Villes d’Art et d’Histoire en Guadeloupe : Basse-Terre. Un fort, des efforts
C’est au bord de la rivière aux herbes, dans le sud de la Basse-Terre, que gît non loin du rivage, le site de la plus ancienne occupation précolombienne en Guadeloupe découverte à ce jour. C’est aussi près de cet endroit que commence l’histoire de la première ville de Guadeloupe, Basse-Terre, en vocabulaire marin la « partie sous le vent d’une île ».
En 1650, Charles Houël, actionnaire de la Compagnie des Indes nommé gouverneur en 1643, s’établit sur les hauteurs près de la rivière du Gallion et entreprend la construction d’un fort (aujourd’hui Fort Delgrès).
En 1666, lors d’une grande campagne de fortifications aux Antilles, l’architecte Blondel note la formation d’un bourg près du fort, dans l’actuel quartier du Carmel. En 1671, ce bourg nommé « Basse-Terre » compte déjà plus de 300 personnes qui vivent grâce à la production de plusieurs raffineries et habitations aux alentours. Il s’agit alors d’y amener des artisans, n’ayant pas de quoi acheter des terres. Le gouverneur décide de les installer dans la zone des 50 pas du roi (aujourd’hui 50 pas géométriques).
Vers 1680, la ville s’étend de l’autre côté de la ravine aux herbes vers un hôpital pour pauvres et Le Baillif, où les marchands préfèrent s’installer. C’est le « bourg Saint-François », sous l’influence des capucins auxquels le gouverneur Du Lion donne des terres. Les carmes, jésuites et frères de la charité, par leurs possessions foncières, empêchent en effet le développement urbain du côté du fort et jusqu’à la ravine. De plus, plusieurs incendies motivent l’étalement du bourg loin du fort, sous bombardements anglais. Il est aussi mis en évidence que c’est de ce côté que le mouillage est le plus aisé et le gouverneur décide d’y installer une batterie. Même si entre 1789 (création des communes) et 1935 Basse-Terre change plusieurs fois de limites, ce plan « tout en longueur », de deux bourgs côte à côte, s’est conservé durant les siècles.
Au cours des années 1740, les deux parties de « l’agglomération » sont reliées par un pont durable en pierre, alors qu’elle compte autour de 2000 habitants. C’est lors de ces années qu’est décidé d’organiser les axes de transport terrestre et marin : prolongement, élargissement et alignement des rues et des canaux et aménagement des cales (ruelles menant au rivage). Toutes ces transformations, à la charge des riverains, nécessitent d’amputer voire détruire nombre de bâtisses.
Durant l’occupation anglaise à partir de 1759, l’activité économique revigorée par l’abandon de l’exclusif peuple de quelques 18000 esclaves le sud de la Basse-Terre et permet d’étendre l’activité des habitations autour du bourg. Le traité de Paris de 1763 vient couper cet élan. Au départ des anglais, il est surtout décidé de renouveler le système de fortifications. L’expulsion des jésuites laisse de nombreux terrains disponibles, aussitôt investis par l’armée : casernes, hôpital et ateliers apparaissent sur les hauteurs. La place d’arme est bâtie sur l’actuel champ d’Arbaud… par le gouverneur d’Arbaud. C’est près de cet endroit qu’on installe « l’enclos du Gouvernement », desservi par un axe le reliant au pont du Gallion érigé en 1780. Jusque là, il était installé à l’actuel siège du Conseil Départemental.
L’incendie de 1782 motive la création d’une grande Cale et de canaux en 1785. Un nouveau petit bourg est noté du côté de Rivière des Pères en 1788. En 1786, on reconstruit le palais de justice. Basse-Terre renforce ainsi sa prérogative administrative sur le nouveau pôle économique : Pointe-à-Pitre.
Sur Manioc :
- Alexandre Moreau de Jonnès, Historique des évènemens qui se sont passés à la basse-terre, ville capitale de l'île Guadeloupe, depuis la révolution, Guadeloupe, Imprimere veuve Benard, 1791.
- May Louis-Philippe et Alfred Martineau, Trois siècles d'histoire antillaise : Martinique et Guadeloupe de 1635 à nos jours, Paris, Société de l'histoire des colonies françaises, 1935.
- Jean-Baptiste Labat, Voyages aux Isles de l'Amérique (Antilles) : 1693-1705 : trente-deux illustrations d'après des documents de l'époque, Tome 1, Paris, Editions Duchartre, 1931.
- Jean-Baptiste Labat, Voyages aux Isles de l'Amérique (Antilles) : 1693-1705 : trente-deux illustrations d'après des documents de l'époque, Tome 2, Paris, Editions Duchartre, 1931.
- Oriane Sandoz-Demonio, Basse-Terre, 20 ans de label ville d'art et d'histoire, Manioc 2016.
- Roméo Terral et Caroline Seveno, L'extension urbaine des principales villes aux Antilles françaises des origines de la colonisation jusqu'à la fin des Trente Glorieuses (XVIIe-XXe siècles), Manioc 2014.
Sur Gallica :
- Blondel François, Veüe du fort, bourg et rade de la Basseterre à la Guadeloupe, 1667.
- Rochemort et Palae, Plan du fort St Charles de la Basse Terre de la Guadeloupe, [s.n.], [s.d.].
- Charnières, Charles-François-Philippe de, Plan de la rade de la basse terre. Guadeloupe. Levé au mois de Février 1766,[s.n.],1766.
Revues en ligne :
- Marie-Emmanuelle Desmoulins, "L’intermède guadeloupéen de Georges Rohner : l’ensemble de la mairie de Basse-Terre(1934-1936)", In Situ [En ligne], 6 | 2005, mis en ligne le 01 septembre 2005, consulté le 15 février 2017.
- Martijn van den Bel, "Basse-Terre – Cale de l'Espérence", ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Guadeloupe, mis en ligne le 01 mars 2006, consulté le 15 février 2017.
- Myriam Arcangeli, "La consommation de l'eau à l'époque moderne : le cas de Basse-Terre (Guadeloupe) et le rôle des céramiques", Les nouvelles de l'archéologie [En ligne], 139 | 2015, mis en ligne le 30 avril 2015, consulté le 15 février 2017.
- Thomas Romon, "Basse-Terre – Gare maritime", ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Guadeloupe, mis en ligne le 01 mars 2006, consulté le 15 février 2017.
Sur le catalogue collectif des périodiques Caraïbe-Amazonie :
- Camille Fabre, Les Carmes de Guadeloupe, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 21, 01-01-1974, p. 9-40.
- Gérard Lafleur, Basse-Terre et la mer, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 160, 01-09-2011, p. 67-91.
- Gérard Lafleur, Les communes du sud de la Guadeloupe proprement dite, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 150 à 151, 01-06-2008, p. 63-71.
Ouvrages disponibles dans les bibliothèques de l'Université des Antilles :
- R. Bélénus, Le Carmel, berceau de l’histoire de la Guadeloupe, Editions du signe, 2012.
- Maison architecture Guadeloupe, Regards sur la ville, art architecture et citoyenneté dans la Caraïbe, PLB Editions, 2013.
- A. Pérotin-Dumon, La ville aux îles, la ville dans l'île Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820, Karthala, 2001.
- M-E. Desmoulins (dir.), Basse-Terre, patrimoine d’une ville antillaise, (par le service régional de l’Inventaire général de la DRAC Guadeloupe), Jasor, 2006.
Bonne lecture !
Rendez-vous la semaine prochaine pour un prochain numéro sur la découverte de la ville de Pointe-à-Pitre...