon soit immédiatement au
) D U D L E Y n'a jamais visité l'Amazone, ni les côtes de la Guyane à
1
l'Est de l'Orénoque. Voir The voyage of Sir R O B E R T DUDDELEY to the
yte of Trinidad and the coast of Paria : with his retourne homeward....
Anno 1594 and 1595, in HAKLUYT' S Collection of the early voyages,
travels, and discoveries of the English Nation. A new edition, with
additions. Londres 1811. T . IV, pp. 56 à 61.
L e capitaine ABRAHAM KENDAL, que DUDLEY cite comme étant
l'auteur d'un des portulans de l'Atlas, l'accompagna dans cette expédition
et ensuite fit partie de celle de D R A K E . Il mourut en voyage, entre l'île
Escudo et Puerto Bello, le même jour que ce dernier (28 Janvier 1596).
L'expédition de D R A K E , non plus, n'a touché aucun point de l'estuaire
de l'Amazone ou des côtes de la Guyane. Voir dans la Collection
d'HAKLUYT, même tome, pp. 6b à 75, The voyage truely discursed,
made by S I R F R A N C I S D R A K E , and S I R JOH N H A W K I N S . . . (mort de
K E N D A L L , p. 73).

BRÉSIL E T GUYANE FRANÇAISE 1 0 7
Nord du Cap du Nord, soit par la latitude de l'Araguary
et même par celle de Macapá.
Ce sont:
Le célèbre mathématicien et astronome PEDRO NUNES,
mort en 1577, et le chroniqueur brésilien VICENTE DO SAL­
VADOR (1627), qui donnent pour limite septentrionale au
Brésil le «Port de Vincent Pinçon», par 2 ° de latitude
Nord ) ;
l
GABRIEL SOARES DE SOUZA, en 1587, lequel plaçait le
Vincent Pinçon à 1 5 lieues du Cap Corso, ou du Nord,
et ce cap sous la ligne équinoxiale ) ;
2
SIMÃO ESTACIO DA SYLVEIRA, qui, en 1624, attribuait à
l'embouchure de cette même rivière la latitude de 2 ° Nord );
3
JOÃO TEIXEIRA, le plus ancien des cosmographes de ce
nom, qui, dans sa carte de 1627, déclare que le Brésil
1) Mémoire de la France, T . I, pp. 279 , 291 , 299 , 300 , 3 0 5 et 3 3 8
VICENTE DO SALVADOR, Historia do Brasil, Ms. de 1627, publié à Rio
de Janeiro en 1 8 8 8 , p. 9 . L e Roteiro do Brasil par PEDRO NUNES, OÙ se
trouverait le passage cité, est un ouvrage dont on ne connaît depuis long­
temps aucun exemplaire.
) Cité dans le
2
Mémoire de la France, pp. 279, 299, 300 et 305. Roteiro
do Brasil, publié dans la Rev. de l'Institut Hist. et Géog. du Brésil,
T . XLV, pp. 1 8 et 19. Passage cité : « De cette rivière de Vincent Pinson
à la pointe du fleuve des Amazones qu'on appelle Cap Corso, il y a quinze
lieues, laquelle pointe est sous la ligne équinoxiale.» («D'este rio de Vi-
cente Pinson a ponta do rio das Amazonas a que chamam o Cabo Corso,
são quinze leguas, a qual ponta esta debaixo da linha equinocial. »)
) C'est dans la
3
Rclação Summaria das Cousas do Maranhão,
imprimée à Lisbonne en 1624, que se trouve le passage cité par le Mé­
moire de la France, T . I, pp. 3 1 9 et 3 3 8 .

108 QUESTION DE FRONTIÈRES
commence au Rio P a r a ) et dans une autre de 1 6 4 0 donne
1
le Vincent Pinçon près du Cap du Nord ).
2
FRANCISCO TEIXEIRA DE MORAES, qui, dans une indigeste
dissertation au sujet des mutineries dont la ville de S. Luiz
de Maranhão fut le théâtre (1684 à 1685), manuscrit qu'il
termina en 1 6 9 2 ) , a écrit que la rivière de Vincent Pinçon
3
se trouvait à côté du Cap du Nord, par 1 ° 3 0 ' de latitude
australe ).
4
A cette liste, on peut ajouter le P. SIMÃO DE VASCON-
CELLOS, oublié dans le Mémoire de la France, et qui avait
écrit, en 1663, que la frontière nord du Brésil était à un
«ruisseau» (riacho) nommé Vincent Pinçon, sous la ligne
équinoxiale ).
5
Au sujet des Atlas de 1 6 4 0 et 1 6 4 2 de TEIXEIRA, nous
nous reportons à ce qui a été dit dans le 1 Mémoire du
E R
Brésil ). Si l'on prenait au sérieux les travaux de ce cosmo­
6
graphe, la rivière de Vincent Pinçon, qu'on voit sur la
carte du Brésil dans les deux Atlas, serait le Cunany, et
non l'Araguary que la France réclame. C'est probablement
1) Mémoire de la France, pp. 298 à 301.
) Ibidem, pp. 301 à 304.
2
) VARNHAGEN le qualifie avec raison d'« insigne pédant».
3
) Titre du manuscrit cité: «
4
Relação historica e politica dos tu­
multos na cidade de S. Luis do Maranhão. Publié dans le T . X L ,
1 partie (1877) de la
re
Rev. de l'Inst. Hist. du Brésil. Cité dans le
Mémoire de la France, pp. 319 et 338.
5) Noticias antecedentes... das cousas do Brasil, Liv . I, § 21 .
) T . I, pp. 229 et 230 et surtout la note pp. 230 et 231, ainsi que
6
celles qui accompagnent dans le 1 Atlas le fac-simile des trois cartes
er
n 66, 67 et 68.
o s

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 109
la ridicule carte du littoral de Para, bouches de l'Amazone
et côtes de la Guyane Portugaise, par TEIXEIRA ), qui,
1
mal étudiée par DUDLEY, l'a induit en erreur dans son
Arcano del Mare. Il est inutile de nous attarder à examiner
les considérations que 1'« Exposé géographique » fait à propos
des Provinces mentionnées dans ce document ). Cela nous
2
écarterait de notre sujet. Disons, en passant: que le mot
Province y est employé comme synonyme de région ; que
cette simple indication des parages habités par les Indiens
Tucujûs, Maranguis et autres, n'a rien à voir avec la géo­
graphie politique. Ajoutons que la rivière Yari ou Jari n'a
jamais été appelée Genipapo ; que la ligne citée à propos
de TEIXEIRA, presque parallèle à l'Amazone, sur la carte
de SANSON de 1 6 5 6 ) , est celle du partage des eaux et
3
non une frontière politique; que l'autre carte citée, de
G. BLAEUW ), ne donne que les limites géographiques de
4
ce qu'il considérait la Guyane proprement dite et la région
de Parime ).
5
) 1 Atlas du Brésil, n° 68.
1
e r
2) Mémoire de la France, pp. 302 et 303.
) Atlas français, n° 14 ; 1 Atlas du Brésil, n° 73.
3
e r
) № 27 dans l'Atlas de la Commission des Etats-Unis sur la question
4
entre le Vénézuéla et l'Angleterre; n° 62 dans le 1 Atlas du Brésil.
e r
) Dans une note, l'«Exposé géographique» cite le COMTE DE PAGAN
5
à propos de la limite du Genipapo ou Parú. Cet auteur n'a fait qu'indi­
quer, selon lui, les limites naturelles de ce qu'il entendait par Guyane
(voir T. I I de cette Réplique, pp. 91 et 92). D'ailleurs, il ne pouvait donner
aucun témoignage, ayant écrit son livre tranquillement à Paris d'après la
Relation espagnole de CURISTOVAL DE ACUÑA, en y ajoutant quelques
autres renseignements pris dans l'ouvrage de LAET.

110 QUESTION DE FRONTIÈRES
L'Atlas de 1627, de TEIXEIRA, dont la carte générale
du Brésil se trouve reproduite dans l'Atlas de la France
(nos 1 0 et 10 ), n'est pas un document officiel portugais, de
B I S
même que les cartes des Géographes ordinaires des Rois
de France, et des Hydrographes du Ministère de la Marine,
qui, comme BONNE, écrivaient « R. d'Oyapoc ou Vincent
Pinçon»,
n'engageaient en rien le Gouvernement Français.
La carte de 1627 de TEIXEIRA ne prouve pas l'ignorance
des Portugais au sujet de la région à l'Ouest de Para, où
ils étaient établis, et où ils se battaient alors contre les
Anglais et les Hollandais : elle prouve seulement l'ignorance
de ce cartographe, qui, cependant, n'était pas plus grande
que celle des Français à cette époque et même plus tard,
au sujet de l'Amazone et de la Guyane1). TEIXEIRA déclare
dans sa carte que le Brésil commence au Rio Para. 11 ne
pouvait pas se prononcer autrement en 1627. Quoique por­
tugais, il était alors sujet du Roi d'Espagne, et ce fut seule­
ment par décision du 1 4 Juin 1637 que PHILIPPE I V annexa
au Brésil le territoire compris entre le Vincent Pinçon et
la rive septentrionale de l'Amazone.
VICENTE DO SALVADOR et ESTACIO DA SYLVEIRA n'ont
fait que répéter ce qu'ils avaient lu dans le texte
perdu de PEDRO NUNES, et, quant au grand mathématicien
portugais lui-même, on sait qu'il n'a jamais visité l'Amé­
rique pour avoir fait personnellement des observa­
tions sur les côtes de la Guyane. Il s'est basé sur les
cartes et sur les renseignements que lui ont fournis des
) Voir les §§ 1736 à 1743.
1

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 1 1
pilotes de cette époque et il a pu tout de même redresser
d'un demi degré la latitude que le Padron Real de 1536, et
MERCATOR, ORTELIUS et leurs élèves pendant de si longues
années, attribuaient aux « montagnes » et à l'embouchure
du Vincent Pinçon. Nous ne pouvons nous empêcher de
dire encore une fois qu'il est tout à fait impossible d'iden­
tifier une position quelconque si l'on n'a d'autres éléments
que l'indication des fausses coordonnées géographiques
prises sur des documents du X V I et du X V I I siècle. On
e
e
a vu qu'en 1536 le service hydrographique de Séville plaçait
l'embouchure du Vincent Pinçon et les montagnes de cette
embouchure par un peu plus de 1 ° 3 0 ' Nord; avant 1574,
le cosmographe espagnol LOPEZ DE VELASCO les plaçait
déjà par 2° 45' ); en 1655, d'après RUESTA, par plus de 4°.
1
Si PEDRO NUNES vers 1550 ou 1560 attribuait au « Port de
Vincent Pinçon » la latitude de 2° Nord, les cartes de VAZ
DOURADO, de 1564 à 1580, montrent déjà « les montagnes »
et le Vincent Pinçon par 4°, notion exacte que les nom­
breuses cartes gravées du type MERCATOR et ORTELIUS
firent bientôt perdre ).
2
1) Geografía y descripcion universal de las Indias recopilada
por el Cosmografo-Chronista JUAN L O P E Z DE VELASCO, desde el año
de 1571 al de 1574. Ms. publié par M. JUSTO ZARAGOZA, d'abord dans le
Bulletin de la Société de Géographie de Madrid, et ensuite dans un vol.
in-8° de XIII, 8 0 8 pp., Madrid 1894. Passage reproduit au T . I V , n° 2, et
traduit au T . I I , n° 2, pp. 1 5 et 16.
) Voir les fausses latitudes données par des Français au Cap
2
d'Orange pendant le X V I I et le X V I I I siècle,
e
e
1er Mémoire du Brésil,
T . I, pp. 175-178.

1 1 2 QUESTION D E F R O N T I È R E S
L e s indications fournies par GABRIEL SOARES et par le
P. SIMÃO DE VASCONCELLOS sont moins vagues. Ce dernier
fait du Vincent Pinçon un simple ruisseau sous l'Equateur
et dans l'Amazone, comme si clans cette région l'on avait
pu choisir un petit cours d'eau pour établir la frontière.
Ce jésuite, dont la compétence est reconnue quand il parle
des choses du Brésil, où il vécut à Rio de Janeiro et à
Bahia, n'en avait aucune pour parler de celles de l'Etat ou
Province du Maranhão qu'il n'avait jamais visité ni étudié.
Il paraît même que son « ruisseau » n'était autre chose que
l'embouchure du vrai Vincent Pinçon de Séville indiquée sur
la carte de l'Amérique d'ORTELIUS, qu'il cite à propos de
la Ligne de démarcation ).
1
Nous sommes parfaitement d'accord en ce que le point
inchoatif que GABRIEL SOARES indique pour son comptage
des quinze lieues, le Cap Corso, est bien le Cap Razo ou
Norte des géographes modernes ). Cependant, ce cap ne
2
se trouve pas sous l'Equateur comme il le croyait, son
Vincent Pinçon n'est pas celui que la France réclame, au
Sud du Cap du Nord, et, quant à la distance entre ce cap
et le vrai Vincent Pinçon, nous avons des documents pos-
) VASCONCELLOS,
1
Noticias antecedentes, Liv. I, p. 14, déjà cité par
DAVEZAC, Considérations géographiques sur l'Histoire du Brésil, 1857,
p. 1 1 9 du tirage à part, p. 20/ du Bulletin de la Société de Géographie
de Paris. Voir la carte d'ORTELIUS, 1 Atlas du Brésil, n° 3 2 . L e tracé
E R
du cours du Vincent Pinçon manque sur cette carte; on y voit seulement
l'embouchure et le nom, mais assez loin de l'Amazone.
) « L e Cap Corso n'est autre que le Cap du Nord »
2
(Mémoire de
la France, p. 2 6 2 ) .

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 113
térieurs, émanant de PHILIPPE I V et de la Casa de la
Contratacion de Séville, plus à même de la bien connaître
et plus autorisés pour la déterminer que ce planteur de
Bahia, homme intelligent et de bonne volonté, mais simple
amateur en géographie, se guidant d'après quelque carte pri­
mitive, du type GUTTIERREZ. On ne peut pas lui en vouloir
de donner les fausses latitudes et les fausses distances
qu'il a trouvées dans les documents cartographiques de son
temps.
Répl. du Brésil. T. I .
8
e r

114 QUESTION DE FRONTIÈRES
VI
On a vu que même les Portugais cités contre nous,
— toujours à propos d'indications de latitudes au X V I et
e
au X V I I siècles, — donnaient comme limite septentrionale
e
du Brésil, sur la côte, la Rivière de Vincent Pinçon. Cette
ancienne prétention portugaise, comme l'Arbitre le sait
déjà, fut admise et sanctionnée le 14 Juin 1637 par PHI­
LIPPE
I V d'Espagne. On a vu aussi que, au X V I siècle
e
et encore au commencement du X V I I , les cartographes
e
portugais étaient partagés au sujet du Vincent Pinçon.
Pour LAZARO LUIZ, BARTHOLOMEU VELHO, DOMINGOS SANCHES,
ANTONIO SANCHES et bien d'autres, le Vincent Pinçon était
celui des cartes primitives de Séville dont s'inspirèrent
FREDUCCI et MAIOLLO, c'est-à-dire le Marony; pour DIOGO
HOMEM, ANDRÉ HOMEM et VAZ DOURADO, c'était la rivière
des «montagnes», du Padron de CHARLES V , établi en
1536, c'est-à-dire l'Oyapoc. On doit probablement attribuer
à cette dénomination de «Padron de CHARLES-QUINT»,
donnée parfois à la carte-modèle d ' A L O N Z O DE CHAVES, la
confusion de SIMÃO ESTACIO DA SYLVEIRA, Portugais ), et
1
de MARCOS DE GUADALAXARA, Espagnol ), qui attribuèrent
2
à cet Empereur une borne-frontière, — en portugais marco
1) Relação Summaria, précitée (Lisbonne 1624).
2) Quinta Parte de la Historia Pontifical, Barcelon a 1630.

B R É S I L ET GUYANE FRANÇAISE 115
ou padrão, — placée au « Rio de Vicente Yanes Pinçon »
Du temps de CHARLES-QUINT, cela n'était pas possible, car,
pour lui-même et pour ses successeurs jusqu'à PHILIPPE IV,
les deux rives de l'Amazone appartenaient à la Couronne
d'Espagne ; mais la tradition d'un Vincent Pinçon du Padron
existait au Para et au Maranhão, et même au XVIII siècle
e
on continua d'y citer le Padron de CHARLES-QUINT ), trans­
2
formé en borne-frontière de marbre (padrão de marmore).
Ce fut seulement en 1639 que BENTO MACIEL PARENTE, do­
nataire de la Capitainerie du Cap du Nord, fit faire cer­
taines marques sculptées sur une pierre, au sommet du
mont Comaribo ou Montagne d'Argent, pour signaler la
rivière de Vincent Pinçon ).
3
A partir de 1637, date de la concession faite à PARENTE,
jusqu'au Traité d'Utrecht, et plusieurs années après, on ne
trouvera pas un seul Portugais, sauf le Père SIMÃO DE
VASCONCELLOS (1663), qui ait donné moins de 4 0 lieues por­
tugaises à l'étendue de côte maritime entre le Cap du
Nord et la rivière. TEIXEIRA DE MORAES, en 1692, d'après
le manuscrit publié, plaçait le Vincent Pinçon par 1° 3 0 '
) SYLVEIRA, § 1 : « . . . . onde dizem estar um
1
padrão de marmore
com as armas de Portugal desta parte, e as de Castella da outra man-
dado alli fixar pela Cesarea Magestade do Imperador CARLOS V . . . »
) Mémoire de la France, pp. 3 0 3 et 339.
2
) Cette borne-frontière, retrouvée en 1 7 2 3 par le capitaine P A E S
3
DO AMARAL sur les indications d'un Français, fut roulée à la mer en
1726 par ordre du gouverneur de Cayenne, CLAUDE D'ORVILLIERS. d'après
les témoignages de plusieurs Français. Documents au T. I I I , n 8 5 ,
os
86, 8 9 et 9 9 .

116 QUESTION DE FRONTIÈRES
de latitude Nord, mais nous ne savons pas s'il y a eu
erreur du copiste de son original, ou si, en effet, l'auteur
était assez ignorant pour se mettre en contradiction avec
tous les documents de l'époque qui plaçaient le Cap du
Nord par 2° de latitude et même davantage. Il aurait ainsi, le
premier, et sans s'en apercevoir, placé au Sud du Cap du
Nord un cours d'eau notoirement situé au Nord de ce cap.
Mais nous pouvons citer d'autres Portugais et des
missionnaires de son temps qui ne s'occupaient pas, comme
lui, d'écrire des discours remplis de citations de la Bible
et du CAMOENS à propos des misérables mutineries de la
ville de Maranhão, et qui étaient plus au courant de la
position du Vincent Pinçon.
Le Père SOUZA FERREIRA, employé pendant de longues
années à Para et au Maranhão écrivait en 1685 ) :
1
« De là (de l'entrée du Rio Para) au Cap du Nord (ainsi
nommé parce que c'est la pointe de terre que le fleuve des
Amazones avance de l'autre côté sur la mer, par 2 degrés
40 minutes Nord), il y a 70 lieues, largeur de l'embouchure
du fleuve, et vers le Couchant, en doublant ce cap, autre­
ment nommé de los Humos, à 40 lieues derrière lui, se
trouve le Ryo de Vincent Pinçon, par un autre nom dit
Ryo Fresco, et les indigènes dans leur langue l'appellent
Quachipurú...»
1) Noticiario Maranhense, por JOÀ O D E SOUZ A F E R R E I R A . Provedor
da Fasenda dos Ausentes do Grão Para. Manuscrit cité dans la seconde
Réponse du Portugal en 1699. № 20 au T. II, pp. 123 à 126.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 1 7
Plus loin, il parle de la borne placée au Vincent Pinçon,
par MACIEL PARENTE.
Cet auteur n'était pas très fort en géographie histo­
rique, car il n'avait pas à sa disposition tous les éléments
dont nous disposons aujourd'hui. L'ancien Cap de Humos
ne se trouvait pas dans la Guyane. Le Quaxipurû dont il
parlait était le Cassiporé ou Cachipour, le premier cours
d'eau à l'Est du Vincent Pinçon ou Oyapoc; le Rio Fresco
de la carte de la Riccardiana, d'une carte dieppoise connue
sous le nom de « the Harleian Map» ), et de celle de 1546,
1
est l'Approuague. Ainsi, SOUZA FERREIRA, avec ses identi­
fications historiques, faisait de trois rivières différentes, —
l'Approuague, l'Oyapoc et le Cassiporé, — une seule rivière ;
mais, en tout le cas, le Vincent Pinçon, pour lui, se trou­
vait dans ces parages et à 40 lieues portugaises du Cap
du Nord,
qu'il plaçait par 2° 40' de latitude Nord.
Pour SOUZA FERREIRA, donc, le Cap du Nord était la
pointe Nord-Est de l'île Carapaporis, ou île du Cap du
Nord, devenue l'île de Maracá, où, sur la dernière carte
marine française de ces côtes, publiée par le Service hydro­
graphique français en 1894, on lit: « Cap Nord (des anciens
géographes) » 2)
) De 1543, d'après H . HARRISSE
1
(Göttingische gelehrte Anseigen,
1899, n° 6; et The Dieppe World Maps, Gœttingen 1899). British Museum,
Add. Mss. 5413. Fac-simile de cette carte, de celle de 1546 (DESCELIERS),
et d'une autre de 1553 (DESCELIERS) publiés par Lord CRAWFORD (The
Dieppe Worlds Maps. Bibliotheca Lindesiana), avec une introduction
par M. CHARLES H . COOTE du British Museum, Londres 1899.
) Fac-simile n° 86 dans le T. V I de ce 2 Mémoire.
2
nde

118 QUESTION DE F R O N T I È R E S
Dans un autre manuscrit de ce même auteur, terminé
en 1693, ce passage est reproduit avec quelques légères
modifications ).
1
En 1698, le P . JEAN-PHILIPPE BETTENDORFF, ancien Supé­
rieur des Jésuites du Maranhão, écrivait ) :
2
« . . . Du Maranhão jusqu'à l'embouchure du Grampará
il y a 100 lieues vers le Nord ; de là au Cap du Nord, qui
est la pointe de terre de l'autre côté du fleuve des Ama­
zones, il y a 2 degrés 50 minutes, 60 lieues, qui sont la
largeur du fleuve à son embouchure, et du Cap du Nord
jusqu'à la rivière de Vincent Pinson quelque 40 lieues,.
1 degré 40 minutes, point où se trouve sa dernière borne... »
Mais nous avons, pour identifier le Vincent Pinçon
des Portugais avec l'Oyapoc, un document aussi décisif
que l'a été la carte de RUESTA pour identifier avec ce
fleuve le second Vincent Pinçon guyanais des Espagnols
de la Casa de la Contratacion de Séville : ce sont les notes
de travail, ou plutôt, c'est le véritable brouillon d'un Mé­
moire écrit par le P . LUDWIG CONRAD PFEIL, de la Com­
pagnie de Jésus, natif de Constance, pendant plusieurs
années missionnaire au nom du Roi de Portugal, dans la
Capitainerie du Cap du Nord et sur le territoire que réclame
la France, situé entre l'Araguary et l'Oyapoc ). Le P. P
3
FEIL
1) America Abbreviada. Voi r au T . II , n° 24, pp. 157 à 161.
2) Cronica da Missão da Companhia de Jesus em o Estado do
Maranhão, Manuscrit. Voir au T. II, n° 27, pp. 189 et 190, la traduction
et les notes sur ce passage, ainsi qu'une notice sur l'auteur.
3) Anotaçam... sobre os Limites do Brasil, Manuscrit , Biblio ­
thèque du Roi de Portugal, au Palais d'Ajuda, Lisbonne.
Voir au T. II, n° 19, pp. 107 à 119.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 1 9
a, en effet, dirigé la mission de Tabanipixi sur la rive
septentrionale de l'Araguary, probablement dans les envi­
rons de l'endroit où se trouve, depuis 1840, la colonie mili­
taire Dom Pedro Segundo ).
1
Nous présentons ailleurs : une notice sur les manuscrits
du P. PFEIL et sur ce religieux ) ; le fac-simile des pages
2
de l'Anotaçam qu'il convenait d'étudier ) ; le déchiffrement
3
de ces pages ), et la traduction française ), ainsi que le
4
5
fac-simile d'un manuscrit postérieur, daté de Para le 1 Avril
e r
1700 ), et portant la signature du P. PFEIL, suivie de quel­
6
ques lignes écrites de sa main ). L'authenticité de l'
7
Ano­
taçam pourra ainsi être constatée et son déchiffrement
contrôlé par le Gouvernement Français et son Ecole des
Chartes.
Un des chapitres de l'Anotaçam, d'après le Sommaire,
porte ce titre:
) Note au § 1 1 0 3 de C . DA SILVA.
1
) T. II, pp.
2
107 à 109.
) T. V, Document
3
3 .
) T. IV, n°
4
4, pp. 2 1 à 2 9 .
) T. II, pp.
5
109 à 119.
) Document n° 4 1 au T. II, pp. 371 à 375, traduction française : notice,
6
ibidem, pp. 371 à 372. Traduction du titre: Résumé des raisons et des
arguments les plus importants qui prouvent évidemment que la
Capitainerie appelée du Nord, située à l'entrée de l ' e m b o u c h u r e du
Fleuve des Amazones, appartient légitimement à la Couronne de
Portugal, et que le Roi de France n'a et n'a jamais eu aucun droit
sur elle, ni sur le Para, ni sur le Maranhão non plus. Texte portugais,
au T. IV, n° 15.
) T. V, Document n° 4.
7

120
Q U E S T I O N D E F R O N T I È R E S
«Le dernier point de la démarcation de la Couronne
de Portugal à l'Occident sur les côtes de la Mer du Nord
est le Rio de Vincent Pinçon. Sa situation, sa description,
et l'utilité, la nature, la fertilité et les richesses de la Capi­
tainerie du Nord, qui certainement appartient au Portugal. »
Au folio 106, recto, du Manuscrit, on voit que le P . PFEIL
plaçait le Cap du Nord par 2 5 2 ' de latitude Nord et
0
334° 36' Est de Ténériffe.
Page 108 verso :
Nom indi­
« Les Géographes, voulant s'accorder avec les usages
gène du V
Pinçon.
des Indiens qui l'habitent, donnent encore différents noms
à la Rivière Pinçon, mais c'est toujours la même :
Wiapoc.
«HARCOURT, Anglais, l'appelle Wiapoc.
Yapoc.
« MOQUET, 1. 2, Yapoc.
«Les cartes françaises, écrit D'AVITY, page 111, le nom­
Vaiabógo. ment Vaiabógo.
Oyapóc.
« Communément, et mieux, on dit Oyapóc, qui veut dire
la même chose que Oyapucû ou grand Oya, pour le dis­
tinguer de Oya miri, ou petit, la rivière de la Terre ferme
plus voisine de l'Ile de Cayenne, et que (je crois) RICCIOLIO
tient pour la même rivière nommée Cayenne.
Latitude
« Cependant tous les Cosmographes donnent à cette
d'après plu­
sieurs
rivière de Vincent Pinçon la latitude Nord d'au moins deux
auteurs.
degrés. J'ai trouvé seulement le Père SIMÀO VASCONCELLOS,
Erreur
du P. Vas- qui, s'étant trompé, dans sa Chronologie, page 18, le place
concellos.
sous la Ligne Equinoxiale, comme aussi le Cap du Nord :
ce qui est une erreur très grave et intolérable ).
1
) L e P.
1
S I M À O D E V A S C O N C E L L O S dont nous avons déjà parlé.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 2 1
« Le Père Jo. BAPT. RICCIOLI lui donne, au Pinçon, 2 de­
grés et 4 0 minutes de Latitude Boréale, quoique l'imprimeur
de la Table du Père AIGENLER l'appelle par erreur Pincon,
et qu'il en fasse une île, Pincon insula.
«BARNICIO, sur son Globe, 3 degrés 4 0 ' .
« ARNOLD FLOR. LANGREN, 3 degrés 3 0 ' .
«JOHAN DE LAET, 4 degrés 3 0 '
«PIERRE D'AVITY, 4 degrés.
« ADAM AIGENLER, 3 degrés et 4 0 minutes ).
1
« Tous ces auteurs peuvent s'accorder et dire la vérité,
parce que RICCIOLI et quelques-uns parlent de la source du
Pinçon et les autres de son embouchure, de l'endroit où
il se jette dans la mer.
« Avec AIGENLER, qui est un auteur récent et plus sûr, Latitude du
et qui a comparé autant qu'il était possible, comme j'ai Vinc. Pinçon
d'après
comparé moi-même, les meilleures cartes, je le place par l'auteur.
les mêmes 3 degrés et 4 0 minutes de Latitude Boréale, et
par 325 degrés 1 3 minutes de Longitude de Ténériffe. Dans
Rossio, 326, parfaitement.
« Vers l'Equateur, il a son méridien éloigné du méri­ Distances.
dien du Cap du Nord de 2 degrés 5 0 minutes. D'après
AIGENLER, 2 degrés 56. . . . D'après la Table de RICCIOLIO,
2 degrés 5 0 . En voyageant2) le long de la côte 48 lieues
) Nous pouvons ajouter à ce qui est dit sur le P.
1
A I G E N L E R dans
la 10° note, p. 115 du T. II, que le P. S O M M E R V O G E L , dans sa Bibl. de la
Comp. de Jésus, fait mention de deux manuscrits de ce religieux, dont l'un
est signé et daté de Coimbre, 1673. Ce manuscrit fut vendu en 1863, et
depuis lors on ne sait ce qu'il est devenu.
) En portugais: itinerando.
2

