ACURIL 2012 : Bibliothécaires de la Caraïbe
Le congrès annuel des bibliothécaires de la Caraïbe qui s’est tenu en Haïti du 4 au 8 juin dernier traitait la question des technologies sous toutes ses coutures : les impacts économiques, sociaux, culturels et politiques ont été présentés par les panellistes à un public attentif (120 participants). Quatre collègues des bibliothèques de l'Université des Antilles et de la Guyane se sont relayés à la tribune de la salle des Congrès de l’hôtel Karibe pour présenter une base de données appliquée à l’usage traditionnel des plantes médicinales dans la Caraïbe (Hervé CHASSERIEAU, BU Guadeloupe), les enjeux humains de l’automatisation du prêt/retour de documents (Gladys GONFIER, BU Guadeloupe), les (Anne PAJARD, BU Martinique) ainsi que les possibilités d’enrichissement de Wikipédia à partir des données collectées dans nos bases de données sur la Caraïbe (Frédéric VIGOUROUX, BU Martinique).
Assister à ou proposer une intervention, rencontrer les exposants locaux et internationaux, échanger avec les participants de tous horizons (archives, bibliothèques, édition….) et découvrir l’édition haïtienne, tels étaient les objectifs immédiats de notre groupe (collègues cités + Nathalie ERNY, BU Martinique, Sylvain HOUDEBERT, SCD Antilles Guyane, France Lise ZOU, BUFM Martinique).
Mais aller voir la coupole du palais présidentiel - effondrée telle une meringue improbable - à Port-au-Prince, visiter les bibliothèques en reconstruction, aller à la rencontre des partenaires locaux tels l’Agence Universitaire de la Francophonie, l’Université Notre-Dame d’Haïti ou Bibliothèques Sans Frontières et apporter notre soutien à projet et notre expertise, tels furent aussi les résultats de cette équipée dans un pays en pleine reconstruction.
Les moments festifs comme les soirées culturelles à la FOKAL (fondation SOROS pour la culture et les bibliothèques) ou avec le groupe Ti Koka & Wanga Nègès dans le parc du luxueux hôtel Karibe contrastaient fortement avec les espaces encore couverts de gravats et les enfants des villages de toile. Ce choc permanent entre l’extrême richesse des uns et le dénuement criant des autres nous a semblé tempéré par la réelle dynamique de la population et la politique affichée du «Tous à l’école !».
Oui, en 4 jours nous avons croisé le Président d’Haïti au bar de notre hôtel, vu son portrait rivalisant avec celui de Jésus en ville, observé partout des écoliers en uniforme, nous avons subi les embouteillages et la poussière, nous avons échangé avec les auteurs haïtiens présents au congrès et à la bouillonnante fête du Livre, nous avons vu des hommes en arme devant les supermarchés, nous avons croisé des casques bleus dans leurs chars ou camions, nous avons admiré l’art (peinture, scènes en métal martelé par les boss fé) vendu à même le trottoir, nous avons perçu la ferveur de la population à l’occasion de la Fête Dieu, nous avons goûté aux rhums Barbancourt, nous avons deviné que tout n’était pas perdu mais que tant restait à faire ! La coopération internationale, et en ce qui nous concerne biblio-universitaire, trouve tout son sens à Haïti : c’est avec le sentiment d’avoir versé une goutte dans un océan que je reviens. Ma table de nuit est pleine à présent de ces auteurs qui font la réputation de cette île créative, garder absolument le lien avec nos hôtes extraordinaires, voici l’objectif après ce retour d’Haïti.