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Villes d’Art et d’Histoire en Guadeloupe : Basse-Terre. Un fort, des efforts

Adrien Sorin
6 mars 2017
Le blog Manioc vous propose de suivre deux exemples notoires d’implantations urbaines en Guadeloupe : Basse-Terre et Pointe à Pitre. D’abord forts, puis paroisses, découvrez une histoire de leur expansion et de leur patrimoine… Nous débutons ce premier numéro par la découverte de la ville de Basse-Terre.
Vue de la Guadeloupe
« Vue du bourg de la Gardeloup » (source Gallica)
Dessin du bourg de la Guadeloupe
« Vue du bourg de la Gardeloup » (source Gallica)

 

C’est au bord de la rivière aux herbes, dans le sud de la Basse-Terre, que gît non loin du rivage, le site de la plus ancienne occupation précolombienne en Guadeloupe découverte à ce jour. C’est aussi près de cet endroit que commence l’histoire de la première ville de Guadeloupe, Basse-Terre, en vocabulaire marin la « partie sous le vent d’une île ».

En 1650, Charles Houël, actionnaire de la Compagnie des Indes nommé gouverneur en 1643, s’établit sur les hauteurs près de la rivière du Gallion et entreprend la construction d’un fort (aujourd’hui Fort Delgrès).

Plan du fort St Charles, Basse-Terre (1769)

 

En 1666, lors d’une grande campagne de fortifications aux Antilles, l’architecte Blondel note la formation d’un bourg près du fort, dans l’actuel quartier du Carmel. En 1671, ce bourg nommé « Basse-Terre » compte déjà plus de 300 personnes qui vivent grâce à la production de plusieurs raffineries et habitations aux alentours. Il s’agit alors d’y amener des artisans, n’ayant pas de quoi acheter des terres. Le gouverneur décide de les installer dans la zone des 50 pas du roi (aujourd’hui 50 pas géométriques).

Vers 1680, la ville s’étend de l’autre côté de la ravine aux herbes vers un hôpital pour pauvres et Le Baillif, où les marchands préfèrent s’installer. C’est le « bourg Saint-François », sous l’influence des capucins auxquels le gouverneur Du Lion donne des terres. Les carmes, jésuites et frères de la charité, par leurs possessions foncières, empêchent en effet le développement urbain du côté du fort et jusqu’à la ravine. De plus, plusieurs incendies motivent l’étalement du bourg loin du fort, sous bombardements anglais. Il est aussi mis en évidence que c’est de ce côté que le mouillage est le plus aisé et le gouverneur décide d’y installer une batterie. Même si entre 1789 (création des communes) et 1935 Basse-Terre change plusieurs fois de limites, ce plan « tout en longueur », de deux bourgs côte à côte, s’est conservé durant les siècles.

Basse-Terre, vue du Mouillage

 

Au cours des années 1740, les deux parties de « l’agglomération » sont reliées par un pont durable en pierre, alors qu’elle compte autour de 2000 habitants. C’est lors de ces années qu’est décidé d’organiser les axes de transport terrestre et marin : prolongement, élargissement et alignement des rues et des canaux et aménagement des cales (ruelles menant au rivage). Toutes ces transformations, à la charge des riverains, nécessitent d’amputer voire détruire nombre de bâtisses.

Durant l’occupation anglaise à partir de 1759, l’activité économique revigorée par l’abandon de l’exclusif peuple de quelques 18000 esclaves le sud de la Basse-Terre et permet d’étendre l’activité des habitations autour du bourg. Le traité de Paris de 1763 vient couper cet élan. Au départ des anglais, il est surtout décidé de renouveler le système de fortifications. L’expulsion des jésuites laisse de nombreux terrains disponibles, aussitôt investis par l’armée : casernes, hôpital et ateliers apparaissent sur les hauteurs. La place d’arme est bâtie sur l’actuel champ d’Arbaud… par le gouverneur d’Arbaud. C’est près de cet endroit qu’on installe « l’enclos du Gouvernement », desservi par un axe le reliant au pont du Gallion érigé en 1780. Jusque là, il était installé à l’actuel siège du Conseil Départemental.

L’incendie de 1782 motive la création d’une grande Cale et de canaux en 1785. Un nouveau petit bourg est noté du côté de Rivière des Pères en 1788. En 1786, on reconstruit le palais de justice. Basse-Terre renforce ainsi sa prérogative administrative sur le nouveau pôle économique : Pointe-à-Pitre.

Sur Manioc :

 

 

Sur Gallica :

 

 

Revues en ligne : 

 

 

Sur le catalogue collectif des périodiques Caraïbe-Amazonie :

  • Camille Fabre, Les Carmes de Guadeloupe, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 21, 01-01-1974, p. 9-40.
  • Gérard Lafleur, Basse-Terre et la mer, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 160, 01-09-2011, p. 67-91.
  • Gérard Lafleur, Les communes du sud de la Guadeloupe proprement dite, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 150 à 151, 01-06-2008, p. 63-71.

 

 

Ouvrages disponibles dans les bibliothèques de l'Université des Antilles :

  • R. Bélénus, Le Carmel, berceau de l’histoire de la Guadeloupe, Editions du signe, 2012.
  • Maison architecture Guadeloupe, Regards sur la ville, art architecture et citoyenneté dans la Caraïbe, PLB Editions, 2013.
  • A. Pérotin-Dumon, La ville aux îles, la ville dans l'île Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820, Karthala, 2001.
  • M-E. Desmoulins (dir.), Basse-Terre, patrimoine d’une ville antillaise, (par le service régional de l’Inventaire général de la DRAC Guadeloupe), Jasor, 2006.

 

 

Bonne lecture !

Rendez-vous la semaine prochaine pour un prochain numéro sur la découverte de la ville de Pointe-à-Pitre...

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