122
QUESTION DE FRONTIÈRES
L e V . Pinçon espagnoles1), 70 françaises, selon ce que m'ont assuré les
o u Oyapoc
à 48 lieues Cayennais, LAET ne donne pas la distance du Pinçon: L e
espagnoles Cap du Nord, il le place seulement par 1 degré 50', ce qui
du Cap du
Nord.
est plus favorable au Portugal.
« Distant de Cayenne 1 degré 11 en ligne droite. En navi-
guant, 22 lieues espagnoles, 30 françaises.
« Distant de la ville de Pará 5 degrés et environ 10 minutes.
« Distant de l'Ile de S. Antam de Cap Vert, 24 degrés
(d'après Rossio 29 à 30) ou plus
Importance
« En étendue, après la Rivière Aper Wacque » (l'Ap-
d u Vincent
Pinçon.
prouague, à l'Ouest de l'Oyapoc) «elle est certainement la plus
importante et la plus renommée de toutes les rivières de la
Province Guaiana ou Guiana, d'après ce que dit LAET . . . .
Le cours du
« L'étendue totale de son cours est de 60 lieues, d'après
V . Pinçon. l'Histoire de LAET, p. 578, d'où j'ai principalement extrait
la description de la Rivière Pinçon. »
Folio 109, recto :
« LAET, LANGREN et AIGENLER le prolongent jusqu'au
delà de la ligne équinoxiale comme un serpent couché
e t . . . qui est sorti presque des montagnes mêmes de la
Rivière de Trombetas, attendu qu'elle a sa source à seu­
S o u r c e du lement 9 lieues de distance de ces montagnes. Il y a même
Vin. Pinçon
voisine de des cartes qui placent sa source non loin des rivières
celle de
Arawary » (l'Araguary), « Macapa, Mahy et Anaguaripucû »
l ' A r a g u a r y . (Anauveirapucú, affluent de l'Amazone) Mais le Pinçon
est exclu de la communication avec le fleuve des Amazones
et d'autres (LAET, 1. 17, etc.) et il le fuit au contraire
) Environ 5 5 lieues géographiques.
1

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 123
«A peine né, ce fleuve (le Pinçon) franchit aussitôt
l'Equateur, et, après 28 lieues de cours, reçoit sur sa rive
méridionale la rivière Arwy » (affluent de la rive droite de
l'Oyapoc, carte de LAET, n° 60, 1 Atlas du Brésil) « et
e r
roulant des eaux rapides, avant de déboucher dans ta
Mer du Nord»
(et non dans l'estuaire de l'Amazone, comme
le prétendent nos contradicteurs) « il se précipite en un saut
entre deux murailles de rochers, entre lesquelles un canot
peut difficilement se frayer un passage en remontant.
« Mais son embouchure mesure environ une lieue de Embou­
largeur, avec deux brasses de profondeur.
chure du V .
LAET lui en Pinçon
donne 14 ou 15 empans et seulement 7 ou 8 plus loin, et ou Oyapoc.
plus haut moins encore (LAET, p. 578), et la rivière se res­
serre jusqu'à n'avoir plus que cent pas de largeur. La
bouche est embarrassée de plusieurs rochers, que la marée
basse laisse entièrement à découvert, et est innavigable
pour les plus grandes embarcations.
«Mais elle se jette dans la mer en formant une belle Le Vincent
baie de 4 lieues de large et son eau douce se perd entre
Pinçon dé­
bouche entre
les deux célèbres promontoires du Mont-Argent et du Cap la. Montagne
d'Argent
d'Orange, lesquels se trouvent à environ 8 ou 9 lieues l'un et le Cap
de l'autre sur la haute mer. Pour éviter cette traversée, d'Orange.
les canots naviguent en longeant la baie »
Nous n'avons pas besoin d'insister ici sur l'importance
de ce document vraiment décisif: nous nous reportons aux
commentaires et aux notes explicatives qui accompagnent
sa traduction (T. II, n° 19).
Ainsi, on s'est attaché à prouver, au nom de la France,
que, avant le Traité d'Utrecht, le Vincent Pinçon, pour les

l 2 4 QUESTION DE F R O N T I È R E S
Portugais eux-mêmes, était une rivière près du Cap du
Nord; que jamais ils n'avaient donné ce nom à la rivière
du Cap d'Orange, et que le commandant du fort portugais
de S. Antonio de l'Araguary n'avait pas prononcé celui de
Cap d'Orange, lorsqu'il répondit en 1688 à la sommation
du sous-gouverneur de Cayenne; et voilà que le Brésil
peut soumettre à l'examen de l'Arbitre, et du Gouvernement
Français, un document de 1682 dans lequel le Vincent Pinçon
des Portugais est parfaitement identifié avec le second
Vincent Pinçon du Service hydrographique de Séville et
où se trouvent mentionnés, non seulement le Cap d'Orange,
mais encore la Montagne d'Argent, les deux amers que
cherchent les marins pour entrer dans la Baie et la Rivière
d'Oyapoc.
Dans ce même document comme dans plusieurs autres
des négociations de Lisbonne et d'Utrecht et dans les deux
Traités de 1700 et 1713, — l ' A r a g u a r y est mentionné comme
une rivière parfaitement distincte du fleuve Oyapoc ou Vin­
cent Pinçon. La source du Vincent Pinçon, d'après plu­
sieurs cartes, dit le P . PFEIL, se trouve non loin de celle
de l'Araguary. Le Vincent Pinçon est appelé aussi Wiapoc,
Yapoc, Vaiabogo, mais «communément, et mieux, on dit
Oyapoc ». Il se jette dans une large baie entre le Cap
d'Orange d'un côté — comme dans la carte espagnole de
1655, sortie de la Casa de la Contratacion de Séville et
approuvée par PHILIPPE IV, — et la Montagne d'Argent,
ou les montagnes, de l'autre côté — comme dans le Padron
Real établi en 1536 à la même Casa et approuvé par
CHARLES-QUINT.

l
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p

Fac-simil
1682
n

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u
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d

dit
baie
e

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE
125
VII
Essayant de prouver que le nom Japoc ou Oyapoe,
employé dans les traités, est un nom générique et qu'il y
avait plusieurs Oyapocs, — comme si dans un traité, et pour
désigner une rivière, on pouvait employer un nom générique,
— le Mémoire de la France ) n'a pu produire que deux seuls
1
documents: la Relation du premier voyage de LA RAVARDIÈRE,
en 1604, écrite et publiée par JEAN MOCQUET en 1 6 1 6 , et
une carte manuscrite de JEAN GUÉRARD, datée de Dieppe, 1634.
La Relation de MOCQUET, dont nous avions parlé en la
qualifiant d'assez confuse ), a été l'objet d'une longue analyse
2
dans le Mémoire de la France, qui l'étudie surtout sous le
rapport des dates de l'itinéraire indiqué, pour conclure que
le pays de Yapoco, dont il parle, était la région voisine du
Cap du Nord et non celle du Cap d'Orange.
MOCQUET arriva à l'embouchure de l'Amazone « le jour
de Pasques-Fleuries » ), 8 Avril ). Le lendemain, lundi, les
3
4
Français rencontrèrent des Indiens qui « venaient de la
) T. I, pp. 325 à 335.
1
2) 1er Mémoire du Brésil, T . I , p. 68. C e voyageur était «Apothicaire
de la Cour», et devint en 1613 «Garde du Cabinet des singularitez du
Roy, aux Thuilleries ».
) MOCQUET, édition de 1645, p. 77.
3
4) Mémoire de la France, p. 328.

126 QUESTION DE FRONTIÈRES
guerre du Cap Caypour, l'un des caps près de la rivière
des Amazones » ). Le capitaine de ces Indiens « parloit
1
d'une telle grace, que l'on l'eust pris pour homme de con­
seil ». « Après qu'il nous eust discouru du pays », continue
MOCQUET, « & où nous avions à ancrer, il nous laissa deux
Indiens qui nous conduisirent à la terre de Yapoco en
l'embouchure de la riviere ou fort pres, & nous firent
mettre nostre navire à un recoin à l'abry des cour a n s . . .
Puis, le Mardy au matin, 10 Avril, voulans sçavoir ce que
nous pourrions profiter en ceste terre nous descendismes
pour troquer serpes, haches, couteaux, patinostres de verre
de diuerses couleurs, & autres choses s e m b l a b l e s ) . . . »
2
« L e Roy de ce pays d'Yapoco, nommé ANACAJOURY, faisoit
lors apprester des canoes pour aller contre les C a r i b e s ) . . .
3
Mais pour revenir à nostre trafic en ce pays d'Yapoco,
après y avoir faict toutes les troques de marchandises que
se peurent trouver là, nous prismes resolution d'aller à la
riviere de Cayenne où sont les Caribes : mais avant que
partir, le Roy d'Yapoco vint à bord de nostre navire avec
sa femme, sa sœur & sa mere, & l'Indien YAPOCO que nous
amenasmes avec nous, qui etoit son nepveu, fils de sa
sœur; en la place duquel le Roy ANACAIOURY commandoit,
attendant sa majorité qui devoit être en peu de t e m p s ) . . .
4
Mais pour revenir à nostre depart du pays d'Yapoco pour
) MOCQUET, p. 97.
L
Mémoire de la France, p. 329.
) Ibidem, pp. 79 et 80.
2
) Ibidem, p. 81.
3
) Ibidem, p. 99.
4

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 127
aller vers les Caribes antropophages, nous en sortismes
le jour de Pasques 15 Avril de l'an 1604, portans le long
de la coste, & nostre navire se trouvans à sec lors que
les marees se retiroient, il falloit amener bas & poser les
ancres jusques à ce que la mer nous vint relever du lieu
où nous estions ) . . .
1
Comme nous approchions de la riviere
de Cayenne, nous aperceusmes un cannoes qui vint à bord
de nostre navire... Neantmoins il ne laissa pas pour cela
de nous mener dans ceste riviere de Cayenne qui est un
beau & bon sejour pour les navires )... Cependant nous
2
equipasmes notre batteau pour le 18 Avril pour aller re-
cognoistre le fonds de la riviere de Cayenne, & savoir d'où
elle vienne & prêd sa s o u r c e ) . . . »
3
L'« Exposé géographique» considère cette dernière
partie du journal de MOCQUET comme la contre-épreuve des
passages précédents ) :
4
« Ils avaient mis quelques heures pour aller de l'embou­
chure de l'Amazone au pays de Yapoco: ils mirent deux
jours et peut-être trois pour se rendre de Yapoco à Cayenne.
Or, du Cap d'Orange ou de l'Oyapock à Cayenne, la tra­
versée, favorisée par les courants, demande quelques
heures. Deux conclusions découlent donc de ce récit: l'une
négative sur l'identité entre l'Oyapoc du cap d'Orange
et le pays décrit par JEAN MOCQUET ; l'autre démontrant
) MOCQUET, p. 105.
1
) Ibidem, p. 106.
2
) Ibidem, p. 109.
3
4) Mémoire de la France, pp. 33 1 et 332 .

128 QUESTION DE FRONTIÈRES
l'existence d'un pays de Yapoco dans le voisinage de
l'embouchure du Carapapori. »
Nous ferons remarquer, d'abord, que JEAN MOCQUET
dont la Relation est pleine des détails les plus absurdes et
les plus faux, et souvent d'un naturalisme des plus crus, a
écrit son livre douze ans après son voyage et que ses dates
ne méritent aucune confiance. L e 8 Avril, en 1604, n'était
pas le Dimanche des Rameaux, ni le 15 Avril le jour de
Pâques, soit dans le calendrier Grégorien, déjà adopté en
France, soit dans le calendrier Julien ).
1
Dans sa Relation, il donne la date du départ du pays
de Yapoco (15 Avril), mais il ne donne pas celle de l'arrivée
à la rivière de Cayenne. Le 18 Avril, dit-il, les Français
furent reconnaître le fond et la source de la rivière de
Cayenne. Cela ne veut pas dire qu'ils y soient arrivés le
18 Avril. D'ailleurs, en longeant la côte, et en s'arrêtant,
puisqu'il dit qu'ils jetèrent l'ancre plusieurs fois dans ce
trajet, ils auraient pu parfaitement employer deux ou trois
jours, et même davantage, de la baie de l'Oyapoc, ou
Yapoco, à la rivière de Cayenne. Un document inséré dans
le Mémoire de la France (T. II, p. 155) relate un voyage
de deux jours (23 au 25 Mai) entre la rivière d'Oyack et
l'Oyapoc. Quant au voyage d'un jour depuis l'embouchure
de l'Amazone jusqu'au pays d'Yapoco, il faudrait savoir ce
) Pâques-Fleuries, 1604: Cal. Grég., 11 Avril ; Pâques, 18 Avril ;
l
Julien, 1 et 8 Avril, respectivement (Manuel de Diplomatique, par
A. G I R Y , Professeur à l'Ecole des Chartes, Directeur adjoint à l'Ecole
des Etudes, Paris 1894, Table Chron., p. 204).

BRÉSIL E T GUYANE FRANÇAISE
129
que MOCQUET entendait par embouchure de l'Amazone.
KEYMIS (1596) croyait que le Cassiporé (Caypurogh) était
une branche de l'Amazone. MOCQUET parle d'un cap Cay-
pour, que l'« Exposé géographique» cherche à identifier
avec la rivière Caipurogh de la carte de VOOGHT de 1 6 8 0 ) ,
L
rivière que D'ANVILLE figura aussi dans ses cartes de 1729
et 1745 en lui donnant le nom de Caypura2); mais cette
rivière fut créée et placée dans le canal de Carapaporis,
et ce par suite d'une confusion, en 1680, bien après le voyage
de MOCQUET. On ne voit aucun cap indiqué à cet endroit
dans les cartes de VOOGHT et de D'ANVILLE, et on ne trouve
pas de rivière ou cap Caypura ou Caipurogh dans la
carte de SIMON MENTELLE qui explora postérieurement ces
parages ). En revanche, on trouve, près du Cap d'Orange,
3
le Cassiporé, ou Cachipour, désigné sous le nom de Cai­
purogh par KEYMIS en 1596 (texte et tableau reproduits au
T . II, n° 4), Cayporoune, Cassiporough, Cassipouri, et autres
variantes, sur les cartes de la fin du X V I siècle et sur
E
celles du X V I I .
E
Quant au « cacique » AXACAIOURY, qui, d'après ROBERT
HARCOURT, cité dans une note ), commandait «le pays
4
situé entre l'Arrawary et le Cassiporough», ce qu'on lit
dans la Relation de ce voyageur anglais (page 14), c'est que
le pays entre l'Arrawary et le Cooshebery, — qui était le
) № 81 dans le 1 Atlas du Brésil.
1
b
e r
) N 19 et 27 dans le 2 Atlas du Brésil.
2
o s
n d
) № 34 dans l'Atlas de la France.
3
4) Mémoire de la France, p. 331.
Répl. du Brésil. T. 1er.

130 QUESTION DE FRONTIÈRES
Calçoene et non le Cassiporé (Cassipurogh) 1), — se trouvait
sous la domination d'ANACAIOURY, mais à la page 1 5 l'au­
teur montre, dans le passage suivant, que cette domination
était bien plus étendue et comprenait aussi l'Oyapoc ) :
2
« Au delà du Pays de Morrownia, vers le Sud, le long
de la rivière d'Arwy ), se trouve la Province de
3
Norrak ;
ses habitants sont des Charibes, et ennemis tant des Mor-
rowinnes, les habitants de Morrownia, que des Wiapo-
coories4); lesquels sont aussi sous la sujétion d ' A n a k y - v - r y ,
le Principal et le plus grand Seigneur, ou Cassique de tous
les Yaos de ces Provinces, lesquelles longent la Mer entre
les Amazones, au Sud-Est, et le Dessequebe au Nord-
Ouest. »
Ainsi, d'après HARCOURT, les Wiapocoories, c'est-à-dire,
les Indiens de Wiapoco, ou Oyapoc ou Yapoco, la ri­
vière du Cap d'Orange, - se trouvaient aussi « sous la
sujétion » d'ANACAIOURY, « cacique » de tous les Yaos, depuis
) HARCOURT écrivait
1
Cassipurogh pour indiquer le Cassiporé ou
Cachipour; KEYMIS écrivait Caypurogh.
) Texte anglais (page 17 de la
2
Relation d'Harcourt, Londres 1613) :
« Beyond the Country of Morrownia to the Southward bordering
the riuer of Arwy, is the Prouince of N o r r a k ; the people thereof are
Charibes, and enemies both to the Morrowinnes the inhabitants of Mor-
rownia,
and to the Wiapocoories ; who are also vnder the subiection of
ANAKY-V-RV. the Principall and greatest Lord, or Cassique of all the
Yaos in those Prouinces, bordering vpon the Sea betwixt the Amazones,
South-eastward, and Dessequebe North-westward. »
3) Arwy, affluent de l a rive droite du Wiapoco ou Oyapoc.
) Habitants du
4
Wiapoco.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 131
l'Amazone jusqu'à l'Essequibo. Sur la carte de TATTON, de
1608, dressée sur les indications d'HARCOURT et de ses
officiers le nom de ANACORY est écrit sur le Cassipo-
rough ou Cassiporé, et cette légende s'étend sur les terres
des deux bords de la rivière et est placée entre la côte et
le Wats, ou Uaçà, qui se jette dans la baie du Wiapoco
ou Oyapoc.
LEFEBVRE DE LA BARRE, en 1666, parle d'un petit-fils de
cet ANACAIOURY qui habitait le Yapoco ou Oyapoc:
«... le Cap d'Orange, qui est vne pointe de Terre basse
qui se jette à la Mer & dont l'on prend connaissance par
trois petites Montagnes que l'on voit par dessus, & qui
sont au dela de la Riviere de Yapoco, qui se jette à la Mer
sous ce Cap... La Riviere d'Yapoco qui est sous ce Cap,
est large... Les Yaos Indiens y ont vne Habitation plus
belle et mieux cultiuée, que l'on ne pourroit attendre du
soin barbare de ces gens-là qui y sont au nombre d'enuiron
trente-cinq ou quarante. Ils sont si anciens Habitans de ces
Costes, que ie connais & ay p a r l é plusieurs fois à vu
ANACAÏOURY, petit-fils d'vn ANACAIOURY, que JEAN MOCQUET
dit auoir veu en 1604, Roy de ce Pais. En quoy il erre»
(comme en bien d'autres choses), «ces Peuples n'ayans point
de Roys, mais des Chefs dans chacune Famille, comme cet
ANACAIOURY l'estoit alors de celle auec laquelle MOCQUET
negotia. Cette Riuiere d'Yapoco est abondante en bon
Poisson... A vne lieuë, & le long de la Coste, est la Mon-
) 1 Atlas du Brésil, n° 54.
1
er

132 QUESTION DE FRONTIÈRES
tagne de Comaribo» (la Montagne d'Argent) «qui a une
bonne source...
Un autre Français, D'AVITY, a très bien interprété, dans
le passage suivant, le texte assez embrouillé de MOCQUET:
« Pays des Caripovs, ou d ' Y a p o c o . — Ce pays porte
le nom de ses habitans nommez Caripous, & celuy d'Ya-
poco, à cause de ta riuiere qui l'arrose. .. C'est celle que
HARCOURT (Voy. to Guyana) appelle Wiapoco... Nos cartes
l'appellent Vajabogo, dont l'embouchure est enuiron l e s
quatre degrez du costé du Nord. Ce pays est (MOCQUET, 1. 2)
au Nord du Brasil & de la Riuiere des Amazones, qu'on
laisse à main gauche entrant par la bouche de la riuiere
d'Yapoco...
Ils ont un Roy, & celuy de l'an 1604, s'appel-
loit ANACAIOURI. . . » ).
2
Sous le n° 9 de l'Atlas français, on peut voir la carte
de JEAN GUÉRARD, qui est le second et le dernier des
documents cités dans le but de montrer un O y a p o c au
Nord et près du Cap du Nord, — rivière qui, en tout les
cas, ne serait pas l'Araguary, au Sud de ce cap. Nous
pouvons lire sur ce document les noms : Cap d.. . Nord
et C. de la Conde3); mais il nous est tout à fait impossible
1) Description de la France Equinoxiale, par DE LA BARRE. Paris
1666. L e s passages qui peuvent intéresser dans ce livre se trouvent repro­
duits au T . II, n° 16, pp. 95 à 1 0 1 .
) D ' A V I T Y .
2
Description Générale de l'Amérique. Paris 1637, et
1643, pp. 111 et 1 1 2 (transcription et notes au T . I I , n° 9, pp. 4 3 et 4 4 ) .
3) Cap de la Conde, n'était pas «l e nom français du Cap d'Orange »
(Mémoire de la France, p. 334). NICOLAS SANSON fut le premier, en 1 6 5 6 .
à l'attribuer aux Français, mais sans aucun fondement. C'était un nom

BRÉSIL E T GUYANE FRANÇAISE 133
de voir à l'endroit indiqué, entre ces deux caps, le mot
Vapogue ou Yapogue: c'est à peine si on peut découvrir
la terminaison que ou gue. Quant aux premières lettres
du nom, elles sont illisibles, et plusieurs autres qui forme­
raient une ou deux syllabes intermédiaires, sont couvertes
par le tracé de l'Equateur. Du reste, tous les noms sur la
côte de la Guyane, à l'Ouest du Cap de la Conde, sont
aussi effacés et illisibles que celui qu'on nous signale.
Probablement, ce nom était Awaribago ou Awaribogtie,
pris dans les cartes hollandaises, il s'agit, donc, d'un
document qui ne prouve rien, d'autant plus qu'il n'y a
pas une seule carte gravée, française ou étrangère, ni
avant ni après le Traité d'Utrecht, qui présente, entre
les caps du Nord et d'Orange, un nom de rivière ayant
une ressemblance quelconque, même vague, avec le nom
Oyapoc. Il y a plus : en 1 6 9 8 , le MARQUIS DE FERROLLE,
dans un Mémoire envoyé à la Cour de Versailles, déclara
qu'il n'y avait qu'une seule rivière Ouyapoc en Guyane,
celle qui se trouve près de Cayenne1), et, en 1701, un
officier de la marine française, MOQUET DE CRÉANTON, envoyé
à Pará, dressa une carte de la côte, depuis Cayenne jusqu'à
l'Amazone, dans laquelle on ne lit aucune des variantes
du nom Oyapoc appliquée à une rivière entre le Cap
d'Orange et le confluent de l'Araguary. Cette carte a pu
être vue parce qu'elle a figuré à l'Exposition de 1892, à
espagnol, Cabo de la Corda, transformé par les explorateurs Anglais
ou par les imprimeurs en Cap de la Corde et de la Conde.
) Voir au T . II, le n° 28.
1

134 QUESTION DE F R O N T I È R E S
la Bibliothèque Nationale de Paris ). D'après un renseigne­
1
ment que nous tenons pour exact, la Relation du voyage
de GODAIS, écrite en 1701, ne contient pas non plus d'Oyapoc
dans ces parages ). Ce fut seulement plusieurs années
2
après le Traité d'Utrecht, que les gouverneurs de Cayenne
prétendirent identifier le nom I w a r i p o c o 3 ) dans le canal
de Carapaporis, avec Japoc ou Oyapoc.
Avant le Traité d'Utrecht, comme l'a très bien dit le
Mémoire de la France, — et même après, ajouterons-nous —
le nom Oyapoc était généralement connu, et il ne désignait
que la rivière du Cap d'Orange et des Montagnes d'Argent.
) Cette carte de CRÉANTON, présentée au Ministre de la Marine,
1
COMTE DE PONTCHARTRAIN, est conservée à la Bibl. du Dépôt de Cartes
et Plans de la Marine, B. 4049 (97).
2) Relation du sieur GODAIS , envoie par la Cour vers et le long
de la rivière des Amazones pour l'exécution du traité provisionnel
fait entre la France et le Portugal. Signé: GAUDAIS, Archives Nationales,
Paris, 920 (K 1232, n° 8).
) Orthographe anglaise de KEYMIS. Ce nom doit être lu et écrit à
3
la française: Aïgouaripoucou.

B R É S I L E T G U Y A N E F R A N Ç A I S E
135
VIII
Quelques autres cartes françaises antérieures au Traité
d'Utrecht se trouvent citées dans l'« Exposée géographique »
(pages 3 1 0 à 316). Ce sont celles de PIERRE DU VAL, NICOLAS
SANSON et de DE L A BARRE, auxquelles nous pouvons joindre
celles du Comte DE PAGAN, de GUILLAUME SANSON, de MANES-
SON-MALLET, de FROGER et du Marquis DE FERROLLE, et de
NICOLAS DE F E R ) . L'« Exposé géographique» a voulu dé­
1
couvrir les frontières de la Guyane Française, ou de la
prétendue France Equinoxiale, figurées sur les cartes qu'il
cite (pages 3 1 4 à 316). L'Arbitre pourra vérifier facilement
que ces cartes ne donnent pas les limites politiques des
possessions européennes clans la Guyane. )
2
La carte de Du VAL, de 1665 ), ne présente que les
3
limites géographiques de la région nommée Guyane. Le
texte qui accompagne cette carte dit que les Anglais possé-
) Fac-simile de toutes ces cartes dans le 1 Atlas.
1
e r
) Ecrivant un siècle plus tard, en 1777, D'ANVILLE disait encore,
2
parlant de l'Amérique Méridionale: « . . . on ne peut se dispenser de tracer
vaguement des lignes de séparation, entre différentes Puissances de l'Eu­
rope, ayant des établissements sans limites bien décidées » (Considérations
générales, sur l'étude et les connaissances que demande la composition
des ouvrages de Géographie. Par M. D'ANVILLE, Paris 1777, pp. 60 et 61).
) 1 Atlas du Brésil, n° 75.
3
er

136 QUESTION DE FRONTIÈRES
daient alors «une colonie à Suriname, avec quelques forts
sur les Costes de Guyane». Et quant aux possessions fran­
çaises, on y lit : « En la Terre-ferme de l'Amérique Meri­
dionale sur la Coste de Guayane, l'Isle de Cayene où sont
le Fort de S. Michel de Ceperoux dit aujourd'hui le Fort
Louis & la Colonie de Mahuri ». Les Français venaient en
effet de s'emparer de Cayenne, mais ce n'était pas encore
une occupation définitive de l'île, car en 1667 elle fut prise
par les Anglais et en 1 6 7 4 par les Hollandais. Aucune des
cartes de Du V A L , OU de n'importe quel autre géographe
français ne donne à la colonie de Cayenne les limites que
Louis X I V réclamait de 1667 à 1 7 0 0 à Lisbonne et, en 1 7 1 2
et 1713, à Utrecht.
Sur la carte citée de NICOLAS SANSON ( 1 6 5 6 ) ) , la ligne
1
qui passe au Nord des provinces d'Apanta et de Corupa
n'est autre que celle du partage des eaux, dont avait parlé
en 1655 le COMTE DE PAGAN d'après la Relation du Père
CHRISTOVAL DE ACUNA ). « Mais au Midy, » disait
2
PAGAN,
« elle (la région de la Guyane) est soustenue par des mon­
tagnes parallèles à la coste de la Mer, qui la separent des
Provinces de Camsuare, d'Apante, et de Corope déjà men­
tionnées» ). Et
3
PAGAN déclare dans son livre que Corupa
était « l'un des gouvernements des Portugais; que ceux-ci
se trouvaient établis sur la rive septentrionale de l'Ama­
zone; que le gouverneur du fort portugais de Desterro
) Ibidem, n° 73. Citée pp. 302 à 315 du
1
Mémoire français
) Extraits du livre de РАСАN au T . II, n° 15, pp. 85 à 94.
2
) Ibidem, p. 92.
3

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 137
commandait et régissait « toutes les contrées circonvoisines
sans limite en leurs estendues » ; et qu'il n'y avait pas de
Français en Guyane ). Une autre carte du même géo­
1
graphe, publiée en 1679 par son fils, GUILLAUME SANSON ),
2
montre que les Portugais occupaient effectivement la rive
Nord de l'Amazone, et que les SANSON ne croyaient pas
que le Brésil s'arrêtât au Rio Para. Dans ce même docu­
ment, la colonie française de la Guyane n'est formée que
de l'île de Cayenne et d'une étroite zone maritime entre
l'Approuague, l'ancien Rio Fresco, et le Marony, le Vin­
cent Pinçon primitif.
Dans la carte de 1700, de DE L'ISLE ), l'Amérique du
3
Sud est divisée en régions, parmi lesquelles le Pays des
Amazones comprenant le bassin du fleuve de ce nom. La
ligne presque parallèle à la rive septentrionale de l'Ama­
zone n'est pas la frontière attribuée par DE L'ISLE aux
possessions françaises, comme le donne à entendre 1'« Ex­
posé géographique ». Elle représente, en partie, la ligne de
partage des eaux et partout la limite entre la région de
Terre-Ferme et ce qu'il appelait le Pays des Amazones.
• Le nom de la Nouvelle Andalousie, qui était celui d'une
Province espagnole, écrit au Sud de l'établissement français
de Cayenne, prouve que, pour l'auteur, cette colonie ne
comprenait que la zone maritime voisine de l'île. Sur
sa carte de 1703, on ne voit pas non plus de frontières
) Ibidem, pp. 88, 90, 91 et 93.
1
Ibidem, n° 78.
2
3) Ibidem, n° 88.

