Joseph Anténor Firmin : hommage rendu à un grand intellectuel haïtien
Quelques mots sur Joseph Anténor Firmin
Homme politique, écrivain, enseignant, Joseph Anténor Firmin a contribué toute sa vie durant à combattre les inégalités. D'origine modeste, il a très tôt travaillé. Dès l'âge de 17 ans, il débute à la maison de commerce Stapenhorst où il apprend la comptabilité et toutes les questions touchant aux finances. Puis, il devient enseignant et inspecteur des Écoles de la circonscription du Cap.
Très engagé en politique, il fonde le journal le messager du nord, organe des idées libérales d'Edmond Paul et Boyer Bazelais. L'année suivante, il échoue à la course à la députation. En 1883, il est envoyé à Caracas par le président Lysius Félicité Salomon pour les fêtes du centenaire de Bolivar. Mais il refuse d'entrer dans ce ministère et s'exile à Saint-Thomas, puis se rend à Paris, où, soutenu par Louis-Joseph Janvier, il devient membre de la Société d'Anthropologie de Paris. Choqué des théories qui avaient cours à l’époque et qui affirmaient l’infériorité native de la race noire, Anténor Firmin publie en 1885 De l’égalité des races humaines, anthropologie positive, ouvrage réhabilitant la grandeur historique de la race noire depuis l’Égypte jusqu'à Haïti en réaction à l'Essai sur l'inégalité des races humaines, de Joseph Arthur de Gobineau (1854).
En 1889, il est nommé par le président Florvil Hyppolite Ministre des Finances et des relations extérieures. Il s’y distingue par ses compétences et par sa réorganisation des administrations des douanes et de la banque nationale.
En 1891, il quitte le cabinet et part pour la France où il publie Haïti au point de vue politique, administratif et économique. De retour en Haïti, il rencontre le cubain en exil, José Martí et évoque le projet d'un « confédération antilléenne ». A Paris, il prend contact avec les milieux latino-américains, tout en s'intéressant à la question du panafricanisme.
En 1898, il publie Diplomate et diplomatie : lettre ouverte à M. Solon Ménos.
En 1900 il est nommé ministre plénipotentiaire à Paris. Et rentre en 1902 en Haïti au moment de la chute du président Sam.
En 1905, il publie un programme politique intitulé « Monsieur Roosevelt, président des Etats-Unis et la République d'Haïti ». L’élection du président Antoine Simon ne permettent pas à Anténor Firmin de reprendre une carrière politique. Il est envoyé comme ministre à Cuba et à Londres. Firmin s’installe à Saint-Thomas et publie « Les lettres de Saint Thomas. Études sociologiques, historiques et littéraires ».
En 1911, l'année de sa mort, il publie une réflexion testamentaire sur Haïti intitulé « L'effort dans le mal ».
Sur Manioc :
- Anténor Firmin, M. Roosevelt, président des Etats-Unis, et la République d'Haïti, Paris, Pichon et Durand-Auzias, 1905, 501 pages.
- Anténor Firmin, Lettres de Saint-Thomas : études sociologiques, historiques et littéraires, Paris, V. Giard & E. Brière, 1910, 426 pages.
Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur Joseph Anténor Firmin, voici quelques ouvrages intéressants :
- Géloin Ghislaine, De l'égalité des races humaines (anthropologie positive), Paris, L'Harmattan, 2003, 407 pages.
- Manigat Leslie F., Anténor Firmin : les moments d'une vie, les temps forts d'une doctrine et d'une pratique politiques, Bibliothèque Nationale d'Haïti, 2012, 55 pages.
- Pompilus Pradel, Anténor Firmin par lui-même le champion de la négritude et de la démocratie haïtienne, Port-au-Prince, Ed. Pegasus, 115 pages.
- Pean Marc, L'illusion héroïque, Haïti, Henri Deschamps, 1987, 183 pages.
- Pean Marc, L'échec du firminisme, Haïti, Henri Deschamps, 1987, 181 pages.
Retrouvez dans la revue d’Anthropologie et d'histoire des arts : Gradhiva, un article de Carolyn Fluehr-Lobban, un article sur « Anténor Firmin and Haiti’s contribution to anthropology (Anténor Firmin et sa contribution à l’anthropologie haïtienne) ». Bonne lecture ! C.P.