De la rue Lauriston au rocher du Diamant
Que de résistants, d'opposants, de juifs livrés au sadisme sans limite des chefs de la Gestapo Lafont et Bonny, et de leurs séides ! En 2004, un film qui connut un certain succès (« 93, rue Lauriston ») s'attacha à mettre en scène le souvenir de ce lieu funeste et de ses tristes acteurs.
On dit « rue Lauriston » pour évoquer la Gestapo avec la même facilité de langage dont on use pour désigner, par le nom de l'artère ou du secteur qui les abritent, tel monument célèbre ou telle institution connotée: « Le Quai d'Orsay » vaut surnom d'office pour les Affaires étrangères, comme naguère vouer quelqu'un à « Charenton » était renvoyer l’intéressé à sa folie et le désigner ainsi comme chaire à camisole pour le célèbre asile psychiatrique située dans cette zone du Val-de-Marne [l'équivalent martiniquais serait l'hôpital de Colson]...
Il y a pourtant une autre dimension historique à accorder à ce marquis de Lauriston que ce voisinage douteux avec les pires crapules de l'Occupation. Comme nous l'indique France pittoresque ou Description pittoresque, topographique et statistique des départements et colonies de la France, Lauriston a laissé son empreinte dans l'histoire de la Martinique d'une manière plus glorieuse.
Général de division en 1805, ce militaire de carrière fut de ceux qui, la même année, dans le cadre d'une expédition sur fond de guerre franco-anglaise aux Antilles, participèrent à la prise du rocher du Diamant (Martinique), occupé depuis 1804 par une garnison britannique, et réputé imprenable. Déjà des histoires de résistance et d'occupation... Décédé en 1828, Lauriston est inhumé au Père Lachaise.
Pour les non connaisseurs, voici, à l'appui de l'illustration ci-dessous, une brève présentation de cette « petite île inhabitée située dans la mer des Caraïbes au sud-ouest de la Martinique » dont les enjeux géostratégiques dépassaient alors le simple agrément touristique...