138 QUESTION DE FRONTIÈRES
politiques attribuées aux possessions européennes dans la
Guyane.
Sauf la carte de 1 7 0 3 de DE L'ISLE, qui présente une
fausse baie de Vincent Pinçon au Nord du Cap du Nord,
on ne trouve cette dénomination sur aucune autre carte
française. Toutes, elles donnent à la rivière du Cap d'Orange
le nom d'Oyapoc, Yapoco, Wiapoc.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE
139
ix
iLa concession de la Capitainerie du Cap du Nord faite
à BENTO MACIEL PARENTE en 1637, par le Roi d'Espagne et
de Portugal, est longuement, et à plusieurs reprises, critiquée
et torturée dans le Mémoire français ).
1
Tout le monde sait qu'à l'époque de la découverte et
des premières explorations de l'Amérique par les Espagnols,
les guerres d'Italie étaient la principale préoccupation des
Rois de France. Le 1 Mémoire du Brésil a déjà montré
e r
que la lutte pour l'Amazone s'est engagée dès 1616 entre
les Portugais de Para, d'un côté, agissant au nom du Roi
d'Espagne et de Portugal, et les Hollandais et les Anglais,
de l'autre; que dès 1625, les Portugais avaient pris pied sur
la rive guyanaise de l'Amazone et que, après plusieurs
combats, ils avaient réussi à rester, dès 1632, en possession
paisible des deux rives de ce fleuve. Le même Mémoire
a prouvé de plus, non seulement par des documents portugais,
mais encore par des témoignages hollandais et anglais, qu'on
ne voyait pas alors de Français ni dans l'Amazone, ni sur
les côtes de la Guyane, à l'Est de l'île de Cayenne. Un docu­
ment inédit, que nous soumettons maintenant à l'Arbitre ),
2
) T. I, pp. 9, 25 à 27, 155 à 161, 303 à 309, et 312.
1
) Information de LA RAVARDIÈRE, datée de
2
S. Louis de Maranhão,
8 Décembre 1615, Document n° 6, au T . II, n° 25 à 27.

140 QUESTION DE FRONTIÈRES
confirme ces affirmations en ce qui concerne l'Amazone et
montre que les Français n'y avaient pas d'établissements,
comme le MARQUIS DE FERROLLE, à l'esprit inventif, l'a
prétendu beaucoup plus tard. Le droit des Rois d'Espagne à
faire des concessions de territoire dans ces parages, et à
y envoyer des gouverneurs, droit dont ils usèrent depuis
1501 ), était incontestable, car ils avaient pour eux les deux
1
titres de la découverte et de l'occupation. Ce n'est donc
pas sans étonnement, qu'on aura lu dans l'exposé qui nous
occupe les passages suivants au sujet de l'acte de donation
de 1637:
« Mais de quel droit le Roi d'Espagne agissait-il ainsi
à l'égard de territoires manifestement occupés par les Fran­
çais? De quel droit essayait-il de les laisser enlever par la
force à leurs légitimes possesseurs?. . .2).
« Si le donateur s'était borné à disposer de 35 ou 40 lieues
de terres vagues au delà du Cap de Nord, il n'y aurait
pas lieu de s'occuper autrement de libéralités dont il pou­
vait se montrer impunément prodigue... » ).
3
Déjà on lisait à ce propos, dans le protocole de la
conférence du 27 Octobre 1855 à Paris, le passage suivant ):
4
« Quand l'honorable Plénipotentiaire du Brésil, revient
sur l'argument tiré des Lettres patentes du Roi d'Espagne
et de Portugal, PHILIPPE IV, en date du 14 Juin 1636, qui
1) 1er Mémoire du Brésil, T . II, n° 1.
2) Mémoire de la France, p. 158.
) Ibidem, p. 305.
3
) T . III du 1
4
er Mémoire du Brésil, p. 104.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 141
porte le Vincent Pinçon à quarante lieues de sa vraie place,
il semble au Plénipotentiaire Français que l'honorable Pléni­
potentiaire du Brésil arrive à prouver seulement, ou que
PHILIPPE IV, non content des Couronnes de Portugal et
d'Espagne, cherchait encore à usurper sur celle de France;
ou (ce qui est plus vraisemblable) que les employés de sa
chancellerie n'avaient pas de notions géographiques bien
exactes ».
Pour attaquer la concession de PHILIPPE IV, — cet
usurpateur de l'Amérique, qui, sans l'assentiment des rois
de France, se permettait de disposer des terres de la
Guyane, — les rédacteurs du Mémoire français jugèrent
bon d'adopter deux systèmes différents et inconciliables:
dans l'«Exposé historique» ), ils affirment, et déclarent
1
avoir prouvé, que l'acte de 1637 n'était en réalité qu'une
«commission de découverte», autorisant MACIEL PARENTE
« à s'emparer, à ses risques et périls, de territoires que le
Roi d'Espagne considérait à tort comme n'appartenant à
personne» ); clans 1'« Exposé géographique» ), sans tenir
2
3
compte de ce qui avait été dit précédemment, ils recon­
naissent ce même acte de 1637 comme étant une véritable
concession de territoire, et ils s'ingénient à l'expliquer au
mieux des intérêts de la politique coloniale française. Le
Cap du Nord dont parle L'acte de donation, disent-ils, n'est
pas le Cap du Nord connu, mais la pointe de Macapá;
) T. I, pp. 155 à 161.
1
2) Mémoire de la France, p. 159.
) Ibidem, pp. 393 à 309 et 342.
3

1 4 2 QUESTION DE FRONTIÈRES
c'est de cette pointe qu'il faut compter les trente-cinq ou
quarante lieues jusqu'au Vincent Pinçon. « On obtient ainsi
la distance voulue entre ce point » et l'Araguary (page 307).
«Ce qui confirme absolument notre explication», ajoutent-
ils (page 308), «c'est que le pilier recherché par PAES DO
AMARAL fut précisément retrouvé par lui sur le bord de
l ' A r a g u a r y . C'est donc là que se terminait le territoire
concédé à BENTO MACIEL, c'est donc là que finissaient les
trente-cinq ou quarante lieues fixées dans l'acte de donation
de PHILIPPE I V ».
Une discussion non moins compliquée au sujet de l'expé­
dition PAES DO AMARAL, en 1723, complète la difficile dé­
monstration entreprise pour établir que le Vincent Pinçon
de PHILIPPE IV était l'Araguary.
Le texte de l'acte de 1037 est tellement clair, qu'il
pouvait se passer de tout commentaire de notre part. Il
déclare en effet, et à plusieurs reprises, qu'il y a de 3 0 à
40, ou de 3 5 à 4 0 lieues de côte maritime, entre le Cap du
Nord et la rivière de Vincent Pinçon ), et il précise en
1
outre l'étendue de la Capitainerie vers l'intérieur, le long
de la rive gauche de l'Amazone, depuis le Cap du Nord
1) 1er Mémoire dit Brésil, T . II, Doc . n° 3, et T . I I de ce second Mé­
moire, n° 8, pp. 39 à 42, où sont citées deux autres Lettres patentes de
PHILIPPE IV, du 26 Octobre 1637 et du 15 Mars 1639, dans lesquelles il
est fait mention de 35 à 40 lieues de rivage maritime entre le Cap du
Nord et la rivière de Vincent Pinçon.
Rectifions ici une erreur qui s'est glissée dans la 2 note au Doc.
e
n° 3, T . II, du 1er Mémoire du Brésil. Au lieu de « Sucuriú, aujourd'hui
Curuà », il faut lire « Surubiú, aujourd'hui Curuá ».

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 143
jusqu'au confluent du Tapujusús, aujourd'hui Curuá. Ces
indications rendent tout à fait inacceptable l'ingénieuse
explication du Mémoire de la France: entre la pointe de
Macapá et le confluent de l'Araguary, il y a une rive flu­
viale
et non un rivage maritime. Le rivage de la mer
commence au Cap du Nord et se poursuit dans la direction
du Cap d'Orange et de l'Oyapoc. Quant à l'indication du
Cunany, que le Mémoire de la France insinue, en désespoir
de cause, comme devant être le Vincent Pinçon de PHI­
LIPPE IV, si la distance de 35 à 40 lieues était exacte ), il
1
suffit de dire qu'à cette époque, avant les plans levés, de
1858 à 1859, par les officiers de la marine brésilienne sous
la direction de COSTA AZEVEDO ), on ne pouvait connaître
2
avec une entière exactitude la distance entre le Cap du
Nord et l'embouchure de l'Oyapoc ou Vincent Pinçon. Et
cela ne doit pas étonner pour l'année 1637, car si l'on
compare des distances mesurées sur nos cartes modernes
1) Mémoire de la France, T . I, p. 304 : « Ces derniers chiffres ont
soulevé une discussion. En effet, si la distance qu'ils indiquent entre le
Cap de Nord et la rivière Vincent Pinzon était exacte, elle reculerait
cette rivière bien au delà du point où il convient de la placer d'après
tous les documents antérieurs. Ces 35 ou 40 lieues, comptées à partir du
Cap du Nord, nous reporteraient non pas assurément jusqu'à l'Oyapoc,
mais à peu près vers le Counani et aux environs du 3e degré de
latitude ».
) Cartes n 84 et 80, au T. V I (Atlas). L a carte marine française
2
os
de MOUCHEZ, de 1868, dont la dernière édition porte la date de Juillet
1896 (ibidem n°86), rend hommage à ces travaux dans l'Avertissement :
« 2" Les travaux récents et encore inédits des Officiers Brésiliens pour
la Guyane Brésilienne. »

144
QUESTION DE FRONTIÈRES
avec celles que présentent les cartes de la France de la
seconde moitié du X V I I et même du X V I I I siècles, on
e
e
constate entre elles des différences assez considérables ).
1
Toute la savante argumentation de l Exposé géographi­
que » part de ce principe radicalement faux : que le
de l'Amérique au X V I et au X V I I siècles étaient plus
e
e
exactes que celles de la France et de l'Europe, et qu'on
peut se baser sur les coordonnées géographiques et consé-
quemment sur les distances qu'elles fournissent.
Pour en finir avec ce point, nous répéterons que le Cap
du Nord et le Vincent Pinçon mentionnés dans les Lettres
patentes de PHILIPPE IV, du 1 4 Juin 1637, du 26 Octobre
de la même année et du 1 5 Mars 1639, se trouvent indiqués
dans la carte de 1655, dressée par SEBASTIAN DE RUESTA à
la Casa de la Contratacion de Séville et approuvée par
ce même souverain. L'Arbitre y verra, à leurs vraies places,
le Cap du Nord, qu'on a voulu transporter à la pointe de
Macapá, et le Vincent Pinçon qu'on a voulu confondre avec
l'Araguary. Le cap d'Orange, dont le nom, quoi qu'on en
1) L E L E W E L , op. cit., T. I I , p. 197:
« Prenons Brest pour le sommet du triangle et pour base la distance
entre Baïonne et Calais représentées par le nombre de 200: nous trou­
vons les deux autres côtés en proportion suivante :
De Brest
à Calais
à Baïonne
« Nos cartes modernes .
125
135 + 10
« Nic. SANSON 1 4 2 1 1 4 — 2 8
« Carte marine, chez A . D E F E R 1 4 9 1 1 2 — 37

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 1 4 5
dise, fut prononcé en 1688 par le commandant du fort por­
tugais de l'Araguary est écrit sur cette carte à côté et
à l'Est de la baie et de la rivière de Vincent Pinçon de
CHARLES-QUINT, de PHILIPPE I V et de la Casa de la Contra­
tacion.

Pour ce qui est de la pointe de Macapá, qui, d'après
un document portugais de 1723, serait pour « quelques igno­
rants » de Pará le cap du Nord, nous nous reportons à ce
qui est dit ailleurs ). Et quant à l'expédition de PAES DO
2
AMARAL, dont l'examen a occupé tant de pages du Mémoire
de la France ), nous nous référons aux pièces annexées :
3
le Routier de l'Araguary à la rivière de Vincent Pinçon,
écrit par le pilote de l'expédition ) et le procès-verbal de
4
l'interrogatoire que subirent PAES DO AMARAL et plusieurs
sous-officiers, soldats et Indiens de son expédition ). Le
5
Mémoire de la France ayant dit ) que le Routier « porte la
6
trace d'un document arrangé », nous présentons au Tome V
le fac-simile d'une copie évidemment contemporaine de
l'original. Ces pièces établiront:
1 Que le Vincent Pinçon n'était pas, pour
o
PAES DO
AMARAL, comme l'ont cru nos contradicteurs, l'Araguary,
point de départ de l'expédition, mais le Guayapoco, ou
) Documents et commentaires sous le n° 23, au T. II, pp. 143 à 151.
1
) T . III de ce
2
Second Mémoire du Brésil, notes 1 et 2, pp. 51 et 52.
3) 1er Mémoire de la France, pp. 306, 308, 339 à 344 ; T . II, pp. 158
à 165.
) T. III, n° 85, pp. 41 à 47.
4
) T. III,
5
86, pp. 49 à 61.
6) Mémoire Français, T . III , p. 164.
Répl. du Brésil. T. I . 1 0
er

146 QUESTION D E FRONTIÈRES
Oyapoc, entre la pointe Camarupy, ou Cap d'Orange, et
le Mont Camaripú, ou Comaribo, nom indigène de la Mon­
tagne d'Argent ).
1
2° Que la rivière de Vincent Pinçon était celle que les
cartes françaises nommaient Yapoco et les indigènes Uaya-
poco (Ouayapoco) ou Guayapoco ).
2
3° Que les Français rencontrés sur cette rivière recon­
nurent qu'elle formait la ligne de séparation entre les pos­
sessions de la France et celles du Portugal, d'après le Traité
d'Utrecht ).
3
) T. III, pp. 46 et 47.
1
) T . III, pp. 51, 52, 53, 57, 58 et 60.
2
) T. III, p. 47.
3

BRÉSIL E T GUYANE FRANÇAISE
147
X
Quoiqu'il soit déjà établi d'une manière irréfutable, sur­
tout à l'aide des documents de la Casa de la Contratacion
de Séville et de l'Anotaçam du P . PFEIL., que les noms Vin-
cent Pinçon, Oyapoc
et Yapoco, employés à chaque instant
au cours des négociations de 1697 à 1713, ne désignaient
que la rivière du Cap d'Orange et des Montagnes d'Argent,
il paraît néanmoins utile d'effleurer ici certaines questions
géographiques dont traite l'ingénieux Mémoire de la France.
L'«Exposé diplomatique» conteste la synonymie des
noms géographiques : Terres dit Cap du Nord et Cuyane.
CAETANO DA SILVA l'avait pourtant déjà prouvée. L'expres­
sion Cap du Nord désignait non seulement un cap, mais
aussi toute la Guyane. D'ailleurs, d'autres cas semblables
peuvent être cités. C'est ainsi que le nom de Cap de Bonne
Espérance, appliqué d'abord à un accident de la côte sud-
africaine, s'est étendu à la région où se trouve ce cap. On
dit depuis longtemps le Cap (the Cape) pour désigner l'en­
semble des établissements européens de l'Afrique du Sud.
Leur chef-lieu est la ville du Cap (Cape-Town) et toute
cette vaste région, d'une superficie comparable à celle de
la Guyane, est, pratiquement et officiellement, nommée le
Cap
(Cape Colony) ).
1
) C.
1
D A S I L V A . § 59:
«Tout comme on avait donné quelquefois le nom de Cap Vert au
groupe d'îles situées devant ce cap, tout comme le nom de Cap Saint-

148 QUESTION DE FRONTIÈRES
Exemples français du nom Cap du Nord employé
comme synonyme de Guyane:
GEORGES FOURNIER, en 1643 (voir C. DA SILVA, § 1906);
Louis X I V , en 1651 (ibidem, 1914 et ci-après, T. II, n°14);
Lettre de Cayenne 1653, (C. DA SILVA, § 1616); DAIGREMONT,
1654 (ibidem 1918); PAUL BOYER, 1654 (§ 1920); ANTOINE
BIET, 1664 (§ 1926); Relation de la Guyane, 1663 (§ 1933);
vers 1687, Mémoire sur les pays situez entre l'isle de
Cayenne et la rivière des Amazones : « . . . et même on
appelait la colonie, la Colonie du Cap du N o r d . . . » ).
1
Exemples portugais et espagnols du même nom, comme
synonyme de Guyane :
Lettres patentes du 14 Juin 1637, de PHILIPPE IV, d'Es­
pagne (§ 1874 et suivants, de C. DA SILVA; 1 Mémoire du
e r
Brésil, T. II, document n° 3); deux autres Lettres patentes
du même roi (2 Mémoire du Brésil, T. II, n° 8); Lettres
n d
patentes du 9 Juillet 1645, de DOM JOÀO IV, de Portugal
(C. DA SILVA, § 1912 ; 1 Mémoire du Brésil, T. I, p.
e r
9 5 ) ;
Lettre du 15 Octobre 1685, GOMES FREIRE DE ANDRADA :
«Le Cap du Nord est une borne qui se trouve à côté de
la Rivière de Vincent Pinson, près de Cayenne, par où l'on
a fait la démarcation de ce qui appartenait aux Portugais
et aux Espagnols, et tout ce qui se trouve entre ladite
borne et Para est appelé Cap du Nord » (Document n° 21,
Augustin avait quelquefois indiqué le Brésil tout entier, on étendit pen­
dant longtemps le nom de Cap de Nord au tout dont il n'est que la partie
avancée — à la totalité de la Guyane ». Et ajoutons que le nom Cap du
Nord a été appliqué au Cap d'Orange.
) Bibl. Nat. de Paris, Collection Clairambault, Ms. 101b, p. 677.
l

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 149
ci-après, au T. II) ; Rapport, en date du 12 Février 1686,
du Conseil portugais d'Outre-mer, et Ordonnance du 21 Dé­
cembre 1686, du Roi DOM PEDRO II, dans lesquels le passage
ci-dessus est reproduit ; Lettre du 12 Février 1700, d'AN­
TONIO DE ALBUQUERQUE, et Rapport du 12 Novembre de la
même année, du Conseil d'Outre-mer, dans lesquels il est
question de quatre Hollandais «venus de la ville de Suri­
nam, située sur la côte du Cap du Nord au delà de Cayenne»
(document n° 40, ci-après, T. II, pp. 3 6 5 à 369).
Les documents qui viennent d'être cités rendent ineffi­
cace toute l'argumentation de l'« Exposé diplomatique»,
tendant à prouver que l'expression « Terres du Cap du
Nord » ne s'appliquait pas à la région nommée Guyane,
depuis l'Amazone jusqu'à l'Orénoque ), mais seulement au
1
territoire compris entre le Cap du Nord et l'Amazone, ce
qui, pourtant, n'a pas empêché le Gouvernement Français
d'établir la première ligne de sa prétention au Sud du
Cap du Nord, en voulant s'approprier même les terres
noyées qu'on daignait nous laisser lors des négociations de
1855 et 1856.
«Où mènerait d'ailleurs cette théorie?» demande l'«Ex­
posé diplomatique » ). Et il répond : « A prétendre que les
2
terres du Cap de Nord embrassaient tous les rivages qui
s'étendent depuis l'Amazone jusqu'à l'Orénoque, ce qui ne
saurait se défendre et ne prouverait absolument rien dans
la circonstance, puisque personne ne soutiendra que ce
1) Mémoire de la France, T . I, pp. 2 8 à 31.
) Ibidem, p. 30.
2

150 QUESTION D E F R O N T I È R E S
sont ces espaces immenses qui ont été cédés au Portugal,
et qu'il n'en découlerait aucun principe pour délimiter les
terres du Cap de Nord. »
L a théorie attaquée n'a pas besoin de défense, attendu
que les documents français, portugais et espagnols cités
l'établissent d'une manière irréfutable. Les pièces des né­
gociations de 1697 à 1713 parlent de Terres du Cap du
Nord, mais en expliquant qu'il s'agit de celles qui sont
situées entre l'Amazone et la rivière d'Oyapoc, Yapoco,
Japoc ou Vincent Pinçon. On comprend donc sans grand
effort que l'Orénoque était hors de question et que la
France, à Utrecht, a renoncé non pas à toute la Guyane,
mais seulement à ses prétentions sur les terres du Cap du
Nord situées entre l'Oyapoc et l'Amazone,
c'est-à-dire à la
partie de la Guyane située entre ces deux fleuves. Nous
disons que la France renonça alors à ses prétentions, parce
que, dans le Traité d'Utrecht, on ne lit pas le mot cession
et que la France ne pouvait en effet pas céder ce qu'elle
ne possédait pas et n'avait jamais possédé.
Passons maintenant au nom Cap du Nord appliqué à
un cap en Guyane.
Le Mémoire de la France prétend que ce nom, pour
les Portugais, désignait la pointe de Macapá, et que, pour
tous les géographes et cartographes étrangers, le cap du
Nord se trouvait par 1°50, voire par 1° et moins encore
sur les anciennes cartes. Celle de HARTSINCK, en 1770,
aurait été la première à placer le Cap du Nord à l'extré­
mité septentrionale de l'île de Maracá. « C'est la première

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 151
fois qu'on rencontre cette erreur, reproduite dans quelques
cartes
Nous pensons que le Service hydrographique français
ne s'est pas trompé en plaçant au Nord de l'île de Maracá
le Cap du Nord « des anciens géographes » (carte n° 8 6
dans notre Atlas). Le 1 Mémoire du Brésil (T. I, p. 14)
er
avait déjà indiqué des cartes françaises, antérieures à
1770, qui mettent le Cap du Nord à l'île de Maracá. Nous
pouvons maintenant citer un autre Français, le MARQUIS
DE FERROLLE, en 1 6 8 8 ) . Dans la carte de SEBASTIAN DE
2
RUESTA, de 1655, le Cap du Nord doit être celui de l'île
Carapaporis, aujourd'hui Maracá, car autrement on y ver­
rait cette île détachée de la côte par le canal de Carapaporis.
Le nom Cap du Nord s'appliquait encore, ancienne­
ment, au Cap d'Orange, comme le disait LAET :
« Le Cap qui barre vers l'Orient la baye, dans laquelle
la riviere de Wiapoco & autres petites se deschargent est
distant de la ligne de IV degrés & trente scrupules vers
le Nord; il est appelé maintenant des Anglois Cabo de
Conde, d'autrefois Cabe Cecil; mais pour ceux de nostre
nation Cape d'Orange & souvent Cabo de Noord3)».
Nous présentons un exemple du nom Cap du Nord
appliqué au Cap d'Orange dans la carte inédite de S I R
WALTER RALEGH ). C'est une copie de l'original dont il se
4
1) Mémoire de la France, T . I, p. 356.
) Voir au T. II, pp. 150 et 151.
2
) Voir au T. II, pp. 39 et 40.
3
) № 9 au T. V I (Atlas). A corriger sur la carte, et dans la liste
4
des cartes de l'Atlas, la date. Original aux Archives de Simancas.

1 5 2 QUESTION DE FRONTIÈRES
servait dans son expédition de 1617 et qu'il communiqua à
un capitaine français de son armement. Cette carte de
RALEGH est une copie légèrement modifiée de celle de
TATTON, de 1 6 0 8 (n° 5 4 dans le 1 Atlas du Brésil). Le
E R
point de ralliement des navires était le Cap d'Oyapoc
(Wiapoco), auquel KEYMIS avait donné en 1596 le nom de
Cape Cecil. RALEGH écrivit sur ce nom : C. North ; et le
capitaine français y ajouta cette note: «place primive ».
En haut de la carte, on peut voir cette autre note du même
capitaine : « Nous ne touchons poynt sur autre coste hormis
l'isle de fuerteventure iusques que nous venons au cap de
north». Dans le journal de RALEGH ), on lit : « The 11 of
1
November (1617) we made the North Cape of Wiapoco...»
Voici maintenant la latitude qu'attribuaient au Cap du
Nord un religieux portugais et deux missionnaires jésuites
étrangers appartenant à la province du Maranhão et Para :
L e P. PFEIL, écrivant en 1 6 8 2 ) . . . . 2 ° 5 2 '
2
Le P. SOUZA FERREIRA, en 1 6 8 5 et 1 6 9 3
) 2° 4 0 '
3
Le P. BETTENDORFF, en 1 6 9 8 ) 2° 3 0 '
4
Le P. PFEIL, en 1 7 0 0 ) 2° 0 0 '
5
1) Sir Walter Ralegh's Journal of his second voyage to Guiana
(Ms., British Museum). Inséré par SCHOMBURGK dans le volume The
discovery of the Empire of Guiana, publié par 1'« Hakluyt Society »,
Londres 1848.
) T . II, p. 103.
2
) Ibidem, pp. 124 et 158.
3
) Ibidem, p. 120 (calcul).
4
) Dans le
5
Compendio, n° 41.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 153
SOUZA FERREIRA et BETTENDORFF plaçaient la rivière de
Vincent Pinçon à 4 0 lieues portugaises du Cap du Nord,
d'après l'acte de donation de 1637. Le P. PFEIL, comme
nous l'avons vu, indiquait même les deux extrémités de la
baie où se jette l'Oyapoc: la pointe Comaribo, ou de la
Montagne d'Argent, et le Cap d'Orange.
11 a déjà été prouvé ) que les noms
1
Pinis Baye, Pines
Bayo, Pynes bay, et autres variantes, que l'on voit à partir
de 1598 sur certaines cartes, près du Cap du Nord, ne
désignaient pas une baie ou une rivière de Pinçon ). C'était
2
un nom anglais: Pinesse bay, ou Pinace bay. Dans la
« Nomenclature alphabétique » de l'Atlas de STIELER, on
trouvera près de soixante-dix noms semblables, d'origine
anglaise ou espagnole, parmi lesquels «Pine River» et
«Pinas (Baie)>. Et quant au nom espagnol de Rio de
Canoas, qu'on a voulu appliquer à l'Oyapoc ), nous nous
3
reportons à C. DA SILVA, § § 1836, et 2428 à 2437, ainsi qu'à
la carte de SEBASTIAN DE RUESTA ), laquelle montre que
4
ce nom n'avait rien de commun avec la rivière que les
Espagnols et les Portugais nommaient Vincent Pinçon, au
Cap d'Orange.
L'« Exposé géographique» cherche, à l'aide d'une carte
de D'ANVILLE et d'un passage de LA CONDAMNE ), à établir
5
qu'il y avait anciennement, et à l'époque du Traité d'Ut-
1) Mémoire du Brésil, T. I, pp. 63 et 68; C. DA SILVA, §§ 2550 à 2552.
2) Mémoire de la France, p. 290.
) Ibidem, pp. 288, 291 et 292.
3
) T . VI, n° 14.
4
5) Mémoire de la France, pp. 346 et 347.

154 Q U E S T I O N DE FRONTIÈRES
recht, une branche septentrionale de l'Araguary, débouchant
dans la mer au Nord du Cap du Nord. «Sans doute »,
dit-il ), il est permis de regretter que l'Article 8 du Traité
1
d'Utrecht ait adopté pour délimitation une rivière qui exis­
tait certainement à cette date comme bras de l'Araguary,
mais qui était déjà menacée par le travail d'atterrissement
très actif sur cette côte. Cet inconvénient frappa, dès les
premières années qui suivirent le traité, le géographe clair­
voyant qu'était D'ANVILLE; et nous avons vu comment il
essaya d'y pourvoir. Toutefois l'aspect des lieux retraçait
encore très nettement pour LA CONDAMINE l'ancienne et
traditionnelle disposition du cours fluvial.
Le 1 Mémoire du Brésil a déjà touché cette question
E R
(pages 3 4 et 3 5 ) , traitée auparavant avec beaucoup d'am­
pleur par C . DA SILVA, qui avait prouvé d'une façon irré­
futable, que le prétendu bras septentrional de l'Araguary.
représenté sur un grand nombre de cartes du XVII siècle,
e
ne fut qu'une création de JODOCUS HONDIUS, en 1598, due à
sa mauvaise interprétation d'un passage de K E Y M I S ) . D ' A N -
2
VILLE et LA CONDAMINE se sont donc trompés, et nous sa­
vons que ce dernier tirait souvent des conclusions trop
faciles, car, à la simple vue de l'Arcano del Marc de
DUDLEY, il a affirmé péremptoirement, en 1745, que toutes
les cartes anciennes plaçaient la rivière de Vincent Pinçon
cinquante lieues au Sud de l'Oyapoc, inexactitude dont l'Ar­
bitre peut juger en présence de la quantité de documents
1) Ibidem, pp. 362 et 363.
) Voir C. DA SILVA, § § 3 9 8 à 4 1 8 et 1171 à 1 2 0 8 .
2

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 155
qui la contredisent, documents réunis dans les deux Atlas
du Brésil. Chargé d'explorer le prétendu bras septentrional
de l'Araguary, qui serait le Carapaporis, d'après le Pléni­
potentiaire de la France aux conférences de 1855 et 1850,
et d'après les défenseurs de la cause cayennaise à cette
époque, le capitaine PEYRON, de la marine française, a
loyalement déclaré dans son Rapport en date du 1 Avril
e r
1857 : Il n'y a pas actuellement de communication possible
avec la branche sud et si elle a existé autrefois ce ne peut
être que dans un temps très éloigné». Ce commandant
français, lui, ne se trompait pas comme L A CONDAMINE. Les
capitaines anglais MICHAEL HARCOURT et EDWARD HARVEY,
qui firent, en 1608, l'exploration du canal de Carapaporis,
du Cap du Nord continental, nommé par eux Point Peri-
lous, et celle de l'Araguary, ne trouvèrent à ce cours d'eau
aucun bras septentrional, comme on peut s'en assurer par
l'inspection des cartes de TATTON, de 1608, et de RALEGH,
de 1617 ).
1
Nous pouvons fournir maintenant une nouvelle preuve de
la non-existence de ce bras septentrional de l'Araguary avant
le Traité d'Utrecht: elle se trouve dans la lettre du sous-gou­
verneur de Cayenne, DE FERROLLE, datée du 22 Septembre
1688 ). Il se rendait de Cayenne à l'Araguary, pour sommer
2
le commandant du fort portugais de S. Antonio d'avoir à
évacuer cette position. Si le prétendu bras septentrional
) 1 Atlas du Brésil, n° 54 ; 2 Atlas, n° 9.
1
er
n d
2) Mémoire de la France, T . II, n° LIII , pp. 155 à 158. Lettr e au
Marquis et à la Marquise DE SEIGNELAY, aux Archives Nationales à Paris.

