Le Traité de Tordesillas, un partage du monde sous les auspices de Rome
Les explorations méthodiques portugaises
Cette conquête ouvre la voie portugaise à une exploration méthodique des côtes africaines qui s’accompagne de la création de comptoirs de commerce où or, esclaves et épices contribuent à enrichir le royaume portugais. Cet afflux de richesse provoque les convoitises du royaume espagnol voisin qui, à plusieurs reprises, tente vainement de s’implanter sur les nouvelles terres découvertes.
L’appropriation portugaise de ces terres est donc contestée au point de provoquer, en 1481, le premier arbitrage papal sous la forme de la Bulle Aeterni regis qui prévoit la cession des Iles Canaries à l’Espagne en échange de la reconnaissance des concessions portugaises en Afrique. Elle établit également un premier partage du monde selon un axe Nord Sud (attribué respectivement à l’Espagne et au Portugal). C’est dans ce contexte que Christophe Colomb propose au roi du Portugal Jean II d‘atteindre les Indes par l’Ouest en traversant la mer océane, comme était alors nommé l’Océan Atlantique.
Le pari hasardeux de Christophe Colomb
Alors que l’explorateur Bartolomé Dias s’apprête à parachever la découverte méticuleuse des côtes africaines en franchissant le Cap de Bonne Espérance (en 1500), ouvrant ainsi la voie vers les Indes et ses précieuses épices, le projet du Gênois paraît bien hasardeux et ne retient pas l’attention de Jean II. Christophe Colomb se tourne dès lors vers le rival espagnol et obtient des rois catholiques l’armement de deux caravelles la Niňa, la Pinta et d’une nef la Santa-Mari̛a. Les navires atteignent ainsi le nouveau continent le 12 octobre 1492.
Le partage ibérique du monde
La rivalité luso-espagnole ressurgit quand Jean II réclame ces nouvelles terres au nom de la Bulle Aeternis regis. Mais si le Pape est infaillible, il n’en est pas moins mortel et Alexandre VI a succédé à Sixte IV en 1492. Le nouveau Pape est originaire d’Espagne et arbitre la nouvelle querelle en deux temps : d’abord en édictant la Bulle Inter Cætera le 4 mai 1493 qui prévoit le partage du monde selon, cette fois, un découpage longitudinal, les terres à l’Ouest des îles des Açores et du Cap-Vert reviennent à l’Espagne, celles à l’Est au Portugal.
Le Traité de Tordesillas est l’ultime négociation de ce partage, le Portugal obtient en effet du Pape le déplacement de cette ligne imaginaire de 370 lieues vers l’Ouest faisant ainsi du nouveau continent un espace, non plus seulement espagnol, mais ibérique.
Mais bientôt Hollandais, Anglais, Français remettent en cause cet arbitrage et déploient sur ces nouvelles terres leur volonté de puissance.
Pour aller plus loin :
- Joachim Heinrich Campe, Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique, http://www.manioc.org/patrimon/FRA11046
- Léon Bassière, Les origines de l'Entente cordiale : un épisode de la conquête des îles d'Amérique par les puissances européennes : 1625-1635,http://www.manioc.org/patrimon/FRA12346
- [Fac-similé de la lettre de Colomb], http://www.manioc.org/patrimon/ADG18139
- Jean-Claude Carrière, La controverse de Valladolid. Arles : Actes Sud, 1999
- Jean-Daniel Verhaeghe (réal.), La controverse de Valladolid. Paris : Koba Films vidéo, 2005
- Sébastien Cabot, Carte de l'Amérique du Sud,http://www.manioc.org/images/B_CG973FRAN_RES_004-10071_001_0005
- Rafel Monléon y Torres, Elévation, plan et section de la «Niña» ou «Pinta », http://www.manioc.org/images/PAP110640074i1
- Le vaisseau de Christophe Colomb. D'après un bois gravé de la Lettre de Christophe Colomb, écrite de son bord le 15 février 1493 et imprimée à Bâle le 21 avril 1494, http://www.manioc.org/images/PAP110640307i1