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Affaire Dreyfus : « J'accuse » a 120 ans

Patrick Odent-Allet
16 janvier 2018
Le 13 janvier marque la date anniversaire de la publication, en 1898, d’une « une » de presse qui fit grand bruit à l’époque et dont les échos résonnent toujours à nos oreilles contemporaines tant elle a marqué l’histoire.
Le calvaire d'un innocent Dreyfus
Le calvaire d'un innocent Dreyfus

Aujourd’hui encore, dans la lignée de Voltaire défendant Jean Callas, et préfigurant un Jean-Paul Sartre soutenant « qu’il ne faut pas parler pour ne rien dire », le « J’accuse » d’Emile Zola défendant le capitaine Alfred Dreyfus demeure le mètre étalon de l’engagement des intellectuels et d’un certain pouvoir de la presse.

Dans cet article s’affichant sur quatre colonnes à la « une » de l'Aurore,  et intitulé sobrement  « Lettre ouverte au Président de la République », le célèbre écrivain démonte de façon méthodique les accusations imputées à Dreyfus, montre du doigt les accusateurs et les vrais coupables et en appelle à la tenue d’un nouveau procès.

DREYFUS

Officier d’état-major au ministère de la Guerre, à Paris, Alfred Dreyfus fut faussement accusé en 1894 d’avoir fourni à l’ambassade d’Allemagne des informations ultra secrètes concernant l’armée française. Ourdi par des militaires antisémites confortés dans leur passion par des autorités gouvernementales complaisantes et un contexte politique propice à tous les débordements nationalistes (Guerre de 1870 perdue par la France face à l’Allemagne, apparition des attentats anarchistes, scandale de Panama mettant au jour la corruption de responsables politiques et industriels), le complot, après la sentence rendue par le conseil de guerre, conduisit Dreyfus en déportation à l’île du Diable, en Guyane. A l’issue d’une intense bataille judiciaire et politique qui culmina avec la tribune accusatrice de Zola, Dreyfus fut rejugé, puis, d’abord gracié par le président de la République, réhabilité et réintégré dans l’armée en 1906.

Mais s’il constitua un tournant décisif dans l’Affaire, l’article de Zola ne fut pas le seul écrit inspiré par la situation de l’infortuné capitaine. Sur le mode du roman feuilleton populaire illustré, un certain Jules d’Arzac fit paraître chaque semaine, entre 1931 et 1933,- soit quelques années après la conclusion de cette tragédie judiciaire–« Le calvaire d’un innocent ». 

Selon l’ordre chronologique inspiré des faits, le numéro 2 du journal met ainsi en en scène un Dreyfus encore incrédule, livré aux affres de la prison militaire du Cherche-Midi, juste après son arrestation en 1894 : « Ne m’entendez-vous pas ? continua Alfred Dreyfus, qui était comme transfiguré par le sauvage désespoir qui faisait chavirer son esprit ? Pourquoi est-ce que personne ne me répond ? … Ne comprenez-vous pas que je dois rentrer à la maison. (…) Je suis innocent du crime infâme dont on m’accuse !... Je suis innocent !...nocent !... répéta l’écho de la sinistre galerie… ». Pour l’anecdote éditoriale, un site de librairie d’occasion nous présente cette publication « comme étant la traduction d'un roman allemand écrit par Eugen Von Tegen » en 1930...

Pour aller plus loin :

Retrouvez en ligne sur Manioc une réédition de l'ouvrage écrit par Alfred Dreyfus Cinq années de ma vie : 1894-1899 (Paris, Fasquelle, 1901) ainsi que de nombreux ouvrages sur l'Affaire Dreyfus :

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