156 QUESTION DE FRONTIÈRES
de l'Araguary, le prétendu Vincent Pinçon, existait à cette
époque, débouchant dans le canal de Carapaporis, il est
évident que DE FERROLLE n'aurait pas manqué de suivre
cette voie facile; mais comme l'Araguary, alors aussi bien
qu'aujourd'hui, n'était qu'un tributaire de l'Amazone, ayant
son confluent au Sud du Cap du Nord, DE FERROLLE remonta
le Mayacaré ) traversa le lac de Macary et les savanes
1
noyées, gagna le Batabouto, affluent de la rive gauche
de l'Araguary, et arriva ainsi à cette rivière. Ce voyage à
travers les savanes noyées fut assez pénible, dit-il ) :
2
«Après avoir traversé avec bien de la difficulté ces
savannes, j'arrivay le 27 dans la rivière de Batabouto. Elle
va se jetter à 5 lieues de la Maronne dans celle de la
Barahouary ), et a sa décharge du costé de l'Ouest. Y est
3
situé le fort Saint Antoine, construit par les Portugais depuis
un an la garnison est d'environ 25 Portugais et de
60 Indiens Arianes. »
Pour rentrer à Cayenne, DE FERROLLE descendit l'Ara­
guary et l'Amazone jusqu'à l'île Carapaporis (Maraca),
où il plaçait le cap du Nord ); et il longea ensuite le rivage
4
de la mer.
) Ibidem, p. 157.
1
Nagarary est une mauvaise lecture de Mayacaré.
Dans le Rapport officiel de F E R R O L L E , aux Archives du Ministère des
Colonies, le Vicomte D E SANTARÉM a pu lire distinctement : Mayacaré.
) Ibidem, p. 157.
2
) Dans l'original on doit lire
3
La Rahouary, comme plus loin, dans
ce même texte. D E F E R R O L L E écrivait La Rahouary pour l ' A r a o u a r y
ou Araguary (voir son Mémoire du 20 Juin 1698).
) Ibidem, p. 158; et T. II du présent Mémoire, pp. 147 à 151.
4

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 157
Devant cette preuve décisive, tirée d'un document
français, il est impossible qu'on puisse continuer à prétendre
que l'Araguary avait, avant le Traité d'Utrecht, un bras
septentrional et que la limite alors convenue était celle-là.
Le Gouvernement du second Empire avait soutenu
cette thèse en 1855 et 1 8 5 6 ) e t maintenu qu'il se con­
1
formait aux termes du Traité d'Utrecht en laissant au
Brésil le Cap du Nord et ses terres ). L'«Exposé juridique»
2
cherche à expliquer ) la récente revendication française
1
) Déclaration du Plénipotentiaire français, le 19 Février 1856
1
1er Mémoire du Brésil, T. III, p. 235): « L a France ne saurait, tant en
raison des droits qu'elle tient du Traité d'Utrecht, qu'en vue de l'établis­
sement d'une bonne et véritable frontière entre sa colonie de la Guyane
et l'Empire du Brésil, accepter ni reconnaître d'autre limite, du côté de
la mer, que le fleuve de Vincent Pinson, c'est-à-dire le cours d'eau qui
se jette dans la baie de ce nom, à moins de deux degrés au Nord de
l'Equateur, et qui est aujourd'hui connu sous le nom de Carapapori ou
branche Nord de l'Araouari . . . . »
On devait déjà savoir en France, à ce moment, que le Carapaporis
n'était pas un bras de l'Araguary, car, dans la carte de SIMON MENTELLE,
terminée en 1788 (n° 34 de l'Atlas français), on lit : «La Riv. de Carapa-
pouri prend sa source dans des marécages. »
) Passage de la réponse du Plénipotentaire français, le 22 Janvier 1856
2
(1er Mémoire du Brésil, T. III, p. 226) :
«Peut-être fallait-il aussi rappeler à l'honorable Plénipotentiaire
du Brésil que la branche Nord de l'Araouari (le Carapapouri) que le
Plénipotentiaire Français réclame, au nom du Traité d'Utrecht, comme
la limite de la Guyane Française, - n'est pas au Sud des terres im­
médiatement adjacentes au Cap du Nord, niais au Nord de ces
terres; et que son adoption comme limite laisse aujourd'hui au Brésil
tout ce que le Traité d'Utrecht a adjugé au Portagal. »
3) Mémoire de la France, pp. 132 à 134.

158 QUESTION DE FRONTIÈRES
avancée, aujourd'hui, de la prétendue branche nord, ou
Carapaporis, jusqu'au confluent du véritable Araguary, dans
l'Amazone, au Sud du Cap du Nord. Il donne d'abord
comme possible l'existence de la branche imaginaire ), mais,
1
ensuite, il se prononce pour la «branche sud».
«Nous avons été amenés», dit-il ), «à réclamer la
2
branche sud comme la limite. Nous avons déjà expliqué
qu'un écart de quelques minutes est une quantité négli­
geable, et cela est particulièrement vrai dans une région
aussi mobile, aussi prompte à se transformer et surtout à
propos d'un cours d'eau sujet à d'aussi profonds change­
ments et à de tels déplacements. Mais notre raison capitale,
c'est que la branche nord est obstruée et détachée du tronc,
et que la branche sud représente seule aujourd'hui le cours
d'eau qui venait déboucher dans la baie de Vincent Pinçon
. . . . En prenant comme ligne de partage à Utrecht un
cours d'eau qui était encore une grande rivière, mais qui
était déjà menacé, et qui par suite de la mobilité de ces
terrains noyés dont la physionomie est si facilement modifiée
sous la double influence des eaux de l'intérieur et des
marées, les négociateurs de l'acte de 1713 ont implicitement
accepté les conséquences des déplacements que ce cours
d'eau pouvait subir. »
Ainsi, d'après cette théorie, le lit d'un fleuve formant
la frontière entre Etats n'appartiendrait pas aux deux con­
finants et ne constituerait pas la partie essentielle de la
) Ibidem, p. 132,
1
in fine : « ... la branche nord paraît être obstruée...»
) Ibidem, p. 134.
2

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE
159
limite : ce serait seulement l'eau du fleuve qui ferait la fron­
tière stipulée. L'un des deux Etats pourrait gagner ou perdre
des territoires selon les déplacements du cours d'eau ; et si
l'on admettait la doctrine de nos contradicteurs d'après
laquelle, lorsqu'on stipule une frontière fluviale, les deux
parties acceptent implicitement les conséquences des dé­
placements que ce cours d'eau pourrait subir, il faudrait
admettre la possibilité de véritables bouleversements dans
la géographie politique que les accidents de ce genre pour­
raient produire en Guyane ou ailleurs, car nous avons, dans
le Hoang-Ho, l'exemple d'un déplacement de 900 kilomètres.
Nous trouvons très ingénieuse l'opinion consignée dans
L'«Exposé juridique», mais nous sommes en même temps
très convaincus que non seulement le Droit International
mais encore l'Article 563 du Code Civil français protestent
contre elle. Et pour autoriser la nôtre, il suffira de deux
citations :
« . . . Une rivière qui sépare deux juridictions, » dit GRO-
TIUS, « n'est pas considérée simplement en tant qu'amas d'eau,
mais en tant qu'eau coulant clans tel lit déterminé, et ren­
fermée dans de telles rives... Si, abandonnant son ancien
lit, un fleuve vient à s'élancer autre part, ce ne sera plus
celui qui existait auparavant, mais un fleuve nouveau, l'an­
cien étant tari. Et comme, si le fleuve s'était desséché, le
milieu du lit qu'il aurait occupé auparavant demeurerait la
limite de la juridiction, parce qu'il faut supposer que l'in­
tention des peuples avait été de le prendre pour borne
naturelle, de telle sorte que s'il venait à cesser d'exister
chacun conserverait ses possessions, il en sera de même

160 QUESTION DE F R O N T I È R E S
dans le cas de changement de lit (l. III, § 2, Dig., de aq.
quotid. et œstiva) »l).

«Mais», dit de son côté VATTEL ), «si le fleuve change
2
complètement de lit, la limite des deux Etats ne change
pas ; elle reste à la place où elle était antérieurement. Les
droits qui appartenaient sur le fleuve à celui dont il limi­
tait le territoire passent à celui dans le territoire duquel
il s'est creusé un nouveau lit. Lors donc qu'un fleuve quit­
tant son lit normal se crée une nouvelle issue en faisant
irruption à travers le territoire de l'un des riverains, comme
l'Etat envahi ne peut être obligé de renoncer par ce fait
à une partie du domaine sur lequel s'étend incontestable­
ment sa souveraineté, on admet dans ce cas que l'ancien
lit continue à servir, comme par le passé, de limite com­
mune » ).
3
Le Mémoire de la France s'est beaucoup appesanti
sur une faute d'impression qui s'est glissée dans la publi­
cation posthume de l'ouvrage de BERREDO, paru en 1749 ). Cet
1
ancien gouverneur du Maranhão n'a pu écrire que la rivière
) GROTIUS,
1
Le droit de la guerre et de la paix, liv. II, chap. III,
§ X V I I , traduction française de PRADIER-FODÉRÉ.
2) Le Droit des Gens, Liv . I, Chap. X X I I , § 270 : « D e ce qui arrive
quand le fleuve change son cours».
) Ajoutons seulement l'opinion d'un contemporain français :
3
« Dans le cas où un fleuve se crée une nouvelle issue à travers le
territoire de l'un des Etats riverains, l'ancien lit sert, comme par le passé,
de ligne de démarcation » ( E D . ENGELHARDT, Du régime conventionnel
des fleuves internationaux,
Paris 1879, p. 75).
l) Mémoire de la France, pp. 39, 172 à 174, et 336 à 339.

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 161
de Vincent Pinçon se trouvait par 1°30' de latitude Nord, car,
dans le même ouvrage, il place le Cap du Nord par 2° 40',
et dit non seulement que la rivière de Vincent Pinçon dé­
bouche 40 lieues au delà de ce cap, mais que les Français
la nomment Wiapoco. Nous n'avons pas à revenir sur
cette question, pour laquelle il suffira de nous reporter aux
§§ 2343 à 2383 de C. DA SILVA. L'Arbitre aura vu dans
une note au § 2379, que D'AVEZAC a corrigé une erreur
du même genre dans l'ouvrage d'Enciso, et que des erreurs
semblables se sont glissées dans la dernière édition des Instruc­
tions de la marine française n° 574, où, dans la Table des
Positions géographiques (p. 109), le Cap d'Orange et la
ville de Pará sont portés comme étant situés par 2° 20'
45" de latitude Nord et 0° 26' 54" sud, d'après MOUCHEZ,
alors que leur latitude vraie, d'après cette autorité, est de
4° 20' 45" Nord pour le Cap d'Orange, et 1° 26' 54" Sud,
pour la ville de Pará.
Répl. du Brésil. T. I .
11
e r

1 6 2
QUESTION D E F R O N T I È R E S
XI
Pour ce qui est de l'« Exposé historique », il n'est pas
nécessaire de nous attarder à examiner les concessions fran­
çaises de 1602, 1609 et 1610, qu'il cite sans en présenter les
pièces justificatives ; d'abord, parce que si les concessions
dont il s'agit pouvaient prouver quelque chose contre les
droits du Portugal, elles prouveraient en même temps que
la France a des droits sur le Rio de la Plata, l'île de la
Trinidad, Saint-Domingue, le Pérou, le Mexique et la Flo­
ride ) ; et ensuite, par le principe très vrai que le Mémoire
1
de la France rappelle ailleurs, qu'on ne peut donner que
ce qu'on possède
2), et les Français ne possédaient absolu­
ment rien, ni dans l'Amazonie, ni dans la Guyane. Disons
seulement qu'il est inexact que BENTO MACIEL PARENTE ait
trouvé «des Français établis au Sud de l'Amazone sur le
Campa (Xingú actuel) » ). L e Xingú n'a jamais été désigné
3
sous le nom de Campa. Cette dénomination nouvelle n'est
que le résultat d'une mauvaise lecture et de notes prises à
la hâte sur le passage suivant de BEAUCHAMP ) : « Un autre
4
détachement qui devait suivre MACIEL, arriva de Bélem. On
1) Mémoire de la France, T . I, pp. 157 et 158.
) Ibidem, p. 157.
2
) Ibidem, p. 154.
3
) ALPHONSE D E BEAUCHAMP,
4
Histoire du Brésil, T. II, p. 145. «Des
travaux de SOUTHEY, résultat de longues études et de méditations assidues,

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 163
remit alors à la voile, et on trouva sur les bords de la
Curupa des aventuriers français, anglais et hollandais
retranchés militairement, et ayant pour auxiliaires un grand
nombre d'Indiens».
L'«Exposé historique» a fait de Curupa le nom Campa,
alors que, d'après les textes de BERREDO et de SOUTHEY ),
1
— ce dernier plagié par BEAUCHAMP, - il s'agissait de
Mariocay ou Curupá, aujourd'hui Gurupá, sur la rive
droite de l'Amazone. Ni les deux textes originaux, ni celui
de BEAUCHAMP, ne disent que les Français étaient établis à
Gurupá, comme l'affirme l'«Exposé historique». BERREDO et
SOUTHEY disent que MACIEL PARENTE y rencontra des « aven­
turiers hollandais, anglais et français » ; et BEAUCHAMP, en
s'appropriant le texte de l'historien et «poète lauréat» an­
glais ), n'a fait qu'intervertir l'ordre des nationalités, en
2
écrivant: «aventuriers français, anglais et hollandais.»
Mariocay, pris par BENTO MACIEL PARENTE en 1623, et
nommé par la suite Curupa ou Gurupâ, était un fort hol­
landais, de même que les deux forts de Nassau et d'Orange,
sur le Xingú ). Il est bien possible qu'il y eût quelques
3
ALPHONSE DE BEAUCHAMP fit un résumé ou plutôt un plagiat qu'il osa
publier sous son nom, en payant son bienfaiteur d'ingratitude et en lui
adressant des injures, qui aujourd'hui retombent sur lui-même » (VICOMTE
DE PORTO SEGURO, Historia Geral do Brasil, p. 1177).
) BERREDO,
1
Annaes Historicos do Maranhão, Lisbonne 1749, §§ 503
à 505; ROBERT SOUTHEY, History of Brasil, Londres 1810, chap. X I I I .
) On lit à la même page de BEAUCHAMP : «. . . tant la guerre était
2
alors impitoyable !» Même cette exclamation est prise par le plagiaire
dans le texte de SOUTHEY.
) Voir les autorités citées, pp. 78 à 80 du 1 Mémoire du Brésil, T . I.
3
e r

1 6 4 QUESTION DE FRONTIÈRES
Français parmi les Hollandais qui occupaient ces positions,
parce que les troupes de la Compagnie des Indes Occiden­
tales se composaient d'aventuriers de presque tous les pays
d'Europe ), mais ces hommes se battaient sous les drapeaux
1
de la Hollande, et leur présence sur le territoire portugais
envahi par la République des Provinces-Unies n'est pas une
preuve d'occupation française.
Les deux passages extraits d'un document relatif à
l'expédition de M. DE FERROLLE à l'Araguary en 1688,
transcrits dans l'«Exposé historique» ), s'accordent parfaite­
2
ment avec deux autres du Rapport officiel de cet officier,
examiné par le VICOMTE DE SANTARÉM. Quant au passage
qui fut préféré à celui du document conservé aux Archives
des colonies, il est en contradiction manifeste avec la lettre
de FERROLLE au Marquis et à la Marquise de SEIGNELAY.
Nous étudions autre part ces documents ), ainsi que la
3
partie de 1'« Exposé historique » qui traite des faits qui
précédèrent et suivirent l'invasion de 1697 ).
4
) Même les officiers supérieurs étaient parfois des étrangers. L e
1
colonel ARCIZEWSKI, qui remporta en 1636 la victoire de Matta Redonda,
près de Porto Calvo (Alagoas, Brésil), et qui devint le rival du Prince
MAURICE DE NASSAU, gouverneur du Brésil Hollandais, était un Polonais.
L e général VON SCHKOPPE, commandant en chef de l'armée hollandaise,
du Brésil, battu à Guararapes (1648) et forcé de capituler à Recife de
Pernambuco (1654), était un Allemand.
2) Mémoire de la France, T . I, pp. 163 et 164.
) T . II, n° 23, pp. 143 à 151.
3
) Ibidem, n° 26 , pp. 175 à 183.
4
b i s

B R É S I L E T G U Y A N E F R A N Ç A I S E
165
XII
Les nombreux documents des négociations de Lisbonne
et d'Utrecht (1697—1713) réunis dans le Tome II (pages
175 à 527), nous dispensent de suivre minutieusement l'«Ex­
posé juridique et diplomatique». Toutes ces pièces y sont
étudiées avec soin. L'Arbitre y trouvera la réfutation des
Mémoires de la Cour de Versailles remis à cette époque
au Gouvernement Portugais.
Le Traité provisionnel du 4 Mars 1700 fut signé par le
Portugal sous la pression des menaces de Louis XIV,
comme le reconnaît et le proclame le Mémoire français
L' « Exposé diplomatique » prétend que ce traité n'a
neutralisé qu'une bande de terrain comprise entre les forts
d'Araguary et de Macapá : « Il devient donc d'une évidence
flagrante que, pour les deux parties, les terres dont la pos­
session restait en suspension étaient bornées au Sud par
le fort de Macapá et le grand fleuve sur lequel il était
construit, au Nord par la position d'Araguary et la rivière
sur laquelle elle était placée » ).
2
Et tout cela pour affirmer que la France à Utrecht
n'a renoncé qu'à cette petite bande de territoire et au bord
septentrional de l'Amazone. Dans les deux cartes ci-jointes
se trouvent tracées :
) T. I, pp. 17, 18 et 24.
1
2) Mémoire de la France, T . I, p. 35.

166 QUESTION DE F R O N T I È R E S
1° Les limites du territoire neutralisé en 1700, d'après
le sens que le Mémoire français donne au Traité de 1700 ;
2° Les limites du territoire neutralisé, d'après l'inter­
prétation que le Brésil donne des clauses de ce même traité.
L'Arbitre jugera.
Voici le passage du 1 Mémoire du Brésil ) relatif à
e r
1
cette question :
« Ce traité, comme on vient de le voir, neutralisait pro­
visoirement une partie des Terres du Cap du Nord, -
c'est-à-dire de la Guyane, — ainsi délimitée (Article 1 ) :
e r
- la rive gauche de l'Amazone, depuis le fort portugais
de Cumaú, ou Macapá, jusqu'au Cap du Nord ; et ensuite,
«la coste de la mer», depuis le Cap du Nord jusqu'à la
rivière « d'Ojapoc » (texte portugais) ou « d'Oyapoc » (tra­
duction officielle française) « dite de Vincent Pinson » (voir
la carte n° 3, dans le présent volume). La limite intérieure
n'était pas déclarée, mais elle devait s'entendre par une
ligne tracée du fort de Macapá à la source de l'Oyapoc et
par la chaîne de partage des eaux depuis cette source jus­
qu'à celle du Maroni, qui formait déjà la frontière entre
les possessions de la France et celles de la Hollande. L a
neutralisation ne s'étendait pas aux territoires du bord sep­
tentrional de l'Amazone en amont de Macapá, sur lesquels
le Portugal possédait un certain nombre d'établissements.
Le litige se trouvait donc circonscrit entre les limites qui
viennent d'être déclarées (voir Articles 1 , 4, 9 et 10). Le
e r
) T . I, pp. 190 à 192.
1

1.
Territoire conteste et neutralisé eu 1 7 0 0 , d'après le 1er Mémoire /mnçaùt.

2.
Territoire contesté et neutralisé d'après le texte du traité de 1700, d'après
les plénipotentiaires français à l'trecht et d'après le 1er Memoire da Brésil.

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 167
préambule du Traité montre, d'ailleurs, que Louis X I V ne
poussait pas ses prétentions jusqu'au Rio Branco, dont le
bassin ne se trouve pas « entre Cayenne et la rivière des
Amazones.
«On lit dans l'Article 1 :
e r «...Depuis lesdits forts »
(de Cumaú, ou Macapá, et d'Araguary) « jusques à la
« rivière des Amazones vers le Cap de Nord, et le long de
«la coste de la Mer jusqu'à la rivière d'Oyapoc dite de
« Vincent Pinson. »

«L'Oyapoc, Ojapoc ou Vincent Pinçon du Traité de
1700 se trouvait donc au Nord du Cap du Nord, et séparé
de ce cap par une certaine «étendue de coste maritime »,
tout comme le Vincent Pinçon des Lettres patentes du
14 Juin 1637 (Document n° 3 au Tome II, Documents), qui
en était séparé par environ 40 lieues portugaises, de 17 /
1
2
au degré, ou 45,7 lieues marines. L'Ambassadeur ROUILLÉ
a certainement pris connaissance de ce document, cité
dans le 1 Mémoire portugais, et dans lequel, plusieurs
e r
fois, il est parlé de rivage de la mer, et de 40 lieues, entre
le Vincent Pinçon et le Cap du Nord.
«L'Oyapoc, Ojapoc ou Vincent Pinçon du Traité de
1700, n'était donc pas l'Araguary, qui se trouve au Sud du
Cap du Nord, comme le déclare le Compromis, et qui,
étant un affluent de l'Amazone, n'est séparé de ce cap par
aucune étendue de «coste de la mer». Il convient encore
de faire remarquer que dans ce traité le nom Araguary
se trouve écrit quatre fois a propos du fort portugais con­
struit en 1687 sur la rive gauche ou septentrionale de cette
rivière, et que si le Vincent Pinçon était l'Araguary ou

168 QUESTION DE FRONTIÈRES
toute autre rivière au Sud du Cap d'Orange, on ne l'aurait
pas appelé Oyapoc ou Ojapoc, dénomination qui, d'après
le MARQUIS DE FERROLLE lui-même, ne s'appliquait qu'à la
rivière voisine de Cayenne ».
En étudiant les Mémoires que se sont communiqués
les deux parties, l'Arbitre verra que les noms Oyapoc ou
Yapoco figurent à chaque instant dans ces pièces comme
dans le traité lui-même, et que l'Araguary y est cité par­
fois, mais toujours comme étant une rivière différente du
seul Oyapoc ou Yapoco connu.
Au cours des négociations d'Utrecht, les mêmes noms
d'Oyapoc et Yapoco reviennent plusieurs fois comme syno­
nymes de Vincent Pinçon. Louis X I V lui-même écrit: Oyapoc.
L'»Exposé diplomatique» se base sur une dépêche de
BROCHADO, Ministre de Portugal à Londres, pour prétendre
que le territoire contesté, laissé au Portugal par le Traité
d'Utrecht, s'étendait seulement du Cap du Nord à l'Ama­
zone, et que le Japoco était au Cap du Nord. BROCHADO
aurait écrit : « terres situées entre le Rio Japozo et le cap
du Nord, jusqu'au Rio des Amazones, inclusivement» ).
2
Au T. II (n° 57, pp. 4 2 5 à 430), on a montré que toute
l'argumentation basée sur ce document disparaît, car dans
la copie communiquée au Gouvernement Français le copiste
s'est trompé et a modifié ce passage. Voici ce que BRO­
CHADO écrivait dans cette lettre, de même que dans les
Mémoires remis le 19 et le 2 3 Janvier 1713 à LORD DART-
1) Mémoire de la France, T . I, p. 62 et suivantes.
2) Mémoire de la France, T . II, p. 63, doc. XIII .

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 169
MOUTH et au Secrétaire d'Etat LORD BOLINGBROKE, Mémoires
communiqués à Louis X I V et aux Plénipotentiaires anglais
à Utrecht :
« . . . terres situées entre le Rio Yapouco et le Cap
du Nord du Rio des Amazones, inclusivement »
Voici ce qu'il écrivait dans le Mémoire remis à LORD
DARTMOUTH, et envoyé le 19 Janvier, par le Secrétaire
d'Etat, au Duc DE SHREWSBURY, Ambassadeur d'Angleterre
en France, pour être communiqué à Louis X I V :
« . . . cette partie du pays, sur les côtes du Brésil,
située entre la Rivière Yapoco et le Cap Nord de la
Rivière des Amazones, inclusivement » ).
2
Et voici enfin ce qu'il écrivait le 23 Janvier, dans le
Mémorandum remis au Secrétaire d'Etat et envoyé par
celui-ci aux Plénipotentiaires anglais à Utrecht:
« . . . la jouissance des Terres qu'il (le Roi de Portugal)
possédoit situées depuis la Rivière appellée Yapoco jusques
au Cap du Nort de la Riviere des Amazones inclusive » ).
3
On voit donc, par ces trois documents, que ce que le
Portugal, appuyé par l'Angleterre, demandait c'était que
Louis X I V renonçât à ses prétentions aux terres situées
entre le Rio Yapoco et le Cap du Nord. Le point de
départ était le Yapoco, le point terminal le Cap du Nord,
donc, le Yapoco ou Oyapoc était séparé du Cap du Nord
par toute l'étendue des terres en litige.
) T. II, n° 57, pp. 427 et 429.
1
) Ibidem, n° 55, pp. 417 à 421.
2
) Ibidem, n° 56, pp. 423 et 424.
3

170 QUESTION DE FRONTIÈRES
En citant un simple passage d'une dépêche du Duc
D'AUMONT, Ambassadeur de France à Londres, — dépêche
dont le texte intégral ne se trouve pas parmi les pièces
justificatives, — 1'« Exposé diplomatique» se réjouit de voir
que l'Angleterre respectait l'intégrité territoriale de la
colonie française. «On n'ôte rien à la France», disait le
Duc D'AUMONT, « on veut seulement une plus grande pré­
caution pour la sûreté du Brésil » )•
1
Cela est vrai. Le Gouvernement Anglais ne voulait rien
ôter à la France, parce qu'il savait qu'elle ne possédait rien
de ce que le Portugal réclamait, et que la colonie de Cayenne
ne comprenait que l'île de ce nom et le littoral entre le
Marony et l'Oyapoc.
La preuve, on la trouvera dans le passage suivant de
la dépêche du 17 Février 1713, de Lord BOLINGBROKE à
l'Ambassadeur d'Angleterre en France ) :
2
«J'ai raison de croire, d'après les relations qui me sont
parvenues de ce qui s'est passé à Utrecht, que la demande
faite en faveur du Portugal sera très peu goûtée à la Cour
de France, et, cependant, il n'y a rien de plus raisonnable
pour la France que de consentir à ce que la Reine propose.
«Le Portugal avait le droit de demander une barrière
considérable, et, quel que soit le dédain avec lequel il a
plu aux Ministres Français de traiter les Portugais, ils
doivent néanmoins respecter cette prétention, puisqu'elle
1) Mémoire de la France, T . I, p. 78.
) T . II, n° 62, pp. 457 et suiv.
2

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 171
est devenue la prétention de la Reine par les engagements
que Sa Majesté a pris, lorsqu'elle a conclu le Traité de
1703. Le Portugal renonce immédiatement à cette barrière,
et l'on ne demande en échange à la France et à l'Espagne
qu'une sécurité par promesse. Or, puisque, de fait, les
Portugais consentent à accepter cette sécurité, au lieu de
ce qu'ils avaient stipulé, et puisque la parole de la Reine
est engagée à ne pas les obliger à renoncer à l'une sans
que l'autre soit devenue effective ; il est à considerer qu'en
Europe aucune attaque ne peut être faite contre cette
nation, sans que la Couronne de la Grande-Bretagne soit
presque aussi prompte à s'y opposer que la France et
l'Espagne le seraient pour l'exécuter; mais au Brésil le
cas n'est pas le même. Les Français s'y sont glissés
dans le voisinage des Portugais, ils avancent tous les
jours de nouvelles prétentions et y font de nouveaux
empiétements ; la Reine est loin, et ces Colonies, faibles
et mal gouvernées, peuvent être envahies avant que la
nouvelle en arrive à Londres. Rien ne peut donc être
plus juste de la part de la Reine que, eu égard à ce
qu'Elle cède (expression qui est bien employée ici) en
Europe, la France cède quelque chose en Amérique. En
outre, la navigation de la Rivière des Amazones ne saurait
laisser de donner de l'ombrage même aux Espagnols.
Quiconque est informé des dernières nouvelles arrivées
de ces régions et des plus récentes découvertes qui y ont
été faites, comprendra facilement les raisons sur lesquelles
les Espagnols doivent fonder leurs appréhensions. Enfin,
my Lord, il faut que la source de la rivière appartienne

172 QUESTION DE FRONTIÈRES
aux Espagnols et son embouchure aux Portugais ; et ni
les Français, ni les Anglais, ni aucune autre nation ne
doivent avoir une avenue ouverte sur ce pays.
« Je suis presque honteux d'avoir insisté si longuement
sur ce sujet, quand je considère que je discute un avan­
tage purement imaginaire, lorsque je n'ai pas à prouver
que les Français doivent renoncer à une chose dont ils
aient eu la possession effective, mais simplement à ce dont
ils n'ont jamais eu la jouissance que par l'idée. »
L'Arbitre verra dans ce dernier passage la portée et
la vraie signification des paroles du Duc D'AUMONT. Les
Français n'avaient jamais eu la possession effective des
territoires qu'ils prétendaient obtenir dans la Guyane Por­
tugaise, et dont ils n'avaient eu la jouissance que dans leur
imagination : « 1 am not proving that the French ought to
give up what they have had an actual possession of, but
am barely desiring them to forego that which they never
enjoy'd but in idea ».
Les expressions embouchure et source sont employées
par Lord BOLINGBROKE pour désigner le cours inférieur du
fleuve Amazone, devant rester aux Portugais, et le cours
supérieur
qui devait rester aux Espagnols, comme le
montre très clairement le passage qui fait suite : « et ni les
Français, ni les Anglais, ni aucune autre nation, ne doivent
avoir une avenue ouverte sur ce pays».
En acceptant, le 7 Mars 1713, toutes les demandes de
la Reine d'Angleterre en faveur du Portugal, Louis X I V ,
et partant la France, s'est engagé, le 11 Avril à Utrecht,
non seulement à renoncer à ses prétentions sur les terres

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 173
du Cap du Nord situées entre la rivière d'Oyapoc, dite de
Vincent Pinçon, la côte maritime et la rive gauche de
l'Amazone, depuis le Cap du Nord jusqu'au fort de Macapá,
mais encore sur la partie septentrionale du bassin de l'Ama­
zone. L a France ne devait avoir « aucune avenue » vers
l'Amazone. Elle ne pouvait donc obtenir, par le Traité
d'Utrecht, aucun territoire arrosé par des rivières condui­
sant à l'Amazone. La ligne de partage des eaux et l'Oyapoc
ou Japoc, nommé aussi Vincent Pinçon, restaient désormais
les frontières entre le Brésil et la Guyane Française. L a
ligne du divortium aquarum formant la limite septentrio­
nale du bassin de l'Amazone, entre la source de l'Oyapoc
et la frontière hollandaise, fut consacrée implicitement dans
le traité; la ligne de l'Oyapoc le fut expressément.
Le Traité d'Utrecht, comme l'a reconnu le Plénipoten­
tiaire français en 1855, fut «un retour sur le Traité provi­
sionnel de 1700, retour tout au profit du Portugal » ; le terri­
toire contesté en 1700 fut «abandonné par la France» ; et
la frontière de l'Oyapoc « refusée par elle, en 1700, » fut
«par elle, en 1713, formellement acceptée».
L'«Exposé juridique et diplomatique» s'attache aux
termes de l'Article 10 pour essayer de prouver que seule­
ment les deux bords de l'Amazone furent « donnés » aux
Portugais ). L'Arbitre appréciera si cette expression est bien
l
appliquée en parlant d'un peuple qui depuis près d'un siècle
était maître des deux rives de ce fleuve et qui occupait
effectivement le cours inférieur de ses affluents.
1) Mémoire de la France, I, p. 87.

