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Le Traité de Tordesillas, un partage du monde sous les auspices de Rome

Camel Boumedjmadjen
18 septembre 2021
Le Traité de Tordesillas, conclu le 7 juin 1494, est l’aboutissement de plusieurs compromis visant à mettre un terme aux rivalités expansionnistes entre les royaumes du Portugal et d’Espagne. Celles-ci débutent à l’initiative d’Henri le Navigateur (3e fils de Jean Ier, roi du Portugal) qui, fort de sa devise « or, honneur et Evangile », se lance à conquête de Ceuta en 1415 depuis Sagres où il réside.
Vaisseau de Christophe Colomb
Vaisseau de Christophe Colomb

Les explorations méthodiques portugaises

Cette conquête ouvre la voie portugaise à une exploration méthodique des côtes africaines qui s’accompagne de la création de comptoirs de commerce où or, esclaves et épices contribuent à enrichir le royaume portugais. Cet afflux de richesse provoque les convoitises du royaume espagnol voisin qui, à plusieurs reprises, tente vainement de s’implanter sur les nouvelles terres découvertes.

L’appropriation portugaise de ces terres est donc contestée au point de provoquer, en 1481, le premier arbitrage papal sous la forme de la Bulle Aeterni regis qui prévoit la cession des Iles Canaries à l’Espagne en échange de la reconnaissance des concessions portugaises en Afrique. Elle établit également un premier partage du monde selon un axe Nord Sud (attribué respectivement à l’Espagne et au Portugal). C’est dans ce contexte que Christophe Colomb propose au roi du Portugal Jean II d‘atteindre les Indes par l’Ouest en traversant la mer océane, comme était alors nommé l’Océan Atlantique.

Vaisseau de Christophe Colomb
Vaisseau de Christophe Colomb

Le pari hasardeux de Christophe Colomb 

Alors que l’explorateur Bartolomé Dias s’apprête à parachever la découverte méticuleuse des côtes africaines en franchissant le Cap de Bonne Espérance (en 1500), ouvrant ainsi la voie vers les Indes et ses précieuses épices, le projet du Gênois paraît bien hasardeux et ne retient pas l’attention de Jean II. Christophe Colomb se tourne dès lors vers le rival espagnol et obtient des rois catholiques l’armement de deux caravelles la Niňa, la Pinta et d’une nef la Santa-Mari̛a. Les navires atteignent ainsi le nouveau continent le 12 octobre 1492. 

 

Plan de la "Niña" ou "Pinta" d'après D. Rafaele Monleon

Le partage ibérique du monde

La rivalité luso-espagnole ressurgit quand Jean II réclame ces nouvelles terres au nom de la Bulle Aeternis regis. Mais si le Pape est infaillible, il n’en est pas moins mortel et Alexandre VI a succédé à Sixte IV en 1492. Le nouveau Pape est originaire d’Espagne et arbitre la nouvelle querelle en deux temps : d’abord en édictant la Bulle Inter Cætera le 4 mai 1493 qui prévoit le partage du monde selon, cette fois, un découpage longitudinal, les terres à l’Ouest des îles des Açores et du Cap-Vert reviennent à l’Espagne, celles à l’Est au Portugal.

 

Carte de l'Amérique du Sud

 

Le Traité de Tordesillas est l’ultime négociation de ce partage, le Portugal obtient en effet du Pape le déplacement de cette ligne imaginaire de 370 lieues vers l’Ouest faisant ainsi du nouveau continent un espace, non plus seulement espagnol, mais ibérique.

Mais bientôt Hollandais, Anglais, Français remettent en cause cet arbitrage et déploient sur ces nouvelles terres leur volonté de puissance.

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