174 QUESTION DE FRONTIÈRES
L'article 10 n'a trait qu'à la navigation de l'Amazone,
dont Louis X I V , sans y avoir aucun droit, voulait jouir
en commun avec le Portugal. L'« Exposé diplomatique »
part de ces fausses prémisses : que la France, avant le
Traité d'Utrecht, était en possession de la partie septen­
trionale du bassin de l'Amazone, et que ce bassin était
une simple appartenance de l'île de Cayenne ). Et il con­
1
clut que la France n'a cédé au Portugal que le bord septen­
trional de l'Amazone : la rive proprement dite, « un bourrelet
de territoire » le long du fleuve ). Mais l'Arbitre, par la
2
simple lecture du Traité, et par l'examen des premiers
Mémoires, ainsi que des pièces annexées, aura déjà vu que
la France n'a pu conserver dans la partie nord du bassin
de l'Amazone ce qui ne lui appartenait pas, ce qu'elle n'y
possédait pas au moment de la signature du Traité, et
n'avait jamais possédé auparavant. Elle a renoncé en 1713
à toutes ses prétentions sur les domaines du Roi de Portugal,
et l'engagement pris de ne prétendre à aucune « avenue »
sur l'Amazone rend inadmissible la doctrine du «bourre­
let », comme il rend irrecevables ses prétentions à la
limite de l'Araguary et au cours supérieur des autres af­
fluents de l'Amazone, que ni la Hollande, ni l'Angleterre,
possédant sur le littoral nord des colonies autrement im­
portantes que la Guyane Française, n'ont jamais songé à
disputer au Brésil. Ces deux Puissances avaient pourtant
occupé effectivement les rives de l'Amazone au commence-
1) Mémoire de la France, pp. 140 à 146.
2) Mémoire de la France, p. 87.

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 175
ment du X V I I siècle, ce qui n'est pas le cas de la France,
e
et, elles aussi, elles avaient octroyé des chartes à des com­
pagnies ou à des particuliers, donnant pour limites à ces
concessions l'Amazone et l'Orénoque.
C'est cependant au nom de concessions sur le papier
seulement, accordées il y a deux siècles par les Rois de
France, et par de soi-disants actes d'occupation à cette
époque, que nos contradicteurs prétendent établir leurs
anciens droits sur le territoire au Sud des monts de Tumu-
cumaque et d'Acaray.
Les établissements français sur le littoral de la Guyane,
toujours à l'Ouest de l'Oyapoc, ne se sont jamais étendus,
vers le Sud, au delà d'une étroite zone le long du rivage
de la mer. Il y a plusieurs juristes pour lesquels l'occu­
pation d'un littoral et du cours inférieur des rivières qu'il
comprend donne à l'Etat occupant un titre sur toutes les
terres des bassins côtiers; il n'y en a pas un seul qui
admette que l'occupation d'un littoral puisse donner un
titre dépassant la ligne de partage des eaux où ces rivières
prennent leurs sources. Jamais on n'a poussé si loin le « droit
de contiguité», «the Right of contiguity» des juristes anglais.
Les documents cartographiques français que le Brésil
soumet maintenant à l'Arbitre (Tome VI), ainsi que plu­
sieurs autres pièces justificatives (Tome III), établiront que
jamais, avant 1797, le Gouvernement français n'a déclaré
au Portugal, ni exprimé d'une manière quelconque, le
dessein d'avancer les frontières de la colonie de Cayenne
jusqu'à la rive gauche du Rio Branco. Ils prouvent encore
que, même après les Traités de Badajoz (1801) et d'A-

176 QUESTION DE F R O N T I È R E S
miens (1802), - - traités expressément annulés en 1814 et
1815, et par lesquels on avait déchiré celui d'Utrecht en
imposant au Portugal vaincu la frontière de l'Araguary,
— la France n'avait songé en aucune circonstance à
étendre ses possessions vers l'Ouest, si ce n'est au détri­
ment des colonies hollandaises et anglaises, et toujours
au Nord des chaînes de Tumucumaque et d'Acaray,
qui
forment la limite septentrionale du bassin de l'Amazone.
Toute la région qui se trouve au Sud de cette ligne de
partage des eaux fut, depuis le Traité de 1713, constam­
ment reconnue par la France comme faisant incontestable­
ment partie du Brésil. Ce n'est qu'en 1855 et 1856, lors des
conférences de Paris, qu'on éleva la prétention de pénétrer
dans le bassin de l'Amazone, quoique cette prétention sem­
blât abandonnée, puisque les cartes officielles françaises
elles-mêmes ne signalaient comme étant en litige que le
territoire compris entre l'Oyapoc, ou Vincent Pinçon, et
l'Araguary. Parmi ces cartes officielles, on peut citer celle
qui est annexée au présent volume, et qui a pour auteur le
Géographe du Ministère des Affaires Etrangères de la Ré­
publique Française. Elle est jointe d'ailleurs à l'« Annuaire
Diplomatique et Consulaire » français, paru dans le courant
de 1896, au moment même où s'entamaient les négociations
pour le Traité d'Arbitrage.
Sauf quelques-uns des plus chauds partisans de la po­
litique d'expansion coloniale à tout prix, personne, en France,
nous l'avons déjà dit, ne considère comme ayant l'ombre
d'un fondement la ligne intérieure par laquelle les colons
de Cayenne prétendent acquérir les terres brésiliennes du

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B R É S I L ET GUYANE FRANÇAISE
177
bassin de l'Amazone et en même temps tourner par le Sud
les possessions de la Hollande et de l'Angleterre.
Le 1 Mémoire du Brésil
e r
) a cité
1
ELISÉE RECLUS, lequel
reconnaît que la région qu'on voulait atteindre par la ligne
intérieure proposée est «incontestablement brésilienne par
la langue, les moeurs, les relations politiques et commer­
ciales». «Le débat» dit-il, «n'a d'importance réelle que
pour le contesté de la côte, entre l'Oyapoc et l'Araguary. »
Dans un ouvrage de M. EMILE LEVASSEUR ), on lit le
2
passage suivant où l'auteur laisse voir très clairement son
opinion personnelle :
«Des publicistes pensent que la France est autorisée
à revendiquer non seulement le territoire compris entre
l'Araguary et l'Oyapoc, mais aussi en profondeur tout celui
qui s'étend de l'Araguary au Rio Branco parallèlement à
l'Amazone et à 200 kilomètres au Nord du fleuve ; ils éva­
luent la superficie de ce territoire, contestable suivant eux,
à 200,000 kilomètres carrés dont 60,000 pour la partie réel­
lement contestée entre l'Araguary et l'Oyapoc.»
D'après l'esprit, sinon d'après le texte, du Traité d'Ut-
recht, la ligne intérieure des frontières était celle des monts
Tumucumaque depuis la source de l'Oyapoc ou Japoc jus­
qu'au point de rencontre de la frontière hollandaise. Mais
l'Acte de Vienne n'a remis en vigueur que l'Article 8 du Traité
) T. I, p. 11.
1
2) La France et ses colonies, par E . LEVASSEUR , membre de
l'Institut, Professeur au Collège de France et au Conservatoire des
Arts et Métiers, Paris 1893, T. I I I , p. 333.
Répl. du Brésil. T. Ier. 12

178 QUESTION DE F R O N T I È R E S
d'Utrecht, et cet Article ne fait mention que de la rivière
de Japoc ou Vincent Pinçon. On ne trouve donc dans ce
texte aucune base pour la détermination de la limite in­
térieure, et d'après l'Acte de Vienne et la Convention du
28 Août 1817, la délimitation entre les deux Guyanes Fran­
çaise et Portugaise, aujourd'hui Brésilienne, doit être laite
« conformément au sens précis de l'Article 8 du Traité
d'Utrecht ». La ligne intérieure qui avait été établie par
les Traités de Badajoz (1801) et d'Amiens (1802) était moins
favorable à la France que celle du parallèle de 2° 24' sti­
pulée dans la Convention de 1817 (voir la Carte de la Région
Guyanaise, au T. 1 du 1 Mémoire du Brésil). De plus,
e r
e r
les traités imposés au Portugal de 1801 à 1802 sont depuis
longtemps annulés. La seule Convention en vigueur où
l'on trouve une base pour la détermination de la ligne
intérieure est celle de 1817. Le Brésil a donc cru devoir pro­
poser à l'Arbitre cette ligne du parallèle de 2° 24' Nord;
elle résulte d'un texte obligatoire pour les parties et qui,
à lui seul, condamne la prétention française, inventée à
l'époque du second Empire, tombée dans l'oubli, abandonnée
en 1896, comme le montre une carte officielle, émanant du
Ministère des Affaires Etrangères de la République Fran­
çaise, mais reprise en 1897.

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE
179
X I I I
Le Mémoire de la France s'occupe longuement des
événements postérieurs au Traité d'Utrecht. Nous croyons
que l'étude des faits et des documents antérieurs à 1713
suffit pour nous faire connaître l'intention des négociateurs
de cet instrument et des trois gouvernements intéressés :
ceux du Portugal, de la France et de l'Angleterre. Toute­
fois, au Tome I I I nous présentons une série de documents,
accompagnés de notes. Plusieurs de ces pièces corrigent
les inexactitudes et les mauvaises traductions de certains
documents envoyés de Cayenne. Elles servent aussi à
réfuter plusieurs appréciations du Mémoire français et à
rétablir la vérité sur des informations qui ne furent pas
puisées aux meilleures sources.
Dans ce volume, l'Arbitre pourra suivre les efforts des
Gouverneurs de Cayenne, à partir de 1723, pour déplacer
vers le Cap du Nord la frontière de l'Oyapoc ou Vincent
Pinçon, établie par le Traité d'Utrecht, et pour décider le
Gouvernement Français à soutenir leurs prétentions, ce
qui n'empêcha pas un Ministre des Affaires Etrangères de
France d'écrire, le 7 Novembre 1772, ce qui suit:
« 11 me semble que nous ne sommes nullement fondés
à proposer au Portugal de donner aux limites de ses pos­
sessions une restriction qui ne se trouve point aux termes
du Traité. »

180
QUESTION DE FRONTIÈRES
Dans le même volume, on peut voir quelle était, sur
cette question de limites, l'opinion des Espagnols et des
Anglais, que le Mémoire français a représentée comme
nous étant contraire : l'opinion du Gouvernement Anglais
en 1838 et 1839, et celle de l'Ambassadeur d'Espagne à
Paris, en 1777, auquel le géographe NICOLAS BUACHE ré­
pondit que, pour faire une carte de la Guyane Française
avec les limites désirées, «il fallait qu'il s'accrochât à la
moindre chose ».
Nous signalerons parmis ces documents, le n° 117 qui
donne la traduction exacte de deux articles des Traités de
1750 et 1777, mal interprétés dans le Mémoire de la
F r a n c e ) , ainsi qu'une explication du texte, explication
1
qu'une carte annexée au présent volume rendra plus com­
préhensible ; et le n° 126, relatif à la carte «Borrador topo-
grafico » (n° 28 dans l'Atlas français), dont le Mémoire a
tiré parti ).
2
La carte portugaise de 1740, déposée aux Archives
du Ministère des Affaires Etrangères à Paris (n° 26 de
l'Atlas français) est certainement une carte officielle. C'est
même un des deux originaux qui ont servi aux Plénipo­
tentiaires du Portugal et de l'Espagne, à Madrid, pendant
les négociations du Traité de limites de 1750. L'autre carte
(n° 27 de l'Atlas cité) est le fac-similé de l'une des six
copies exécutées en 1751 et légalisées par les Plénipoten­
tiaires pour être remises aux Commissaires chargés de la
) T. I, pp. 93 et 96 ; T . II, pp. 89 à 90.
1
) T. I, pp. 353 et 354.
2

3.
L i g n e s m a r i t i m e s d e g a r a n t i e r é c i -
p r o q u e stiptulées d a n s le T r a i t é d e
M a d r i d , d u 13 j a n v i e r 1750 ( a r t . 25)
et d a n s c e l u i d e l P a r d o , d u 11 m a r s 1778,
e n t r e le P o r t u g a l et l ' E s p a g n e .
A r t i c l e 25 d u T r a i t é d e M a d r i d , d u
13 j a n v i e r 1750, et a r t . 3 d u T r a i t é d e l
P a r d o , d u 11 m a r s 1778, e n t r e le P o r t u -
g a l et l ' E s p a g n e .
A B et C D . — P a r t i e s d e s côtes
d e s p o s s e s s i o n s e s p a g n o l e s q u e le P o r -
t u g a l s ' e n g a g e a i t à d é f e n d r e e n c a s
d ' a g g r e s s i o n .
L e p o i n t d e d é p a r t d e l a l i g n e A B
n'était p a s d é s i g n é d a n s les d e u x
T r a i t é s . O n y d é c l a r a i t s e u l e m e n t q u e
cette l i g n e allait j u s q u ' a u x d e u x r i v e s
d e l ' O r é n o q u e ( r i v e o c c i d e n t a l e B ) . L a
l i g n e C D allait d e C a s t i l l o s a u D é t r o i t
d e M a g e l l a n .
E F et G H . + + + + + P a r t i e s des côtes
d e s p o s s e s s i o n s p o r t u g a i s e s d u B r é s i l
q u e l ' E s p a g n e s ' e n g a g e a i t à d é f e n d r e .
L e p o i n t d e d é p a r t d e l a l i g n e E F
n'était p a s d é s i g n é d a n s les d e u x
t r a i t é s . O n y d é c l a r a i t s e u l e m e n t q u e
c e t t e l i g n e se t e r m i n a i t s u r les d e u x
r i v e s d e l ' A m a z o n e ( F , r i v e m é r i d i o n a l e
à l ' e n t r é e d e P a r a ) . L a l i g n e G H a l l a i t
d e C a s t i l l o s à S a n t o s .
L a p a r t i e d e s côtes d u B r é s i l c o m -
p r i s e e n t r e les p o i n t s H et F était d o n c
e x c l u e d e l a g a r a n t i e d e l ' E s p a g n e .
D e m ê m e , les côtes e s p a g n o l e s d u P a c i -
f i q u e et celles d e l a m e r d e s A n t i l l e s ,
à l ' O u e s t d e l ' O r é n o q u e , n ' é t a i e n t p a s
c o m p r i s e s d a n s l a g a r a n t i e du P o r -
t u g a l .
Etabli des arts graphiques H.& A. Kümmerly & F r e y , Berne.

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 181
démarcation. Sur le fac-similé de la seconde de ces cartes
annexée au Mémoire du Brésil dans l'Arbitrage de sa
question de limites avec la République Argentine, une erreur
échappa au graveur ). On lit, un peu au Nord de l'île de
1
Maracá: R. de Victe Pinçon. L'attention des membres de
la Mission spéciale du Brésil à Washington était concentrée
sur la frontière Sud-Ouest qu'il s'agissait alors de défendre,
et la méprise du graveur put passer inaperçue. Sur l'ori­
ginal de cette copie, conservée à Madrid, comme dans
l'exemplaire de la carte de 1749. on lit B (Baie) et non
a
R.
Un fac-similé plus fidèle de la copie légalisée de 1751 fait
partie de l'Atlas annexé au présent Mémoire.
Le dessinateur de la carte de 1749 a copié, pour la
région de l'Amazone et de la Guyane, la carte de LA CON-
DAMINE, comme l'a dit le Ministre des Affaires Etrangères
de Portugal, dans une dépêche du S Février 1749, au
négociateur portugais à Madrid ). Il n'est donc pas éton­
2
nant que la fausse Baie de Vincent Pinçon, vulgarisée par
CONDAMINE, se trouvât sur ce document. C'était une
carte dressée en vue d'une négociation avec l'Espagne, et
on n'attacha aucune importance à ce déplacement de nom,
d'autant plus que la couleur jaune, indicative des posses­
sions du Portugal, allait jusqu'au Yapoco, la limite d'Utrecht.
1) Statement submitted by the United States of Brasil to the
President of the Un. States of America as Arbitrator.... 1894.
2) Statement précité, T . I, p. 149. De s exemplaire s de ce Mémoir e
se trouvent au Département Politique à Berne et à la Bibliothèque du
Quai d'Orsay.

182 QUESTION DE FRONTIÈRES
L e 1 Mémoire du Brésil (T. I, pp. 230 à 232) s'était
e r
déjà occupé de cette carte.
Un gouverneur de Pará, en 1733, fut, à notre connais­
sance, le premier Portugais qui ait admis au Nord du Cap
du Nord la fausse baie de Vincent Pinçon de DUDLEY et DE
L'ISLE, mais en maintenant toujours que la limite d'Utrecht
était à la Rivière d'Oyapoc. Toutes les pièces qu'il nous
a été possible de retrouver de la correspondance échangée
par les gouverneurs de Pará et de Cayenne figurent aux
Tomes I I et III.
Le 1 Mémoire du Brésil l'a dit :
e r
«L'autorité de LA CONDAMINE et l'influence des lectures
françaises en Portugal comme au Brésil ont fait adopter
par quelques Portugais et Brésiliens la distinction créée
par DUDLEY et répandue par le savant français. Ils conti­
nuèrent, cependant, tous, à soutenir que la limite d'Utrecht
était la rivière du Cap d'Orange. Le savant naturaliste p o r ­
tugais ALEXANDRE RODRIGUES FERREIRA, qui admettait bien
un Vincent Pinçon au Sud de l'Oyapoc, a écrit, en 1792,
un Mémoire pour prouver que la limite d'Utrecht était à
l'Oyapoc ».
Il est des cartes manuscrites portugaises, de la fin du
siècle dernier et du commencement du notre, qui donnent
au Calçoene le nom de Vincent Pinçon comme dans le
Traité de 1797. Une carte portugaise de cette époque a
induit en erreur HUMBOLDT, en lui faisant croire que de tout
temps les Portugais avaient appliqué ce nom au Calçoene.
Les Plénipotentiaires du Portugal au Congrès de Vienne

BRÉSIL ET GUYANE FRANÇAISE 183
ont même remis au PRINCE DE TALLEYRAND deux Mémoires
dans lesquels ils admettaient que le Vincent Pinçon était
une rivière différente de l'Oyapoc, et attribuaient au P. FRITZ
la confusion des deux noms, tout en continuant à réclamer
la frontière de l'Oyapoc comme étant celle du Traité d'Ut-
recht. Que prouve cela? Simplement que ces diplomates,
mal informés des antécédents de la question qu'ils avaient
été appelés à traiter, ne connaissaient ni, en général, les
cartes du X V I et du X V I I siècles, ni, en particulier,
e
e
celle du P. FRITZ, un des meilleurs documents sur lesquels
le Portugal pouvait s'appuyer. Ils croyaient que le Vincent
Pinçon connu à l'époque du Traité d'Utrecht était le faux
Vincent Pinçon-Calçoene créé en 1797, alors que le nom
Oyapoc avait depuis longtemps prévalu. L'erreur des
deux documents diplomatiques cités n'engageait ni le Por­
tugal ni le Brésil. Le Mémoire soumis par la France à
l'Arbitre est, sur un grand nombre de points, en contra­
diction avec des opinions manifestées et des déclarations
faites, en 1855 et 1856, par le Ministre des Affaires Etran­
gères, dans un Mémorandum, et par le Plénipotentaire
français au cours de la discussion. De même que le Gou­
vernement Français pouvait dire en 1797 que, pour lui, le
Vincent Pinçon d'Utrecht était le Calçoene, en 1855 et 1856,
que le Vincent Pinçon était incontestablement le Carapa-
poris, et de même qu'il peut dire aujourd'hui que l'Oyapoc
ou Vincent Pinçon d'Utrecht est incontestablement l'Ara-
guary, le Portugal aurait pu, en 1815, admettre la distinction
entre les noms Oyapoc et Vincent Pinçon, et, mieux in­
formé, revenir à l'identification des deux noms.

184 QUESTION D E F R O N T I È R E S
L e nom Oyapoc ou Japoc, connu généralement dès le
commencement du X V I I siècle, est celui qui occupe la
e
première place dans les deux traités de 1700 et 1713; le
nom Vincent Pinçon est, dans ces deux instruments, le
nom historique et accessoire. Des Portugais pouvaient, donc,
tout en admettant la distinction entre les deux noms, con­
tinuer à soutenir que la limite d'Utrecht était l'Oyapoc. L A
CONDAMINE lui-même pensait ainsi ).
1
Nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de suivre le Mé­
moire de la France dans la discussion des Traités de 1801 et
1802. Ce sont des traités nuls. Cependant, comme le Mémoire
français a basé aussi sur ces documents la prétention à
la ligne de l'Araguary, et qu'il donne à entendre que
le Portugal et la France sont alors tombés d'accord sur
l'interprétation du Traité d'Utrecht ), nous signalerons spé­
2
cialement les articles secrets de ces traités ), pour qu'on
3
puisse voir s'il est possible de dire du vaincu auquel on ar­
rache des territoires et des contributions de guerre, qu'il est
tombé librement d'accord sur tout cela avec le vainqueur.
Pour ce qui est de l'interprétation du Traité d'Utrecht
à cette époque, nous nous bornerons à transcrire le pas­
sage suivant du protocole de la conférence du 22 Janvier
1856, à Paris ) :
4
) T .
1
I I , n° 118, p. 229. Voi r aussi C. D A S I L V A , §§ 2274 à 2301.
2) Mémoire de la France, T . I , 136 . . . «o n est convenu d'un
mutuel accord d'interpréter les stipulations d'Utrecht».
13, 14 et 15.
3) 1er Mémoire du Brésil, T . I I , nos
4) 1er Mémoire du Brésil. T . I I I , p. 225.

B R É S I L E T GUYANE FRANÇAISE 185
«Le Plénipotentiaire Français n'hésite pas à le répéter:
en 1797, à Paris, en 1801, à Badajoz ou à Madrid, et enfin,
à Amiens, en 1802, la France ne pensait pas au legs de
l'ancien régime et ne stipulait pas avec le Portugal en
vertu d'Utrecht. »

186
QUESTION D E F R O N T I È R E S
X I V
Nous terminons ici notre rapide examen du Mémoire
français, examen qui est en même temps une introduction
aux importants documents que le Brésil soumet à l'Arbitre.
Ces documents, ainsi que ceux qui accompagnèrent
notre premier Mémoire, parlent d'eux-mêmes et justifient
pleinement les demandes du Brésil :
1° Comme «frontière maritime», la rivière Japoc ou
Vincent Pinçon, désignée dans l'article <S du Traité d'Ut­
recht, laquelle est incontestablement l'Oyapoc, la seule
rivière qui ait été connue jusqu'ici sous le nom d'Oyapoc;
2° Comme « frontière intérieure », la ligne du parallèle
de 2° 24', depuis l'Oyapoc jusqu'à la frontière hollandaise,
limite acceptée par le Gouvernement Français en 1817 et
qui doit être maintenue.
Berne, le 5 Décembre 1899.

A P P E N D I C E
R E L A T I O N DES D O C U M E N T S P R É S E N T É S D A N S
L E S T O M E S II A VI
Répl. du Brésil. T. I .
13
e r

189
APPENDICE
R E L A T I O N D E S D O C U M E N T S P R É S E N T E S D A N S
L E S T O M E S I I A V I
T O M E II
Documents accompagnés de notes explicatives ou rectificatives.
De 1536 à 1 7 1 3 , jusqu'à la conclusion du Traité d'Utrecht,
Раgе
№ 1 . — Description des côtes de l'Amérique du Sud depuis le Cap
de St-Augustin (Brésil) jusqu'à l'Orénoque. par FERNANDEZ DE
OVIEDO, d'après la carte, d'ALONZO D E CHAVES, construite en
1536 par ordre de l'Empereur CHARLES-QUINT 1
№ 2 . — Côte des Aruacs, ou de Guyane, 1571 à 1574. d'après J . LÓPEZ
De VELASCO 1 3
№ 3 . — Extrait de la Cosmographie d'ANDRÉ THEVET, 1 5 7 5 . . . 1 5
№ 4 . — Les rivières de la Guiane orientale d'après LAURENCE KEYMIS,
1 5 9 6 1 7
№ 5 . — Les rivières de la Guiane d'après ROBERT HARCOURT, 1 6 1 3 2 1
№ 6 . — Information de DANIEL D E LA TOUSCHE, seigneur D E LA
RAVARDIÈRE, déclarant qu'il n'y avait pas d'établissement
français sur l'Amazone, 8 décembre 1615 2 5
№ 7. — Description de la rive septentrionale de l'Amazone jusqu'au
Cajary (Okiari), côtes de la Guyane et de l'Oyapoc par le
Hollandais J E S S E D E S F O R E S T , 1 6 2 5 2 9

190
APPENDICE
Page
№ 8. — Création do la Capitainerie du Cap du Nord et son annexion
au Brésil, 14 juin 1637 39
N° 9. — L a rivière d'Yapoco ou Wiapoco, d'après P I E R R E D'AVITY,
1637 et 1643 43
№ 10. — Les côtes de la Guyane d'après LINSCHOTTEN, 1638 . . . 45
№ 11. — Affluents de la rive gauche ou guyanaise, de l'Amazone,
depuis le Cap du Nord jusqu'au Cajary, et rivières qui
débouchent sur la côte de la Guyane, depuis le Cap du Nord
jusqu'à l'Approuague. Extraits de J . D E L A E T , 1633 et 1640 49
№ 12. — Témoignage du P . CHRISTOVAL D E ACUNA sur l'occupation
de la rive guyanaise de l'Amazone par les Portugais, bien
avant le premier établissement des Français à Cayenne, 1639 65
№ 13. — Lettres du commandant de Para, SÉBASTIEN D E LUCENA DE
AZEVEDO, au Roi de Portugal, sur la prise et la destruction
d'un établissement hollandais près du Cassiporé, ou sur le
Cassiporé, en 1646. 1 janvier et 20 août 1647 69
e r
A. Lettre du 1 janvier 1647 70
er
B . Lettre du 20 août 1647 76
№ 14. — Lettres Patentes de Louis XIV, septembre 1651 81
№ 15. — Le Comte D E PAGAN et le fleuve des Amazones, 1655 et 1656 85
№ 16. — Extraits de la Description de la Guyane par L E F E B V R E DE
LA B A R R E , 1666 95
№ 17. — Voyage des Pères G R I L L E T et BECHAMEL à l'Ouest de l'Oya-
poc, 1674 103
№ 18. — M. D E GOMBERVILLE et le fleuve des Amazones, 1682 . . . 105
№ 1 9 . — La Rivière de Vincent Pinçon ou Oyapoc, d'après l'« Anno-
taçam », manuscrit du Père P F E I L , de la Société de Jésus.
Missionnaire dans l'Araguary. vers 1682. Embouchure du
Vincent Pinçon, ou Oyapoc, ou Yapoco, entre la Montagne
d'Argent et le Cap d'Orange 107
№ 19 — Extrait du «Marañon» du Père MANOEL RODRIGUEZ, 1684 121
b i s
№ 20. — Extrait d'un manuscrit du Père .J. DE SOUZA FERREIRA, 1685 123
№ 21. — Lettre du Gouverneur Général du Maranhão. GOMES F R E I R E
DE ANDRADA, au Roi de Portugal, 15 octobre 1685 . . . . 127
№ 22. — Ordonnances du Roi de Portugal. Construction de plusieurs
forts, parmi lesquels celui de Santo Antonio sur la rive

APPENDICE
191
Page
septentrionale de l'Araguary. Ordre pour la construction
d'autres forts entre l'Araguary et L'Oyapoc, 1686 à 1688 . 131
A. Ordonnance du 24 février 1686 131
B. Ordonnance du 21 décembre 1686 132
C. Construction du fort de Santo Antonio, sur la rive gauche
de l'Araguary 133
D. Ordre du Roi de Portugal pour la construction de postes
fortifiés entre l'Araguary et l'Oyapoc ou Vincent Pinçon 140
N° 23. — Réponse du commandant du fort portugais de l'Araguary.
en 1 6 8 8 . Le Rapport officiel de DE FERROLLE (Archives du
Ministère des Colonies) et sa lettre privée du 22 septembre
1 6 8 8 au Marquis et à la Marquise DE SEIGNELAY (Archives
Nationales).
Examen de ces deux documents, 1688 . . . . 143
N° 23 . — Premières représentations de la France à Lisbonne, 1688 153
b i s
N° 24. La côte septentrionale du Brésil, d'après un second manuscrit
du P. JoÀo D E SOUZA F E R R E I R A , 1693 157
№ 25. Rivières entre l'Approuague et Para, d'après un manuscrit
portugais, avant 1695 163
N° 26. — Assassinat par les Indiens de la Rivière Cajary de quatre
Français trafiquants d'esclaves (1695). Enquêtes faites par
ordre du Gouverneur-Général de l'Etat du Maranhão et Pará.
1696 et 1697 167
A. Enquête faite an village de Jary 168
B. Déposition faite par le Commandant du fort de Gurupá 172
№ 26 . — Documents et notes sur l'invasion française de 1697. Prise
b i s
des forts de Cumaú (Macapá) et de Paru par les Français.
Reprise par les Portugais 175
№ 26 . — Instructions de Louis XIV au Président ROUILLÉ. Ambas­
t e r
sadeur de France à Lisbonne, 11 décembre 1697 185
№ 27. — La côte septentrionale du Brésil, d'après le Père B E T T E N D O R F F ,
de la Compagnie de Jésus, 1698 189
№ 27 . — Extraits du voyage de FROGER. 1698 191
b i s
N° 28. Mémoire dans lequel le .Marquis DE FERROLLE reconnaît qu'il
n'y a qu'une seule rivière en Guyane désignée par le nom
d'Oyapoc. et que c'était à celle-là que les Portugais appliquaient
le nom de Vincent Pinçon, 20 juin 1698 195

1 9 2 A P P E N D I C E
№ 29. — Premier Mémoire remis au Gouvernement Portugais par le
Président R O U I L L É , Ambassadeur de France à Lisbonne,
janvier 1698. Réfutation de ce document 199
№ 30. — Réponse du Gouvernement Portugais au premier Mémoire
du Président R O U I L L É , Ambassadeur de France à Lisbonne,
mai 1698. Traduction exacte de ce document et commentaires 217
N° 31. — Passage d'une lettre de l'Ambassadeur R O U I L L É , en date du
2 septembre 1698, adressée à Monsieur D E L A C O M B E . . . 243
№ 32. — Réplique du Gouvernement Français à la Réponse du Gou­
vernement Portugais, février 1699. Réfutation de ce document 245
№ 33. — Réponse du Gouvernement Portugais à la Réplique de l'Am­
bassadeur de France, 1699 275
№ 34. — Instructions du Gouvernement Français au Gouverneur de
Cayenne, 2 septembre 1699 333
№ 35. — Extrait d'un Mémoire du Comte D ' E R I C E I R A , 28 septembre 1699 335
№ 36. — Le Comte de, P O N T C H A R T R A I N , Ministre de la Marine de France,
à l'Ambassadeur R O U I L L É , à Lisbonne, 6 et 20 janvier 1700 339
№ 37. — Traité Provisionnel conclu à Lisbonne le. 4 mars 1700, entre
D . P E D R O I I , Roi de Portugal et des Algarves, et Louis X I V ,
Roi de France et de Navarre. Traduction exacte et com­
mentaires 343
№ 38. — Instructions envoyées par le Gouvernement Portugais au
Gouverneur Général de l'Etat du Maranhão après la conclusion
du Traité provisionnel du 4 mars 1700 359
№ 39. — Le Comte D E P O N T C H A R T R A I X à l'Ambassadeur de France à
Lisbonne, le 1 avril 1700 363
e r
№ 40. — Lettre d'ANTONIO D E A L B U Q U E R Q U E en date du 12 février
1700; Information et Avis du Conseil d'Outre-Mer, en date
du 8 octobre et 12 novembre, 1700 365
A. Lettre d ' A N T O N I O D E A L B U Q U E R Q U E , Gouverneur-Général
du Maranhão, 12 février 1700 366
B . Extrait du Rapport du général G O M E S F R E I R E D E A N D R A D A ,
8 octobre 1700 368
C. Avis du Conseil d'Outre-Mer, 12 novembre 1700 . . . 368
№ 41. — Second manuscrit du Père, P F E I L , de la Compagnie de Jésus,
missionnaire au Cap du Nord, 1 avril 1700 371
er

APPENDICE
193
Page
№ 42. — La Reine de la Grande-Bretagne au Roi de Portugal. 20 no­
vembre 1711 377
N° 13. Lettre-Mémorandum du Ministre de Portugal à Londres. Dom
Luis DA CUNHA. adressée à la HEINE ANNE le 14 décembre 1 7 1 1 379
№ 44. — Le Roi de Portugal à la Reine de la Grande-Bretagne. I jan­
vier 1712 383
№ 45. — Mémorandum portugais, janvier 1712 385
№ 16. Demandes spécifiques du Roi de Portugal à Utrecht. le 5 mars
1712 387
№ 47. — Demandes formulées par les Plénipotentiaires Portugais à
Utrecht et envoyées au Cabinet de Londres, 22 juillet 1712 393
№ 48. — Le Roy de Portugal à la Reine de la Grande-Bretagne,
6 décembre 1712 397
N° 49. — Projet de Traité pour l'arrangement des différends entre le
Portugal et la France en Amérique, 6 décembre 1712. . . 399
№ 50. — Louis XIV aux Plénipotentiaires Français à Utrecht, le
26 décembre 1712 403
N° 51. — Positions géographiques de la côte de la Guyane, par MANOEL
PIMENTEL, 1712 105
№ 52. — Les Plénipotentiaires Anglais à Lord BOLINGBROKE. Secrétaire
d'Etat, 3 janvier 1713 409
№ 53. — Le Comte DE PONTCHARTRAIN. Ministre de la Marine en France,
aux Plénipotentiaires Français, le 11 janvier 1713 . . . . 413
№ 54. — Lord BOLINGBROKE à M PRIOR, à Paris 415
r
№ 55. — Dépêche de Lord BOLINGBROKE au Duc D E SHREWSBURY.
Ambassadeur d'Angleterre en France, et envoi des demandes
du Portugal, 19 janvier 1713. (Passage cité et mal interprété
au T. I du Mémoire de la France, pp. 58 et 59.) Pièce
e r
annexée : Mémorandum portugais 417
№ 56. — Mémorandum remis par J . DA CUNHA BROCHADO, Ministre de
Portugal, à Lord BOLINGBROKE, Secrétaire d'Etat. 23 janvier
1713 . 423
X" 57. — Lettre de J . DA CUNHA BROCHADO, Ministre de Portugal à
Londres, adressée à DIOGO D E MENDONÇA C O R T E - R E A L ,
Secrétaire d'Etat (Ministre des Affaires Etrangères) à Lisbonne,
24 janvier 1713. Correction d'un texte modifié par le copiste

194
A P P E N D I C E
Page
au service du Gouvernement français. (Mémoire de la France.
T . II . p. 63. et T . I , pp. 62, 63 et 79.) 425
er
№ 58. — Documents relatifs à la conférence du 9 février 1713, à Utrecht,
entre les Plénipotentiaires Portugais, Français et Anglais . 431
A. Les Plénipotentiaires Portugais, Comte D E TAROUCA et
D. L U I S DA CUNHA, au Secrétaire d'Etat. DIOGO DE
MENDONÇA C O R T E - R E A L , 14 février 1713 432
B. Passages des Mémoires de Dom Luis DA CUNHA concernant
la Conférence du 9 février 1713 436
C. Les Plénipotentiaires Anglais à l'Utrecht au Secrétaire
d'Etat Lord BOLINGBROKE 442
I). Les Plénipotentiaires Français au Congrès d'Utrecht au
Roi Louis XIV, 10 février 1713 443
№ 59. Instructions de Louis XIV aux Plénipotentiaires Français à
Utrecht, 13 février 1713 447
N° 60. — Lettre de J . DA CUNHA BROCHADO, Ministre de Portugal à
Londres, adressée au Secrétaire d'Etat (Ministre des Affaires
Etrangères) à Lisbonne, 14 février 1713 449
№ 61. — Extraits d'une lettre du Ministre de Portugal à Londres.
J . DA CUNHA BROCHADO, en date du 14 février 1713, adressée
au Comte D E TAROUCA, un des Plénipotentiaires Portugais
à Utrecht, 14 février 1713 453
X" 62. Lord BOLINGBROKE, Secrétaire d'Etat, au Duc DE SUKEWSBURY.
Ambassadeur d'Angleterre en France, 17 février 1713. Docu­
ment très important et qui donne le véritable sens d'un pas­
sage isolé, transcrit au T. 1er, p. 78, du Mémoire de la France 457
№ 63. — Mémoires № 1 et 2 annexés à la dépêche précédente de
s
Lord BOLINGBROKE, adressée à l'Ambassadeur d'Angleterre en
France, 17 février 1713 465
Commentaire 469
№ 6 4 . — Lord B O L I N G B R O K E aux Plénipotentiaires Anglais à l'Utrecht.
17 février 1713, 471
№ 65. — Lord B O L I N G B R O K E aux Plénipotentiaires Anglais à L'utrecht.
20 février 1713 475
№ 66. — Les Plénipotentiaires Anglais au Secrétaire d'Etat Lord
B O L I N G B R O K E , 28 février 1713 477

APPENDICE
195
№ 67. - Dernières propositions de la Reine ANNE d'Angleterre, ac­
ceptées par Louis XIV le 7 mars 1713 479
№ 68. — L'Ambassadeur d'Angleterre en France aux Plénipotentiaires
Anglais à Utrecht, 7 mars 1713 483
№ 69. — Louis XIV aux Plénipotentiaires Français à Utrecht, 7 mars
1713 487
№ 70. — L e Comte DE TAROUCA et D. Luis DA CUNHA, Plénipotentiaires
Portugais, à DiOGO D E MENDONÇA CORTE-REAL. Secrétaire
d'Etat, le 12 mars 1713 . . 489
№71. — Communications des Plénipotentiaires au sujet de la remise,
par les Portugais, du projet particulier de Traité de paix
entre le Portugal et la France, mars 1713 493
A. Les Plénipotentiaires Français à Louis XIV, 14 mars 1713 493
B. L'Evêque de Bristol à Lord BOLINGBROKE, 17 mars 1713 494
G. Les Plénipotentiaires Anglais à Lord BOLINGBROKE. 21 et
25 mars 1713 495
D. Les Plénipotentiaires Portugais au Secrétaire d'Etat à
Lisbonne, 24 mars 1713 496
№ 72. — Extrait du projet de Traité rédigé par les Plénipotentiaires
portugais, 20 mars 1713 499
№ 73. — Traité d'Utrecht et déclaration des Plénipotentiaires français,
11 avril 1713 505
№74. - Dépêche des Plénipotentiaires portugais annonçant la signa­
ture du Traité de Paix avec la France, 15 avril 1713. . . 509
N° 75. — Notes de Dom Luiz CAETANO DE LIMA, secrétaire des pléni­
potentiaires portugais à Utrecht, sur ce qui s'est passé dans
la discussion finale du traité, le 9 avril 1713 517
№ 76. — Deux lettres de DIOGO DE MENDONÇA CORTE-REAL. Secrétaire
d'Etat aux Affaires Etrangères en Portugal, adressées aux
Plénipotentiaires portugais à Utrecht, 25 avril et 10 mai 1713 525
A. Le Secrétaire d'Etat DIOGO D E MENDONÇA C O R T E - R E A L
au Comte DE TAROUCA et à Dom Luis DA CUNHA. Pléni­
potentiaires portugais à Utrecht, 25 avril 1713 . . . . 526
B. Le Secrétaire d'Etat DIOGO D E MENDONÇA C O R T E - R E A L
au Comte DE TAROUCA et à Dom Luis DA CUNHA, Pléni­
potentiaires portugais à Utrecht, 10 mai 1713 526

196
A P P E N D I C E
T O M E III
Suite des documents accompagnés de notes explicatives
ou rectificatives. Depuis la conclusion du Traite d'Utrecht
jusqu'à l'année 1896.
Page
№ 77. — Arrivée de la nouvelle de la Paix d'Utrecht à Cayenne et
ordre au Gouverneur pour la notifier au Gouverneur de Para
(1713). Mission portugaise envoyée de Para à Cayenne (1715) 1
№ 78. — Extrait des Instructions de Louis X I V au premier Ambas­
sadeur de France envoyé à Lisbonne après la Paix d'Utrecht,
22 mars 1714 5
№ 79. — Prétendue, lettre du COMTE D E PONTCHARTRAIN, Ministre de
la Marine, à l'Ordonnateur de la Guyane, L E F E B V R E D'ALBON,
en date du 19 décembre 1714. PONTCHARTRAIN n'a pu écrire
cette lettre. Remarque sur les documents venus de Cayenne.
Mémoire des Cayennais destiné à l'Arbitre 13
№ 80. — L e Gouverneur de Cayenne, CLAUDE D'ORVILLIERS. propose,
au nom du Roi de France, au Gouverneur-Général du Mara-
nh o, BERNARDO P E R E I R A D E B E R R E D O , l'ouverture de rela­
tions de commerce entre Cayenne et Para, 1720 23
X° 81. — Document français de 1721 29
№ 82. — Le Maroni et l'Oyapoc vraies limites de la Guyane Française.
Proposition du Gouvernement de Cayenne pour que deux forts
fussent établis sur ces rivières. Réponse du Gouvernement
Français, 1723 31
№ 83. — L e Gouverneur de la Guyane Française, CLAUDE D'ORVIL­
LIERS, au Gouverneur-Général du Maranhão, J. DA MAYA DA
GAMA, 30 janvier 1723...........................35

APPENDICE
197
Page
№ 84. - L e Gouverneur-Général de l'Etat du Maranhão, J o à o DA MAYA
DA GAMA, au Gouverneur de la Guyane Française, 12 avril 1723 37
X° 85. — Routier de l'Araguary à la Rivière du Vincent Pinçon ou
Guayapoco (l'Oyapoc) et à la pointe en face de la Montagne
Cumaripú (Comaribo. ou Montagne d'Argent) écrit par le
pilote de l'expédition commandée par le capitaine P A E S DO
AMARAL, 12 mai 1723 41
N° 86. — Expédition du Capitaine J o ã o P A E S DO AMARAL à la Rivière
de Vincent Pinçon ou Yapoco, et à la Montagne d'Argent,
à l'Ouest de cette rivière, en 1723, enquête de 1723 . . . 49
N° 87. — Le Gouverneur de la Guyane Française, CLAUDE D'ORVIL-
LIBRS, au Gouverneur-Général du .Maranhão, J . DA MAYA
DA GAMA, 30 mai 1723. La limite d'Utrecht serait le Cassi-
poré (Cachipour) 63
№ 88. — L e Gouverneur-Général de l'Etat du Maranhão. .J. DA MAYA
DA GAMA. au Gouverneur de la Guyane Française, D'ORVIL-
L I B R S , 4 août 1723 67
№ 89. — Suppression de la borne portugaise-espagnole trouvée en 1723
à la Montagne d'Argent, 1726 73
A. Extrait de l'« Histoire des colonies françaises de la Guyane »,
par le D ARTHUR 73
r
B . Extrait de l'« Histoire de l'Isle de Cayenne et Province
de Guianne. Enrichi de Pleusieurs Cartes et Figures. Par
Monsieur DE MILHAU, Chevalier de L'Ordre de St-Michel
et Conseiller du Roy au Senesehal et presidial de Mon-
pellier, 1723» 74
C. Extrait de la « Nouvelle Relation de la France Equinoxiale
. . . Par P I E R R E B A R R È R E , Correspondant de l'Académie
Royale des Sciences de Paris . . . ci - devant Médecin - Bo­
taniste du Roi dans l'Isle de Cayenne.» 75
№ 90. — Construction du fort français de Saint-Louis sur la rive gauche,
ou française, de l'Oyapoc, 1726 77
№ 9 1 . — Lettre du Père LOMBARD, Supérieur-Général des Missions
des Jésuites dans la Guyane Française, 13 août 1726 . . . 81
№ 92. — Le Gouverneur de la Guyane Française, D'ORVILLIERS, au
Gouverneur-Général de l'Etat du Maranhão, J . DA MAYA DA
GAMA, 20 août 1726

198
APPENDICE
Page
№ 93. — Routier Portugais de l'Araguary à l'Approuague. Vers 1727 9 1
N° 9 4 . — L e Gouverneur-Général du Maranhão, J . DA MAYA DA GAMA.
au Gouverneur de la Guyane Française, CLAUDE D'ORVIL-
LIERS, 20 février 1727 95
N°95. — Instructions du Gouverneur-Général du Maranhão au com­
mandant de l'expédition envoyée à l'Oyapoc, 20 février 1727 101
№96. — Le Gouverneur de la Guyane Française, CLAUDE D'ORVIL-
I.IERS. au Gouverneur-Général du Maranhão, J . DA MAYA DA
GAMA, 4 mai 1727 . . . 111
№ 97. — Procès-verbal de l'examen fait aux pierres du sommet de la
Montagne d'Argent par le Major F. DE MELLO PALHETA et
sa suite, 13 mai 1727 121
№ 9 8 . — Lettre de L E F E B V R E D'ALBON au Comte DE MAUREPAS,
15 juin 1727 125
№ 99. — Extraits d'un Rapport adressé au Roi de Portugal par le
Capitaine-Général de l'Etat du .Maranhão. J. DA MAYA DA
GAMA, 25 septembre 1727 129
№ 100. — Première lettre du Gouverneur-Général du Maranhão, A L E ­
XANDRE D E SOUZA F R E I R E , d'après la traduction dans le Mé­
moire Français, 1728. Remarques sur le document n° X L I V
au T. II du Mémoire de la France 139
№ 101. — L'Ordonnateur de la Guyane Française, PAUL L E P E B V R E
D'ALBON, au Gouverneur-Général de l'Etat de Maranhão.
ALEXANDRE DE SOUZA F R E I R E . 10 août 1729. La copie mo­
difiée envoyée de Cayenne comparée à la copie de l'original
reçu à Para 143
№ 102. — L e Gouverneur par interim de la Guyane Française, DE
CHARANVILLE, au Gouverneur-Général du Maranhão, A L E ­
XANDRE D E SOUZA F R E I R E , 10 août 1729. Pièce n° X L V I au
T. II du Mémoire de la France 155
N° 103. — L e Gouverneur-Général du Maranhão, ALEXANDRE D E SOUZA
F R E I R E . au Gouverneur intérimaire de la Guyane Française.
DE CHARANVILLE, ler ou 17 novembre 1729 163
X" 104. - Extrait d'une note écrite au Comte DE MAUREPAS par l'Or­
donnateur de la Guyane Française. L E P E B V R E D'ALBON,
novembre 1729. . . . 167

APPENDICE
199
Page
№ 105. — Le Roi de Portugal, par son Conseil d'Outre-Mer. au Gou­
verneur-Général du Maranhão, 10 janvier 1730 169
№ 106. — Le Gouverneur intérimaire de la Guyane Française, DE
CHARANVILLE. au Gouverneur-Général du Marauhão. A L E ­
XANDRE DE SOUZA F R E I R E , 16 février 1730. Copie plus complète
et plus exacte que celle publiée au T . Il du Mémoire de la
France sous le n° XLVII 171
N° 107. Le Gouverneur intérimaire de la Guyane Française, D E
CHARANVILLE, au Gouverneur-Général du Maranhão, A L E ­
XANDRE DE SOUZA F R E I R E , 27 mars 1730 177
N° 108. — Le Gouverneur par intérim de la Guyane Française, DE
CHARANVILLE, au Ministre de la Marine, Comte DE MAU-
• REPAS, 2 avril 1730 181
N° 109. — Frontières de la Guyane Française d'après le Père LABAT,
1730 185
N° 110. — Le Chevalier DE MILHAU et la question des frontières. 1732 189
N° 111. — Le Yapoco et la frontière française d'après L A MARTINIÈRE,
1732 191
№ 112. — Le Gouverneur-Général du Maranhão, JOSÉ DA SERRA, au
Gouverneur de la Guyane Française, 2 novembre 1733 . . 193
N° 113. — Notes pour un routier de la Rivière Japoco (Oyapoc) à l'île
de Joannes ou Marajó, vers 1740 201
N° 114. — Extrait de la Relation de PIERRE BARRÈRE, 1743. . . . 207
№ 115. — Extrait d'un manuscrit du P. BENTO DA FONSECA, 1750 . 209
№ 116. — Les Terres du Cap du Nord, au Brésil, et leur frontière
avec la Guyane Française. Extrait d'un manuscrit du P. BENTO
DA FONSECA, vers 1757 213
N° 117. — La garantie stipulée dans les deux Traités de 1750 et 1778
entre le Portugal et l'Espagne, 13 janvier 1750 et 11 mars 1778 223
A. Article 25 du Traité de Madrid, du 13 janvier 1750 entre
le Portugal et l'Espagne (Traité de Limites) 224
B. Article 3 du Traité d'El Pardo, du 11 mars 1778 (Traité
d'Amitié et de Garantie) 226
№ 118. — Extrait de l'Encyclopédie de D I D E R O T et D'ALEMBERT. Ar­
ticle de LA CONDAMINE, 1757 229
№ l18 . — Extrait de l'«Histoire Générale des Voyages», de l'Abbé
b i s
PREVOST, 1957...................................................231

2 0 0
APPENDICE
Page
№ 119. — Extrait de l'Histoire de la Compagnie de Jésus au Mara-
nhão et Para, par le P. J O S É D E MORAES, 1759 233
№ 120. — Extrait d'un Mémoire manuscrit de FRANCISCO D E SEINAS
sur les limites du Brésil, 1767 235
№ 121. — Extrait du Routier du Père MONTEIRO D E NORONHA. 1770 239
N° 122. — Extrait du Dictionnaire de TRÉVOUX, 1771 243
№ 123. — Lettre du Duc D'AIGUILLON, Ministre des Affaires Etrangères
de France, au sujet de l'Article 8 du Traité d'Utrecht. Il
déclare que les prétentions des Cayennais ne sont nullement
fondées, 7 novembre 1772 245
№ 124. — Rapport de V.-P. MALOUET au Ministre de la Marine de
France sur les limites de la Guyane Française, 1776 . . . 249
№ 125. — Deux dépêches du Comte DE ARANDA, Ambassadeur d'Es­
pagne près la Cour de Versailles, au sujet de la frontière
de l'Oyapoc et du Traité d'Utrecht, 22 juin et 20 juillet 1777 257
A. Extrait de la dépêche du Comte D E ARANDA, Ambassadeur
d'Espagne en France, au Comte D E FLORIDABLANCA, Mi­
nistre des Affaires Etrangères de Madrid, datée de Paris
le 22 juin 1777 258
B. Dépêche du 20 juillet 1777, du Comte D E ARANDA au
Comte D E FLORIDABLANCA 259
№ 126. — Dépêche de l'Ambassadeur de Portugal à Madrid. S O U Z A
COUTINHO, au sujet du « Borrador topografico » reproduit
sous le n° 28 dans lAtlas français, 14 décembre 1779 . . . 269
A. Traduction 271
B . Texte portugais 272
N° 127. — Documents français de 1780 275
№ 128. — Article de ROBERT, géographe ordinaire du Roi de France,
dans l'« Encyclopédie Méthodique», 1782 277
X " 129. — Extraits d'un Mémoire du Baron D E BESSNER, Gouverneur
de la Guyane Française, mai 1783 279
№ 130. — E D M E M E N T E L L E , en 1783 285
N° 131. — Mémoire écrit à Cayenne par F I T Z MAURICE et DANIEL
LESCALLIER, ler janvier 1786 291
№ 132. — Traité de Paris de 10 août 1797 293
№ 133. — Mémoire de NICOLAS BUACHE, 17 décembre 1797 . . . . 297

APPENDICE 201
Page
№ 134. — Extrait du Dictionnaire de la Géographie Commerciale, de
JACQUES P E U C H E T , 1 7 9 9 3 0 1
№ 1 3 5 . — Une note du Baron C.-W. WALCKENAER, 1 8 0 4 3 0 3
№ 136. — Extrait de la Chorographie du P . A Y R E S D E CAZAL, 1817 305
№ 137. — Démarches faites par le Gouvernement Britannique pour
obtenir l'évacuation par les Français du territoire compris
entre l'Oyapoc et l'Amapá, que Louis-PHILIPPE avait fait
occuper en violation de l'Acte de Vienne et de la Convention
de 1817. Instructions de Lord PALMERSTON et Mémorandum
de Lord GRANVILLE, 1838—1840 307
I. Instructions de Lord PALMERSTON à l'Ambassade d'An­
gleterre à Paris (1838) :
A. Précis d'Instructions et Communications à l'Ambassade
d'Angleterre à Paris relativement à l'occupation alléguée
du Territoire Brésilien par des troupes françaises . . 310
B. Précis of Instructions and communications to the British
Embassy in Paris relative to the alleged occupation of
Brazilian Territory by a French Force 314
II. Mémorandum présenté, en 1839, par Lord GRANVILLE, Am­
bassadeur d'Angleterre à Paris, au Maréchal SOULT, Pré­
sident du Conseil et Ministre des Affaires Etrangères.
C. Limites entre les Guyanes Française et Brésilienne . 317
D. Texte original du Mémorandum de Lord GRANVILLE,
remis en 1830 au Gouvernement Français: — Boundary
between French and Brazilian Guyana 320
№ 137 . — Superficie en kilomètres carrés de la France et de l'em­
b i s
pire colonial français (1899). Superficie du Brésil . . . . 323
№ 138. — Note du Chargé d'Affaires de France au Brésil, du 7 août
1895 327
№ 139. — Note du Ministre des Affaires Etrangères de, France à la
Légation du Brésil 331
№ 140. — Note du Ministre des Relations Extérieures du Brésil à la
Légation de France 333
№ 141. — Deux télégrammes du 23 et 25 août 1895 :
A. Télégramme chiffré, du Ministre des Relations Extérieures
à la Légation du Brésil à Paris 335

2 0 2
APPENDICE
Page
B. Télégramme de la Légation à Paris au Ministre des Rela­
tions Extérieures du Brésil 336
№ 142. — Note de la Légation de France au Ministre des Relations
Extérieures, 12 novembre 1895 337
№ 143. — Note du Ministre des Relations Extérieures du Brésil à la
Légation de France, 23 décembre 1895 339
№ 144. — Note de la Légation de France au Ministre des Affaires
Etrangères du Brésil 343
№ 145. — Les deux projets de Traité d'Arbitrage proposés par le Gou­
vernement Français 345
№ 146. — Réponse du Ministre du Brésil en France à la lettre du
20 mars 1896, du Ministre des Affaires Etrangères de la Ré­
publique Française 349
№ 147. — Lettre du Ministre du Brésil à Paris envoyant au Ministre
des Affaires Etrangères de France un projet de traité d'ar­
bitrage et un autre pour la constitution de la Commission
mixte proposée par le Gouvernement Français, 18 juin 1896 351
№ 148. — Projet d'un traité de limites et d'arbitrage, annexé à la
lettre du 18 juin 1896 du Ministre du Brésil en France . . 353
№ 149. — Lettre du Ministre des Affaires Etrangères de la République
Française, M. G A B R I E L HANOTAUX, adressée au Ministre du
Brésil en France, M. G A B R I E L D E P I Z A 365
№ 150. — Réponse du Ministre du Brésil en France, M. GABRIEL D E
PIZA. à la lettre du 19 août 1896, du Ministre des Affaires
Etrangères, M. G A B R I E L HANOTAUX 371
№ 151. — Notes rectificatives et explicatives qui accompagnent la tra­
duction portugaise de la dernière partie du Chapitre « Guyane »
dans la « Nouvelle Géographie Universelle » d ' E l i s é e RECLUS,
1899 387

APPENDICE
2 0 3
T O M E IV
Textes portugais ou espagnol des documents dont la traduction
se trouve aux deux tomes précédents.
Page
№ 1. — Description des côtes de l'Amérique du Sud depuis le Cap
de St-Augustin (Brésil) jusqu'à l'Orénoque, par FERNANDEZ DE
OVIEDO, d'après la carte d ' A L O N Z O D E CHAVES, construite en
1536 par ordre de l'Empereur CHARLES-QUINT 1
№ 2. — Côte des Aruacs, ou de la Guyane, 1571 à 1574 11
№ 3. — Lettres du commandant de Para, S É B A S T I E N D E LUCENA D E
AZEVEDO, au Roi de Portugal, sur la prise et la destruction
d'un établissement hollandais près du Cassiporé, ou sur le
Cassiporé, en 1646, 1 janvier et 20 août 1647 13
e r
A. Lettre du 1 janvier 1647 13
e r
B . Lettre du 20 août 1647 18
№ 4. — La Rivière de Vincent Pinçon ou Oyapoc, d'après un manuscrit
du Père P F E I L , de la Société de Jésus, Missionnaire dans
l'Araguary, vers 1682 21
N° 5. — Extrait d'un manuscrit du Père J . D E SOUZA F E R R E I R A , 1685 31
№ 6. — Lettre du Gouverneur-Général du Maranhão, GOMES F R E I R E
DE ANDRADA, au Roi de Portugal, 15 octobre 168 5 . . . . 35
№ 7. — L a côte septentrionale du Brésil d'après un second manuscrit
du P. J o ã o D E SOUZA F E R R E I R A , 1693 39
N° 7BIS. — Gouverneur de Pará, ANTONIO D E ALBUQUERQUE, au
Roi D. P E D R O II, 19 juillet 1687 43
№ 8. — Rivières entre l'Approuague et Para, d'après un manuscrit
portugais, avant 1695 49
Répl. du Brésil. T. Ier.

204 APPENDICE
№ 9. — Assassinat par les Indiens de la Rivière Cajary de quatre
Français trafiquants d'esclaves (1695). Enquêtes faites par
ordre du Gouverneur-Général de l'Etat du Maranhão et Pará.
1696 et 1 6 9 7 5 3
A. Inquerito feito na Aldeia de Jary 5 3
B. Depoimento do Commandante do forte de G u r u p á . . . 5 6
№ 10. — L a côte septentrionale du Brésil, d'après le Père BETTENDORFF,
de la Compagnie de Jésus, 1 6 9 8 5 9
№ 1 1 . — Réponse du Gouvernement Portugais au premier Mémoire
de l'Ambassadeur de France, mai 1698 61
N° 12. — Réponse du Gouvernement Portugais à la Réplique de l'Am­
bassadeur de France, 1 6 9 9 7 9
№ 1 3 . — Lettre d'ANTONIO D E ALBUQUERQUE, du 1 2 février 1700. in­
formation et Avis du Conseil d'Outre-Mer. en date du 8 oc­
tobre et 1 2 novembre 1 7 0 0 1 3 1
A . Lettre d'ANTONIO D E ALBUQUERQUE, Gouverneur-Général
de l'Etat du Maranhão. adressée au Roi (S. Luiz de Mara­
nhâo, 1 2 février 1700) 1 3 1
B. Extrait de l'information du général GOMES F R E I R E DE
ANDRADA, datée de Lisbonne, le 8 octobre 1700 . . . . 1 3 3
C. Avis du Conseil d'Outre-Mer et décision du Roi Dom
PEDRO II ( 1 2 novembre 1 7 0 0 ; 8 janvier 1 7 0 1 ) 1 3 3
№ 14. — Traité Provisionnel conclu à Lisbonne le 4 mars 1 7 0 0 entre
D . PEDRO II, Roi de Portugal et des Algarves, et Louis XIV.
Roi de France et de Navarre 135
№ 1 5 . — Extraits du second manuscrit du Père P F E I L , 1 7 0 0 . . . 1 4 3
№ 1 6 . — Les Plénipotentiaires Portugais, Comte D E TAROCCA et
D. Luis DA CUNHA, au Secrétaire d'Etat, DIOGO D E MEN-
DONÇA C O R T E - R E A L , 1 4 février 1 7 1 3 1 4 7
X" 17. - Passages des Mémoires de DOM L U I S DA CUNHA concernant
la Conférence du 9 février 1 7 1 3 151
№ 1 8 . — Le Comte DE TAROUCA et D . Luis DA CUNHA, Plénipotentiaires
Portugais, à DIOGO D E MENDONÇA C O R T E - R E A L , Secrétaire
d'Etat, le 1 2 mars 1 7 1 3 1 5 5
№ 19. — L e s Plénipotentiaires Portugais au Secrétaire d'Etat, à Lis­
bonne. 2 4 mars 1 7 1 3 1 5 9

A P P E N D I C E
2 0 5
Page
№ 20. — Extraits du projet de Traité rédigé par les Plénipotentiaires
portugais, 20 mars 1713 163
№ 21. — Extraits de la dépêche des Plénipotentiaires portugais annon­
çant la signature du Traité de Paix avec la France, 15 avril 1713 169
X" 22. — Notes de Dom Luiz C A E T A N O D E L I M A . Secrétaire des Pléni­
potentiaires portugais à Utrecht, sur ce qui s'est passé dans
la discussion finale du Traité, le 9 avril 1713 173
№ 23. — Le Gouverneur de Cayenne, C L A U D E D ' O R V I L L I E R S , propose,
au nom du Roi de France, au Gouverneur-Général du Mara-
nhão, B E R N A R D O P E R E I R A D E B E R R E D O , l'ouverture de rela­
tions de commerce entre Cayenne et Pará, 1720 179
№ 24. — Le Gouverneur de la Guyane Française, C L A U D E D ' O R V I L -
L I E E S , au Gouverneur-Général du Maranhão. J . D A M A Y A
D A G A M A 183
№ 25. — Le Gouverneur-Général de l'Etat du Maranhão, J . D A M A Y A D A
G A M A , au Gouverneur de la Guyane Française, 12 avril 1723 185
№ 26. — Routier de l'Araguary à la Rivière de Vincent Pinçon ou
Guayapoco (l'Oyapoc) et à la pointe en face de la Montagne
Cumaripú (Comaribo. ou Montagne d'Argent) écrit par le
pilote de l'expédition commandée par le capitaine P A E S D O
A M A R A L , 12 mai 1723 189
№ 27. — Expédition du Capitaine J o ã o P A E S D O A M A R A L à la Ri­
vière de Vincent Pinçon ou Yapoco, et à la Montagne d'Ar­
gent, à l'Ouest de cette rivière, en 1723. Enquête de 1723 195
№ 28. — Le Gouverneur de la Guyane Française, C L A U D E D ' O R V I L -
L I E R S , au Gouverneur-Général du Maranhão. J . D A M A Y A
D A G A M A , 30 mai 1723 205
№ 29. — Le Gouverneur-Général du Maranhão, J . D A M A Y A D A G A M A ,
au Gouverneur de la Guyane Française, C L A U D E D ' O R V I L ­
L I E K S , 4 août 1723 209
№ 30. — Le Gouverneur de la Guyane Française, C L A U D E D ' O R V I L -
L I E R S , au Gouverneur-Général du Maranhão, J . D A M A Y A
D A G A M A , le 20 août 1726 213
№ 31. — Routier de l'Araguary à l'Approuague, vers 1727 . . . . 219
№ 32. — Le Gouverneur-Général du Maranhão, J . D A M A Y A D A G A M A ,
au Gouverneur de la Guyane Française, C L A U D E D ' O R V I L -
L I E R S , 20 février 1727 223

2 0 6 A P P E N D I C E
Page
№ 33. — Instructions du Gouverneur-Général du Maranhão au com­
mandant de l'expédition envoyée à l'Oyapoc, 2 0 février 1727 2 2 9
№ 3 4 . — L e Gouverneur de la Guyane Française, D ' O R V I L L I E R S . au
Gouverneur-Général de l'Etat du Maranhão, J . D A M A Y A D A
G A M A , 4 mai 1 7 2 7 2 3 7
№ 3 5 . — Procès-verbal de l'examen fait aux pierres du sommet de la
Montagne d'Argent par le Major P. D E M E L L O P A L H E T A et
sa suite 2 4 5
№ 3 6 . — Extrait d'un Rapport adressé au Roi de Portugal par le
Capitaine - Général de l'Etat du Maranhão, J . D A M A Y A D A
G A M A , le 2 5 septembre 1 7 2 7 24 7
№ 37. — Le Roi de Portugal, par son Conseil d'Outre-Mer, au Gou­
verneur-Général du Maranhão, 1 0 janvier 1 7 3 0 2 5 5
№ 3 8 . — L e Gouverneur-Général du Maranhão, J O S É D A S E R R A , au
Gouverneur de la Guyane Française, 2 novembre 1 7 3 3 . . 2 5 7
№ 39. — Notes pour un routier de la Rivière Japoco (Oyapoc) à l'île
de Joannes ou Marajó, vers 1 7 4 0 2 6 3
№ 4 0 . — Extrait d'un manuscrit du P. B E N T O D A F O N S E C A , 1 7 5 0 . . 2 6 7
№ 4 1 . — Les Terres du Cap du Nord, au Brésil, et leur frontière avec
la Guyane Française. Extrait d'un manuscrit du P. B E N T O
D A F O N S E C A , vers 1 7 5 7 2 7 1
№ 4 2 . — Extrait de l'Histoire de la Compagnie do Jésus au Mara­
nhão et Para, par le P. J O S É D E M O R A E S , 1 7 5 9 279
№ 4 3 . — Extrait d'un Mémoire manuscrit de F R A N C I S C O D E S E I X A S
sur les limites du Brésil, 1 7 6 7 2 8 1
№ 4 4 . — Deux dépêches du Comte D E A R A N D A , Ambassadeur d'Es­
pagne près la Cour de Versailles, au sujet de la frontière de
l'Oyapoc et du Traité d'Utrecht. 2 2 juin et 2 0 juillet 1 7 7 7 :
A. Extrait de la dépêche, datée de Paris, le 2 2 juin 1777,
adressée, au Comte D E F L O R I D A B L A N C A , Ministre des
Affaires Etrangères 2 8 5
B. Dépêche de 20 juillet 1777, du Comte D E A R A N D A au Comte
D E F L O R I D A B L A N C A 2 8 6
№ 4 5 . — Extrait de la Chorographie du P . A Y R E S D E C A Z A L , 1 8 1 7 . 2 9 3

APPENDICE
207
T O M E V
Fac-simile de quelques documents reproduits
aux Tomes I I , I I I et I V .
Fac-simile
Nos
DOCUMENT № 1. — Deux pages de la lettre de SEBASTIÃO DE
LUCENA DE AZEVEDO, datée de Pará, le
1er Janvier 1647, et adressée au Roi de Por­
tugal (poste hollandais au Cassiporé . . . I II
DOCUMENT X " 2. — Deux pages de la lettre du même com­
mandant, en date du 20 Août 1647 (encore
le poste hollandais du Cassiporé) III—IV
DOCUMENT X " 3. — Sept pages des notes manuscrites du P.
P F E I L , de 1682, pour son « Annotaçam » :
Feuillet 13, recto V
106, » VI
» 106. verso VII
» 107. recto VIII
108, » I X
» 108, verso X
109. recto X I
DOCUMENT N° 4. — Dernière page de la préface du « Com­
pendio » du P . P F E I L , ler Avril 1700 . . . X I I
DOCUMENT N° 5. — Mémorandum remis par J. DA CUNHA B R O -
CHADO, Ministre de Portugal, à Lord B o l i n g -
IJUOKE. Secrétaire d'Etat, le 23 Janvier 1713 XIII

2 0 8
A P P E N D I C E
Fac-simile
Nos
DOCUMENT № 6. — Passage de la copie d'une lettre de B R O ­
CHADO, du 24 Janvier 1713 (Acad. R des
le
Sciences de Lisbonne), transcrit incorrecte­
ment au T. II, p. 63, du ler Mémoire français,
et sur lequel s'est basé l'« Exposé diploma­
tique et juridique » (voir T. II du 2nd Mémoire
du Brésil, n° 57) X I V
DOCUMENT № 7. — Passage de la copie de la même lettre de
BROCHADO conservée au Palais d'Ajuda, Lis­
bonne XV
DOCUMENT N° 8. — Routier de l'Araguary au Vincent Pinçon
ou Guayapoco (Oyapoc) et au Mont Cama-
ripu (Comaribo, ou Montagne, d'Argent) écrit
en 1723 par le pilote de l'expédition dirigée
par le Capitaine P A E S DO AMARAL (Bibl. Nat.
de Rio de Janeiro) :
1re page et titre X V I
2° » XVII
XVIII
4e » X I X
5e » X X
6E » XXI

APPENDICE
209
T O M E V I , A T L A S
Cartes r é u n i e s dans c e t A t l a s .
Préface de l'Atlas et liste des Cartes.
1RE PARTIE. — CARTES ANTÉRIEURES AU TRAITÉ D'UTRECHT.
N° 1.
Alonzo de Chaves, 1536.
Reconstruction schématique depuis le Cap St-Augustin jusqu'au
Huyapari (Orénoque), d'après le texte d ' O v i e d o . Carte nommée Padron
Real de 1536, ou Padron de CHARLES-QUINT.
N° 2.
André Homem, 1559.
Partie de sa Mappemonde manuscrite, au Dép. Géographique du Min.
des Aff. Etrangères, à Paris.
N° 3
F e r n ã o Vaz Dourado, 1564.
Feuille d'un Atlas manuscrit à la Bibl. du Duc D ' A L B E . Palais de
Liria, à Madrid.
N° 1.
F e r n ã o Vaz Dourado, vers 1570.
Feuille d'un Atlas au British Museum.

2 1 0
APPENDICE
№ 5.
Philippe Apian (Ph. Benewitz), 1576.
Partie de son Globe à la Bibl. Royale de Munich.
X" 6.
Bartolomeo Olives, 1580.
Carte manuscrite à la Bibliothèque du Palais Royal de Madrid.
Nos 7 et 7bis.
Christianus Sgrothenus, 1588.
Deux feuilles de la mappemonde manuscrite de ce cosmographe du
Roi d'Espagne. Bibliothèque du Palais Royal de Madrid.
№ 8.
Globe de Zurich, avant 1595.
Partie de ce globe anonyme conservé au « Schweizerisches Landes-
Museum », Zurich.
№ 9.
Sir W a l t e r Ralegh, 1617.
Carte manuscrite de la Guyane, conservée aux Archives de Simancas
(2 feuilles). Dans l'Atlas, la date 1618 doit être remplacée par 1617.
№ 10.
L u c a s de Quirós, 1618.
Partie de sa carte manuscrite de l'Amérique du Sud.
Bibliothèque du Palais Royal de Madrid.
№ 11.
Carte hollandaise, 1625.
Annexée au « Journal du voyage fait et terminé en 1625 par G E S S E
DES F O R E S T et d'autres Hollandais et Flammands.
British Museum, Sloane Ms.. n° 179 B.

APPENDICE
211
№ 1 2 .
Gioseffo Rosaccio, 1657.
Mappemonde gravée à Bassano vers 1 5 9 0 et réimprimée en 1657 :
«Universale descritione di tutto il mondo».
Musée Maritime de Rotterdam.
№ 13.
Nicolas Sanson, 1658.
Fac-similé réduit de la « Carte Generale du Royaume de France ||
Auecq tous les Pays circomuoisins. Par N. S A N S O N Geogr. ord du Roy
r e
A Paris chez TAUERNIER Graueur et Impri- meur du Roy pour les Cartes
Geographiques; & a présent chez P . MARIETTE, r. S. Jacques a l'Esperãce
Auec priu. du Roy renouelé pour vingt ans 1 6 5 8 » . — Carte citée dans
le ler Mémoire du Brésil, T . I . p. 171, et dans ce 2ND Mémoire, T . I , pp. 6 2
e r
E R
à 64, et 1 4 4 (note). Une partie de cette carte est reproduite ci-dessus, p. 6 4 ,
avec superposition d'un tracé de nos cartes modernes pour montrer que les
positions géographiques, même sur la meilleure carte de la France à cette
époque, étaient généralement erronées, et que le Mémoire de la France est
mal fondé à vouloir tirer parti des fausses latitudes attribuées, au XVIe et
au X V I I siècle, à l'embouchure du Vincent Pinçon ou Oyapoc.
o
№ 14.
Sebastian de Ruesta, 1655.
Feuille, comprenant les côtes septentrionales du Brésil, de la Guyane
et de Paria, de la Carte marine préparée à la Casa de la Contratacion de
Séville et portant ce titre (traduction, p. 93) :
« Carta Navtica del Mar, [| Costas, y Islas de las Yndias Occidentales,
Emendada || por SEBASTIAN DE RUESTA, natural de la Ciudad de Çaragoça,
Cosmographo. Fabricador de ynstrumentes || Matematicos por Su M en la
D
Casa de la Contratacion [| de la Ciudad de Sevilla, Adjustada de diferentes
papeles y ¡| Noticias de Pilotos practicos y versados en aquellas Costas. ||
Examinada, Corregida, y Consultada por los Señores || Presidente y Jueces
de la dicha Casa de Contratacion, siendo || su Presidente el Señor Don
PEDRO NIÑO D E GUSMAN, || CONDE DE V I L L A UMBROSA, y CASTRO NUEVO.
MARQUÉS DE QUINTANA, |] del Consejo de Castilla, Assistente y M° de Campo
Geñal de la dicha Ciudad de Sevilla».

2 1 2
A P P E N D I C E
2e PARTIE. — CARTES POSTÉRIEURES AU TRAITÉ D'UTRECHT.
№ 15.
C. Price, 1714.
« A New and Correct |j Map of the World || Projected upon the Plane
of the Horizon laid down from || the Newest Discoveries and most Exact
Observations || By C. Price || 1714. »
№ 16.
L e P. Samuel F r i t z , 1717.
« Cours || du Fleuve || Maragnon || autrement dit des Amazones || Par
le P. SAMUEL F R I T Z || Missionnaire de la Compagnie de Jésus.»
Réduction peu fidèle de sa carte de 1 7 0 7 gravée à Quito (n° 91 dans
le 1 Atlas du Brésil).
E R
№ 1 7 .
Carte française, vers 1719.
« Rio Maragnon ou Fleuve des Amazones. »
N° 18.
N. de F e r , 1719.
La Partie Méridionale de l'Amérique || appelée, Terre-Ferme où se trouve
|| les Provinces ou Grands Gouvernemens de || la Guiane et de, la Nouvelle
Grenade, || cette dernière province subdivisée en || Popaya, Cartagene,
Sainte-Marthe, Rio de la Hacha, Venezuela || et Nouvelle-Andalousie. || Le
pays et le cours de la Rivière des Amazones || au Sud de cette carte ||
comme l'Istme de Panama au Nord-Ouest, si trouvent || assé bien détaillez.
|| Dressée || sur les diverses relations des Flibustiers et fameux voyageurs.
|| Par N. D E F E R , Géographe de, sa Majesté Catolique, 1719. || A Paris, chez
J . F. B E N A R D , gendre de l'auteur dans l'Isle du Palais sur le quay de
|| l'Orloge à la Sphere Royale, 1719. »
№ 19.
D'Anville, 1729.
« Carte || de la Guïane Françoise || ou du || Gouvernement || de Caïenne
depuis le cap de Nord || jusqu'à la rivière de Maroni || inclusivement. || Par
le Sieur D ' A N V I L L E , || Géographe Ord du Roi. || Septembre
r e
1 7 2 9 . »

APPENDICE
2 1 3
№ 20.
Carte française, par S , 1739.
i :
«L'Horizon de Paris.» «Dedié à Son Altesse || Monseigneur l'Arche­
vêque de Cambray Pair de France, Prince du S. Empire. Comte du Cambre-
sis, & || Par son très Humble et très Obeissant Serviteur S*. » « Avec Priv-
lege du Roy 1739.»
№ 21.
Carte des Jésuites, 1741.
« Copie | d'une Carte manuscrite | de la Guiane | Dressée par les
Jésuites en 1741, || Communiquée par M. BUACHE en 1787. »
№ 22.
Carte française du Dépôt de la Marine, 1742.
« Carte reduite || de || l'Ocean Occidental || comprenant |j les Côtes d'Eu­
rope et d'Afrique, | depuis le 52 Degré de Latitude Septentte jusqu'à
l'Equateur || et les Côtes d'Amerique opposées. || Dressée au Dépôt des Cartes,
Plans et Journaux | de la Marine || Par ordre de || Mgr le COMTE DE MAU-
KEPAS. || 1742.»
№ 23.
Pierre B a r r è r e , 1743.
« Carte || Depuis l'Amazone jusqu'à | la Riviere de Marony || aux ||
Hollandois. »
N° 24.
L a Condamine, 1745.
« Carte du cours du Maragnon ou de la grande Rivière des Ama­
zones. || Dans sa partie navigable, depuis Jean de Bracamoros jusqu'à son
embouchure et qui comprend la province de Quito et la côte de la Guiane
depuis le Cap de Nord jusqu'à Essequebe. || Levée en 1743 et 1744 et
assujettie aux observations astronomiques par M. DE LA CONDAMINE de
l'Ac. Rle des Sc. || Augmentée du cours de la Rivière Noire et d'autres
détails tirés de divers Mémoires et Routiers manuscrits de voyageurs
modernes. »

2 1 4
APPENDICE
N° 24bis.
L a carte de L a Condamine
comparée à nos cartes modernes.
№ 25.
L e R o u g e , 1746.
L'Amérique, || suivant le R . P. CHARLEVOIX JTE, M. D E LA CONDAMINE ||
et plusieurs autres || nouvelles observations. || A Paris, |] Par le S L E ROUGE,
R
Ing. | Géographe du Roy. rue des Grands-Augustins, 1746. »
№ 26.
J o ã o de A b r e u G o r j ã o , 1747.
Le Brésil de la carte marine manuscrite de ce géographe. Bibliothèque
Nationale de Lisbonne.
№ 27.
D'Anville, 1748.
Partie de sa carte:
« Amérique || Méridionale. | Publiée sous les auspices || de Monseigneur
le L u c d'Orléans. | Premier Prince du sang. | Par le S D'ANVILLE. ||
R
MDCCXLVIII. | Avec privilège. »
№ 28.
R o b e r t de V a u g o n d y , 1750.
« Amérique Méridionale. Dressée, sur les Mémoires les plus récents
et assujetie aux observations astronomiques par le S ROBERT D E VAU­
R
GONDY, fils de M. ROBERT, Géographe ordin. du Roy. Avec privilège.
1750. »
№ 29.
Carte portugaise de 1751.
« Mapa dos Confins do Brazil com as ter ras da Gorva de Espa na
America Meridionl 0 que esta de Cor Amarela he o que se acha ocu-
pado pelos Portuguezes. 0 que esta de Cor de Roza he o que tem ocu-

APPENDICE
2 1 5
pado os Espanhoes 0 que fica em Branco esta athé ao prezente por
ocupar Feita no anno de 1751. »
Carte manuscrite, déposée au Ministère des Affaires Etrangères (Mi-
nisterio de Estado), Madrid, authentiquée à Madrid le 12 Juillet 1751 par
les Plénipotentiaires du Portugal et de l'Espagne. Copie certifiée conforme,
le 5 Août 1899, par le Comte DE ARCENTALES, Chef de Section au Ministère
des Affaires Etrangères à Madrid.
№ 30.
La carte précédente
comparée à NOS cartes marines MODERNES.
№ 31.
L.-C. Desnos et J.-B. Nolin, 1754.
« Globe Terrestre Dressé Sur les Relations les plus Nouvelles de
MM. de l'Aadémie Royale des Sciences. Par L. C. DESNOS et J. B.
NOLIN Géographe a Paris 1754 Avec Privilege du Roy. »
№ 32.
Jacques-Nicolas Bellin, 1760.
«Carte Réduite des Côtes de la Guyane Depuis la Rivière d'Oré-
noque jusqu'au Cap du Nord à l'Entrée de la Rivière des Amazones.
Dressée au Depost des Cartes et Plans de la Marine Pour le Service des
Vaisseaux du Roy Par ordre de M. BERRYER, Ministre et Secrétaire d'Etat
adant le Département de la Marine Par S. BELLIN, Ingénieur DE la Ma­
rine. Censeur Royal, de l'Académie DE Marine, ET DE la Société Royale
de Londres. M.DCC.LN. »
№ 33.
L. C. Buache et de Prefontaine, 1762.
Partie DE la carte suivante :
« Carte géographique !| de l'Isle de Cayenne et de ses Environs |
Dressée sur les Observations estimées et les Remarques de M. DE PREFON­
TAINE || Capitaine d'Infanterie Par Louis CHARLES BUACHE, SOUS les yeux
de PHIL. B. P Geographe de Sa Majesté... 1762. »
e r
Mans., Dépôt de Cartes et Plans de la Marine, à Paris.

2 1 6
APPENDICE
№ 34.
Janvier, 1762.
« L'Amérique Méridionale || divisée || en ses principaux || Etats |[ par
le S JANVIER Geographe. || A Paris. | Chez L I T T R É , graveur, rue Saint-
r
Jacques | à la Ville de Bordeaux. || Avec Priv. du Roy || 1762. »
№ 35.
Jacques-Nicolas Bellin, 1762.
« Carte des Costes de la || Guayane Françoise || Par le S. BELLIN Ingr
de la Marine || 1762. »
№ 36.
J.-N. Bellin, 1763.
« Carte de la Guyane Françoise || Et l'Isle de Cayenne || Dressée au
Dépost des Cartes et Plans de la Marine || Par Ordre de M. le Duc DE
CHOISEUL, Ministre de la Guerre || et de la Marine. | Par le S. BELLIN,
Ingénieur de la Marine 1763. »
№ 37.
J.-N. Bellin, 1764.
« Carte Réduite || Pour la Navigation de Cayenne || à la Martinique ||
Dressée au Dépost des Cartes, Plans et Journaux de la Marine. | Pour le
Service, des Vaisseaux du Roy || Par ordre, de M. le Duc D E CHOISEUL
Colonel-Général des || Suisses et Grisons, Ministre de la Guerre et de la
Marine. |j Par le S B E L L I N Ingénieur de la Marine et du Dépost de plans
r
Censeur Royal || de l'Academie, de Marine, et de || la Société, Rle de Londres. »
№ 38.
Philippe Buache, 1766.
Esquisse d'une carte de la Guyane : « le Tout rassemblé et concilié
par Ph. BUACHE. Terminée ce 29 Mars 1766. »

APPENDICE
217
№ 39.
B i g o b e r t Bonne, 1771.
« Carte I de la Terre Ferme l| de la Guyane et du Pays des Amazones ||
Projettée et assujettie aux Observations || par M. BONNE Mtre de Mathem. ||
A Paris. || . . . . 1771. »
№ 40.
Bourgoin, 1774.
« Carte || de || L'Amérique || Meridionale || A Paris. »
№ 41.
Olmedilla, 1775.
Partie de sa grande carte de l'Amérique du Sud:
« Mapa Geográfico || de America Meridional, || Dispuesto y Gravado ||
Por D. JUAN DE LA CRUZ CANO Y OLMEDILLA, Geogfo Pens de S. M. ||
d o
individuo de la R Academia de Sn Fernando, y de la Sociedad Bascongada
1
de los Amigos del Pais; || teniendo presentes varios Mapas y noticias ori­
ginales || con arreglo à Observaciones astronómicas, || Año de 1775. »
№ 42.
J o s é Monteiro Salazar.
Partie d'une carte marine manuscrite, sur parchemin. Bibliothèque de
la Société de Géographie de Lisbonne. Titre et date illisibles.
№ 43.
J o s é Monteiro Salazar, 1777.
Partie d'une carte marine manuscrite, sur parchemin :
« Planta da Ame || rica Austral do Mar do Sul e || parte da America
do Mar do Norte athe ilha de || bacalhao Com todas as suas ilhas e baixos
per || tencentes as ditas costas. E parte de terras do Mar do Sul. 23 de
8bro de 1777. »
Bibliothèque de la Société de Géographie de Lisbonne.

2 1 8 APPENDICE
№ 44.
R i g o b e r t Bonne, 1780.
« Carte du Nouv. R de Grenade et de la Nouvelle Andalousie, | et
m e
de la Guyane, \\ Avec les Pays Limitrophes qui en sont au Sud. || Par
M. BONNE. Ingénieur-Hydrographe de la Marine. »
№ 44 .
b i s
R. B o n n e , 1780.
«La Guyane Françoise, || Avec Partie [| De la Guyane Hollandoise; ||
suivant les Opérations et les cartes récentes || des Ingénieurs-Géographes
François, || Par M. BONNE. Ingénieur-Hydrographe de la Marine.»
№ 45.
H. B o n n e , 1780.
«Carte de la Partie Septentrionale || du Brésil, || Par M. B O N N E , Ingé­
nieur-Hydrographe de la Marine. »
№ 47.
Bonne, 1781.
«Carte Générale | De l'Amérique | Méridionale. | Par M. B O N N E ,
lugénr Hydrographe || de la Marine. || Février 1781.
№ 48.
Biteow, 1763.
«Carte || de la Guyane Françoise || ou || France Equinoxiale. || Grand,
beau et très fertile pays de l'Amérique || Méridionale, située entre la Rivière
de Marauny et le Cap Nord. | C'est en cet endroit que se doit rendre la
nouvelle Colonie | Françoise, pour y occuper principalement les belles
Plaines situées entre les Rivières de Marauny, d'Amaribo et de || Synamary.
Dressée sur les Mémoires les plus récents et \\ différentes Annotations par
M. B I T E O W | Ingénieur.

APPENDICE
2 1 9
N° 49.
J a n v i e r , 1782.
«L'Amérique Meridionale divisée en ses principaux Etats par le
S R J A N V I E R Geographe || A Paris || . . . . 1782.»
№ 50.
J a n v i e r , 1784.
« L'Amérique || divisée || en ses principaux Etats, || Assujetie aux Ob­
servations Astronomiqes Par le S r J A N V I E R Géographe. | A Paris ||
Avec Privilege du Roi || 1784. || Augmentée du voyage de Cook en 1782. »
N° 51.
R. Bonne, 1785.
«Carte || de la Terre Ferme, || de la Guyane, et du Pays des Ama­
zones Projettée et assujettie aux Observations Par M. BONNE Mtre de
Mathemat. || A Paris || Avec Priv. du Roy || 1787.»
№ 52.
W . A. Bachiene, 1785.
«Kaart || van het Nordlyk gedeelte || van || Bresil.»
Feuille d'un A l l a s publié à Amsterdam.
W . A. Bachiene, 1785.
«Kaart van het | Nieuw Konigrijk Grenada, || Nieuw Andalusie || en
Guyane, || Met de aangrenzende Landen ten Zuiden. »
Feuille du même Atlas, publié à Amsterdam.
№ 53.
Dezauche, 1790.
«Carte || d'Amérique || Dressée pour l'instruction || Par G U I L . D E L I S L E
et P H I L . B U A C H E , Premiers Géographes de l'Academie || des Sciences || Nou-
Répl. du Brésil. T. 1er. 1 5

2 2 0
APPENDICE
vellement Revue, Augmentée et Assujetie aux Nles Observations |] Astrono­
miques de Mrs. de l'Académie des Sciences. J| Par DEZAUCHE Géographe, ||
Successeur des Srs. D E L I S L E et PHIL. BUACHE. | A Paris, || Chez l'Auteur
Rue des Noyers. | Avec Privilège d'Auteur. 1790.»
№ 54.
Nolin, 1791.
« Carte || d'Amérique || divisée || En ses principaux Etats, Avec les
nouvelles découvertes || faites au Nord || et dans la Mer du Sud, || Par les
plus célèbres navigateurs. | Assujetties aux dernières Observations Astro­
nomiques | Par J . - B . NOLIN, | Géographe. || A Paris, chez MONDHORE et
J E A N , Rue Saint-Jean-de-Beauvais, || 1 7 9 1 . »
№ 55.
Daniel Lescallin, 1798.
«Carte de la Guyane Française Dressée sur les Observations les
plus récentes. L'An V I de la République. D'HOUDAN sculpsit. »
№ 56.
V. P . Malouet, 1802.
« Carte des Parties connues de la Guyane Française et Batave
Pour les Mémoires publiés par le C MALOUET en l'An X.»
ON
№ 57.
E d m e Mentelle et P.-G. Chanlaire, 1805.
« Cartes des Colonies || Françaises et Hollandaise || de la Guyane. ||
Dressée d'après les cartes de N. BUACHE et de S. MENTELLE Capitaine
d'infanterie, Garde du Dépôt des Cartes et || Plans de la Colonie de Cayenne,
ancien Ing Géographe || Publiée || Par E. MENTELLE. Membre de l'Institut
r
National, || et M . P.-G. CHANLAIRE, l'un des auteurs de l'Atlas Natl. || A
Paris, chez les auteurs || G. CHANLAIRE. rue Geoffroy-Langevin. n° 3 2 8 et
E. MENTELLE, Galerie du Muséum, n° 19. »

APPENDICE
221
№ 58.
Dezauche, 1808.
« Carte I] d'Amérique || Dressée pour l'instruction, par GUIL. D E L I S L E
et PHIL. BUACHE, Premiers Géographes de l'Académie | des Sciences. ||
Nouvellement revue, augmentée et assujettie aux dernières observations ||
astronomiques de M de l'Académie des Sciences. || Par DEZAUCHE, Géo­
R S
graphe, Successeur des S D E L I S L E et BUACHE || A Paris || Chez l'auteur,
r s
Rue des Noyers, || Garantie Nationale, An 9. »
№ 59.
Poirson, d'après Leblond, 1814.
« Carte I Géographo-Géologique || De la Guyane Française, || Dressée
sur les relevés || de M. LEBLOND, || Médecin-Naturaliste, Pensionnaire de
S. M. Louis XVI, || Correspondant de l'Academie || et de l'Institut &a || Par
POIRSON, Ingénieur Géographe (1814).
№ 60.
Pierre-I. Lapie, 1814.
Partie de la carte suivante :
« A Map I of South America | Carte || de l'Amérique Méridionale
Dressée par I. L A P I E Ingénieur Géographe Directeur du Cabinet Topo­
graphique de S. M. Gravée par P. A. TARDIEU Graveur des Postes ||
Editeur Propriétaire. || Paris 1814. »
№ 61.
Adolphe de Beauchamp, 1815.
Partie de la Carte du Brésil, annexée à l'Hist. du Brésil qu'A, D E
BEAUCHAMP publia sous son nom.
№ 62.
Lesage, 1815.
Feuille de l'Amérique de l'Atlas historique et géographique de L E S A G E .

2 2 2
APPENDICE
№ 63.
H. B r u e , 1816.
« Partie de la Carte Encyprotype de l'Amérique Méridionale. Dé
diée et présentée à MONSIEUR, Par H. B R U É , Ingénieur-Géographe de S. A.
Royale. A Paris. Chez DESRAY, Libraire-Editeur, Rue Haute-feuille, n° 4.
près celle de St-André des Arcs et GOUJON, marchand de cartes géogra­
phiques, rue du Bac. n° 6 (1816).»
№ 64.
Brion de la T o u r et Poirson, 1806.
Partie de la carte suivante :
«Amérique Méridionale Par BRION DE LA TOUR Ingénieur Géo­
graphe Revue et Corrigée par POIRSON, An 1816. »
№ 65.
P i e r r e - I . Lapie, 1820.
L'Amérique du Sud de la carte suivante :
«Amérique Septentrionale et Méridionale Dédiée et Présentée Au
Roi. Par son très-humble très-obéissant très dévoué et fidèle Sujet
L A P I E . »
№ 66.
A.-H. B r u é , 1821-1825.
Partie de la « Carte [| Physique et Politique || de ]| l'Amérique Mé­
ridionale Par A.-H. B R U É . Géographe de S. A. R. Monsieur à Paris
Chez GOUJON, Editeur-Propriétaire, Rue du Bac, n° 6 près le Pont Royal.
1821. Revue, corrigée et augmentée d'après le nouvel Atlas Américain
en 1825. »
№ 67.
L. Vivien, 1825.
« Carte de l'Amérique Méridionale par L . VIVIEN. Géographe
Gravée par GIRALDON-BOVINET 1825 Paris. »

APPENDICE
2 2 3
№ 68.
B u c h o n , 1 8 2 5 .
« Carte Géographique. Statistique et Historique du Brésil.»
№ 69.
Darmet, 1 8 2 5 .
« Carte Géographique, Historique et Politique de l'Amérique Méri­
dionale. »
№ 7 0
L'Amérique du Sud de la — « Carte Générale de l'Amérique Divisée
en ses principaux Etats par Fn D E L A M A R C H E Successeur de R O B E R T D E
V A U G O N D Y A Paris, Chez l'Auteur Ingénieur-Mécanicien Pour les
Globes et Spheres. Rue du Jardinet № 13 1825. »
№ 71.
B u c h o n , 1 8 2 5 .
« Carte Géographique Statistique et Historique de la Guyane. »
№ 7 2 .
A . - M . P e r r o t , 1 8 2 6 .
« Carte || de la Guiane Française Par A.-M. P E R R O T Editeur
L . D U P R A T D U V E R G E R 1826.
N° 73.
A. Brue, 1 8 2 6 .
Partie Nord do la
« Carte Générale de l'Amérique Méridionale ET des IlES qui en
dépendent Dressée par A. Brué Géographe, du Roi. Paris 1826. Chez
l'Auteur, Rue, D E S Maçons-Sorb

224
A P P E N D I C E
№ 74.
A. Brué, 1826.
Partie Nord de la
« Carte du Brésil et d'une Partie des Pays adjacents Rédigée
par A. B R U É Géographe du Roi. d'après les observations astronomiques
des Portugais, des Espagnols, des Français, des Anglais et un grand
nombre de Cartes publiées ou inédites. Paris 1826. Chez l'Auteur, Rue
des Maçons-Sorbonne n° 9 »
№ 75.
L. Vivien, 1826.
« Carte Générale de l'Empire du Brésil ; Par L . V I V I E N , Géographe,
|l Gravée par G I R A L D O N B O V I N E T 1826 Paris, Chez M É N A R D et D E S E N N E ,
Rue Git-le-Cœur — n° 8 . »
№ 76.
P i e r r e Lapie, 1828.
« Carte de la Colombie Et des Guyanes Dressée par M. L A P I E ,
1 Géographe du Roi et M.
e r
L A P I E , Lieutenant-Ingénieur Géogrape. Paris,
1828. Chez E Y M E R Y F R U G E R et C , rue Mazarine, n° 30. »
i e
№ 77.
P i e r r e Lapie, 1829.
« Partie nord de la Carte Du Brésil. Dressée par M. L A P I E , 1 Géo­
e r
graphe du Roi Et M. L A P I E fils, Géographe de S. A. R. M. le Dauphin.
Paris, 1829 chez E Y M E R Y F R U G E R et ( R u e Mazarine, n° 30. »
№ 78
A.-H. B r u é , 1834.
«Partie de la Nouvelle Carte de l'Amérique Méridionale ET L E S
Iles qui en dépendent, Dédiée à l'Académie Royale des Sciences de
l'Institut de France, Par A.-H. B R U É , Géographe du Roi de la Com-

A P P E N D I C E
225
mission centrale de la Société de Géographie de Paris, Membre honoraire
de celle de Londres, etc. Paris, 1834, chez Mme Vve BRUÉ, rue des
Maçons-Sorbonne, n° 11 et chez les principaux Marchands de cartes géo­
graphiques. Œuvre posthume. »
79.
PIERRE LAPIE, 1838.
Partie Nord de la
« Carte Du Brésil Dressée par M. L A P I E Colonel d'Etat Major Et
M. LAPIE Fils, Capitaine du même Corps Paris 1838 Chez P. C. LEHUBY
Libraire Rue de Seine n° 48. »
№ 80.
A.-H. BRUÉ ET CH. PICQUET, 1839.
Partie de la — « Nouvelle Carte de l'Amérique Méridionale et
des Iles qui en dépendent, Dédiée à l'Académie Royale des Sciences de
l'Institut de France: Par A.-H. BRUÉ, Géographe du Roi. Revue,
corrigée et augmentée par CH. PICQUET, Géogphe du Roi et du Duc d'Or­
léans. Paris, 1839. Chez CH. PICQUET, propriétaire des Cartes et Atlas
de BRUÉ, Quai Conti 17, près du Ponts des Arts. »
№ 81.
V. LEVASSEUR, 1849.
« Colonies Françaises » (en Amérique). « Géographie et Statistique, par
V. LEVASSEUR Ing Géographe. Rue de Malte 23. »
r
№ 83.
CARTE ANONYME BRÉSILIENNE, 1853.
« Carta Topographica da Provincia de Oyapockia 1853. Lith.
Imp de Heaton & Rensburg, Rua d'Ajuda, 68. »
1

2 2 6
A P P E N D I C E
№ 84.
J . da Costa Azevedo, 1860
(plus tard Amiral et Baron de Ladano).
«№ 1. Carta Hydrografica e Descriptiva Da parte comprehendida
entre o Rio Conani e o Rio Oyapock. Annexa à 2 parte dos traballios
a
apresentados ao governo imperiai no anno de 1860 pelo Cap T
a o
t o J O S É
D A C O S T A A Z E V E D O . »
№ 85.
J . da Costa Azevedo, 1860.
№ 2. Carta Hydrografica e Descriptiva Da parto comprohendida
entre o rio Araguary e o rio Calsoene Annexa à 2a parte dos trabalhos
apresentados ao governo imperiai no anno de 1860 pelo Capa Tte
0
J O S É
D A C O S T A A Z E V E D O . »
№ 86.
F . Mouchez, 1868.
Réduction de la partie principale de la — « Carte des Côtes de la
Guyane depuis Cayenne jusqu'à l'embouchure de l'Amazone Dressée
d'après les documents les plus récents et les observations faites à bord
du d'Entrecasteaux et du Lamotte Piquet par M F.
r
M O U C H E Z , Capne de
Frégate. Dépôt des Cartes et Plans de la Marine 1868. Edition de
Juillet 1896.»

A P P E N D I C E
227
LISTE PAR ORDRE D E DATES
TOUTES LES CARTES ANTÉRIEURES AU TRAITÉ D'UTRECHT
SOUMISES A L'EXAMEN DE L'ARBITRE
PAR L E BRÉSIL
avec l'indication de l'Atlas ou du Tome des deux Mémoires
du Brésil où elles se trouvent.
150O. — J U A N D E L A C O S A , manuscrite 1 Atlas, n° 1.
e r
2° 1519. — Vesconte D E M A I O L L O , manuscrite . . . . 1 » » 1 a .
e r
3° 1514—1515 | Conte D I O T T O M A N O F R E D U C C I . ma-1 T.Ier du 2 Méni.
n d
ou avant 1520 nuscrite I
4° 1523. — C A R T E D E T U R I N , manuscrite . . . . 1 Atlas, n° 2.
e r
5° 1527. — Vesconte D E M A I O L L O , manuscrite . . . 1 » » 3.
ER
6° 1529. — D I O G O R I B E I R O , manuscrite I » » 4.
ER
7° 1536. — A L O N Z O D E C H A V E S (reconstitution) . . . 2nd » » 1.
8e 1543. — N I C O L A S D E S L I E N S (1543 ou plus tard), ma­
nuscrite I »
ER
» 5.
9° 1544. — S É B A S T I E N C A B O T (Sebastiano Cabotto), gr. ler » » 6.
10° 1550. — D I E G O G U I T E R R E Z . manuscrite ler » » 7.
11° 1550 (?). D I E G O G U I T E R R E Z , gravée, 1562 . . . 1 » » 8.
e r

2 2 8
APPENDICE
12° 1550. — P I E R R E D E S C E L I E R S , manuscrite . . . . 1 Atlas. n° 9.
e r
13" 1554. — JACOPO GASTALDI, gravée 1er » » 10.
14° 1558. — Diogo HOMEM, manuscrite 1 » » 11.
e r
15° 1558 (?). — D I O G O H O M E M , manuscrite 1er » » 12.
16° 1559. — ANDRÉ H O M E M , manuscrite 2nd » » 2.
17° 1560. — C A R T E ESPAGNOLE, manuscrite ler » » 13.
18° 1561. — B A R T O L O M E O VELHO, manuscrite
.
.
.
. ler » » 14.
19° 1562. — BARTOLOMEO O L I V E S , manuscrite . . . . ler » » 1 5 .
16 A
20° et 21° 1563. — LAZARO L U I S , manuscrite
.
.
.
. ler »
22° 1564. — F E R N Ã O Y A Z DOURADO, manuscrite . . . 2nd » » 3.
1er » » 17A
23" et 24" 1568. - Diogo HOMEM. manuscrite . . . . . et » 1 7 .
B
\\ T Ier du 2nd Mém.
18 A
25° et 26° 1568. — F E R N Ã O Y A Z DOURADO, manuscrite . 1 Atlas,
e r
ler » » 19.
27° 1569. — GERARDUS M E R C A T O R (Gerard Crenier), gr.
T . Ier du 2nd Mem.
28" 1570 (?). — FERNÃO Y A Z DOURADO. manuscrite . . 2n Atlas, n° 4.
d
29" 1570. — ABRAHAM O R T E L I U S (Ab. Ortelz), gravée . 1er » » 20.
30° 1570. — » » » 1 " » » 21.
1 » » 2 2 .
e r
A
31° et 32" 1571. — FERNÃO Y A Z DOURADO, manuscrite . et » 22-B.
T. I du 2nd Mém.
e r
1er Atlas n° 23.
33" 1575. — A N D R É T H E V E T . gravée .
T . Ier du 2
Mem.
n d
34° 1575. — FRANÇOIS D E B E L L E F O R E S T , gravée . . . 1 Atlas, n° 24.
e r
35° 1576. — P H I L I P P E APIAN (Ph. Benewitz). Partie de 2n » » 5.
d
son globe \\ T . 1er du 2 Mém.
n d
36" 1579. — JACQUES D E VAUDECLAYE, manuscrite . . 1er Atlas, n° 25.
1er » » 26A.
37° et 38° 1 5 8 0 . FERNÃO VAZ DOURADO, manuscrite
et » 26B.
39° 1580. — B A R T O L O M E O O L I V E S , manuscrite . . . . 2 » » 6.
n d
40" 1582. — JOAN M A R T I N E S , manuscrite 1 » » 27.
e r
41» 1582. — » » 1er » » 28.
42" 1584. — GIOVANNI B A T T I S T A MAZZA, gravée . . . ler » » 29.
43° 1585. — JOANNES A DOETECHUM (Jan van Doet), gr. ler » » 30.
44° 1587. — ABRAHAM O R T E L I U S , gravée 1er » 31.

A P P E N D I C E
229
45° 1587. — ABRAHAM ORTELIUS, gravée l Atlas, n° 32.
e r
46° 1587. — RUMOLDUS MERCATOR, gravée 1 » » 33.
e r
2nd » » 7.-
17° et 18° 1588. — CHRISTIANUS SGROTHENUS. manuscrite
et » 7 .
b i s
ler » » 34.
49" 1592. THÉODORE DE B R Y , gravée
I T. ler du 2nd Mém.
50° 1593. — CORNELIUS D E JUDEUS (Cornelis de Jode), gr. 1 Atlas, n° 35.
e r
51° 1593. — » » » » » » » ler » » 36.
52° 1594. — P E T R U S PLANCIUS, gravée 1er » » 37.
53° 1594. — THÉODORE D E B R Y , gravée * 1er » » 38.
54° 1595 (avant). — G L O B E D E ZURICH 2nd » » 8.
55° 1595. — MICHAEL MERCATOR, gravée 1er » » 39.
56° 1596. — THÉODORE D E B R Y , gravée 1 » » 40.
e r
57° 1596. — ARNOLDUS FLORENTIUS A LANGREN ( A . - F . van
Langeren), gravée ler » » 41.
58° 1597. — CORNELIS W Y T F L I E T , gravée 1 » » 42.
e r
59° 1597. — JODOCUS HONDIUS (Josse Hond), gravée. . 1 » » 43.
e r
60° 1598. — MATHIAS QUAD, gravée 1er » »43-*.
61° 1598. — B . LANGÈNES, gravée 1er » » 4 3 B .
62° 1598. (?) - C A R T E ANGLAISE, manuscrite . . . . 1 » » 44.
e r
63° 1598. - JODOCUS HONDIUS, gravée 1 » » 45.
e r
64° 1599. — LEVINUS HULSIUS, gravée 1 » » 46.
e r
65° 1599. - THÉODORE D E B R Y , gravée 1 » » 47.
e r
66° 1599. — P E T R U S PLANCIUS, gravée .
.
.
.
.
. 1 » » 48.
e r
67° 1599. — EDWARD W R I G H T et RICHARD HAKLUYT, gr. 1 » » 49.
e r
68° 1602. — G A B R I E L L TATTON, manuscrite 1 » » 50.
e r
69° 1602. — JODOCUS HONDIUS, gravée 1 » 5l.
e r
70° 1602. — » » » 1ER » 52.
71° 1605. — CORNELIS CLAESZON, gravée 1 » » 57.
e r
72° 1606. — JODOCUS HONDIUS, gravée 1er » » 53.
73° 1608. — G A B R I E L L TATTON, manuscrite 1 » * 54.
er
74° 1610. — HARMEN JANSS et MARTEN JANSS, manuscrite 1 » » 55.
e r
1 » 56.
e r
75° 1614. — P E T R U S KŒRIUS, gravée T . 1 du 1 Mém.
e r
e r
76° 1616. - PETRUS BERTIUS, gravée 1er Atlas, n° 58.
77° 1616. — » » »
* 59.
l e r
78° 1617. — S I R W A L T E R RALEGH, manuscrite . . . . 2nd 9.
79° 1618. — LUCAS D E QUIRÓS, manuscrite 2nd »

2 3 0
A P P E N D I C E
80° 1 6 2 5 . — C A R T E HOLLANDAISE, manuscrite .
.
.
. 2ND Atlas, n° 1 1 .
8 1 ° 1 6 2 5 . — JOHANNES D E L A E T , gravée 1ER » » 6 0 .
82° 1 6 2 8 . — MATHIEU MERIAN, gravée 1er » » 6 4 .
8 3 ° 1 6 3 0 . — ARNOLDUS F L O R E N T I U S A LANGREN, gravée 1 » » 6 1 .
E R
84° 1 6 3 1 . — G . BLAEUW, gravée 1 » » 6 2 .
E R
85° 1 6 3 3 . — JODOCUS HONDIUS, gravée le » » 6 3 .
r
1er » » 6 5 .
86° 1 6 4 0 . — CLEMENDT D E JONGHE ( 2 feuilles), gravée T. 1er du 1er Mém.
8 7 ° 1 6 4 0 . — JOÃO T E I X E I R A , manuscrite 1ER Atlas. n° 6 6 .
88° 1 6 4 0 . - 1ER » » 6 8 .
89° 1 6 4 2 . — » » » ler » 6 7 .
9 0 ° 1 6 4 6 . — R O B E R T D U D L E Y , gravée 1 » » 6 9 .
E R
91° 1 6 4 6 . — R O B E R T D U D L E Y , gravée ler » » 7 0 .
92° 1 6 4 6 . — » » » 1ER » 71.
93° 1 6 5 0 . — NICOLAS SANSON, gravée 1er » » 7 2 .
1er » » 83.
94° 1 6 5 5 . - COMTE D E PAGAN, gravée T . 1 du 1ER Mém.
E R
95° 1655. — SEBASTIAN D E RUESTA, manuscrite . . . 2ND Atlas. n° 1 4 .
96° 1 6 5 6 . — NICOLAS SANSON, gravée ler » » 7 3 .
97° 1 6 5 7 . — GIOSEPPO ROSACCIO, gravée 2ND » » 12.
98° 1 6 5 8 . — NICOLAS SANSON, gravée 2ND » » 1 3 .
9 9 ° 1 6 6 0 . — DANCKER DANCKERTS, gravée 1ER » » 7 4 .
1ER » » 7 5 .
100° 1 6 6 4 . P I E R R E DU V A L . gravée . . .
T . 1ER du ler Mém.
101° 1666. — L E F E B V R E D E LA BARRE, gravée . . . 1ER Atlas, n° 7 6 .
102° 1 6 6 6 . — P I E R R E DU V A L , gravée 1ER » » 7 7 .
103° 1 6 7 9 . — GUILLAUME SANSON, gravée 1ER » » 7 8 .
ler » » 7 9 .
104° 1 6 7 9 . - P I E R R E DU VAL. gravée
T. 1ER du 1 Mém.
E R
105° 1 6 8 0 . — GUILLAUME SANSON, g r a v é e 1ER Atlas, n° 8 0 .
106° et 1 0 7 ° 1680. — C L A E S J . VOOGHT (Atlas VAN K E U - 1ER » » 81 A
L E N ) , gravée LER » » 8 1 .
B
1er » » 8 4 .
1 0 8 ° 1 6 8 3 . — MANESSON M A L L E T . gravée
I T . 1ER du 1 Mém.
E R
109° 1688. - M. CORONELLI, gravée 1ER Atlas, n° 8 2 .
1er » » 86A
110° 1 6 9 1 . — SAMUEL F R I T Z ( 2 feuilles), gravée . . 1 » » 8 6 B .
E R
T . 1ER du 1 Mém.
E R

APPENDICE
231
1 Atlas, n° 85.
111°
er
1698. — F R O G E R et le M A R Q U I S D E F E R R O L L E , gravée T. 1 du Mém.
er
1er
112° 1700. — GUILLAUME DU L'ISLE, gravée l Atlas, n° 87.
er
113° 1700. — » » » » 1er » 88.
114° 1703. — » » » » 1 » » 89.
er
115° 1705. — NICOLAS D E F E R , gravée 1 » » 90.
e r
1 » » 91.
er
116° 1707. — SAMUEL F R I T Z , « T a x é e
T. l du l Mém.
er
er




Document Outline

  • Remarque sur la partie documentaire de ce Mémoire
  • La mission de l'Arbitre. D'après le Compromis, il est un Juge, non un Médiateur
  • I
    • L'Oyapoc ou Vincent Pinçon
    • Oyapoc était le nom principal, Vincent Pinçon, le nom accessoire, pendant les négociations de 1697 à 1713
    • Documents de ces négociations dans lesquels sont cités les noms Oyapoc ou Yapoco ainsi que le nom Araguary, appliqué à une autre rivière
    • La question du Vincent Pinçon primitif
  • II
    • Le voyage de VINCENT PINÇON
    • Le Cap de St-Vincent
    • Les « topazes » trouvés par PINÇON
    • La « côte noyée »
    • Les « montagnes » de l'Oyapoc
  • III
    • La Casa de la Contratacion de Séville
    • Le Marañon
    • Cartes de Turin (1523), de Weimar (1527) et de RIBEIRO (1529)
    • Encore les « montagnes », d'après KOHL
    • Le Padron Real de 1536 (carte d'ALONZO DE CHAVES)
    • Le Vincent Pinçon du Padron Real de 1536, ou Padron de CHARLES-QUINT, à côté des «montagnes », est l'Oyapoc
    • La question des latitudes aux XVIe et XVIIe siècles
  • IV
    • Cartographes de l'Ecole de Séville (après 1536) ou inspirés d'elle, comme SÉBASTIEN CABOT (1544), DIEGO GUTIERREZ (1550), GÉRARD MERCATOR (1569), ABRAHAM ORTELIUS (1570 et 1587), ANDRÉ THEVET (1575), PHILIPPE APIAN (1576) et plusieurs autres. Sur leurs cartes, le Vincent Pinçon est l'Oyapoc
    • Les cartographes portugais ANDRÉ HOMEM, DIOGO HOMEM et VAZ DOURADO
    • Le Vincent Pinçon guyanais antérieur à celui du Padron de 1536
    • Cartes du type sévillan, montrant le Vincent Pinçon et le Rio Fresco primitifs, et Cartes portugaises donnant le Vincent Pinçon du Padron Real de 1536 (Tableau n° I : MAIOLLO, 1519 ; OTTOMANO FREDUCCI, 1514„1515 ; MAIOLLO, 1527 ; Riccardiana, après 1532 ; DIOGO HOMEM, 1558 ; ANDRÉ HOMEM, 1559 ; DIOGO HOMEM, 1568)
    • Cartes d'OTTOMANO FREDUCCI (1514„1515) et de MAIOLLO (1527), portant le Vincent Pinçon primitif
    • Le Rio Fresco guyanais était l'Approuague
    • Classification des cartographes portugais selon qu'ils figuraient le Vincent Pinçon primitif et le second et définitif Vincent Pinçon de la Casa de la Contratacion de Séville (Anonymes de la Riccardiana et de la Bibl. Nat. de Paris ; ANDRÉ HOMEM 1559 ; BARTHOLOMEN VELHO, 1561 ; LAZARO LUIS, 1561 ; DIOGO HOMEM, 1558 et 1568 ; VAZ DOURADO, 1564 à 1580 ; DOMINGOS SANCHES, 1618 ; ANTONIO SANCHES, 1623)
    • Cartes de VAN LANGREN (1596) et de WYTFLIET (1597)
    • Le Vincent Pinçon primitif était le Marony
    • Conclusions
  • V
    • Carte de SEBASTIAN DE RUESTA, de 1655, cosmographe de la Casa de la Contratacion. Approuvée par cet établissement, par le Conseil des Indes et par PHILIPPE IV. Le Vincent Pinçon du Padron de 1536 est représenté sur cette carte à l'Ouest et à côté du Cap d'Orange
    • Etude comparative de la nomenclature géographique en Guyane sur plusieurs cartes de l'école de Séville ou inspirées d'elle (Tableau n° II : Carte de Turin, 1523 ; DIOGO RIBEIRO, 1529 ; ALONZO DE CHAVES, 1536 ; SÉBASTIEN CABOT, 1544 ; DIEGO GUTIERREZ, 1550 ; GÉRARD MERCATOR, 1569 ; VAZ DOURADO, 1571 ; et SEBASTIAN DE RUESTA, 1655)
    • Les cartes du P. SAMUEL FRITZ (1691 et 1707)
    • Prétendues autorités qu'on oppose au Brésil
  • VI
    • Les Portugais et le Vincent Pinçon au XVIIe siècle
    • Les manuscrits du P . PFEIL, missionnaire dans l'Araguary. Document montrant que le Vincent Pinçon des Portugais était l'Oyapoc, ayant son embouchure entre la Montagne d'Argent et le Cap d'Orange
  • VII
    • L'Oyapoc « nom générique ». Les documents présentés pour le prouver : JEAN MOCQUET et JEAN GUÉRARD. Réponse
  • VIII
    • Cartes françaises antérieures à 1713
  • IX
    • La Capitainerie portugaise du Cap du Nord et l'expédition de PAES DO AMARAL
    • La mesure des distances sur les cartes du XVIe siècle
  • X
    • Le nom Cap du Nord appliqué à une région et à un cap
    • Latitude attribuée au Cap du Nord par les Portugais du XVIIe siècle
    • « Pynes bay »
    • Le prétendu bras septentrional de l'Araguary
    • La prétention à l'Araguary. Les déplacements de rivières et l'alveus derelictus. GROTIUS et VATTEL
    • Le texte de BERREDO
  • XI
    • Un prétendu établissement français sur le Xingu au XVIIe siècle
    • L'expédition de FERROLLE en 1688 et la réponse du commandant portugais de l'Araguary
    • L'invasion française de 1697
  • XII
    • Le traité de 1700
    • Limites du territoire neutralisé en 1700
    • Les négociations d'Utrecht. Un passage attribué à BROCHADO
    • La dépêche du 17 Février 1713 de LORD BOLING BROKE
    • Le bassin de l'Amazone et la « ligne intérieure ». L'occupation d'un littoral et « the Right of contiguity »
  • XIII
    • Evénements postérieurs au Traité d'Utrecht
    • Inexactitudes et mauvaises traductions de certains documents envoyés de Cayenne
    • L'opinion d'un Ministre français en 1772
    • L'opinion des Espagnols et des Anglais citée contre le Brésil
    • La Carte portugaise de 1749
    • Des Portugais, bien après le Traité d'Utrecht, admettent la distinction entre l'Oyapoc et le Vincent Pinçon, mais en soutenant toujours que l'Oyapoc est la limite stipulée à Utrecht
    • Les traités imposés au Portugal vaincu pendant le Directoire et le Consulat. Traités nuls
  • XIV
    • Les demandes du Brésil